En 1913, le salon de la
baronne devient le siège de la rédaction des
Soirées de Paris (revue d’avant-garde créée par Guillaume Apollinaire et sauvée de la faillite grâce aux fortunes personnelles d’Hélène et de son cousin, le peintre
Serge Férat), un haut lieu de passage et d’échanges entre les milieux artistiques et littéraires des années 1910.
Apollinaire y transporte alors ses fameux « mercredis », attirant les artistes tels que Pablo Picasso, Robert Delaunay, Louis Marcoussis, Fernand Léger, Alexander Archipenko, Serge Charchoune, Natalia Gontcharova, Mikhaïl Larionov ou Francis Picabia.
En 1920, plusieurs d’entre eux participent d’ailleurs au deuxième salon de la Section d’Or, groupe créé en 1912 dans l’objectif de diversifier le vocabulaire cubiste, monopolisé à l’époque par les solutions de l’« écurie Kahnweiler », limitant souvent le mouvement aux seuls noms de Braque et de Picasso.
À travers dessins, toiles, sculptures et photographies d’archives présentant l’étonnante personnalité d’Hélène d’Oettingen et de son entourage, l’ouvrage évoque à la fois le trio artistique et fusionnel formé dans les années 1910 avec Léopold Survage et Serge Férat, l’amatrice de l’œuvre du Douanier Rousseau, ses liens avec les avant-gardes (des Futuristes italiens via Ardengo Soffici aux cubistes de la Section d’Or, des recherches abstraites de Survage aux décors de théâtre et de marionnettes), de sa relation avec Apollinaire à son œuvre de poétesse sous le pseudonyme de Louis Pieu, de romancière sous celui de Roch Grey et de peintre sous celui de François Angiboult.
Ce catalogue a été publié à l’occasion de l’exposition « Les cercles de la Baronne » présentée à la Galerie Le Minotaure et à la Galerie Alain Gaillard qui s’est tenu en 2022.
« Les cercles de la baronne », Galerie Le Minotaure, Diffusion In Fine éditions d’art, 2023, 168 p.
Pelikan du Danube
2 février 2023 @ 06:46
Son cousin Ferat est mort beaucoup plus vieux (80ans) ,ils menaient à Paris une vie à la crème de l’avant garde mais leurs arrières étaient bien assurés par les revenus qui leurs venaient de la Russie tsariste .
Après la révolution de 1917 les choses changèrent et c’est en vendant les toiles et dessins du douanier Rousseau qu’elle avait acquis avec son cousin que la baronne put survivre .
D’après Wikipedia.
Je ne doute pas que cet ouvrage soit beaucoup plus complet et agréable .
Erato deux
2 février 2023 @ 08:31
Je suis toujours impressionnée de lire que on recevait: Apollinaire, Picasso, Léger… dans son salon.
Vivement la lecture de cet ouvrage pour mieux connaître le personnage que fut Mme de Oettingen.
Jean Pierre
2 février 2023 @ 09:43
L’avant garde finit souvent dans l’oubli. Je n’avais jamais entendu parler de cette baronne.
Passiflore
3 février 2023 @ 23:06
La baronne n’est, en fait, pas longtemps restée baronne, devant les hommes, puisqu’elle a divorcé en 1902 quelques mois après son mariage et que son mari s’est remarié, le 18 janvier 1903, avec Agnès Hammer. Elle a bien profité de son titre. D’après les commentaires lus ici, la princesse Caroline ne divorce pas pour garder le sien, je n’en sais rien.
Passiflore
2 février 2023 @ 10:02
Hélène Miontchinska est née, en 1885 à Stepanivka (Ukraine). Elle s’est mariée, en 1902, et a divorcé la même année du général Otto van Oettingen (assassiné en 1920 à Odessa). Elle arrive à Paris dans les années 1900 et reçoit des leçons de style de Rémy de Gourmont. Entre 1900 et 1907, elle est très liée avec l’écrivain et peintre italien Ardengo Soffici. Passionnée de voyages, elle publie ses premiers textes, « Venise » et « Milan » dans la revue « Voce », en 1910. Elle co-dirige la revue d’Apollinaire, de novembre 1913 à l’été 1914, sous le nom de Jean Cérusse (« ces Russes ») avec Serge Férat, arrivé comme elle d’Ukraine. Elle meurt, le 3 août 1950, à Paris.
JAusten
2 février 2023 @ 10:51
Je me demande si ces « salons » existent toujours de nos jours et qui peut bien pouvoir les tenir.
Pierre-Yves
2 février 2023 @ 12:41
Je ne crois pas, en tout cas pas sous la forme qu’on leur connaissait jadis.
Mais il y a toujours des hôtesses qui, de façon régulière, reçoivent à dîner une poignée de convives choisis provenant d’univers différents, politique, affaires, culture, etc.
JAusten
4 février 2023 @ 12:48
Oui tout à fait d’accord, des diners de ce genre existent toujours effectivement.
Mais je ne sais pas s’il comme dans les salons d’autrefois, des idées émergent et font racines. Tout est assez arrêtés dans les idées ; les nouveautés sociétales c’est plutôt ailleurs que ça se décide et j’imagine qu’on ne veut pas de dispute chez soi.
Caroline
2 février 2023 @ 23:34
A cette époque, c’ était très à la mode de tenir un salon littéraire et artistique chez les nobles ou les riches roturiers comme les grand-parents d’une petite partie de nos cousins dans le seizième arrondissement de Paris.
De nos jours, on ne fait presque plus de ‘ salons ‘ si on profite de tout au dehors !
JAusten
3 février 2023 @ 09:50
Peut-être que les salons de nos jours s’appellent des « lobbies » :)
Hervé J. VOLTO
2 février 2023 @ 13:53
Pour JAusten : ces “salons” existent toujours de nos jours mais ces parisiens fortunés se cachent de plus en plus pour bien pouvoir les tenir.
Place des Voges, un Hotel patriculier accuille chez quequ’un qui ne désire pas être nommé la crème du Gotha et de la bonne société parisienne.
Et puis… il y a les diners du Siècle
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Si%C3%A8cle
Passiflore
3 février 2023 @ 12:14
Hervé, mystère sur l’identité de l’hôte de la place des Vosges, à moins qu’un fin limier ou un snob (ça existe !) de N&R soit au courant !
Créé en 1944, Le Siècle a pour but de favoriser un dialogue entre patrons, journalistes, politiques, hauts fonctionnaires, ainsi qu’universitaires ou artistes. Dix fois par an, le dernier mercredi du mois, 280 membres du Siècle sont invités à dîner au Cercle de l’Union interalliée, au 33 rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris. Le Siècle rassemble désormais environ sept cents membres et invités, cooptés par son conseil d’administration.
Hervé J. VOLTO
2 février 2023 @ 13:59
Au contraire du Siècle et non politique comme ce dernier, le Jockey Club
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jockey_Club_de_Paris
Parmi les 1 146 membres actuels du Jockey, on compte des membres de la Noblesse et de la bourgeoisie.
« Ni les hommes d’affaires ni les intellectuels n’y ont leur place, s’ils se contentent d’être l’un ou l’autre. […] Aujourd’hui encore, tous les membres du cercle ont des manières de vivre identiques. Le snobisme de l’argent discret est de règle et posséder un château relève de la tradition familiale » (Éric Mension-Rigau, Singulière noblesse, p. 314-320).
Malgré la présence de nombreux membres d’ascendance Noble, le Jockey Club se défend d’être une annexe de l’ANF car le cercle n’est pas officielle réservé à la Noblesse (« Non l’argent n’ouvre pas toutes les portes », L’Express-L’Expansion, 24 juillet 1997… grâce à Dieu !).
Calliopé
4 février 2023 @ 22:18
Hervé et Passiflore, merci pour ces explications, c’était très intéressant ! J’avoue que, comme JAusten, je m’interrogeais sur l’existence actuelle de ces salons. Les dîners du Siècle, par le nombre très important de participants que vous mentionnez, me paraissent tout de même un peu éloignés des salons des XIXe et début XXe, dont j’imagine l’ambiance plus « intime », avec quelques dizaines de convives à la fois. À moins que je ne m’en fasse une idée complètement erronée ?
Passiflore
5 février 2023 @ 22:11
Merci, Calliopé (j’avais lu votre réaction concernant la duchesse d’Angoulême). Vous avez raison, les dîners du Siècle n’ont rien à voir avec les salons soit de la « baronne », sujet récent, ou même de ceux de Mme Geoffrin, Mme du Deffand, Julie de l’Espinasse… où on faisait beaucoup d’esprit. Mon patron (décédé) était membre du Siècle et l’idée est, je pense, de se rencontrer, de parler politique et d’annoncer quelques « scoops ». MartineR nous a répondu.
Calliopé
6 février 2023 @ 15:20
Oui, Passiflore, j’avais vu vos précisions sur la duchesse d’Angoulême, mais quelques jours après seulement, et je vous en remercie !
Après réflexion, je pense que l’esprit même de ces salons n’a peut-être pas tant changé que cela au cours des siècles : des discussions sur la politique, les arts, la culture, des traits d’esprit et d’humour sur telle ou telle personnalité… C’est vraiment en terme de publicité que la rupture est marquée, puisque leurs organisateurs ne souhaitent plus se faire connaître du grand public, alors qu’il s’agissait au contraire d’un marqueur de réussite et sans doute une grande fierté que de tenir un salon réputé au temps des Lumières. Je m’interroge d’ailleurs sur la différence entre « salons » et « cercles ». S’agit-il de la même chose, ou y a-t-il des nuances entre les deux ?
Passiflore
7 février 2023 @ 14:53
Calliopé, réponse approximative sur vos dernières lignes. A mon avis, les salons se tenaient chez la maîtresse de maison (rivalité entre les salonnières, en effet !) alors que les cercles se tiennent a une adresse prestigieuse (Interallié, Jockey Club, Automobile Club ou autres lieux que je ne fréquente pas du tout !). Et mon patron qui, par ailleurs, était membre du « Siècle », organisait des « dîners home », donc chez lui, chaque mois, mêlant politiques, écrivains, artistes, etc. dîners, paraît-il, très courus mais ce n’était pas un « salon ». Enfin, j’avais un grand-père qui avait une certaine fonction et il recevait pour sa profession « à la maison » (malgré ou avec ses neuf enfants), ce qui est plus apprécié, m’a-t-on dit, que recevoir au restaurant.
Calliopé
10 février 2023 @ 08:24
Merci beaucoup, Passiflore, d’avoir pris le temps de me répondre. C’est beaucoup plus clair pour moi. Je suis admirative de vos grands parents qui organisaient des réceptions avec une si grande famille ! Cela impliquait une conduite irréprochable des enfants pour ne pas perturber le dîner, avec les conservations de travail qui s’y déroulaient : une vraie prouesse à mes yeux 🏆 !
Baboula
2 février 2023 @ 16:31
Arielle Dombasle, peut être .😄
MartineR
4 février 2023 @ 18:54
A Paris il y a plusieurs cercles qui ont repris le flambeau des salons privés
Il faut y être coopter et on y cultive l entre-soi