Fiancée à dix ans au duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, elle était promise au trône de France ; mais son insouciante jeunesse sera brisée par la guerre de Succession d’Espagne, dont elle ne verra jamais la fin; éphémère dauphine, elle sera emportée dans la fleur de l’âge au moment où l’avenir lui souriait.
Elle meurt en effet à vingt-six ans, en 1712, six jours avant son mari, son aîné de trois ans, tous les deux emportés par la rougeole, ces deux disparitions sonnant le glas du régime louisquatorzien.
Marie-Adélaïde a une place de choix dans l’éblouissante galerie des femmes qui peuplent la mémoire de Versailles. Elle est longtemps demeurée la petite princesse qui jouait les enfants gâtés avec un monarque vieillissant qu’elle fascinait, mais elle était surtout beaucoup plus que cela : l’espace d’un souffle, elle a incarné les rêves d’une génération nouvelle à la Cour.
Elle connaît une enfance sans histoire à la cour de son père, Victor-Amédée II de Savoie, souverain à la grandeur tragique dont le machiavélisme sans merci choquait l’Europe entière, avant d’enchaîner ses premiers pas à Versailles où, à l’âge de dix ans, elle doit briller et tenir son rang au-dessus des intrigues et des cabales.
Nous la suivons ensuite jusqu’au bord du gouffre, lors d’une guerre longue de treize années, de 1701 à 1714, qui façonnera l’Europe moderne. Celle qui, aux yeux des courtisans, n’est d’abord que la « poupée » du souverain, témoigne alors d’une intelligence politique qui surprend l’entourage du Roi-Soleil.
Ses dernières années, jusqu’à sa mort prématurée, sont teintées d’un air d’apocalypse. Main dans la main avec son époux, Marie-Adélaïde s’achemine vers le royaume céleste, tandis que, derrière elle, plane le châtiment de Dieu qui écrase un roi de guerre : la mort l’a figée à jamais dans sa jeunesse éternelle, dont le mal de vivre annonce déjà un monde nouveau. »
« Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne, mère de Louis XV, Elisabetta Burgo, Perrin, 2024, 432 p.
Benoite
24 janvier 2024 @ 06:34
Le château de Versailles abrita nombre de personnes royales qui sortaient de la norme du moment, et ici de plus une jeune fille qui promettait beaucoup de par sa culture.. J’apprends son histoire et sa courte vie. Les guerres et les idées arrêtées de ceux qui les animent sont les pires extrémités de raisonnement. Bon choix de lecture, merci.
Val
24 janvier 2024 @ 07:39
Un des grand bonheur de Louis Xiv vieillissant, cette petite fille enfant gâté ayant une haute opinion de son statut, pas très intelligente mais apportant joie dans une cour triste .
Sur cette peinture elle se trouve au château de Fontainebleau sur les terrasses et montre le canal .
Elle appelait Madame De Maintenon sa tante …
Robespierre
24 janvier 2024 @ 08:18
C’était le chouchou de Louis XIV et de Madame de Maintenon. Mais le Roi était un sale égoïste. Même quand elle était enceinte il l’obligeait à suivre la chasse royale et quand elle avait à cause de cela des fausses-couches il disait qu’elle aurait encore l’occasion de se retrouver « grosse ».
Mayg
24 janvier 2024 @ 16:47
J’avais lu cette anecdote dans le livre L’allée du roi.
Fleur
25 janvier 2024 @ 12:24
Cela me rend le personnage Louis XIV très peu sympathique. Sale égoïste est le terme qui convient.
Laurent F
24 janvier 2024 @ 08:58
Louis XIV qui s’enorgeuillissait d’avoir le plus grand nombre d’héritiers en vie, les vit disparaitre tour à tour en l’espace de 3 ans (le grand-dauphin en 1711, le duc de Bourgogne et le duc de Bretagne en 1712, le duc d’Alençon en 1713 et duc de Berry en 1714) si bien qu’il ne restât pour lui succéder que le petit duc d’Anjou sauvé in extremis par Mme de Ventadour.
Robespierre
24 janvier 2024 @ 16:28
C’est exact, et certains historiens disent que les médecins genre médecins de Molière ont tué la descendance de Louis XIV. Madame de Ventadour un jour s’est rebiffée et a emmené le petit duc d’Anjou (qui avait déjà perdu son frère ainé) dans son appartement pour le soigner elle-même. Bien lui en prit, l’enfant survécu et régna. Louis XV appelait cette dame « Maman Ventadour » et il avait bien raison.
Fleur
25 janvier 2024 @ 12:29
Une vraie malédiction que ces décès de jeunes personnes évoluant pourtant dans ce milieu très favorisé.
kalistéa
24 janvier 2024 @ 09:21
Burgo … ce nom me dit quelque chose: où l’ai je déjà entendu ?
Lili3
24 janvier 2024 @ 23:43
Lurgo
Zulma
24 janvier 2024 @ 09:51
Belle trouvaille ! Merci Regine !
Eratodeux
24 janvier 2024 @ 10:32
Un livre qui s’ annonce passionnant . Merci.
Quel destinée hors du commun et tragique que celle de deux filles du prince de Savoie, promises à devenir respectivement reine de France et d’ Espagne.
Passiflore
24 janvier 2024 @ 11:05
Le mariage du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, avec Marie-Adelaïde de Savoie a été célébré, le 7 décembre 1697, dans la chapelle du château de Versailles suivi, les 11 et 14 décembre, de grands bals dans la galerie des Glaces. Le roi était charmé par sa nouvelle petite-fille. Il avait fait réaménager pour elle, en 1698, la Ménagerie, construite en 1664 avant même le château. L’éléphant offert par le roi du Portugal, en 1668 a été conservé au Museum.
La disparition de Marie-Adélaïde, le 12 février 1712, causa à Louis XIV l’un de ses plus grands chagrins, « la seule véritable douleur qu’il ait eue en sa vie » d’après Saint-Simon. La princesse avait, un jour, demandé au duc de Bourgogne qui il épouserait si elle devait décéder la première. Le prince lui avait alors répondu : « J’espère que Dieu ne me punira pas assez pour vous voir mourir ; et, si ce malheur arrivait, je ne me remarierai jamais car, dans les huit jours, je vous suivrai au tombeau ». Il décède le 18 février, bientôt suivi du duc de Bretagne, le 8 mars. Le duc d’Anjou a 2 ans et sera sacré roi à 12 ans, le 25 octobre 1722, dans la cathédrale de Reims.
Jean Pierre
24 janvier 2024 @ 11:40
C’était également la petite fille de Monsieur.
Catherine
24 janvier 2024 @ 12:25
Le sujet m’a toujours intéressé: je n’ai lu que S.-S. la concernant. En revanche le dernier paragraphe me paraît plus rhétorique que nécessaire.
Baboula.
24 janvier 2024 @ 16:39
Votre » rhétorique ” est très indulgent.
Von Schmukel
24 janvier 2024 @ 12:27
Elle formait un couple très amoureux avec le petit dauphin…
Fleur
24 janvier 2024 @ 17:01
Juste le temps d’avoir un enfant et décédée si jeune.
J’ignorais qu’on pouvait mourir de la rougeole, même à l’époque.
Donc Louis XV était orphelin très jeune.
Aristocrate
24 janvier 2024 @ 18:03
Comme tout cela est joliment tourné.
Gab-Pnth
24 janvier 2024 @ 18:30
Elle était (dit-on) mignonne et curieuse de tout. Ce qui, contrairement à ce que l’on pense, en faisait une jeune femme intelligente ; bien que peu instruite à la base, elle s’enrichissait de sa curiosité et des leçons qu’elle en tirait. Elle fut tout de même une éternelle enfant.
Louis XIV en était fou, c’est vrai.
Fleur
24 janvier 2024 @ 19:11
Je viens de lire que les parents de Louis XV sont décédés de la variole et non de la rougeole.
Cléopâtre-Antoinette
2 février 2024 @ 15:36
J’adore cette princesse qui malheureusement est morte bien trop jeune :(
J’ai hâte de lire ce livre !!!!