Parution dans la collection « Tempus » (poche) des éditions Perrin, du livre « Le sceptre et le sang. Rois et Reines dans la tourmente des deux guerres mondiales » par Jean des Cars qui brosse la tourmente historique sur fond tout d’abord de Première Guerre Mondiale dans laquelle se retrouvèrent familles impériale, royales, princières et grand-ducales d’Europe.
A l’été 1914, sur 22 états, l’Europe comptait 19 royaumes, principautés ou grands-duchés. 100 ans plus tard, sur les 28 Etats européens, 10 sont des monarchies.
Jean des Cars revient en détails sur la Première Guerre Mondiale qualifiée de « guerre des rois », sachant de plus les liens de parenté entre tous les monarques. L’épouse du tsar Nicolas II de Russie, était la petite-fille de la reine Victoria tout comme Guillaume II d’Allemagne était le cousin du roi d’Angleterre, que le roi de Bulgarie était un Saxe-Cobourg comme la famille royale belge, que le roi de Roumanie était l’oncle du roi Albert I, que le roi de Grèce était le cousin du roi de Danemark,…
Cette Grande Guerre provoquera l’implosion de l’empire austro-hongrois et allemand, la révolution russe dans la foulée sonnera le glas des Romanov.
Liens de sang, prises de positions politiques, alliances stratégiques, drames familiaux, l’auteur évoque tout ce pan de l’Histoire des monarchies européennes avec beaucoup de finesse. On se retrouverait pour peu plonger soi-même sous les lambris des châteaux de Windsor, Sigmaringen ou de Peles en Roumanie.
Une guerre qui eut pour étincelle l’assassinat de l’archiduc héritier François-Ferdinand d’Autriche à Sarajevo en 1914 et qui provoqua des déchirements familiaux au sein des monarchies. Ainsi, en Belgique, le roi Albert I n’eut plus de contact avec ses cousins allemands, ni avec sa sœur la princesse Joséphine mariée au prince Charles Antoine de Hohenzollern. De même en Angleterre, le patronyme familial fut changé de « Saxe-Cobourg » en Windsor, définitivement plus « british ».
Que devinrent les monarques détrônés ? Comment furent-ils ensuite traités par les souverains encore sur le trône ?
Enfin, la seconde vague avec la guerre 40-45 qui balayait les monarchies de l’Est et celle d’Italie.
L’ouvrage se lit avec beaucoup de fluidité, étant présenté sous la forme de petits chapitres bien ficelés et permettant à ceux qui ne maîtrisent pas complètement les généalogies royales de garder des repères entre les différentes familles.
« Le spectre et le sang. Rois et reines dans la tourmente des deux guerres mondiales », Jean des Cars, Perrin collection Tempus, 2018, 576 p., 11 €
Elisabeth-Louise
27 août 2018 @ 06:41
Je l’ai lu, dans l’édition de la parution; Très très instructif ! en effet, tous ceux qui veulent l’Europe à tout prix/n’en veulent absolument pas, devraient replonger dans son histoire pour COMPRENDRE comment elle s’est constituée; les peuples de l’Europe ont une très longue histoire aujourd’hui méconnue, c’est une lacune qui doit être impérativement comblée, car, cette histoire explique beaucoup de comportements collectifs actuels;
En outre, c’est passionnant !
PataClems
27 août 2018 @ 11:32
Je pense que la plupart des gens auxquels vous faites allusion ne vous ont pas attendu pour se plonger, non pas dans cet ouvrage qui est récent mais, dans l’histoire de toutes ces monarchies devenues des républiques, de même que dans celle des pays qui ont conservé un roi ou une reine à leur tête. C’est effectivement utile pour bien comprendre. Toutefois, je demeure sceptique sur le fait qu’un ouvrage rédigé dans un style avant tout destiné au grand public, qui plus est axé sur la dualité entre liens familiaux et devoirs d’état (nous attendons quelques histoires d’alcôves), soit une ressource incontournable à la compréhension des mécanismes fondateur de l’Union Européenne. Disons que cela peut constituer une porte d’entrée pour ceux qui ont un peu oublié leurs bases d’histoire, ainsi que ceux qui n’ont pas suivi au collège…
Olivier d'Abington
28 août 2018 @ 01:41
Chère Elisabeth-Louise,
Vous avez presque tout dit!
A force de vouloir découper l’Histoire en « tranches nationales », le projet en lui-même perd son sens. Car il fait oublier très vite tous les liens que les pays ont entre eux à tous les niveaux et depuis des siècles.
Il ne faudrait pas oublier, dans cette perspective, ce que les pays non européens avaient à perdre et/ou à gagner avec ces 2 guerres (ou du moins le croyaient-ils, pour certains).
Ce découpage en tranches, trop souvent hermétiques entre elles, conduit à ce que nous voyons aujourd’hui: l’histoire se répète, et les différents pays reproduisent ce par quoi l’Histoire du début du 20e siècle et déjà passé (tout en promettant, la main sur le coeur, que « non, pas du tout, cela n’a rien à voir »).
Autrement dit, « nous » recommençons à nous tirer de multiples balles dans le pied… Jusqu’à…
Francois
27 août 2018 @ 08:05
Dira t on jamais assez quel suicide collectif
fut cette tragédie
Et malgré cela nous nous acheminons vers un suicide culturel
et ce dans une obstination aussi aveugle et déterminée
qu’il y a cent ans
Car n’oublions pas qu’en 1914 tout le monde voulait cette guerre
qui serait courte , personne n’en doutait
Luz
27 août 2018 @ 09:11
Les livres de Jean des Cars, en particulier ceux sur la famille impériale d’Autriche sont passionnants et remarquablement documentés.
Marie-E
27 août 2018 @ 20:34
Je ne peux qu’être d’accord avec vous. C’est un excellent écrivain !
PataClems
27 août 2018 @ 10:48
Le « style des Cars » étant ce qu’il est, nous imaginons tous que cet ouvrage se lit « avec beaucoup de fluidité ». Le grand public trouvera son bonheur dans cette compilation des ouvrages déjà publiés, abondée de quelques anecdotes croustillantes sur les histoires de famille entre monarques frères et cousins ennemis. Les historiens se rafraîchiront la mémoire.
j21
27 août 2018 @ 17:30
Frédéric Mitterrand a lui aussi traité la chute des empires en 1914-1918 dans son merveilleux roman, « Les aigles foudroyés ». Passionnant et instructif !
Sheiley
27 août 2018 @ 18:45
Y a t il des arbres généalogiques à mon avis indispensables pour ce genre d’ouvrage ?