Parue il y a un an mais lue ces derniers jours, voilà une biographie intéressante consacrée au roi Louis II de Bavière. Encore aujourd’hui, si vous vous rendez en Bavière, le mythe du roi Louis II (1845-1886) est demeuré intact. Ses portraits fleurissent toujours chez les habitants à proximité de ses châteaux de légende qu’il fit édifier.
Surnommé le « roi fou », il régna 22 ans en réussissant jusqu’aux derniers jours à masquer au mieux les ravages de la schizophrénie sur sa vie quotidienne et dans ses contacts ensuite de plus en plus espacés avec le monde extérieur.
Cette biographie tente de lever le voile sur sa fin tragique qui a donné lieu à de nombreuses interprétations mais remet aussi l’homme dans le contexte politique de son époque et au sein de sa famille avec un gros plan sur ses relations avec sa cousine adorée l’impératrice Sissi.
Louis II est le fils du roi Maximilian II et de la reine Marie. Elevé à la dure (douche glacée, étude à la bougie dans une pièce non chauffée, repas léger pour éviter la satiété,…), il est pour ainsi dire inconnu de ses compatriotes lorsqu’à 18 ans, il monte sur le trône suite au décès inopiné de son père mort d’une fluxion pulmonaire.
Le mythe commence lors des funérailles de son père. La foule découvre un jeune homme élancé, cheveux bouclés en arrière et yeux bleus. Les ambassadeurs dépêchés à la cérémonie ne manquèrent pas d’écrire que le nouveau roi « était beau ».
Travailleur acharné, il ne goûte pas au plaisir des dossiers politiques et diplomatiques. En fait, Louis II souffre de schizophrénie. Son frère cadet Otto également. Il vit dans son monde, un monde idéalise où il se perd à rêver. Il n’aime que le beau. Il a en horreur la chasse et la guerre, refuse de se rendre au front ou de saluer les soldats blessés.
Fasciné par l’œuvre de Wagner, il devient son généreux mécène. Généreux n’est pas vraiment le terme adéquat au vu des sommes faramineuses que l’artiste a reçues jusqu’à ce que le gouvernement bavarois y mette un terme pour raisons budgétaires. La correspondance entre le roi et Wagner est toujours enflammée, Wagner sait comment amadouer et flatter le monarque.
Il ne peut compter que sur de rares proches pour ne pas être coupé des réalités jusqu’à se retrouver seul. Parmi eux, le duc Charles Theodore en Bavière, père d’Elisabeth, reine des Belges.
Louis II, toujours dans un idéal de plaire, se met en tête de contracter un mariage avec sa cousine la duchesse Sophie-Charlotte en Bavière, l’une des sœurs de Sissi. La jeune femme se rend rapidement compte qu’elle joue dans une pièce au sens propre du terme. Son fiancé la prénommant Elsa, l’une des héroïnes de Wagner. Après avoir joué le jeu, commandé diadèmes, manteaux de Cour, mobilier pour leur palais et repoussé à plusieurs reprises le mariage, il rompt les fiançailles.
Si Louis II parvint bon an mal an à cacher le plus longtemps sa maladie. Les Bavarois dans leur grande majorité l’ignoreront tout au long de son règne. Il fuit les obligations officielles et n’est heureux que dans le suivi de ses chantiers de châteaux qui le mèneront à sa perte. A son actif : Palais d’hiver sur le toit du Palais de la Residenz à Munich (détruit après sa mort), Neuschwanstein (dont Disney s’est inspiré), Linderhof (bâti sur l’idée du Trianon de Versailles), Herrenchiemsee (le Versailles bavarois) et Falkenstein qui ne vit jamais le jour en raison des abysses des finances du royaume et qui aurait dû être pavé de pierres précieuses.
A la fin de sa vie, sa santé mentale le faisait vivre de nuit, il souffrait terriblement des dents (il n’en avait plus au maxillaire supérieur) et était devenu obèse pesant plus de 130 kilos.
Son oncle le prince Luitpold et le gouvernement le déclarèrent fou pour instaurer une régence. Le peuple ne comprit pas et s’imagina un complot. Trois jours plus tard, sur les bords du lac Starnberg où il avait été amené en résidence surveillée, le roi fut retrouvé mort avec son médecin le docteur von Gudden.
Sa mort mystérieuse (probablement une hydrocution) trois jours après sa mise à l’écart, provoqua un remords collectif qui le réhabilita immédiatement lui accordant l’auréole du martyr. La Couronne de Bavière ne s’en remit jamais et sombra en 1918.
Bien documenté et apportant un éclairage méticuleux sur la vie du roi, cette biographie séduira les amateurs d’Histoire royale. (Merci à Alberto qui m’avait recommandé ce livre…il y a un an mais qui a enfin été lu)
« Louis II de Bavière. Le trône et la folie », Catherine Decours, Fayard, 2019, 452 p.
Manon M.
20 janvier 2020 @ 02:59
Il était beau mais fou, malheureusement.
Karabakh
20 janvier 2020 @ 11:48
Sa folie est le motif utilisé dans les films – dont notamment « Ludwig : Le Crépuscule des dieux avec Romy Schneider » – mais elle n’a jamais été formellement établie. Les dernières recherches sérieuses (Häfner 2008) repoussent tout diagnostic de psychose et s’orientent vers des troubles du spectre autistique, essentiellement caractérisé par une phobie sociale, elle-même amplifiée par l’homosexualité avérée du roi. Plus neuro- et sociopathe que psychopathe…
Maria
23 janvier 2020 @ 00:12
Karabakh ,per il fratello del re ,Otto, si trattava di autismo anche per lui?Di questo fratello non so praticamente nulla
Karabakh
23 janvier 2020 @ 19:32
Maria,
Sempre secondo gli studi, Otto soffriva di schizofrenia. Tuttavia, è un uomo quasi sconosciuto. Luigi appassiona molto di più i ricercatori.
Maria
24 janvier 2020 @ 22:41
Grazie Karabakh.I personaggi storici (reali ,a partire da una certa epoca)mi incuriosiscono tutti o quasi,potessi studiarli uno per uno lo fare
Bambou
20 janvier 2020 @ 06:59
Encore un livre sur Louis II de Bavières ! Qui va nous apprendre quoi de nouveau ???
Régine
20 janvier 2020 @ 08:17
la fin de sa vie
Elvira
20 janvier 2020 @ 08:02
Louis II n’était pas fou !
Pas d’accord avec le système rigide
que les ministres voulais lui imposé.
Il était tout à fait capable de régner.
Sans lui on aurait pas tout ses châteaux magnifique .
aubert
20 janvier 2020 @ 15:16
Régner consiste essentiellement à construire des châteaux…même Mitterrand l’avait compris !
Robespierre
20 janvier 2020 @ 09:02
Catherine Decours est une excellente historienne. J’ai lu d’autres ouvrages d’elle.
Annmaule
20 janvier 2020 @ 09:14
Alors fou ou pas fou…son frere cadet l etait aussi…
D ou venait cette malheureuse heredite?
Elsi
20 janvier 2020 @ 09:19
Le Michael Jackson du 19ieme siecle….
Iankal21
20 janvier 2020 @ 09:20
Merci Régine pour la diversité des sujets à une époque où les crises diverses et autres « exit » marquent le paysage médiatique.
Vasco2
20 janvier 2020 @ 09:29
La duchesse d’Alençon l’a échappé belle.
Jean Pierre
21 janvier 2020 @ 13:49
Elle était aussi un peu frappée.
Mayg
21 janvier 2020 @ 14:56
Qui sait, l’histoire se serait peut être terminé autrement pour l’un et pour l’autre s’ils s’étaient mariés.
Robespierre
23 janvier 2020 @ 13:24
oui, mais leurs enfants auraient peut-être dû être « enfermés ».
Karabakh
23 janvier 2020 @ 19:33
Elle était ravagée aussi.
Caroline
20 janvier 2020 @ 10:30
Chère Régine,
J’ ignorais effectivement les détails sur la fin de sa vie !
Merci et bonne journée !
Isabelle
20 janvier 2020 @ 12:10
Tous les princes, rois, voire présidents grands bâtisseurs ont été vilipendés de leur vivant, coupables d’assécher la cassette de l’Etat ou de défigurer un site. Ce sont eux cependant qui, plus tard, alimentent l’histoire de l’architecture et remplissent les caisses du Tourisme …
Muscate-Valeska de Lisabé
20 janvier 2020 @ 12:20
Oui surtout la folie….
Kamila
20 janvier 2020 @ 13:34
« Il régna 22 ans en réussissant jusqu’aux derniers jours à masquer au mieux les ravages de la schizophrénie sur sa vie quotidienne et dans ses contacts ensuite de plus en plus espacés avec le monde extérieur ». Cela a dû lui demander des efforts surhumains, en plus de son devoir de régner avec les difficultés que cela implique.
Etre atypique à cette époque relevait de la souffrance; ce que j’aime dans la nôtre c’est aussi les progrès immenses de la médecine et le droit à être reconnu « malade » et non plus fou et mis au ban de la société.
Karabakh
21 janvier 2020 @ 14:29
D’où vient ce diagnostic de schizophrénie ? Ne confondez-vous pas plutôt avec l’autisme ? (ce qui n’enlève rien à votre conclusion)
Michèle 2
20 janvier 2020 @ 13:41
La beauté ténébreuse des grands romantiques…
Un physique à la Gérard Philippe.
Severina
20 janvier 2020 @ 15:34
Pour moi sur Luis II de Bavière tout est dit dans le somptueux Ludwig de Luchino Visconti, version intégrale.
kalistéa
20 janvier 2020 @ 18:20
Il est clair que sa beauté fit beaucoup pour sa légende ! La Bavière dépensa beaucoup pour ses fantaisies mais maintenant celles ci rapportent à cause du romantisme que toute cette histoire d’un jeune roi ,pas comme les autres engendre .Un tourisme lucratif est exploité par le pays.mais il est vrai que le promeneur y trouve son compte!
YOM
21 janvier 2020 @ 03:10
Elvira,
Louis était complétement fou,de chez fou et sa cousine Sissi complétement perchée,tout ça du à des mariages consanguins.
Maria
23 janvier 2020 @ 00:17
Grazie Régine per questa serie di articoli