Patrick de Carolis publie le journal de Letizia Bonaparte, mère de l’empereur Napoléon I et de cette vaste fratrie partie à la conquête de l’Europe, sous la forme d’un roman.
En voici le descriptif : « Enfanter tant de rois et de reines, de princes et de princesses et ce demi-dieu qui fit trembler l’Europe ? L’envol de l’aigle. La bataille d’Italie et le 18 brumaire, le Consulat puis l’Empire et nous, sa famille, happée dans le sillage de son fabuleux destin. Promue Altesse Impériale par la grâce de mon fils, je n’oublierai jamais, malgré la richesse et la gloire, que mon sigle se limite à trois lettres : L.R.B (Letizia Ramolino Bonaparte).
Jamais je ne me suis laissée impressionner par les ors de l’Empire, seul comptait pour moi l’avenir de mes enfants. Ceux qui souffraient le plus avaient ma préférence. Le sort de Lucien fut mon grand désespoir. Refusant les diktats de son frère, il sera banni de la succession. Joseph, l’ainé, hésitant dans ses choix ; Louis trop fragile pour régner ; mes filles volages ou ambitieuses, brillantes et inconstantes ; Jérôme immature et dépensier. Mon cœur saigne pour eux. Ils ont connu les plus grands égards. Aujourd’hui ce sont des apatrides. Ils se tournent vers moi pour une aide, un soutien. Mon sens de l’économie, cette avarice dont on m’accuse, me permet d’adoucir leurs charges.
Mater Napoleonis, je l’ai été jusqu’à l’épuisement. J’ai tout vécu : les adieux de Fontainebleau, la retraite de l’île d’Elbe, les Cent-Jours puis la chute finale, l’exil à Sainte-Hélène. Je voulais l’y rejoindre mais il s’y refusa. Désespérée, j’écrivais à toutes les cours d’Europe. Rien ! Aucune réponse, j’étais inconsolable. Puis cette mort sans honneur que j’appris bien plus tard. Elisa n’était plus, Pauline allait s’éteindre puis le Duc de Reichstadt et d’autres encore… Mon lot de malheur semblait sans limites. Je les ai tant aimés mais j’ai tellement souffert. Ne suis-je pas la mère de toutes les douleurs ? »
« Letizia R. Bonaparte, la mère de toutes les douleurs », Patrick de Carolis, Editions Plon, 2014, 400 p.
Jean Pierre
14 novembre 2014 @ 10:20
Oh, c’est beau comme du Racine…..on dirait le songe d’Athalie !
Non, peut-être les Lamentations de Hugo à tout prendre.
Palatine
14 novembre 2014 @ 17:11
mais vous avez raison !
voilà à quels quolibets on s’expose quand on veut faire un titre raccoleur .
Danielle
14 novembre 2014 @ 10:27
J’apprécie beaucoup ce journaliste et ne doute pas de la qualité de son livre.
Claude-Patricia
15 novembre 2014 @ 15:04
J’aime beaucoup aussi « Des racines et des ailes », fort instructive.
Zeugma
14 novembre 2014 @ 10:37
Il parait qu’Albert Grimaldi, prince de Monaco, met en vente sa collection d’objets ayant appartenu à Bonaparte, notamment un des deux ou trois mille chapeaux à bords relevés qu’il aurait portés.
S’il y a des acheteurs, cela prouve que le sinistre dictateur intéresse encore et suscite même une fascination sans doute un peu morbide.
Bon, il ne peut plus faire de mal du fond de son tombeau de porphyre et il faut de tout pour faire un monde.
L’ouvrage qui nous est présenté ici trouvera-t-il des lecteurs prêts à consacrer des heures de lecture à cette femme ? Chacun occupe son temps comme il peut mais, à mon avis, il est préférable de faire du macramé.
Palatine
14 novembre 2014 @ 17:20
Cette femme, comme vous dites, mérite qu’on s’intéresse à son destin. Mais qu’un commentateur de la onzième heure, un homme, veuille interpréter les sentiments d’une femme qui a souffert, faire du pathos bon marché, pour faire pleurer dans les chaumières, là je tire la ligne et vous renvoie au très bon post de Jean-Pierre.
J’ai aimé les émissions Des Racines et des Ailes. C’était bien fait. Je n’ai rien contre un journaliste qui écrit, au contraire, mais ici, c’est de la guimauve larmoyante à bon marché, qui n’apprendra rien. Je sais que monsieur De Carolis a eu un problème et été mis à pied à sa chaine de television. Il peut utiliser son grand talent pour faire un ouvrage plus érudit et documenté, avec une bonne bibliographie à l’appui. Les sujets intéressants ne manquent pas.
flabemont8
14 novembre 2014 @ 17:38
Bien sûr , Napoléon fascinait et fascine encore , entre légende noire et légende rose .Bien qu’il ait fait couler beaucoup de sang et tout sacrifié à son ambition, je ne dirai pas que c’est un sinistre dictateur .
kalistéa
14 novembre 2014 @ 10:42
L’histoire n’est pas un roman: On ne peut se mettre à la place d’un personnage du passé et parler en son nom. Si on le fait ,on fait forcément des erreurs comme « je voulais l’y rejoindre mais il s’y refusa ».Ce n’est pas l’Empereur qui s’y refusa, mais il fallait un accord des puissances et toutes les demandes de madame mère restèrent sans réponse.
Cosmo
14 novembre 2014 @ 10:45
Si c’est aussi mal écrit que « Les demoiselles de Provence », cela ne vaut pas la peine de le lire.
Pourquoi certains ne se contentent-ils pas de ce pourquoi ils sont faits ? Dans le cas Carolis, la télévision, où son émission « Des Racines et des Ailes » est remarquable.
Corsica
14 novembre 2014 @ 17:19
Cher Cosmo,
Entièrement d’accord avec vous . Autant j’apprécie l’homme de télévision, autant j’ai des réserves pour l’écrivain . Je m’étais mortellement ennuyée avec « Les demoiselles de. Provence », je ne recommencerai pas l’expérience .
Cordialement
Corsica
flabemont8
14 novembre 2014 @ 17:42
Cher Cosmo , je partage pleinement votre opinion . Quelle déception quand un historien , ou supposé tel , présente un livre » mal écrit » , sans style …Je pense à Christian-Jacq , à Inès de Kertanguy …ne s’improvise pas écrivain qui veut !
Palatine
14 novembre 2014 @ 11:22
nous avons pas mal de biographies bien faites de Letizia Bonaparte. Pourquoi faire un roman ? Tous ces sentiments décrits ci-dessus, nous pouvons les imaginer facilement quand on connait la vie de donna Letizia.
J’encourage les romans historiques, genre Les Trois Mousquetaires, qui sont des personnages fictifs mais qui nous font bien pénétrer dans une époque et connaitre le règne de Louis XIII, et c’est une excellente formation à l’Histoire pour les jeunes. Mais camper un personnage réel, dont on connait très bien la vie, difficile, et dont on peut imaginer soi-même les réflexions étalées ci-dessus, eh bien non.
J’ai lu il y a deux ou trois ans une excellente bio de Letizia, et ne suis pas assez « bouchée » pour ne pas imaginer ses souffrances de mère. Quelle originalité de faire dire certaines phrases, tellement évidentes.
Dans cette bio, on racontait un truc amusant. Quand les parents « de Buonaparte » sont allés voir leur fils au collège en France, la beauté de Letizia frappa les élèves et les professeurs et certains étaient même penchés à la fenêtre pour admirer cette jolie femme. La mère du futur empereur ne fut pas contente, elle grommela qu’elle était une simple mère de famille et n’avait pas à être admirée pour sa beauté.
Claude-Patricia
15 novembre 2014 @ 15:07
Chère Palatine,
Je ne suis pas certaine qu’en dehors de la télé-réalité, certains soient prêts à se cultiver. Il faut être réaliste!!
JAY
14 novembre 2014 @ 12:37
Quel destin pour la mère de notre Empereur. Il fut le plus grand homme Français. Elle fut témoin de bouleversement important de notre histoire. Elle fut aussi une mère ….
Claude-Patricia
14 novembre 2014 @ 13:20
Et je pense que c’est sa voix de mère qui s’exprime, oui, l’on peut se mettre à sa place et imaginer donc ses moments de bonheur et de tristesse à travers la vie hors du commun de ses enfants. Je trouve que cela peut-être intéressant de le lire pour le comparer aux autres.
Zeugma
14 novembre 2014 @ 20:59
De combien de morts est-il responsable ? Vous le savez ?
Claude-Patricia
15 novembre 2014 @ 15:02
Je ne suis pas fan de Napoléon-le guerrier, et non, comme ça, je ne saurait vous dire, mais je sais que cela fait un certain nombre. Par contre, une chose que je ne comprend pas, est pourquoi en France (et là désolée d’être chauvine) on ne fête pas ses victoires sur ses ennemis?
On peut parler aussi de ses réalisations.
Il est heureusement normal (et je suis la première à le faire) de parler des deux guerres mondiales, mais on parle moins des autres guerres qui font parti de notre histoire. Heureusement qu’ici et dans certains magasines nous avons des historiens qui nous rappellent comment s’est constituée la France et aussi, l’Europe dans laquelle nous vivons. Cela s’appelle la mémoire collective, sujet aussi bien connu des psychanalystes .Il faudrait presque être amnésique.
De toute façon, les rois de France étaient aussi toujours en guerre afin d’agrandir le territoire!
L’Europe est prix Nobel de la Paix parce que, justement nous ne nous faisons plus la guerre entre voisin. Il reste des endroits (Russie/Ukraine) en Espagne (Catalogne contre Madrid) où « ça chauffe », mais la diplomatie étant internationale, elle essaie d’être garante de la paix.
JAusten
16 novembre 2014 @ 08:24
Si certains (dictateurs ou gouvernements) n’ont pas fait mieux, ils l’ont au moins égalé dans leur mégalo depuis et je ne parle déjà que du nombre de morts rien que sur le 20ème siècle. Et ce n’est pas comme si nous ne savions rien de l’Histoire nous peuples « civilisés ».
Claude-Patricia
14 novembre 2014 @ 13:17
Et qui aurait lu le livre de la journaliste Clara D.Monot ,qui travaille notamment pour France Inter, sur Aliénor d’Aquitaine?
Corentine
14 novembre 2014 @ 15:30
intéressant, merci Régine pour l’information
kalistéa
14 novembre 2014 @ 17:12
Je suis contente de lire votre commentaire Jay, cela prouve que vous savez de quoi vous parlez lorsque vous écrivez quelque chose.L’Empereur des Français ne serait pas aux Invalides dans un tombeau magnifique et visité par des milliers de compatriotes et d’étrangers de toutes nationalités s’il n’était pas un très grand homme et ça ce n’est pas à cause de sa gloire militaire mais c’est qu’il a fait faire un grand pas en avant à la société mondiale avec ses lois et les dispositions prises en faveur des « sans grades », de l’instruction civile, de la santé publique …que n’a-t-il fait en 15 ans ce travailleur émérite?Pour ce qui est des morts inutiles, que les détracteurs regardent plutôt en cette année du centenaire de la « grande guerre », vers les deux guerres mondiales du XXe siècle!
COLETTE C.
14 novembre 2014 @ 19:14
Elle a vu ses enfants au plus haut degré de l’Etat français et autres pays, mais que de douleurs pour cette mère !
Claude-Patricia
15 novembre 2014 @ 15:10
C’est à ce titre-là, je trouve, que ce livre est intéressant parce qu’il doit synthétiser l’action des enfants Bonaparte sur les trônes qu’ils ont occupé.
JULIA
14 novembre 2014 @ 22:51
Cosmo : sur « les demoiselles de Provence », j’y ai trouvé un certain intérêt bien que ce ne fût pas un chef d’oeuvre.
C’est « drôle » comme P. de Carolis a des « ennemis » autres qu’ici, je veux dire…??? mais bon, comme pour tout…nous ne savons pas tout…!
Cosmo
15 novembre 2014 @ 13:37
Julia,
Mon commentaire sur Patrice de Carolis n’est pas celui d’un ennemi car j’apprécie l’homme par ailleurs.
Etant un homme d’influence, il ne peut pas avoir que des amis.
L’histoire des demoiselles de Provence, ancêtres de beaucoup de rois et princes actuels, liée à celle de beau royaume, est passionnante, mais dans ce cas, mal racontée.
Cosmo
Haut-Landaise
15 novembre 2014 @ 17:18
Ceci est un peu « hors sujet » mais le plus approchant récemment. J’aurai voulu rendre hommage à tous les combattants de la guerre de 14/18 mais mon ordi était bloqué.
Un poème de Robert Ibels tué le 19 août 1917 à 22 ans, relevé sur une stèle en Lorraine. Merci
La tranchée s’est drapée du linceul des ténébres
Plus une étoile au ciel. Le vent hurle à la mort
Son chant semble l’écho de cent appels funèbres
Le canon gronde au loin. Je suis seul et tout dort.
Eblouissant épi soudain jailli de l’ombre,
Une fusée s’élance et monte dans la nuit
Elle éclaire un instant les cadavres sans nombre
Retombe lentement, et meurt sans aucun bruit.
Comme elle ma pensée parfois monte rapide
Vers la nuit du passé qui s’éclaire livide
Sur le corps douloureux des anciens souvenirs
Vers les champs de l’oubli où dorment pour toujours
Nos rêves envolés, nos espoirs, nos amours
Que de fusées s’en vont sous forme de soupirs !
Francine du Canada
16 novembre 2014 @ 12:37
Merci Haut-Landaise; le poème est très beau. Bon dimanche, FdC
Claude-Patricia
17 novembre 2014 @ 18:25
Chère Haut-Landaise,
Ce petit poème est joli, décrivant bien le spectacle des morts d’une guerre qui n’aurait jamais dû se produire, et pourtant!!
Hasard de la vie, ma date d’anniversaire est la même que l’un de mes arrières grand – pères qui a fait notamment Verdun. Alors je ne pourrai jamais oublier:
« Pépé, je pense à toi, tu n’as jamais voulu parler de cette guerre infâme, blessé dans ta chair et dans ton cœur d’homme de la terre. Aujourd’hui, dans ta maison, je te regarde avec tout l’amour et le respect que j’ai pour toi, l’homme qui s’est levé pour dire non à tes ennemis :
-Vous n’aurez pas mon pays, le sol de mes ancêtres. Jusqu’au bout j’irai pour
protéger les miens., pensais-tu, l’arme à la main.
Aujourd’hui, je te regarde et te dis ce merci infini, à l’heure où une nouvelle génération marche sur tes pas dans ce jardin tant aimé.
Et moi, née bien après, je me ferai porte-parole de la Paix, parce que des guerres, il y en a assez! Je fleuris ta tombe ou viens y prier pour communier avec toi dans l’espérance. »