L’un fut consacré aux transformations du château de Groussay dans les années 40, d’une part, l’autre au grand bal qu’il donna le 3 septembre 1951 au palais Labia à Venise, d’autre part.
C’était là reprendre la tradition brillante des grands albums dédiés à des fêtes que le XVIIIe siècle avait tant illustrées, et celle des vues d’intérieur, tant aimées du XIXe siècle, que Mario Praz fit redécouvrir en 1964, succès d’édition remarquable.
Les deux albums, de très grand format, 50 par 64 cm chacun, reliés identiquement dans une belle reliure de maroquin bleu ornée de filets d’or et d’une grecque noire, étaient présentés, « à perpétuelle demeure », sur la grande table centrale de la salle hollandaise de Groussay.
Devenu un symbole, le bal du Labia fut intitulé « le bal du siècle » grâce au soin apporté à chaque détail, son déroulement étudié, se terminant par une sorte d’apothéose d’approbation publique qui le placera immédiatement au firmament.
Référence absolue, liée au prestige de Venise, évocation réussie d’une de ses plus grandes époques, le bal n’aura pas provoqué seulement la création d’un album en un unique exemplaire, mais aussi, la fièvre médiatique aidant, une moisson de photographies.
Après l’édition, grâce à Alain de Gourcuff, de l’album de Groussay, il a semblé naturel d’y donner une suite avec l’album consacré au bal de Venise, où brille le pinceau de Serebriakoff. C’est l’objet de cette publication exceptionnelle, en deux volumes, sous étui.
Elle présente, dans un premier volume, l’histoire, l’architecture et le décor du palais, les efforts considérables de Charles de Beistegui pour retrouver la splendeur initiale des salons, dans l’esprit du XVIIIe siècle vénitien.
Le second volume, publie intégralement les 13 aquarelles de Serebriakoff, avec un commentaire détaillé où l’auteur explique le déroulé de la fête.
Une introduction générale rappelle les sources possibles de cet évènement si pensé. Il en donne les principaux épisodes, complétés, en annexe, par les plus beaux témoignages, avec la liste des invités, ainsi que celle précise des 15 « entrées », véritable spectacle au début du bal, dans une « mise en scène » du chorégraphe Boris Kochno, meneur de jeu d’un soir.
C’est Pierre Arizzoli-Clémentel, directeur général honoraire du château de Versailles, qui a rédigé le texte qui accompagne l’édition de ces deux albums exceptionnels.
En ce soixante-dixième anniversaire du bal, les lumières de la fête se sont éteintes depuis longtemps ; restent les images, belles, émouvantes, qui font comprendre l’écho qu’elle rencontra auprès de ceux qui eurent la chance de la vivre, et, plus nombreux sans doute, de ceux qui en perçurent les lueurs, à travers la poésie et la mélancolie d’un passé retrouvé.
« Palais Labia Venise – histoire, architecture et décor, bal costumé – 3 septembre 1951 », Pierre Arizzoli-Clémentel, Gourcuff, format : 290 x 215 à l’italienne – deux volumes : 80 et 96 pages
miloumilou
31 décembre 2021 @ 05:52
Merci pour cette intéressante info et quel bonheur de se replonger dans les fastes de Venise, la sérénissime!
Pastelin
31 décembre 2021 @ 07:24
Le tout pour 145 euros
Aldona
31 décembre 2021 @ 08:57
J’ai déjà beaucoup de livres sur Venise, mais comment résister !
JAusten
31 décembre 2021 @ 11:51
Je vous comprends. Il est difficile de résister quand on a une ville ou un pays dans le cœur :)
chicarde
31 décembre 2021 @ 12:23
…oh oui, Aldona, impossible !!
Aldona
2 janvier 2022 @ 10:14
JAusten, chicarde, ne riez pas, ne vous moquez pas, mais j’achète même les DONNA LEON, rien que pour cheminer dans Venise, voilà ou j’en suis !
Beque
31 décembre 2021 @ 10:21
Comment résister à ces deux volumes, en effet ?
Le 3 septembre 1951, Carlos de Beistegui donna au Palais Labia, célèbre pour ses fresques de Tiepolo, le « Bal du siècle » qui réunit plus de 1.500 invités costumés dont Salvador et Gala Dalí, Alexis de Redé, Jacqueline de Ribes, le marquis de Cuevas, Barbara Hutton, Lady Churchill venue seule sans son mari qui avait décliné l’invitation, Leonor Fini, l’Aga Khan, Gene Tierney et Orson Welles… Le maître de maison ayant interdit l’approche du palais aux bateaux à moteur, ce fut en gondole que tous les invités se rendirent au bal. Robert Doisneau, Cecil Beaton et André Ostier furent les photographes de la soirée. Le peintre Alexandre Serebriakoff a peint une série d’aquarelles représentant différents moments du bal.
Les costumes étaient somptueux. Certains étaient l’œuvre de Salvador Dali, de Christian Dior, de Nina Ricci, Jacques Fath et de Pierre Cardin. Beistegui avait refusé huit millions des Américains pour filmer le bal. Le canal de Cannaregio était couvert d’embarcations. Au milieu des lampions flottants, les gondoliers en grande tenue amenaient les invités jusqu’au ponton recouvert d’un somptueux tapis ancien. Le prince Aga Khan, classiquement vêtu d’un domino vénitien, arriva parmi les premiers, suivi de Barbara Hutton habillée en Mozart, puis le Prince et la Princesse Chavchavadze couverte de bijoux devenue Catherine II…
Un peu avant minuit, les invités furent introduits dans la grand salle de bal du palais par le maître des lieux vêtu d’une toge de damas écarlate, portant une longue perruque bouclée. Les menuets et les valses laissèrent la place aux rumbas, sambas, charlestons.
. « Je ne crois pas », déclara le prince Aga Khan, alors que la soirée touchait à sa fin, « qu’il nous soit donné de voir encore quelque chose comme cela. »
Beque
31 décembre 2021 @ 11:10
Le Château de Groussay (à Montfort L’Amaury) a été construit en 1815 par la Duchesse de Charost, fille de Madame de Tourzel, gouvernante des enfants du Roi Louis XVI et de Marie-Antoinette.
Charles de Beistegui le rachète en 1938 et l’agrandit, en 1952, de deux ailes. Il y aménage un fabuleux théâtre de 240 places en 1957, une salle de bal, une bibliothèque monumentale en acajou d’inspiration anglaise, habille une galerie de grandes tapisseries tissées spécialement pour Groussay d’après les cartons de Goya. Son mobilier est un mélange de bureaux russes de Roentgen, de lits Empire, de bergères Louis XV et de poêles autichiens. Il crée des jardins dits « anglo-chinois » et des « fabriques », à partir de 1950, avec la complicité des artistes Emilio Terry et Alexandre Serebriakoff. L’ensemble du domaine est classé monument historique en 1993. Alexandre Serebriakoff est l’auteur de ravissantes aquarelles redonnant vie au château de Groussay.
Agnese
31 décembre 2021 @ 11:27
Je ne connaissais pas ce palais. Merci pour cet article très intéressant qui nous fait très envie de repartir visiter la Serinissime.
Beque
31 décembre 2021 @ 16:16
Il semble que Charles (et non pas Carlos) de Beistegui était le grand’oncle d’Isabelle de Beistegui, épouse d’Alain de Gourcuff.
Elena1
31 décembre 2021 @ 21:32
Aie, le prix, mais cela doit être magnifique.
Pascal 🍄🌲
31 décembre 2021 @ 21:41
Un format à l’italienne cela semble s’imposer mais il n’y a pas mieux pour un livre comme celui-là.
Esquiline
1 janvier 2022 @ 13:20
Un peu bizarre la perpective de l’image qui illustre le coffret.