Parution dans la collection « Tempus » de Perrin du livre « Le goût des rois. De François Ier à Napoléon III ». Sous la plume de Jean-François Solnon, on découvre les passions artistiques, culinaires, littéraires ou scientifiques des souverains français de François Ier à Napoléon III.
« Tous les monarques n’adhèrent pas aux mêmes passions. Si les curiosités de François Ier, de Louis XIV et de Napoléon Ier embrassent différentes disciplines, littéraire, artistique, scientifique, d’ordinaire une dominante s’impose ». Henri III néglige l’architecture mais cultive les lettres, tandis qu’Henri IV n’est pas mélomane mais se révèle bâtisseur. Louis XIV est géographe et Napoléon III qui a le goût de l’archéologie, se fait historien de l’Antiquité. »
L’intelligence du Roi-Soleil est de l’avis-même de ses contemporains « au-dessous du médiocre ». Sa belle-sœur la princesse Palatine confirmait que le roi et son frère avaient à peine été instruits. Le roi s’est initié à l’art de la conversation sous la férule d’une de ses favorites Madame de Montespan. Il parachèvera sa « formation » d’orateur de salon avec celle qui devint son épouse Madame de Maintenon.
Louis XIV s’est passionné pour les bâtiments. On lui doit les résidences (nouvelles ou transformées) et ouvrages parisiens de Saint Germain en Laye, Vincennes, Clagny, Trianon, Marly, Versailles, la salle des machines des Tuileries, la porte Saint-Denis, l’Observatoire, la place des Victoires,…
Louis XIV n’est pas un architecte en chambre. Même s’il ne sait pas dessiner un plan, il sait en revanche très bien le lire et s’investit personnellement sur ses chantiers. Il avait fait placer une tente à Trianon pour y tenir ses réunions et suivre aussi de près les travaux. Etant informé de l’avancement du chantier, il est toujours vif pour analyser les problèmes et les blocages. Il fait rectifier ici une bordure de bassin, veille à la saillie d’une corniche et demande des éclaircissements sur les conduites des pompes du moulin du Chesay…
Le roi Louis XIV est de plus un excellent danseur et musicien, maniant le luth, le clavecin et mettant à la mode un instrument jusqu’alors peu considéré : la guitare.
Louis XV dit « le Bien-Aimé » est l’arrière-petit-fils du Roi Soleil. Il a la passion du concret et se méfie des écrivains. Il se prend d’intérêt à l’âge adulte pour la médecine et la botanique. C’est lui qui crée à Trianon un jardin destiné à l’étude des végétaux. Trianon comptant plus de 4.000 variétés de plantes disposées selon la classification du naturaliste suédois Carl von Linné et qui en font le plus beau domaine botanique l’Europe.
Le roi Louis XV aime aussi cuisiner en petit comité lors de ce que l’on appelle « Les Petits Soupers », s’essayant avec succès à la pâtisserie.
On a longtemps cantonné le roi Louis XVI à un homme qui aimait la serrurerie et la chasse mais le souverain qui termina sur l’échafaud, était bien que cela et probablement le plus instruit des monarques de la dynastie Bourbon.
Cependant, il ne s’intéresse pas à la musique ni à la gastronomie. On peut dire qu’il mange pour manger, sans plus. Louis XVI est un grand littéraire, les ouvrages qui sont rangés dans sa bibliothèque, ont été lus. Son livre préféré est resté jusqu’à sa mort « La Jérusalem délivrée » de Tasse.
Polyglotte, il maîtrisait outre le français, le latin, l’anglais, l’italien et l’espagnol. Il était capable de prendre connaissance des débats parlementaires anglais.
Le souverain excelle dans le déchiffrage des cartes de géographie. En 1785, il commande à Jean-François de Galaup de La Pérouse un voyage scientifique dans le pacifique. Le roi veille à la bonne organisation de l’expédition bien qu’il soit un navigateur immobile et qu’il n’ait vu qu’une seule fois la mer dans sa vie. Mais le projet est très, trop ambitieux : Louis XVI veut faire réaliser à l’équipage de La Pérouse ce que Thomas Cook a fait en trois expéditions…
La Pérouse et son équipage sont portés disparus en 1788, trois ans après leur départ de Brest au large des îles de Santa Cruz.
Selon la légende, le 21 janvier 1793 au moment de monter avec beaucoup de dignité vers l’échafaud, le roi aurait lâché « A-t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse ? ». Une passion vécue jusqu’au bout…
« Le goût des rois. De François Ier à Napoléon III », Jean-François Solnon, Perrin, Collection Tempus, 2020, 448 p.
Régine ⋅ Actualité 2020, Bourbon, France, Livres, Napoléon 13 Comments
Nuage Pâle
14 avril 2020 @ 07:27
L’illustrateur de la couverture du livre savait-il que les intestins sont notre second cerveau ?
Guizmo
14 avril 2020 @ 08:25
Un nouveau regard sur les souverains qui ont fait la France.Connu du grand public pour ses ouvrages sur la France de l’Ancien Régime, Jean-François Jean-François Solnon, agrégé d’histoire et docteur ès lettres, est professeur émérite des universités et président du jury Lucien-Febvre.
clementine1
14 avril 2020 @ 08:26
encore un livre intéressant. Merci Régine
Ghislaine-Perrynn
14 avril 2020 @ 09:52
Ce livre doit être un régal – Merci pour l’information.
Caroline
14 avril 2020 @ 10:10
Ce livre doit être très intéressant à lire !
Je crois que le roi François 1er est le plus raffiné des rois, c’ est lui qui a invité beaucoup d’ artistes italiens à sa cour.
Leonor
14 avril 2020 @ 11:12
Merci pour l’info. Faut bien se distraire. Pas de raison que ce soit l’apanage des rois .
Ma libraire continue d’enregistrer les commandes pendant le confinement.
Il est convenu que pour la livraison, on verra plus tard.
Or donc , « Le goût des rois »…..
Hé hé, ne pas oublier le goût des femmes, pour la plupart d’entre eux.
Ils avaient la partie belle, ces messieurs couronnés: le pouvoir est aphrodisiaque.
Maisça, c’est une autre affaire.
Restons-en aux choses avouables :
La Musique du Jour .
Louis Le Soleil adorait la musique et la danse . Et le théâtre .
Marche pour la cérémonie des Turcs – J.B. Lully
https://www.youtube.com/watch?v=ScyTHuKDCFc
La pièce fait partie du Bourgeois Gentilhomme. Avec cette Marche des Turcs, on attend le Grand Mufti censé faire de M.Jourdain un Mamamouchi.
Extrait du film Tous Les Matins Du Monde, d’Alain Corneau,
consacré à Marin Marais et à Jean de Sainte Colombe, grands musiciens, mais dans l’ombre de Lully qui ne laissait de place à personne.
La musique de Lully commence dès le début de la vidéo. Pour l’image de l’orchestre, sauter à la minute 0’40 »
Vous aurez reconnu l’acteur qui tient le rôle de Lully en martelant la mesure. Comme on sait, il martelait avec tant d’énergie qu’il en mourra.
Henri III
14 avril 2020 @ 11:21
Henri III n’avait pas le goût de l’architecture mais il avait hérité de tellement de beautés qu’ilo n’avait pas besoin de bâtir mais d’entretenir.
Mais surtout, le pays était en pleine guerre civile, les finances étaient catastrophiques, le Roi ne pouvait pas se permettre de faire réaliser de grands travaux par lui-même ce qui aurait été mal vu alors il donnait l’argent à ses proches pour qu’ils fassent construire des châteaux.
On lui doit quand même le Pont-Neuf à Paris (premier pont tout en pierre et sans habitations dessus) qu’il a en partie financé avec son propre argent.
Henri III était passionné par la littérature et la danse qu’il pratiquait 3 fois par semaine et durant des heures avant et pendant les nombreux bals donnés au Louvre.
La mode sous Henri III fut aussi une passion.
Pour se rendre compte de la grandeur de ce roi, un autre livre de Solnon est à lire.
Sinon, pour découvrir les bals à la cour à la façon de Louis XIV (grandiose) mais plus de 80 ans avant Louis XIV, il suffit de chercher sur le site de la BNF le pdf : « Le balet comique de la Royne » dans lequel vous trouverez des dessins des costumes et des thèmes joués lors de ce bal resté dans les annales comme le plus somptueux du règne d’Henri III. (1581)
Henri III fut l’un des Rois les plus instruits et cultivé de toute l’histoire de France et le dernier des Rois très cultivés. Les Bourbon hélas n’auront pas relevé le niveau même si Louis XIV reste une référence en terme de grandeur et Louis XVI en terme de puissance juste avant la ruine.
Robespierre
14 avril 2020 @ 12:05
Je ne sais pas qui vous êtes, mais moi j’adore Henri III, encore un malmené de l’Histoire. Je crois qu’une bande malfaisante d’historiens du XIX siècles ont vraiment trompé les Français sur leurs rois et reines.
Robespierre
14 avril 2020 @ 11:38
Mon préféré c’est Louis XVI, les historiens souvent de gauche n’ont pas su montrer ses mérites. Si ce livre y parvient, eh bien bravo le livre ! Un roi doit être plus instruit que ses sujets, cela a toujours été ma conviction. Louis XVI, contrairement à des princes actuels que je ne nommerai pas, a profité des possibilités d’apprendre qui lui furent données, et les possibilités aussi d’acquérir des outils de connaissances. Il avait les moyens matériels pour cela et en a intelligemment profité. Quelqu’un sait-il ce qu’il est advenu de sa bibliothèque ?
Laurent
14 avril 2020 @ 20:08
Beaucoup beaucoup plus instruit que la Reine d’Angleterre et que ce pauvre William
Danielle
14 avril 2020 @ 14:22
Cette triste période permet de remettre la lecture dans les agendas, j’achèterai donc ce livre pour le lire plus tard.
Leonor, merci pour vos extraits musicaux, ils me plaisent toujours.
Gérard
14 avril 2020 @ 21:14
La plupart des historiens ont considéré que Louis XIV étaient intelligents d’après notamment l’avis de ses contemporains si l’on met de côté cette mauvaise langue de Saint-Simon. Il était aussi instruit. Il a commis des erreurs mais quel chef d’État n’en a pas commises !
Dans ses précédents ouvrages M. Solnon a évoqué une éducation insuffisante mais il ne paraissait pas douter de son intelligence.
Clémentine/Lola 1
17 avril 2020 @ 16:51
J’ai vu à midi au JT que certains libraires livrent…à domicile livres et jeux pour enfants