Le postulat initial était de vous faire partager quelques sujets extraits de la biographie de lady Clementine Churchill par Bertrand Meyer-Stabley. Mais entre temps et à la fin de la lecture de l’ouvrage, on en vient à l’évidente conclusion que ce livre peut bien entendu être raconté (des sujets sont postés en parallèle) mais c’est au regard de la passionnante écriture des chapitres, de tout simplement le lire afin de ne pas éventer les meilleures parties de son contenu.
Ce n’est pas la première biographie de Bertrand Meyer-Stabley. Si vous avez aimé celle consacrée à lady Edwina Mountbatten, vous serez comblés par celle-ci. Probablement parce que Clementine Churchill est moins connue du grand public.
Pourtant, cette jeune aristocrate désargentée écossaise qui a séjourné jeune fille à Dieppe et qui parlait couramment la langue de Molière, a traversé presqu’un siècle d’Histoire et quelle Histoire !
Née sous le règne de la reine Victoria, elle s’est éteinte sous celui de la reine Elizabeth II. Elle a connut deux guerres mondiales et la fin de l’Empire britannique.
Pour son époque, Clementine Churchill est une femme très indépendante et émancipée, qui a su trouver sa place adéquate à côté du bouillant Vieux Lion qu’était Winston Churchill.
Clementine Hozier est née le 1er avril 1885 dans le quartier de Mayfair à Londres. Elle appartient à une famille de l’aristocratie écossaise désargentée. Sa mère Blanche Ogilvy est la fille du comte d’Airlie et son père Henry Montagu Hozier est colonel, il a été correspondant militaire pour The Times et a couvert la guerre franco-prusienne avant de se lancer dans la télégraphie.
Clementine est la deuxième des quatre enfants du couple. Henry Hozier se croit stérile, ce qui laisse planer le doute sur la réelle filiation de Clementine et du reste de la fratrie.
Elle épouse en 1908 (voir article connexe) Sir Winston Churchill, petit-fils du 7ème duc de Marlborough. De cette union vont naître : Diana (1909-1963), Randolph (1911-1968), Sarah (1914-1982), Marigold (1918-1921) et Mary (1922-2014).
Au gré des chapitres, vous vous trouverez parfois comme en immersion dans l’ambiance si particulière de Downton Abbey (pour les visites à Blenheim Palace), découvrirez l’Angleterre comme si vous y étiez et serez au coeur de la vie des dirigeants lors de la Seconde Guerre Mondiale.
Lady Clementine joue les parfaites maîtresses de maison au 10, Downing street. C’est qu’il faut gérer des repas importants à une cadence effrénée : 75 déjeuners et 19 dîners entre janvier et septembre 1944. Lady Churchill veille aussi au bon approvisionnement du bunker…
Pendant cette période de guerre, les moments intimes sont rares. Mais Clementine est toujours là, appui sans faille.
Lady Clementine est aussi une grande voyageuse. Vous la suivrez en Italie, à Aix en Provence, à Séville, en Allemagne, au Cap d’Ail, sur le yacht d’Onassis où leurs noces d’or sont célébrées. Une époque où voyages, mondanités, vie sociale avaient un autre parfum.
C’est elle qui se rend à Stockholm en 1953 pour recevoir au nom de son marie le Prix Nobel de Littérature.
Il y a aussi toute la gestion de la vie de Churchill après la perte des élections au sortir de la guerre puis sa retraite définitive en 1955, même s’il reste député.
Si elle a côtoyé et été proche de grands de ce monde, tenant tête au Général de Gaulle, faisant la révérence à la duchesse de Windsor, lady Clementine a aussi eu la douleur de perdre trois de ses enfants de son vivant dont Diana par suicide.
L’ouvrage compte une ligne du temps fort utile et un échange avec l’auteur où il livre ses sentiments plus personnels sur son héroïne. Sachez enfin que la reine Elizabeth a adressé un message d’encouragement à Bertrand Meyer-Stabley au moment de ses recherches dans les archives royales.
La narration passionnante vous permettra de (re)découvrir une femme au destin exceptionnel, pas seulement car elle était l’épouse de Winston Churchill mais parce qu’elle était tout simplement elle.
Lady Clementine Churchill, Bertrand Meyer-Stabley, Bartillat, 2022, 340 p.
Claude patricia
2 mai 2022 @ 05:10
Il doit être intéressant à lire.
Robespierre
2 mai 2022 @ 06:14
Le jeune Mountbatten qui avait épousé Edwina, une riche héritière, fut bien déçu quand au bout de quelques années de mariage, il s’aperçut que sa femme le trompait. C’était après la naissance des deux filles. Et Edwina admit ses aventures extra-conjugales sans problème. Mountbatten avala la couleuvre. Et chacun mena sa vie privée à sa guise.
Rien de tel chez les Churchill. La fidélité du couple fut exemplaire.
Baboula
2 mai 2022 @ 07:02
C’est assez rare dans la gentry pour le signaler .
Menthe
2 mai 2022 @ 09:49
Winston avait trouvé dans la politique une maîtresse très exigeante.
Baboula
2 mai 2022 @ 14:48
Sa séduction physique était très …relative ,il devait le savoir et il n’avait pas le goût d’aller voir ailleurs .
Robespierre
3 mai 2022 @ 09:47
Vous avez entendu parler de Gabriele d’Annunzio ? Churchill était bel homme à côté de ce sagouin qui eut un tas de maîtresses.
Baboula
4 mai 2022 @ 10:14
Pas faux , je crois que sir Winston était paresseux .
Cosmo
2 mai 2022 @ 21:39
Mountbatten, étant bisexuel, a dû trouver bien pratique d’être trompé. Cela lui a facilité la voie de l’adultère. A mon avis les Mountbatten savaient dès le premier jour à quoi s’en tenir. Elle entrait dans dans le Gotha et offrait à son mari la vie fastueuse dont il rêvait. Il se mésalliait en sachant le prix à payer et l’acceptant.
Chacun y a trouvé son compte, dear Rob.
Robespierre
3 mai 2022 @ 09:48
Il fut quand même déçu quand il apprit ses cornes. Plus tard, il y trouva son compte, mais la première réaction fut dure (il avait encore ses illusions).
Mayg
2 mai 2022 @ 14:19
Intéressant.
Athena
2 mai 2022 @ 17:40
Pour son mari, elle était Clemmie, une des rares personnes à oser et parvenir à lui tenir tête …
Catheriner
2 mai 2022 @ 20:49
Écouler sa vie à coté d’un alcoolique, mais d’ailleurs si elle n’avait pas d’argent comment partir? où aller?
Des vies bien remplies oui, mais heureuses?
Gatienne
3 mai 2022 @ 13:07
Clémentine n’eut jamais la moindre envie de quitter son époux , difficile à vivre par certains côtés, mais incontestablement aimant et fidèle.
Et puis l’existence auprès d’un homme de cette envergure politique, ne lui procurant aucune désillusion affective, fut certainement exaltante et sans aucun ennui:
Cela méritait bien de passer sur quelques ombres caractérielles, d’ailleurs jamais dirigées contre son épouse comme Mary Soames, leur fille, le précisa en marge de leur correspondance personnelle qu’elle fit publier.
Non, les vrais soucis arrivèrent après la mort de Churchill que la politique pratiquée a un aussi haut niveau d’exigence ne mit pas à l’abris d’ennuis d’argent.
C’est pour cette raison que Clementine Churchill mit aux enchères en 1977 cinq des peintures de son mari. Le prix qu’elle en tira fut plus élevé que prévu, la sauvant ainsi de ses problèmes financiers.
framboiz07
3 mai 2022 @ 01:54
Etonnée de voir que Churchill n’était pas à Stockholm, pour recevoir son Prix Nobel ,pourquoi donc ? Etonnée aussi de voir que Bertrand M-S a reçu un mot de la reine , pour ses recherches , C très classe !
Livre ,que je lirai avec plaisir, j’adore les biographies et MBS ne m’a jamais déçue , recherches,style , rythme, anecdotes , tout y est !
Roxane
3 mai 2022 @ 14:53
Notre Bertrand Meyer du site ??
Baboula
4 mai 2022 @ 10:17
Un seul et unique mais polyvalent .
Menthe
4 mai 2022 @ 16:22
Il me semble bien que oui, Roxane.