À ces conditions s’ajoutait le cadre rigide d’une société figée dans des hiérarchies immuables, révérant un souverain lointain et courbant sous le poids d’une religion traditionnelle.
Pourtant, les hommes étaient heureux. Ils le disent, l’écrivent, le chantent. Leurs témoignages, mémoires, journaux intimes, récits, louent un art de vivre à la française, le goût d’une culture singulière, d’un patrimoine, d’une gastronomie enviée, de codes comportementaux élégants.
Dès lors, comment expliquer que la Révolution française ait pu s’élever contre une telle conception de la société et des rapports humains ?
L’historienne Agnès Walch répond à cette question en explorant la vie quotidienne des Français sous l’Ancien Régime. Dans un grand récit nourri aux meilleures sources et écrit d’une plume enlevée, elle donne à voir et à entendre les voix d’un passé oublié qui sut conjuguer la rudesse et la « douceur de vivre », selon la formule de Talleyrand. «
« La Vie sous l’Ancien Régime », Agnès Walch, Perrin, 2020, 363 p.
Annmaule
19 mars 2020 @ 07:57
Huuummm, on peut supposer que ceux qui decrivent leur bonheur savaient ecrire..
Ils faisaient donc partie d une classe privilegiee…
Robespierre
19 mars 2020 @ 08:40
C’est vrai que Talleyrand a fait allusion à la douceur de vivre sous l’Ancien Régime, mais il vivait dans un milieu privilégié. Madame de Genlis, retour d’Emigration fait un constat intéressant des différences d’usages de bon ton dans vie de tous les jours et s’en indigne. Elle trouve les gens moins courtois et par exemple se dit choquée de voir qu’on place les gens à table selon un protocole qu’elle rejette, parce qu’elle dit que c’est tres mal élevé. Celui ou celle qu’on met en bout de table est comme désigné comme moins important que les autres. C’est à mon avis un des passages les plus intéressants de ses Mémoires, cette comparaison et bien d’autres entre l’Ancien Regime et le savoir vivre ou plutôt pour elle le non-savoir vivre. Pour en revenir au placement à table, un historien américain rigolait en disant que Jefferson en Virginie (il recevait bcp de gens à diner ou loger et c’est même ça qui l’a ruiné) disait à ses invités « asseyez-vous où vous voulez » (il voyait ça comme qqch d’excentrique). Ce n’était pas de la mauvaise éducation, mais une habitude qu’il avait rapportée de France avant la Révolution. Mais cette façon de placement à table a survécu jusqu’à nos jour et date d’après la Révolution.
Pascal
19 mars 2020 @ 21:09
Vous m’apprenez quelque chose que je trouve très intéressant et je suis de l’avis de Madame de Genlis .
Mais suis-je le seul à penser que cet article nous déjà été présenté ?
Ce « courbant sous le poids d’une religion traditionnelle » je l’ai déjà lu il me semble…
Menthe
20 mars 2020 @ 18:14
Pascal, même article présenté le 30 janvier dernier.
Je n’arrive pas à joindre le lien.
Robespierre
19 mars 2020 @ 08:47
L’Ancien Régime ne connaissait pas encore les usines, le sous-prolétariat décrit par Zola, le travail des enfants dans la mine et autres horreurs. Vie courte pour vie courte, j’aurais préféré vivre comme paysan même pauvre au XVIIIe S que travailleur d’usine en ville fin du XIXe s. L’environnement et le tissu social étaient tout de même préférables. Mais j’aimerais savoir ce qu’en pensent les autres intervenants.
Ciara
20 mars 2020 @ 00:29
La vie des paysans avait de grandes cruautés (famines à répétition, mais aussi incestes, infanticides morts en couches, maladies etc) et de même la vie des très nombreux domestiques.. n’avait rien de rose..,
Ces deux classes sociales formaient la majorité de la société et leur vie en moyenne ne dépassait guère la quarantaine. La douceur de vivre était privilège de la grande bourgeoisie et de la haute noblesse. Nombreux étaient les « petits nobles » miséreux contrains de deroger pour survivre.
Maria
20 mars 2020 @ 01:42
Robespierre non conosco bene il modo di vivere in quei secoli ma anche io avrei preferito la vita da contadina povera in campagna ,dove comunque qualcosa da mangiare la si poteva raccattare anche in tempi di carestia,ed era più pulito che in città, credo.Lavorare in fabbrica da adulti o tanto più da bambini ,in delle condizioni terribili e poi uscire e andare a dormire in dei dormitori per operai che non credo fossero un gran che,senza tutele di nessun genere e per pochi soldi trovo sia terribile,ancora oggi in molti paesi nel mondo purtroppo tutto questo esiste
Robespierre
20 mars 2020 @ 12:32
Per questa volta, Maria, tradurro’ il suo post :
« Rob je ne connais pas bien la façon de vivre de cette époque mais moi aussi j’aurais préféré la vie de paysanne pauvre à la campagne, où de toute façon il y avait quelque chose à manger même en temps de famine et c’était plus propre qu’en ville, je crois. Travailler en usine comme adulte et surtout enfant, dans des conditions terribles et puis sortir et aller dormir dans des dortoirs d’ouvriers , je ne pense pas que c’était très bien, sans protection d’aucune sorte et pour peu d’argent, je trouve que c’était terrible, encore aujourd ‘hui il y a des endroits du monde où tout cela existe
Maria
21 mars 2020 @ 23:08
Grazie Robespierre
Cosmo
20 mars 2020 @ 18:32
Cher Robespierre,
Je pense que la situation n’était pas la même d’une province à l’autre. Certaines plus riches, en plus d’une bourgeoisie et d’une noblesse, avaient une paysannerie aisée. D’autres avaient une noblesse et une paysannerie pauvres, avec une bourgeoisie balbutiante. Normandie, Bourgogne, Provence ou Flandres étaient riches. Auvergne, Languedoc et d’autres étaient pauvres. La faute en revenait plus au sol qu’au système social. Un sol pauvre ne donne au paysan que sa subsistance et encore.
La grande différence entre le paysan pauvre du XVIIIe et le prolétaire du XIXe réside probablement dans l’existence d’un tissu familial, social, religieux dont bénéficiaient les premiers, alors que les seconds étaient livrés à leur misère.
Selon moi, la douceur de vivre n’existait pas, même dans les milieux favorisés. La vie était simplement moins rude pour les uns que pour les autres.
Cela dit, je suis curieux de lire ce livre et de voir comment on justifie cette fameuse douceur de vivre dont le prince des jouisseurs s’est fait l’apôtre.
Amicalement
Cosmo
Jean Pierre
19 mars 2020 @ 08:58
« Glücklich wie Gott in Frankreich » disait-on à l’époque.
Autre idée de lecture sur le même thème, du grand historien Jean Pierre Rioux : « Au bonheur la France », une échappée belle pour comprendre comment les Français ont su être heureux.
Caroline
19 mars 2020 @ 09:53
En plein confinement chez nous, nous pourrions ‘ revivre ‘ comme à l’ époque de l’ ancien régime ! 😅
A nous, la lecture, le chant, l’ écriture, les jeux de société, la couture, le tricot, la danse, la musique, la broderie, etc… ! 😁
Léonor
19 mars 2020 @ 10:14
Curieux commentaire. C’est le texte de la quatrième de couverture ?
Au moins 90% des gens, sous l’Ancien Régime, ne pouvaient pas l’écrire, s’ils étaient heureux ou malheureux, vu qu’ils ne savaient ni lire ni écrire.
Dès lors, ce ne sont que les quelques % d’alphabétisés , donc relativement aisés, qui en témoigner.
Une bonne partie des autres vivaient à la limite de la survie,voire en-deçà. Quand ils ne crevaient pas de faim , comme dans les quinze dernières années du règne de Louis XIV. Quand ils ne se voyaient pas contraints à l’exil pour cause de révocation de l’Edit de Nantes .
Alors, se poser la question du pourquoi de la Révolution, c’est passablement … bizarre. .
Zorro
19 mars 2020 @ 14:00
C’est une contre-vérité. En réalité la plupart des gens savaient lire, écrire et compter. L’enseignement primaire était organisé dans chaque paroisse par le curé du village. L’enseignement n’était pas obligatoire mais l’Eglise avait l’obligation de mettre à disposition de tous les petits français les bases : lire, écrire, compter, prier, raisonner. La presse était très répandue aux quatre coins du royaume. Il suffit d’aller faire un tour aux archives pour s’en rendre compte : les français de l’Ancien Régime étaient même (en moyenne) beaucoup plus intelligents que les français de maintenant.
Hormis les périodes de guerre, la population française vivait très correctement. 90% de la population était paysanne. Le prix du blé était fixé par la police du grain qui empêchait toute spéculation sur le prix du pain. C’est le contraire du capitalise d’aujourd’hui : les marchands qui vendaient plus cher leur denrées en période de disette étaient condamnés et très mal vus de la population.
Pour comprendre les origines de la révolution française, il faut connaître les réformes de Turgot, la guerre des farines et le banquier Necker.
Ghislaine-Perrynn
20 mars 2020 @ 13:27
Zorro , vous pourriez ajouter dans les prémices de la Révolution Française , la révolte des Bonnets Rouges en Bretagne
Ou la révolte du papier timbré .
Le roi Soleil guerroie en Hollande et il a besoin d’argent , d’où cette taxe sur tout papier notarial timbré .
C’est un impôt de plus , un impôt de trop
Il ordonne ainsi que tous les actes judiciaires et notariaux soient désormais rédigés sur papier timbré aux fleurs de lys, avec une taxe de l’ordre d’un sol (sou) la feuille. Par ailleurs, il prélève une taxe de vingt sous sur chaque livre de tabac et impose le marquage des pièces d’étain à raison d’un sol par pièce.
Ce n’est pas énorme mais cela ne passe pas dans la population.
Ces nouveaux impôts émeuvent en premier lieu les Aquitains et suscitent dès le 26 mars 1675 le soulèvement de la population de Bordeaux. Le Parlement de Bordeaux prononce de son propre chef la suspension des nouvelles taxes.
Les habitants de Rennes puis de Saint-Malo se révoltent à leur tour. Mêmes manifestations à Nantes le 23 avril puis à nouveau à Rennes le 3 mai, où le gouverneur de la ville s’inquiète auprès du secrétaire d’État à la guerre Louvois de l’intensité de l’«émotion populaire».
Ces nouveaux impôts émeuvent en premier lieu les Aquitains et suscitent dès le 26 mars 1675 le soulèvement de la population de Bordeaux. Le Parlement de Bordeaux prononce de son propre chef la suspension des nouvelles taxes.
Les habitants de Rennes puis de Saint-Malo se révoltent à leur tour. Mêmes manifestations à Nantes le 23 avril puis à nouveau à Rennes le 3 mai, où le gouverneur de la ville s’inquiète auprès du secrétaire d’État à la guerre Louvois de l’intensité de l’«émotion populaire».
Toute la Bretagne est concernée . C’est la levée de boucliers et la formation d’irréductibles bretons dont le signe de ralliement est le bonnet rouge .
Dans le petit village de mes ancêtres une partie de la population qui ne voit pas malice à payer cet impôt pour aider le roi sont enfermés dans l’église , les bonnets rouges ont décidé de la brûler avec les personnes à l’intérieur .
Heureusement un seigneur du coin , intervient et libère tout le monde en mettant en fuite les bonnets rouges .
Il paraît que j’avais un bonnet rouge dans mes ancêtres !
Cette révolte sèmera dans l’Ouest les graines de la future Révolution.
Les bonnets rouges ne sont pas mort , ils ressurgissent dans les cas de refus d’ordre venant de Paris dont les récents portiques .
Ghislaine-Perrynn
20 mars 2020 @ 13:31
documentation « histoire de Bretagne »
Excusez-moi pour le doublon dans le texte .
Remerciements pour votre message très intéressant
C’est dommage que l’on ne puisse pas revenir sur son texte pour apporter des modifications ou rectifier des erreurs comme : Les bonnets rouges ne sont pas mortS ».
aggie
19 mars 2020 @ 17:55
Bravo Léonor, tout est dit
HRC
20 mars 2020 @ 16:42
courage Leonor.
Ceci fut déjà dit lors du premier passage de ce sujet, et par les mêmes.
Les révoltes paysannes ont été étudiées et continuent de l’être, mais par les universitaires, vous savez ces gens qui racontent des bobards;
il y a tellement de trucs à redire dans ce texte de Zorro que ça en devient drôle. Je les laisse à leur rêve.
.
Laurent
23 mars 2020 @ 15:55
Heureusement il existe des historiens capables de ne pas dire que ce que l’histoire républicaine nous enseigne
Un immense bla-bla
Du genre de ce crétin d’ancien ministre socialiste qui a dit la France est née en 1789
HRC
24 mars 2020 @ 15:50
soyez heureux, Laurent.
Et je vous le souhaite en plus, on ne conteste pas une foi quand elle aide à vivre sans agressivité, et vous ne l’êtes pas en général.
Aramis
19 mars 2020 @ 10:47
Illustrer un titre aussi large par une peinture montrant un style de vie qui était réservé à une infime minorité pose question…et fait presque douter du sérieux de l’ouvrage….à moins que l’éditeur n’ait pas informé l’auteur du choix de l’illustration !
Auberi
19 mars 2020 @ 11:08
Lecture cetainement très intéressante, ça me fait penser à l’excellent historien (philosophe) Georges Vigarello que j’aime bp, spécialiste de l’hygiène dont le livre ’Le propre et le sale’ qui se situe entre le moyen-âge et le XXe, m’a vraiment passionné. Tiens je vais le relire.
Kardaillac
19 mars 2020 @ 11:52
Je lis bien des âneries dans cette « quatrième de couverture », et pour n’en choisir qu’une : « les hiérarchies immuables ».
Charges et titres circulaient peut-être autant qu’aujourd’hui entre les couches sociales. L’ascenseur passait par le mariage, l’invention, l’exploration, les services rendus au roi (= l’Etat), le talent tout simplement.
Mary
19 mars 2020 @ 13:03
Voilà qui semble intéressant.
Clémentine/Lola1
20 mars 2020 @ 01:18
Le 30 janvier, vous nous aviez déjà présenté cet ouvrage Régine ! mais ce n’est pas grave car il me semblait avoir déjà vu cette couverture alors j’ai un peu cherché où..
Maria
20 mars 2020 @ 01:44
Abiti famminili importabili ma dalle stampe dei tessuti molto belli😍
Avel
20 mars 2020 @ 16:12
Entre la peste et le choléra Robespierre difficile de choisir… et en plus ils n’avaient pas le choix…
Je vous conseille la lecture du livre de Gérard Noiriel, historien :
Une histoire populaire de la France
De la guerre de 100 ans à nos jours.
Un pavé… mais passionnant !