La correspondance intégrale (traduite de l’allemand) entre la princesse Marie Bonaparte, fille du prince Roland et épouse du prince George de Grèce, avec Sigmund Freud.
En voici le descriptif : « En 1925, la princesse Marie Bonaparte se rend à Vienne pour consulter le Pr Sigmund Freud. Cette rencontre sera « le plus grand événement de ma vie », note l’arrière-petite-nièce de Napoléon Ier, princesse de Grèce et de Danemark.
Durant quatorze années, ils échangeront près de neuf cents lettres jusqu’à la mort du fondateur de la psychanalyse, en 1939. Conservé à la bibliothèque du Congrès à Washington, cet ensemble de lettres est le dernier grand corpus de correspondance freudienne encore inédit.
Passionnante de bout en bout, foisonnant d’informations sur l’introduction de la psychanalyse en France, cette correspondance raconte un monde appelé à disparaître au cœur duquel deux protagonistes des plus étonnants évoluent.
Car entre la princesse venue pour soigner sa dépression et l’un des savants les plus influents de son siècle, une amitié naît, qui dépasse bientôt le cadre de l’analyse.
Leurs échanges donnent à voir un Freud tour à tour séduit, amusé, parfois lassé de cette patiente qui n’a de cesse de vouloir vivre pleinement sa vie amoureuse et questionne les conceptions freudiennes sur la femme à une époque où la quête du plaisir féminin reste profondément subversive.
« La dernière des Bonaparte », comme elle aimait à se qualifier, loin d’être la disciple dévote que l’on a parfois décrite, témoigne au fil des pages d’une liberté de pensée audacieuse.
Quels que soient leurs désaccords, Freud verra en elle une élève loyale. De fait, elle ne le trahira jamais et mettra sa fortune au service de la Société psychanalytique de Paris (SPP), qu’elle contribua à créer et, avec l’aide de nombreux soutiens, se portera à son secours pour l’aider à quitter l’Autriche nazie en 1938. »
« Marie Bonaparte/Sigmund Freud. Correspondance intégrale », Flammarion, 2022, 1084 p.
Philibert
2 décembre 2022 @ 01:05
Ce que l’article ne dit pas, c’est que ces lettres ne sont pas à mettre entre toutes les mains.
Si cette correspondance est restée largement inédite jusqu’ici, c’est justement à cause de ça.
Et j’ajoute qu’on aurait pu au moins attendre la mort de Tatiana Radziwill (83 ans), petite-fille de Marie Bonaparte, pour procéder à cette publication…
Catherine
2 décembre 2022 @ 09:57
Ah, oui?
Pas entre toutes les mains? Quelles “toutes”? Et quelles autres? Et au nom de quoi?
Robespierre
2 décembre 2022 @ 11:45
Tatiana en a vu d’autres, à 83 ans, on devient philosophe. Ou accommodante.
Stéphane G.
2 décembre 2022 @ 13:08
oh que oui j’ai lu un article du Monde et c’était gratiné (scène avec la mère de Philippe d’Edimboug)
Marie-Caroline
4 décembre 2022 @ 01:16
Si la biographie de Marie Bonaparte par Célia Bertin est passionnante, la correspondance de Marie et de Freud l’est probablement tout autant. Vous évoquez l’un des deux articles du Monde parus récemment à propos de cette correspondance et plus précisément le passage concernant la princesse Alice. S’il est vrai qu’il est plutôt « gratiné », il est aussi assez drôle : imaginez la tête que devait faire Freud en lisant que Marie avait « mesuré » sa belle-soeur Alice ! Quant au rêve érotique de cette dernière révélé par Marie, cette histoire d’âne est tout à fait intéressante même si – paraît-il – assez courante. On aimerait bien savoir si Elizabeth II et Philip ont entendu parler de cette correspondance qui devrait intéresser Charles III !:)
Marie-Caroline
2 décembre 2022 @ 14:27
On peut imaginer que les deux petits-enfants survivants de Marie Bonaparte ont donné leur accord pour la publication de ces lettres.
Marie-Caroline
4 décembre 2022 @ 01:42
Je viens de retrouver l’excellent autre article d’Elisabeth Roudinesco à propos de la correspondance Marie/Freud.
Il s’avère que Marie a déposé sa correspondance et une partie de ses archives au Sigmund Freud Archives de la bibliothèque du Congrès, à Washington. Selon sa volonté, ces manuscrits n’ont pas été accessibles avant 2020. D’autres documents déposés à la Bibliothèque nationale de France ne le seront qu’en 2030. La princesse Eugénie de Grèce a soutenu Célia Bertin et lui a permis de prendre connaissance de nombreux écrits intimes de Marie. En revanche, ses enfants (Jerzy et Tatiana Radziwill, Carlo Della Torre e Tasso) – manifestement plus pudibonds que leur mère et leur grand-mère – étaient furieux des révélations de la biographie. De même, une vingtaine d’années après la parution de la biographie, ils ont été très mécontents du film de Benoît Jacquot avec Catherine Deneuve, diffusé en 2004. Et si la correspondance Marie/Freud est publiée aujourd’hui c’est principalement grâce à Cécile Marcoux, conservatrice de la bibliothèque Sigmund-Freud de la Société psychanalytique de Paris, qui a convaincu les enfants de la princesse Eugénie d’autoriser la publication de la correspondance de leur grand-mère avec son analyste.
marie francois
2 décembre 2022 @ 18:40
La descendance de Marie Bonaparte s’est longtemps opposé à une publication.
Si elle a lieu , c’est que Tatiana Radziwill ne s’y oppose pas.
Olivier AM de Tokyo
3 décembre 2022 @ 03:14
Si la correspondance a été publiée, c’est que personne ne s’y est opposé!
Merci d’arrêter de faire du « buzz » sur du vide.
Car comme toute correspondance importante de ce type les délais prescrits ont été respectés. Et par ailleurs, étant donné qu’elle était inédite jusqu’à ce jour, on aimerait bien savoir comment vous savez qu’elle « n’est pas à mettre entre toutes les mains »???
Philippe H.
3 décembre 2022 @ 06:56
La Princesse Radziwill a parfaitement connaissance de ces lettres et entretient la mémoire de sa grand-mère avec vigilance….
Personnage étonnant que Marie Bonaparte qui n’avait pas hésité à faire frire les amygdales d’un de ses enfants pour en connaître le goût !!!!!
L’ouvrage de Célia Bertin est une référence et décrit très bien cette personnalité hors du commun…
Baboula
4 décembre 2022 @ 10:57
Pourquoi ? Elle n’est pas dans les écrits de sa grand-mère et ils ne jettent pas l’opprobre sur sa descendance .
Bambou
5 décembre 2022 @ 12:23
Radziwill…en famille avec l’époux de la soeur de Jackie Kennedy, Lee ?
Passiflore
5 décembre 2022 @ 22:26
Bambou, Stanisław Albrecht Radziwiłł et Tatiana sont de très lointains parents par les Hohenzollern.
milou
2 décembre 2022 @ 06:40
Une femme intéressante comme cette correspondance!
J’ai vu un film sur cette histoire!
milou
2 décembre 2022 @ 06:44
Le film est « Princesse Marie » de Benoît Jacquot, avec Catherine Deneuve!
Jean Pierre
2 décembre 2022 @ 09:25
Peut-on devenir l’ami de son psy, voire son sauveur, apparemment oui.
Avec Marie Bonaparte, Freud était tombé sur une patiente en « or » à tous les sens du terme, héritière du milliardaire François Blanc, le créateur de Bad Homburg et de Monte Carlo. La famille de Grèce, très impécunieuse, était, elle aussi, tombée sur une princesse en or, et elle en profita bien.
Orpheline de sa mère, père assassin, témoin du viol de sa nounou, épouse d’un homme abusé sexuellement par son oncle durant toute sa jeunesse…..c’était du lourd….
Lire la biographie de Marie Bonaparte par Célia Bertin.
Passiflore
2 décembre 2022 @ 09:51
En effet, Jean-Pierre. J’ai découvert qu’elle avait failli épouser le prince Louis de Monaco.
Gauthier
2 décembre 2022 @ 10:30
Si la famille du prince André de Grèce, père du duc d’Edimbourg, fût effectivement hébergée par la princesse Georges de Grèce à Saint-Cloud durant les années 20, il faut quand même rappeler que le prince Georges de Grèce avait demandé une séparation des biens pure et simple lors de son mariage, afin justement qu’on ne puisse l’accuser de profiter de la fortune colossale de son épouse.
Marie-Caroline
4 décembre 2022 @ 00:39
N’empêche Gauthier que le prince Georges et une partie de sa famille ont largement bénéficier de la fortune de la princesse Marie … Grâce à elle, le futur duc d’Edimbourg, ses parents et ses soeurs ont pu vivre en exil en région parisienne dans les années 1920. De même la fortune de Nancy Leeds, épouse du prince Christophe, aida considérablement la famille royale de Grèce.
Marie-Caroline
4 décembre 2022 @ 11:33
*ont largement bénéficié … Pardon !
Robespierre
4 décembre 2022 @ 12:06
C’est grâce à cela que le duc d’Edimbourg parlait couramment le français contrairement à Charles qui s’emmèle les pinceaux dans notre langue (j’ai vu une interview ou il essaie, mais abandonne vite…)
kalistéa
2 décembre 2022 @ 10:36
Je l’ai lue Jean Pierre et je l’ai appréciée , de même le film avec Catherine Deneuve en Marie Bonaparte dont je n’attendais pas grand chose et qui m’a agréablement surprise.
Catherine
2 décembre 2022 @ 11:04
Merci Jean Pierre pour vos éclaircissements. Pas difficile de faire une dépression sous des conditions qu’une pilule ne saurait pas soigner. La lecture de Bertin ne doit pas être facile non plus. J’avais lu sur un autre carnet de la relation entre oncle et neveu, présentée comme une initiative du plus jeune épris de l’autre, un amour signe de liberté. Ce serait moins facile de l’affirmer aujourd’hui (Kouchner en a fort bien écrit) et vous faites bien de l’appeler par son nom d’abus. Sandor Ferenczi va bientôt y travailler:
https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/confusion-de-langue-entre-les-adultes-et-lenfant-9782228914260
https://www.cairn.info/revue-psychologie-clinique-et-projective-2016-1-page-69.htm
Pour l’amitié entre patient et analyste à l’époque on prêtait sans doute moins d’attention à son sens et ses conséquences. Tout était nouveau dans une discipline et une pratique à ses débuts: ses acteurs avançaient donc par tentatives, succès, erreurs et expériences.
Muscate-Valeska de Lisabé
2 décembre 2022 @ 12:56
Eh beh .
Mais à elle-même, que lui était-il arrivé de dramatique ?
Pourquoi porter les fardeaux des autres ?
On a bien assez des nôtres.
Cosmo
2 décembre 2022 @ 13:17
La biographie de Marie Bonaparte par Célia Bertin est remarquable. Je ne suis pas sûr qu’on le Waldemar ait abusé du petit Georges. Il semble que leur relation amoureuse soit restée platonique. But who knows and who cares… Et elle n’a dérangé en rien Marie Bonaparte. La reine Anne de Roumanie était la petite-fille de Waldemar et Marie d’Orleans qui semble avoir plutôt mal pris les tendances homosexuelles de son mari.
Olivier AM de Tokyo
3 décembre 2022 @ 03:12
Non! Le Prince Georges de Grèce n’était pas « abusé » par son oncle…
Il s’agissait d’une relation consentie et qui a duré toute la vie des deux hommes!
Une fois encore, le mariage avec Marie Bonaparte était là pour « sauver les apparences ».
Cosmo
4 décembre 2022 @ 09:52
Je ne suis pas sûr que le mariage ait été là pour sauver les apparences, peut-être pour assurer un train de vie très confortable à un prince impécunieux. Chacun savait ce qu’il en était et personne n’en était dérangé quelle qu’ait été la raison du mariage.
Pelikan du Danube
2 décembre 2022 @ 09:38
Ce qui me conforte dans l’idée que l’on mélange à tort la psychanalyse faite pour comprendre et soigner des pathologies et la psychologie, un peut comme si l’on décrivait une espèce d’après un exemplaire tératologique .
Roxane
3 décembre 2022 @ 09:52
Je n’ai pas très bien compris votre remarque.
Marie-Caroline
2 décembre 2022 @ 14:24
Un livre que je lirai avec beaucoup d’intérêt : Marie Bonaparte est un personnage passionnant.