Eugène n’a rien d’un guerrier : il vient à peine de quitter le petit collet qui faisait de lui un ecclésiastique, il n’a jamais porté l’épée, il est de plus bossu et rachitique. Quant à sa mère, Olympe Mancini, elle a été gravement compromise dans l’« affaire des poisons ».
Le Roi-Soleil vient pourtant de commettre l’une des plus funestes erreurs de son règne. Deux mois plus tard, Eugène est en Autriche. Il se met au service de l’empereur Léopold au moment où Vienne est assiégée par les Turcs.
C’est le début d’une prodigieuse carrière d’un demi-siècle qui va faire de lui le généralissime des troupes impériales, le chef du Conseil de guerre, le gouverneur des Flandres et du Milanais et, surtout, le principal ennemi de Louis XIV. Toutes les pires défaites de la France jusqu’en 1710 seront le fruit de son génie tactique.
Eugène, qui n’aura pas de descendance, est par ailleurs un intellectuel, aussi bien philosophe que théologien, lié aux principaux artistes de son temps, constructeur de palais gigantesques et magnifiques, tels le Belvédère de Vienne ou, aux frontières de la Hongrie, le Schloss Hof qui évoque Versailles.
Une destinée éblouissante mal connue en France pour cette simple et triviale raison qu’il fut notre ennemi et que nous n’aimons pas nous rappeler nos défaites, surtout lorsqu’elles nous sont infligées par un homme qui, comme Eugène, est né à Paris, en plein quartier des Halles. »
« Le guerrier philosophe. Les mémoires apocryphes du prince Eugène de Savoie », Jean-Paul Despart, Seuil, 2020, 560 p.
Denis
14 juillet 2020 @ 11:10
Le maquettiste aurait pu pousser l’intégrité jusqu’à proposer EN ENTIER sur la couverture le portrait du Prince Eugène par Van Schuppen,l’ouvrage n’y aurait rien perdu… .
ciboulette
14 juillet 2020 @ 17:20
Un homme sans visage ? Quelle funeste idée !
aubert
14 juillet 2020 @ 13:00
Soyons réalistes. Quel est le peuple qui aime se souvenir de ses défaites ?
marianne
14 juillet 2020 @ 19:31
Un de nos grands hommes . Le plus grand ?
HRC
15 juillet 2020 @ 16:56
heu…..la Savoie était un état alors.
Ciara
14 juillet 2020 @ 21:02
Un personnage fascinant
Caroline
14 juillet 2020 @ 22:21
Denis,
Bien vu !
Noblesse de France
14 juillet 2020 @ 23:46
Pour ceux qui s’intéressent à ce genre de sujet, je recommande vivement « The Military Enlightenment, War and Culture in the French Empire from Louis XIV to Napoleon », par Christy Pichichero, Cornell University Press, 2017.
Mary
15 juillet 2020 @ 15:16
Wikipédia lui consacre un long et passionnant article.
Guy Coquille
16 juillet 2020 @ 11:18
Il faut signaler que le Comte de Charolais, un Bourbon-Condé, et, à vrai dire, un bien mauvais sujet, mal vu par le gouvernement royal, rejoignit également les troupes autrichiennes et participa à la prise de Belgrade.