Construit par
Marie de Médicis, devenu très tôt l’apanage des
Orléans, ce rêve d’Italie bâti sous un ciel d’Ile de France connaîtra au fil des siècles bien d’autres occupants.
On y croise les cardinaux politiques mentors des régentes –Richelieu, l’amant-tyran de Marie de Médicis et Mazarin « le gredin de Sicile » auprès d’Anne d’Autriche– le frondeur Gaston d’Orléans et sa non moins frondeuse de fille, la Grande Mademoiselle, la provocante « Jouflotte », fille du Régent, le fils du Grand Condé, atteint de lycantrophie, qui se prend pour un chien et se croit mort…
Dès le milieu du XVIII° siècle, le Luxembourg devient le premier musée d’Europe ouvert au public (43 ans avant le Louvre) et le jardin un lieu champêtre dont raffolent les Parisiens ; Jean-Jacques Rousseau y guette Diderot arpentant « l’allée des Soupirs », tandis que le comte de Provence, frère de Louis XVI, futur Louis XVIII, qui a reçu le palais en apanage et en très mauvais état, rêve d’en faire une formidable opération immobilière.
« Magasin de guillotine » sous la Révolution, Chénier, Fabre d’Eglantine et bien d’autres y rendront leur dernier soupir, siège du Directoire et de toutes les intrigues politico-galantes de Barras, il devient grâce à Bonaparte, Premier Consul, le siège de la deuxième chambre de l’Etat français qu’il restera jusqu’à nos jours, en portant des noms divers, Sénat conservateur, impérial, Chambre des Pairs, Chambre Haute, Sénat tout court. Egalement une Haute Cour de Justice qui jugera et fera fusiller le maréchal Ney, exilera Polignac, Blanqui, Fieschi.
Puis ce seront le Second Empire, la Commune, les fusillades versaillaises dans le jardin, où se promèneront Verlaine et Rimbaud, comme plus tard, enfants, Anatole France, Gide, Sartre, Beauvoir…
L’Occupation fera du palais l’état-major du siège de la Luftwaffe et une unité de la SS s’y installera même brièvement (5 résistants y seront torturés) avant que la Libération n’y fasse siéger l’Assemblée consultative provisoire.
Une évocation passionnante, une grâce d’écriture merveilleuse : Le récit est enlevé, délié, le ton à cent lieues du manuel d’histoire. Un très grand plaisir de lecture. »
« Le long du Luxembourg », Elvire de Brissac, Grasset, 2021, 198p.
ARAMIS
23 avril 2021 @ 05:01
Richelieu amant de Marie de Médicis …. on aura tout vu !
Mazarin et Anne d’Autriche, ce peut être autre chose, mais Richelieu !
Baboula
23 avril 2021 @ 08:28
On ne savait pas tout ! Racoleur et attrape-nigaud.
aubert
23 avril 2021 @ 14:37
Voila pourquoi Richelieu détestait Buckingham. Il devait se contenter de la belle-mère..
Marnie
23 avril 2021 @ 08:02
« Le ton à 100 lieues du manuel d’histoire »…. ce genre de remarque me fait plutôt fuir… Soit je lis un roman historique, soit un manuel d’histoire, je n’aime pas ce genre d’entre-deux…
BEQUE
23 avril 2021 @ 10:36
Sur la promenade surplombant le parterre central et le grand bassin devant le palais du Luxembourg sont disposées vingt grâcieuses sculptures des Reines de France et Femmes illustres réalisées pour la plupart en 1848 dont
Mathilde, duchesse de Normandie (1031-1083), Sainte Geneviève, patronne de Paris (423-512), Marie Stuart, reine de France (1542-1587), Jeanne d’Albret, reine de Navarre (1528-1572), Anne-Marie-Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier (1627-1693), Louise de Savoie, régente de France (1476-1531), Jeanne d’Arc (1412-1431), trop fragile a été déplacée au Louvre, Marguerite d’Anjou, reine d’Angleterre (1429-1482), Marie de Médicis, reine de France (1573-1642), Marguerite d’Angoulême, reine de Navarre (1492-1549), Valentine de Milan, duchesse d’Orléans (1370-1408), Anne de Beaujeu, Régente de France (1460-1522), Blanche de Castille, reine de France (1188-1252), Anne d’Autriche, reine de France (1601-1666), Anne de Bretagne, reine de France (1477-1514), Marguerite de Provence, reine de France (1219-1295), Sainte Clotilde, reine de France (465-545).
Caroline
23 avril 2021 @ 12:16
Mon grand- père ‘ Alsacien ‘ aimait se promener dans ce jardin à côté de son université, nous avons des photos de lui posant fièrement avec ses camarades derrière un banc en pierre après la première guerre mondiale.
Gérard
23 avril 2021 @ 16:48
Elvire de Brissac est la tante du nouveau duc de Brissac.
Charlotte (de Brie)
24 avril 2021 @ 14:28
Mouais….!
Disons qu’Elvire de Brissac a eu deux pères…
Dominique Charenton
24 avril 2021 @ 08:53
Elle a une hérédité intéressante : fille et sosie de Paul Morand, dont elle est la gardienne de l’oeuvre et petite-fille de Boni de Castellane.
BEQUE
25 avril 2021 @ 12:53
N’était-ce pas Maurice Rheims qui était le légataire universel de Paul Morand ? Ainsi que Marcel Schneider, mais je ne sais pas dans quel domaine ?
Dominique Charenton
25 avril 2021 @ 10:41
Au sujet de son hérédité quelques commentaires :
Pour la duchesse de Brissac, sa fille Elvire de Brissac, elle-même, indique
dans « Il était une fois les Schneider » paru en 2007 que sa grand-mère
maternelle, épouse d’Eugène Schneider, vécu une passion torride en
particulier pages 100 & 101, où à la fin de ce passage qui se termine par trois
points de suspension, puis elle écrit « 1902, naissance de ma mère »
Elvire, passe pour être la fille de l’académicien qui à partir du moment ou
elle évoque la paternité réelle de sa mère,ne pourrait se choquer de
l’évocation de celle de Paul Morand, dont elle est gardienne de l’oeuvre, et
avec qui elle a une ressemblance « sosiesque »?
Le 20 03 1969 lors de sa réception Paul Morand prend à part un instant Josée
de Chambrun ( fille de Pierre Laval ) et lui souffle : « » Chérie-Chérie, arrangez
vous pour que May(de Brissac) et Josette Day( une autre de ses maîtresses)
ne soient pas à côté l’une de l’autre » » .
Roger Peyrefitte écrit » J’ai connu le duc de Brissac à Capri, où il était
de passage avec sa femme, née Schneider (« »Schnèdre » »comme on dit ).
Celle-ci, ce n’est pas un secret a été l’intime de Paul Morand. Lisette de
Brinon servait de « » passeuse' »‘ de lettres, à Vichy entre Paul Morand, attaché
au cabinet de Pierre Laval, et la duchesse qui résidait en zone occupée.
Mes jeunes lecteurs ignorent peut être qu’on ne pouvait correspondre, à cette
époque, qu’ avec des cartes inter zones, que la censure pouvait lire. Le duc a
dû oublier, cette tendre amitié entre sa femme et l’écrivain quand, sur la
jaquette d’un de ses livres, il a posé devant un tableau représentant un
massacre de cerfs. Le hasard a voulu que le bois de ces animaux
couronnassent le front de Brissac. Esprit très libre il a dû en sourire comme il
sourira de ceci: Le redoutable, redouté et regretté Philippe du Puy de Clinchamps
( refondateur de l’ICC ) me raconta un soir, chez moi à dîner, que, durant les
visites de notre duc à Maud de Belleroche, on entendait, à travers la cloison, des
coups de cravache et des cris pâmés. Le patronyme des Brissac étant Cossé,
je dis alors: « » Fouette Cossé ! « » Mon interlocuteur Clinchamps et non
Brissac ! – en fut malade de rire.
A propos de la grand-mère paternelle d’Elvire , voici ce qu’écrit une autre de ses
petites-filles Dominique Schneidre [ nom de plume de Dominique Schneider , mariée avec Jean Louis Reille, descendant de Masséna etc., d’où un fils marié avec postérité avec la fille de l’actrice et scénariste Nina Caompaneez (1937-2015) ] qui fit un portrait assez acide de sa grand-mère
dans » Fortune de Mère » paru en avril 2001 et indique sa liaison avec Boni de
Castellane d’où naîtra en 1902 May Schneider (1902-1999) future duchesse de
Brissac dont son mari disait : » C’est un parti idéal : elle avait l’argent des
Schneider et le sang des Castellane » Elle cite également le télégramme envoyé
par Antoinette à Boni pour l’aviser d’un voyage d’affaires de son mari :
» Vulcain parti. L’enclume attend le marteau. signé Vénus » Télégramme qui fut
malheureusement intercepté par Anna Gould
May Schneider , duchesse de Brissac est citée une trentaine de fois dans le 1er volume du Journal de Guerre 1939-1943 de Paul Morand, dont elle fut la maîtres de 1937 à 1947, paru en 2020, servi par une remarquable introduction (75 pages ) de Bénédicte Vergez Chaignon où elle évoque la vie intime de l’auteur qui n’ yu apparaît qu’en filigrane … »ce qui rend plus remarquable le récit de ses adieux prolongés avec May de Cossé-Brissac, au moment où, parce qu’il est nommé ambassadeur en Roumanie au milieu des bombardements et des combats qui ensanglantent l’Europe, ils peuvent craindre de ne plus jamais se revoir , mais rêvent d’une vie commune dans une hypothétique après-guerre »
De même dans la superbe biographie de Paul Morand ,parue en 2020 , Pauline
Dreyfus révèle ce qui constitue le « secret de polichinelle » du monde littéraire, la
filiation avec Elvire de Brissac, née des amours de Morand et de May de Brissac
née Schneider