Parution de la biographie de « l’impératrice Cixi, la concubine qui fit entrer la Chine dans la modernité ». En voici le résumé : « À l’âge de seize ans, Cixi fut retenue parmi les nombreuses compagnes de l’empereur comme concubine royale. À la mort de celui-ci en 1861, leur fils de cinq ans lui succéda sur le trône. Cixi organisa aussitôt avec la complicité de l’impératrice officielle qui elle n’avait pas d’héritier mâle, un coup d’état qui fit d’elle la véritable souveraine de la Chine.
Sous sa férule, cet antique pays se dota d’à peu près tout ce qui caractérise un état moderne : des industries, des chemins de fer, l’électricité, le télégraphe, sans oublier une armée et une marine équipées à la pointe du progrès. Et ce fut elle qui abolit d’atroces châtiments tels que « la mort des mille coupures » et mit un terme au bandage des pieds.
Elle dut faire face à des crises nationales décisives : la rébellion des Boxers, les guerres contre la France et le Japon, l’invasion de huit puissances alliées, dont la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Russie et les États-Unis.
Jung Chang propulse le lecteur au cœur du splendide Palais d’Été et du harem de la cité interdite où Cixi vivait entourée d’eunuques. Elle évoque avec un art consommé du récit, qui a contribué au succès planétaire des Cygnes sauvages, un monde révolu avec un luxe de détails fascinants, dignes d’une superproduction cinématographique. »
« L’impératrice Cixi. La concubine qui fit entrer la Chine dans la Modernité », Jung Chang, traduit de l’anglais par Marie Boudewyn, Lattès, 2015, 480 p.
Azilis
29 septembre 2015 @ 08:21
Écrivaine également des Cygnes sauvages que j’ai lu avec émotion, cette contemporaine au destin incroyable nous apporte un témoignage sur la Chine un peu dans le sillon de Pearl Buck. Je lirai ce livre.
Azilis
Zeugma
29 septembre 2015 @ 09:52
« Cixi impératrice de Chine » : l’ouvrage de référence de la grande spécialiste de la Chine qu’est Danielle Elisseeff étant épuisé et introuvable (sauf dans quelques très rares bibliothèques parisiennes) – et personne n’ayant eu l’idée de le rééditer – la parution de ce titre est une bonne nouvelle.
Auberi
29 septembre 2015 @ 11:07
Alors là les bras m’en tombent ! Cixi ou Tseu-hi, fit entrer la Chine dans la modernité ! A interdit le bandage des pieds ! C’est la meilleure blague de l’année ! Je ne connais pas cet auteur, Jung Chang, mais son livre est visiblement destiné à un public non averti et avalant l’eau de rose de Barbara Cartland.
La vie de Cixi, que je connais assez bien, n’a jamais été ce que je lis là. Cette femme, remarquable par son asencion mue par une ambitieuse avidité de pouvoir, fille d’un porte étendard, choisie avec une soixantaine d’autres comme concubine à un rang inférieur sous l’empereur Hien-Foung, est à transposer dans les codes du pouvoir de la Chine à cette époque où, vierge d’intrusion étrangère, était pensée par son peuple et par ses dirigeants comme le soleil du monde.
Pendant des années Cixi se morfond dans un pavillon où les concubines doivent attendre le mandat du ’soleil’ qui ne vient pas, l’empereur, et pour cause, Hien-Foung dépravé se fiche de cette chair fraiche là pour procréer. Mais la pression dynastique est plus forte qu’un empereur. L’impératrice douairière, sa mère, le somme de procréer et menace de le détrôner. Pour faire court, Cixi aura donc un fils. Elle atteindra petit à petit les plus hautes marches suprêmes du pouvoir après la mort (suspecte) de l’empereur, devenant régente de son fils. A la majorité de celui-ci, à 19 ans, il devint le nouvel empereur, Toung- Tche. Sa jeune épouse, l’impératrice Ha-Lou-To, était enceinte. Il fallait à tout prix pour Cixi garder la régence. Ne pouvant se résigner à quitter le pouvoir, elle poussera son fils à une vie dissolue. Beaucoup de thèses optent pour la mort programmée de son fils par sa mère qui mourra ’officiellement’ de petite vérole contractée lors d’orgies nocturnes dans les bouges de Pékin. Bizarrement, la jeune veuve impératrice, Ha-Lou-To, dont l’enfant à naitre s’il était un garçon deviendrait légitimement le prochain empereur, se suicidera après le départ aux ’Sources jaunes’ de son jeune époux empereur… Ensuite, Cixi ira jusqu’à violer les lois les plus sacrées de la succession dynastique pour faire élire un autre empereur en bas âge, le futur Kouang-Siu, qui, adulte, ne pourra jamais régner et qu’elle ’gardera’, muselé, au sein de la Cité interdite, régnant en son nom, jusqu’à leur propres morts communes (suspecte pour Kouang-Siu) à 24h près en novembre1908.
Profondément xénophobe et superstitieuse (comme tous Chinois ou Mandchous à cette époque), elle louvoya indéfiniment avec les Anglais et ce malgré les traités signés pendant la guerre des Boxers, ces guerriers chinois dotés de pouvoir magiques qu’elle craignait. Je cite les historiens et sinologues J.O Bland and E. Backhouse dans -’Tseu-Hi, impératrice douairière, la Chine de 1835 à 1909’ d’après les papiers d’états, les mémoires secrets, les correspondances’ 1912- :
‘On peut affirmer avec certitude que si elle avait été opposée au mouvement des Boxers au lieu de lui être favorable, la propagande anti-étrangère n’aurait jamais dépassé les limites de la province de Chang-Toung et le peuple chinois n’aurait pas eu à supporter de lourdes indemnités.’
Après le sac du palais d’été pillé et incendié par les Anglais et les Français en 1860 sous les ordres de Lord Elgin et du baron Gros, (nos musées ont encore des vestiges) Cixi prit l’argent de la marine pour couvrir les tentaculaires dépenses de reconstruction du palais et de son futur mausolée. Elle fit construire autour de ce nouveau palais d’été dans un lac artificiel, un énorme bateau de marbre devenu encore aujourd’hui le symbole de sa folie dépensière qui désarmait ainsi la Chine…
Voici un passage de son testament : « considérant la situation critique de l’empire, nous avons été conduit à combiner le système chinois avec certaines innovations d’origine étrangère (…). Plusieurs biographies sérieuses écrites par d’éminents sinologues, retracent la vie de Cixi, mais je ne peux qu’encourager les curieux à lire le fameux et exceptionnel roman de Lucien Bodard « La vallée des roses » que je dois connaître par coeur, sur cette asencion divine et machiavélique, mais là, on est dans un roman avec la plume magique de ce grand écrivain.
Quant aux pieds bandés, la dynastie des Tsing ou Qing (son appartenance) était mandchoue. Et les femmes Mandchoues se démarquaient fièrement des Chinoises en ne bandant pas leur pieds. La domesticité seule était octroyée aux Chinoises dans la Cité interdite. Et ce n’est pas Cixi qui a interdit le bandage des pieds mais la nouvelle République chinoise en 1912.
Marie1
29 septembre 2015 @ 13:35
En effet Auberi, différentes versions de la vie de Cixi.
Je ne connais pas « la vallée des roses », je vais le commander. Merci pour l’indication.
Auberi
30 septembre 2015 @ 08:47
Marie1, votre avis m’intéresse sur cette lecture de ’La vallée des roses’ de Lucien Bodard, on va dire… surprenante
À vous lire plus tard
Marie1
1 octobre 2015 @ 07:48
Pas de problème Auberi, à plus tard. Bonne journée.
Alain Golliot
29 septembre 2015 @ 14:21
Je suis d’accord, la vie de Tseu Hi, comme on la nommait, narrée par Bodard, c’était un roman…d’ailleurs, Lula était un magnifique écrivain…mais comme la photo le montre bien, c’était pas mamie gâteaux, …et devait pas rire en étalant sa pâte, une vraie souveraine, elle et pas de comm’ : on suivait ou on mourait…l’a Chine a t-elle changé ?
Auberi
30 septembre 2015 @ 09:13
En effet Alain comme vous dites. La vie de Cixi (ou Tseu-hi) décrite par le style lyrique, parfois terrifiant de L. Bodard est assez stupéfiante très loin des codes de l’étiquette de cette dynastie très étriquée par les supertistions. ’La vallée des roses’ s’arrête au moment où Cixi atteint le sommet du pouvoir, Bodard est décédé sans avoir fait la suite de cette aventure, dommage pour ses lecteurs…
Mais l’histoire elle dit autre chose. Il y a aussi les témoignages impressionnants d’eunnuques travaillant sous ses ordres ‘Mémoires d’un eunuque dans la cité interdite’ de Dan Shi, et ’Mémoires d’une dame de cour dans la Cité interdite’ (au service à fumer de Cixi) de Jin Yi. Dans ce livre, on découvre le grand raffinement de la cour du ’Palais des beautés’ de Cixi, sous les opressants rituels religieux
Lord Mickael
29 septembre 2015 @ 19:57
Votre longue réponse est très intéressante. Tout est question de point de vue :)
Zorro
30 septembre 2015 @ 14:31
Plutôt de sources, de rigueur et d’interprétation !
korobaze
30 septembre 2015 @ 11:32
J’ai lu il y a fort longtemps » La vallée des Roses » qui est un roman monstrueusement somptueux qui retranscrit à merveille les vices , délices et turpitudes de cette machiavélique impératrice.
Zorro
30 septembre 2015 @ 14:26
Vos mots auraient pu être les miens !
Moi aussi je fais souvent référence à Barbara Cartland : je trouve que l’image est fort parlante !
Auberi
1 octobre 2015 @ 08:08
Bien d’accord avec vous Zorro !
ambre
1 octobre 2015 @ 14:02
Empress Orchid et The Last Empress, autres parutions en anglais sur la vie de Cixi, dont la vie est vue sous un angle très politique (même si écrits à la première personne du singulier et sous forme de roman), écrits par Anchee Min. Passionnants, et reflétant une vision différente de celle généralement admise en Occident de ce personnage historique controversé.
Lady Chatturlante
29 septembre 2015 @ 13:10
Ah, Cixi Impératrice ! Les beaux films qui ont bercé les Noëls de ma jeunesse.
Ah non, je confonds avec Sissi.
Enfin bref, quelle belle robe d’impératrice !
korobaze
30 septembre 2015 @ 11:34
Pour valser, mieux vaut la crinoline je pense…
Zorro
30 septembre 2015 @ 14:27
Mort de rire !!!
fanie
30 septembre 2015 @ 20:21
Comme film qui a bercé mon enfance, il y a les 55 jours de Pékin qui parle de la révolte des Boxers sous Cixi avec Ava Gardner, Charlton Heston et David Niven
Gérard St-Louis
29 septembre 2015 @ 19:30
En tout cas, ce n’est pas la photo de la couverture de ce livre qui nous le fait croire…
Albane
29 septembre 2015 @ 20:20
Oh, vous savez, la Chine, moderne comme ancienne, ce n’est pas mon truc…
Zorro
30 septembre 2015 @ 14:28
Moi aussi !
Même en cuisine : je suis riz thai et je le reste !
Shandila
30 septembre 2015 @ 12:50
Auberi, merci pour tous les renseignements sur cette fascinante mais redoutable impératrice. Le portrait qui apparait entre vos lignes, semble tout à fait correspondre aux maigres connaissances, glanées ici et là, du personnage.
Philippe Delorme
30 septembre 2015 @ 15:36
Je trouve ridicule cette tendance actuelle à utiliser une graphie dite « chinoise » pour retranscrire les mots chinois ! Faut-il prononcer » Sik si » ? ou plutôt « Tseu hi » comme l’indiquait la graphie francisée ancienne ? PHD
Auberi
1 octobre 2015 @ 07:46
En effet, je suis d’accord avec vous. Un des ouvrages que je possède imprimé en 1912 et édité par Hachette.et.Cie titre déjà : ’Tseu-Hi, impératrice douairière’. Elle n’était alors décédée que depuis quatre ans…
Camille
1 octobre 2015 @ 09:56
Ayant l’habitude de la retranscription Hepburn pour les noms japonais plutôt que de l’ancienne, je serais du genre à utiliser la graphie actuelle pour tout nom asiatique. Puis Mao Zedong à la place de Mao Tsé Toung, c’est quand même plus joli à lire (bon par contre concernant le bonhomme…).
ambre
1 octobre 2015 @ 14:16
Ce n’est pas « ridicule » : c’est une méthode de romanisation officielle, pas une mode. Ca s’appelle le Pinyin. C’est celle qui est en vigueur aujourd’hui.
Quand on apprend le chinois, c’est pas son intermédiaire qu’on apprend à prononcer les mots de la langue chinoise. Et c’est plutôt bien fait.
On dit « Tseu-Shi ». Ci= Tseu, Xi = Shi. Le « sh » étant plutôt léger.
nozzari
30 septembre 2015 @ 21:57
Et moi qui croyais qu’au contraire elle avait artificiellement tenté de maintenir la Chine dans une période révolue. Elle a précipité le régime dans l’abime.
Mary
30 septembre 2015 @ 23:46
J’ai lu la vallée des roses » ,j’ai surtout trouvé des épines !
Bodard peut paraître flamboyant à d’aucuns,question de goût,moi,il m’a saoûlée !
On apprend ,même si c’est romancé,mais j’ai détesté le bouquin.