D’abord portée aux nues par les esprits éclairés, elle est rejetée par ces derniers lorsqu’elle s’oppose avec véhémence à la Révolution française qui lui enlève Marie-Antoinette, sa sœur préférée.
Pourtant, Marie-Caroline, fille de la grande impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, est une souveraine de premier ordre : elle tient tête au plus grand Bourbon de son siècle (son beau-père Charles III d’Espagne) et a le cran de s’opposer à Napoléon – ce dont peu d’hommes peuvent s’enorgueillir.
Quand elle épouse Ferdinand IV de Naples et de Sicile, âgée d’à peine 16 ans, la demoiselle commence par déchanter. Son mari, inculte et brutal, la relègue d’abord au second plan et, après quelques jours sur les terres italiennes, elle déclare même qu’elle souhaite « ardemment mourir ».
Mais « l’autre Autrichienne » est une femme de tête qui refuse de se cantonner à un simple rôle de représentation. S’appuyant sur la franc-maçonnerie, elle entend détacher Naples de l’influence des Bourbons pour placer son royaume dans l’orbite de l’Autriche et de l’Angleterre. Mais cette diplomatie d’Ancien Régime se heurte aux événements de la Révolution et à l’ascension de Bonaparte : la première la chasse quelques mois de son royaume en 1799 ; le second la détrône en 1806.
Animée par une haine inextinguible des révolutionnaires, elle se bat jusqu’à son dernier souffle, en 1814, pour reconquérir le pouvoir.
Il était grand temps d’offrir à cette reine puissante une biographie à sa mesure, loin de la vision simpliste et manichéenne à laquelle elle fut trop souvent cantonnée. C’est chose faite grâce au travail magistral et passionnant d’Alain Blondy ».
« Marie-Caroline d’Autriche. Reine de Naples et soeur de Marie-Antoinette », Alain Blondy, Perrin, 2025, 48 p.
Valois
27 janvier 2025 @ 08:10
Amable de Fournoux a écrit un livre sur elle bien documenté et vraiment pas manichéen. La personne qui a écrit le résumé aurait pu se passer des 3 dernières lignes.
Sigismond
27 janvier 2025 @ 08:18
Elle n’était pas reine de Naples mais reine des Deux-Siciles.
Jean Pierre
27 janvier 2025 @ 12:08
Elle était reine de Naples et de Sicile.
Le royaume des Deux Siciles date de 1816.
Lionel
27 janvier 2025 @ 14:03
Le royaume des Deux-Siciles fut fondé en 1816. Elle était morte. Elle fut bien reine de Naples et de Sicile.
Pt’suisse
27 janvier 2025 @ 19:12
Étant morte en 1814, le royaume des Deux-Siciles étant fondé en 1816 par l’union des royaumes de Naples et de Sicile, Marie Caroline n’a jamais pu être reine des Deux-Siciles mais reine de Naples et reine de Sicile.
Cosmo
27 janvier 2025 @ 21:09
Le royaume des Deux-Siciles a été créé en 1816. Elle portait bien donc le titre de reine de Naples et était connue comme telle, étant décédée en 1814.
Calou
27 janvier 2025 @ 08:47
Elle fût, et cela peut paraître cocasse, une des arrière-grand-mère de l’Aiglon.
Par Marie-Louise d’Autiche, seconde épouse de son ennemi juré Napoléon, qui était une de ses petites filles!
Mayg
27 janvier 2025 @ 13:15
Marie-Louise d’Autiche n’était t-elle pas plutôt sa petite nièce (fille de son neveu l’empereur François 1er) que sa petite fille ?
Mayg
27 janvier 2025 @ 13:27
Au temps pour moi, elle était aussi effectivement sa petite fille par sa mère Marie-Thérèse de Bourbon-Naples
LPJ
27 janvier 2025 @ 09:32
Généalogiquement, il est cocasse de noter que l’actuel Prince Napoléon descend plusieurs fois (tant par son père que par sa mère) de cette ennemie acharnée de Napoléon 1er !!
Passiflore
27 janvier 2025 @ 12:10
LPJ, par le second mariage de Jérôme Napoléon ?
PATRICIA
27 janvier 2025 @ 10:01
Existe-t-il une fille de l’impératrice Marie Thérèse d’Autriche qui aurait eu ne existence au moins un peu heureuse ? Parmi toutes celles qu’elle a eues, je l’espère.
Mayg
27 janvier 2025 @ 13:17
A l’époque des mariages arrangés, le bonheur des filles était secondaire.
Albertina
27 janvier 2025 @ 17:12
La quatrième de ses filles, Marie-Christine, a été la préférée de sa mère,et c’est la seule qui a à peu près pu choisir son époux au lieu d’être considérée comme un simple pion interchangeable sur l’échiquier matrimonial. Par exemple Marie-Caroline, justement, était la 3e archiduchesse considérée pour épouser le roi de Naples, les 2 autres soeurs pressenties étant décédées avant les noces.
Deux autres des archiduchesses ne se sont jamais mariées et sont devenues abbesses. Peut-être ont-elles été les plus heureuses de leur fratrie, au final.
Carolibri
27 janvier 2025 @ 18:07
Oui Marie-Christine, la fille préférée de Marie-Thérèse qui pu épouser Albert de Saxe dont elle était amoureuse, elle fut aussi nommée gouvernante des Pays-Bas
Passiflore
27 janvier 2025 @ 10:13
Le lendemain de son mariage, le 12 mai 1768, avec Marie-Caroline, Ferdinand 1er des Deux-Siciles (qui deviendra roi de Naples sous le nom de Ferdinand IV), répondit à qui lui demandait des nouvelles de la reine : « elle dort comme si elle était morte et transpire comme un sanglier ». Ils eurent tout de même 18 enfants.
Premières épreuves pour Marie-Caroline, « Le Moniteur » du 25 février 1806 annonçait le remplacement, le 31 mars suivant, de Ferdinand IV, roi de Naples, par un prince français Joseph Bonaparte. Lorsque celui-ci fut remplacé, le 15 juillet 1808, par Murat elle se mit en colère « Cette canaille, et ses descendants qui sentent l’écurie sont installés sur le trône des Deux-Siciles, et Naples donne des fêtes en l’honneur de son nouveau roi ; les noms du Gotha italien ne craignent pas de s’inscrire dans le Livre d’or de cet ancien palefrenier. »
Jean Pierre
27 janvier 2025 @ 12:12
Deux mois après la mort de Marie Caroline, Ferdinand se remariait.
Le goujat que vous nous décrivez avait quand même dû en baver.
Robin des Bois
27 janvier 2025 @ 12:30
Je ne connaissais pas cette phrase du lendemain du mariage. Elle ressemble bien à son auteur et n’a pu être inventée.
Lapiequichante
27 janvier 2025 @ 14:47
Merci Passiflore, j’adore vos commentaires toujours intéressants.
Passiflore
27 janvier 2025 @ 10:22
En bonne politique, Marie-Caroline avait vu en Louis-Philippe le futur prétendant au trône de France car le duc de Berry n’avait pas de fils. Elle avait donc accepté le mariage de sa fille Marie-Amélie avec Louis-Philippe d’Orléans, accueilli d’abord froidement à la cour de Palerme en tant que fils de Philippe-Egalité. Marie-Amélie la décevra, car elle prit avec son mari la cause des Anglais qui occupaient la Sicile.
Dernière épreuve pour Marie-Caroline, le mariage de Napoléon avec Marie-Louise, sa petite-fille. Il est célébré à Vienne, le 11 mars 1810, mais Marie-Caroline n’apprend l’événement que le 22 mars en même temps qu’elle reçoit, tardivement, les lettres de sa petite-fille, désespérée à l’idée de son mariage. Marie-Caroline se plaint à son représentant à Vienne, Ruffo : « Comment l’empereur a-t-il pu se deshonorer en osant livrer sa fille comme concubine à un homme souillé de tous les crimes et de toutes les horreurs ! (…) Il ne peut même pas s’agir d’un mariage puisque ce monstre a une autre femme (D’après Pierre Sabatier dans « La Revue des Deux Mondes ».
Caroline
27 janvier 2025 @ 10:50
Qui a peint ce tableau pas très réussi ? Marie- Caroline d’Autriche me paraît disproportionnée si on remarque sa figure assez allongée !
Malgré sa vie pas très heureuse, elle a toute sa personnalité. Il serait donc intéressant de lire ce livre ! Merci pour cette information !
marie. françois
27 janvier 2025 @ 11:49
Marie Antoinette avait aussi un visage allongé .
Lucia 😻
27 janvier 2025 @ 13:33
Elle ne peut renier ses origines Habsbourg.
Passiflore
27 janvier 2025 @ 22:01
Caroline, je crois que le portrait de Marie-Caroline a été peint par Rafaël Mengs (1728-1779. Je ne sais pas s’il est au Prado.
Robin des Bois
27 janvier 2025 @ 11:06
C’est vrai qu’on ne la connait pas bien et un livre sur elle est une bonne idée. Perrin est un bon éditeur.
L’ouvrage a-t-il vraiment 48 pages ? ou est-ce une coquille. ?
J’ai de l’admiration pour cette femme si résiliente Se retrouver mariée avec ce grossier personnage de Ferdinand n’a pas dû être facile. C’est vrai qu’il n’avait aucune instruction mais le petit peuple l’aimait. Il a bien fait de se marier avec une Habsbourg qui a rendu un peu d’éclat à sa cour. Je n’ose penser au résultat s’il avait épousé une cousine napolitaine aussi inculte et mal élevée que lui.
Quand l’épouse du futur Philippe Egalité, encore duchesse de Chartres ou déjà duchesse d’Orléans décide d’aller avec Madame de Genlis faire un voyage à Naples, ce qui a frappé les deux femmes (et moi en lisant) c’est que Marie-Caroline était maternelle avec ses nombreux enfants . Les deux femmes remarquent que quand les enfants voient passer leur mère, ils se précipitent vers elle comme vers quelqu’un d’aimé et de bien connu et la reconnaissent parmi toutes les autres dames. Cela devait être rare à cette époque pour que les deux visiteuses le remarquent.
Laurent F
27 janvier 2025 @ 11:44
Ferdinand n’avait pas de cousine napolitaine, étant le fils du roi d’Espagne et d’une princesse de Saxe. Il avait deux cousines à Parme, l’une Isabelle épousera le futur Joseph II, le seconde Marie-Louise épousera son frère Charles IV, futur roi d’Espagne.
Lionel
27 janvier 2025 @ 14:06
On ne voit pas bien comment Ferdinand aurait pu épouser une cousine napolitaine. Il n’avait aucune cousine napolitaine.
Lapiequichante
27 janvier 2025 @ 14:46
Robin : »la reconnaissent parois toutes les autres dames « ???. Ça me fend le cœur de lire ça ! Quelle époque !
Passiflore
27 janvier 2025 @ 15:05
448 pages, bien sûr.
Esquiline
27 janvier 2025 @ 18:12
http://www.repubblicanapoletana.it/confessioni.htm
Esquiline
28 janvier 2025 @ 00:16
Désolée Robin des Bois une visite inattendue m’a juste laissé le temps d’envoyer l’adresse de ce document que j’avais lu il y a longtemps et que j’ai dû rechercher.
C’est cette remarque sur Marie Caroline mère aimée et aimante qui me l’a remis en mémoire, vous comprendrez pourquoi en lisant le sort qu’elle réservait à son fils le duc de Calabre.
Le reste de la confession n’est pas inintéressant non plus!
Claude MARON
27 janvier 2025 @ 12:40
Et bien, je vais vous dire une chose, je suis fatigué de lire que l’on titre Marie-Thérèse, la Grande Marie-Thérèse de Habsbourg, impératrice d’Autriche, ce qu’elle n’a JAMAIS été !
Quand elle est montée sur le trône des Habsbourg, elle est devenue archiduchesse souveraine d’Autriche, reine de Bohème, reine de Hongrie, etc.
Elle n’est devenue impératrice que parce que son époux a été élu empereur du Saint Empire Romain Germanique après la guerre de succession d’Autriche.
L’empire d’Autriche n’a existé que suite à l’extinction du Saint Empire avec la destitution de l’empereur François II de Habsbourg, qui est devenue le premier empereur d’Autriche sous le nom de François Ier.
Même de grands historiens comme Stéphane BERN font l’erreur.
Chevalière
27 janvier 2025 @ 13:02
Un détail du tableau : quelle étrange coiffure… il semble qu’elle a le crâne rasé avec une perruque posée loin en arrière
C’était une mode ? Peu seyant en tout cas
Calliopé
27 janvier 2025 @ 13:35
La fin de votre message, Robin des Bois, me rappelle une anecdote que j’avais lue dans une biographie d’André Castelot consacrée à Mme Royale, fille ainée de Marie-Antoinette. Cette dernière avait écrit à sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse, son bonheur lorsque, faisant demander par quelqu’un où était sa maman, la petite fille avait souri et était venue tendre les bras à Marie-Antoinette. « C’est la première fois qu’elle a marqué me reconnaître ; j’avoue que cela m’a fait une grande joie ». Cette scène s’était passée lorsque la petite Mme Royale avait 15 mois. Il pourrait sembler évident que l’enfant sache reconnaître sa mère. Mais il est vrai qu’à la Cour, l’entourage de la petite fille comptait une centaine de personnes. Elle vivait dans les appartements de sa gouvernante et ne voyait jamais sa mère seule. Ce n’est qu’après la naissance de son petit frère qu’elle s’installera auprès de Marie-Antoinette. Et celle-ci, comme Marie-Caroline, se révèlera une mère aimante, attentive à l’éducation de ses enfants.
La réaction de la duchesse de Chartres et de Mme de Genlis (tout comme celle de Marie Antoinette lorsque sa fille était petite) est vraiment révélatrice d’une époque où les enfants de la haute noblesse vivaient éloignés du quotidien de leurs parents, et partageaient peu d’intimité avec eux.
Hervé J. VOLTO
27 janvier 2025 @ 14:04
La Maison de Bourbon-Siciles est donc issue de la branche espagne de la Capétienne Maison Royale de Bourbon. Créée par le Roi Ferdinand I° des Deux-Siciles, dit il Re Lazarrone (le Roi frippon) parce qu’il aimait fréquentait les tripots incognito et trompait sa femme, Marie-Caroline d’Autriche, soeur de Marie Antoinette, la Maison Royale de Bourbon-Siciles a été véritablement fondée après la réunification du Royaume des Deux-Sicles, en 1816. Avant Ferdinand Ier, qui fut cependant un grand bâtisseur -on lui doit les premiers chemins de fer, de la péninsule italique, l’Opéra San Sarlo de Naples et l’ensemble du Château de Caserte, le Versailles napolitain- deux autres membres de la Maison de Bourbon ont cependant régné sur la région : les Rois Philippe V d’Espagne (comme Philippe IV de Sicile et Philippe V de Naples entre 1700 et 1713) son grand-père, et Charles III d’Espagne (comme Charles VII entre 1734 et 1759) son père.
La maison de Bourbon-Siciles a donné cinq souverains Catholiques à l’Italie du Sud -de père en fils CHARLES III il conquerante, FERDINAND i° il Lazarrone, FRANCOIS I° il Saggio, FERDINAND Il Re Bomba -dont l’épouse était une Savoie et à qui il fut demandé en premier s’il voulait être le Souverain de l’Italie unie, ce qu’il refusa pour ne pas à avoir à toucher aux Etat de l’Eglise et au Duché de Parme- FRANCOIS II, DIT Franceschiello, détroné par son cousin Victor-Emmanuel II de Savoie.
Sources
https://charte-fontevrault-providentialisme.fr/index.php/2024/10/07/herve-volto-le-neobourbonisme-ou-le-legistimisme-italique/