A Bruxelles, au coin de la place Royale et de la rue de la Régence se trouve un hôtel de maître qui abrite aujourd’hui la Cour des Comptes. Une plaque indique que c’est en ces lieux que naquit le roi Albert I. Il s’agissait en effet de la demeure occupée par ses parents le comte et la comtesse de Flandre. A nouveau, le prince Philippe, comte de Flandre (1837-1905) passait au second plan.
Né au château de Laeken en 1837, le prince Philippe de Belgique est le deuxième fils du roi Léopold I et de la reine Louise Marie. Sa position de cadet explique probablement en grande partie qu’il soit l’un des princes les plus méconnus de l’histoire de la dynastie belge. Et pourtant, Philippe en fut un élément clé. Fils du roi Léopold I, frère de Léopold II et père du roi Albert I, il est l’aïeul du roi Philippe. C’est par sa descendance que la ligne dynastique fut assurée à défaut pour Léopold II d’avoir un fils.
L’historien Damien Bilteryst, déjà auteur d’une biographie fouillée consacrée au prince Baudouin (fils de Philippe), nous livre dans son ouvrage intitulé « Philippe, comte de Flandre. Frère de Léopold II » le fil de la vie de ce prince royal grâce aux archives du Palais royal, la correspondance du prince, de sa famille et de ses proches.
Marqué enfant par la mort prématurée de sa mère la douce reine Louise Marie, marié à la princesse allemande Marie de Hohenzollern-Sigmaringen, père de cinq enfants dont le futur roi Albert I, il mène une vie de famille bien plus épanouie que celle de son frère. L’atmosphère qui règne dans son hôtel particulier de la rue de la Régence est l’opposé de la sinistre et pesante ambiance de Laeken.
Ici, on reçoit avec raffinement et chaleur. Très proche de la reine Victoria, et de nombreux membres du Gotha, Philippe partage son temps entre Bruxelles, sa résidence secondaire des Amerois en province de Namur, des visites de famille en Allemagne, des escapades parisiennes ou à Lucerne en Suisse.
Homme d’affaires avisé, il dispose d’une fortune évaluée à 800 millions d’euros à la fin de sa vie. Côté sentimental, il entretint durant plus de 10 ans une relation extraconjugale, logeant son amie de cœur dans une maison d’Ixelles.
Atteint de surdité de plus en plus forte, Philippe finira par s’isoler dans son monde, fatigué des mondanités et des voyages. Il vit avec anxiété l’émergence du parti socialiste, s’inquiétant d’éventuels troubles populaires. Les relations avec son frère Léopold II se dégradèrent jusqu’à l’extrême en raison du caractère et de la forte personnalité du roi.
A sa mort, le journal « Le Peuple » soulignait que Léopold II était arrivé aux funérailles, le visage amaigri et terriblement marqué par l’émotion. Ce jour-là, malgré leurs différences, le roi réalisait qu’il venait de perdre à jamais son frère. Peut-être se souvint-il de leurs jeunes années lorsqu’ils n’étaient encore que Léo et Lipchen ?
« Philippe de Belgique, comte de Flandre. Frère de Léopold II », Damien Bilteryst, Editions Racine, 2014, 336 p.
1 juillet 2014 @ 07:44
Merci, Régine, c’est toujours très intéressant lire les histoires des personnage royales mois connus.
1 juillet 2014 @ 08:17
Fervent catholique, il refusa le trône de Roumanie au profit de son beau-frère, Charles de Hohenzollern-Sigmaringen qui lui bien que catholique aussi n’eut aucun scrupule à baptiser sa fille dans la foi orthodoxe.
1 juillet 2014 @ 16:15
Oui Vincent, le comte de Flandre a refusé le trône de Roumanie, mais ce ne sont pas des motifs religieux qui l’ont dissuadé d’accepter cette couronne alors très fragile.
Les principautés moldo-valaques étaient malaisées à gouverner, le colonel Couza venait d’en faire l’expérience.
Bien à vous,
Damien B.
3 juillet 2014 @ 20:46
J’ajoute que la surdité du comte de Flandre l’aurait fortement handicapé pour régner.
D’ailleurs, nous savons que, s’il avait survécu à son frère Léopold II, il aurait refusé la couronne de Belgique, précisément pour cette raison.
1 juillet 2014 @ 10:05
Biographie que je vais m’empresser d’acheter cet été pour mes lectures de vacances. C’est vrai que lorsque l’on évoque Philippe de Belgique on pense à l’actuel roi Philippe ou bien si on parle de comte de Flanddre, on pense plutôt au prince régent Charles. Fils de, frère de père, père de… je suppose que ce livre nous permettra (enfin) de mieux cerner la personnalité du prince.
Son ancien palais situé sur le coin de la place Royale est un très bel endroit qui peut parfois se visiter
1 juillet 2014 @ 10:11
J’ai lu son livre consacré au prince Baudoin, d’autant plus intéressant qu’il était méconnu, car mort très jeune. Je lirai ce second livre.
1 juillet 2014 @ 11:30
ses relations avec son frère Léopold II…..déjà on se chamaillait dans cette famille, rien de nouveau alors.
1 juillet 2014 @ 16:38
Oui Gustave, l’étude des relations entre Philippe et Léopold constitue l’une des lignes de force de cette biographie et renvoie à des questions universelles et intemporelles : comment prendre sa place au sein d’une fratrie, par exemple …
3 juillet 2014 @ 21:02
À propos de questions universelles et intemporelles, il est dit dans l’article que « côté sentimental, il entretint durant plus de 10 ans une relation extraconjugale, logeant son amie de cœur dans une maison d’Ixelles ».
En dehors du saint roi Baudouin et de l’actuel roi Philippe, y a-t-il un seul roi des Belges qui n’ait pas entretenu de relation extraconjugale ?
4 juillet 2014 @ 06:56
En effet Philibert, le comte de Flandre menait le même genre de vie que son frère Léopold II et son père Léopold I. Un vrai Cobourg, lui aussi …
1 juillet 2014 @ 11:41
Grand merci à Régine pour cette information.
Damien Bilteryst est un historien sérieux, c’est pourquoi je suis ravi d’apprendre la sortie de ce livre conacré à Philippe, Comte de Flandre.
1 juillet 2014 @ 16:34
Merci Charles, je vous sais un attentif et bienveillant lecteur.
1 juillet 2014 @ 12:50
Du même auteur : http://familleroyalebelge.blogspot.be/2013/08/le-prince-baudouin-frere-du-roi.html
1 juillet 2014 @ 18:03
Merci Vincent !
1 juillet 2014 @ 13:58
Après son très réussi « Baudouin », c’est avec grand plaisir et intérêt que je vais découvrir ce nouveau livre d’un spécialiste incontesté de la famille royale de Belgique. Il est déjà dans ma valise pour qu’il puisse agrémenter mes vacances.
1 juillet 2014 @ 16:32
Merci Charlanges, je vous redis ici toute mon amitié !
1 juillet 2014 @ 14:59
Où a été prise la photo de la coverture ?
1 juillet 2014 @ 15:09
A Ostende, le 3 août 1890.
1 juillet 2014 @ 18:05
Tout à fait et j’ajoute qu’à l’extrême droite du cliché on voit le prince Baudouin de profil.
3 juillet 2014 @ 20:51
Damien B., pour connaître ce détail, je suppose que Damien Bilteryst et vous êtes une seule et même personne. Exact ?
4 juillet 2014 @ 06:51
Tout à fait Philibert :)
1 juillet 2014 @ 15:02
Merci pour l’article Régine; toutefois, j’ai une question : Damien Bilteryst est-il l’internaute qui commente sur N&R sous le pseudo « Damien B. »? Si oui, c’est une véritable référence car Damien B. a toujours des commentaires mesurés, très logiques et il apporte des données statistiques et fait des recoupements avec d’autres écrits publiés dans la presse ou ailleurs. Il remet souvent les pendules à l’heure et je l’apprécie beaucoup. Bonne journée, FdC
1 juillet 2014 @ 16:31
Mais oui Francine, c’est bien moi :)
Ravi de voir que vous avez remarqué l’importance de diversifier les sources pour donner naissance à une biographie.
La correspondance privée est indispensable, mais cela ne suffit guère. Il faut l’accompagner de l’étude de témoignages contemporains et de celle des articles de la presse de l’époque. Cette dernière tâche me plaît tout particulièrement car on touche à l’Histoire des mentalités, un domaine passionnant.
Un personnage comme le comte de Flandre s’inscrit dans un contexte social, politique et historique bien déterminé. Philippe comte de Flandre représente aux yeux de la presse socialiste le symbole même du « capitalisme dirigeant ».
La lecture des articles de journaux offre une illustration tantôt cruelle, tantôt drôle de la manière de penser de la seconde moitié du XIX è siècle.
Bien à vous et merci pour votre commentaire.
Damien B.
2 juillet 2014 @ 04:30
Merci Damien B.; j’achèterai ce livre et j’achèterai également « Baudouin » car connaissant déjà les qualités de l’auteur… on pourrait dire que j’ai un « biais » hahaha! Je lirai et vous retrapperai ailleurs pour vous donner mes impressions. Bonne journée et bon succès avec votre livre. FdC
1 juillet 2014 @ 17:17
Francine,vous pouvez vérifier votre remarque dans les commentaires du blog du ‘Petit Belge’!
Bonne journée!
1 juillet 2014 @ 15:29
Ah j’ai lu le livre que l’auteur a consacré au Prince Baudouin. J’ai beaucoup aimé et je lirai donc avec intérêt son nouvel ouvrage consacré au Comte de Flandre.
1 juillet 2014 @ 18:01
Merci Jul ! Je suis sûr que ce personnage vous intéressera.
1 juillet 2014 @ 16:36
j’ai dû utiliser un autre ordi pour ne plus voir mon message refuser d’apparaître.
L’univers des deux premiers rois de Belgique m’a toujours intéressée, c’était des hommes instruits et intelligents mais je ne savais rien sur le comte de Flandres, sinon qu’il était sourd, marié à une Allemande et père du futur Albert Ier. Le résumé de Damien B montre que cet homme avait une personnalité moins lisse que ce qu’on supposait. Je vais donc acheter ce livre, pour m’instruire, surtout si l’auteur s’est appuyé sur des correspondances et des archives familiales.
1 juillet 2014 @ 17:59
Merci Palatine ! Et encore toutes mes félicitations pour votre ouvrage paru presque en même temps que le mien.
Je suis persuadé que vous aimerez le comte de Flandre, un personnage surprenant de la dynastie belge.
Bien à vous,
Damien
1 juillet 2014 @ 18:24
DAMIEN B. j’ai beaucoup aimé votre « Baudoin », aussi je vais acheter ce nouveau livre.
1 juillet 2014 @ 19:04
à propos du texte de présentation du livre.
La réaction du roi Leopold II à la mort de son frère ne m’étonne pas. La maitresse du roi, la fameuse « baronne de Vaughan » raconte dans son livre (peu intéressant parce que manquant de finesse, de profondeur et surtout de contenu) que le jour où, en vacances dans une ville d’eau, Leopold apprit la mort de Marie-Henriette qu’il n’avait jamais aimée, il parait qu’il eut des larmes dans les yeux et montra une profonde affliction.
2 juillet 2014 @ 16:30
La biographie du comte de Flandre offre aussi l’occasion de côtoyer Léopold II au plus près. Il apparaît sous un jour moins négatif. Certes souvent inflexible, mais capable d’affection dans les moments difficiles.
1 juillet 2014 @ 20:38
le livre est-il disponible dans toutes les (grandes) librairies en France ?
2 juillet 2014 @ 16:31
Bien sûr Corentine, et vous pouvez également le commander directement via le site des éditions Racine : http://www.racine.be/fr/philippe-comte-de-flandre.
Bien à vous,
Damien B.
1 juillet 2014 @ 20:52
J’ai presque tout à apprendre sur la dynastie belge, et a fortiori sur ses princes les moins connus.
Et je suis ravi que »notre » notre Damien B soit l’auteur de ce livre car si, qu’il me pardonne, je ne connaissais guère jusq’ici ses travaux d’historiens, j’apprécie depuis longtemps ses commentaires sensés et mesurés sur ce site.
Entre Cosmo, Palatine et Damien, et sans doute quelques autres que j’oublie, on dispose maintenant d’une jolie brochette d’écrivains sur N&R.
2 juillet 2014 @ 16:34
Je suis persuadé Pierre-Yves que vous aimerez ce prince belge jusqu’ici négligé dans l’histoire de la dynastie belge.
Concernant « les commentaires sensés et mesurés », je vous retourne le compliment !
2 juillet 2014 @ 16:45
Oui Pierre-Yves, j’ai pensé la même chose; il y a Philippe Delorme qui écrit également. Amitiés, FdC
1 juillet 2014 @ 22:13
Félicitations à Damien B. pour son livre.
Beaucoup de succès !
Bien à vous.
Libellule.
2 juillet 2014 @ 13:33
Cher Damien B.,
Un grand merci et toutes mes félicitations pour votre biographie très fouillée du Prince Baudouin.
Je sens que je vais me régaler avec ce portrait de son père, le Comte de Flandres.
Ne songez-vous pas à dresser le portrait du Régent, autre personnage clé mais néanmoins encore controversé de l’histoire de Belgique?
Très cordialement!
3 juillet 2014 @ 16:28
Vous avez raison au sujet du prince-régent : c’est un personnage fort intéressant qui ne laisse pas indifférent.
Depuis longtemps, j’ai une prédilection pour l’univers des princes du XIX è siècle et j’ai encore des choses à dire sur le sujet … mais le cheminement des recherches est parfois surprenant et je n’exclus donc rien dans l’avenir.
Merci pour votre appréciation élogieuse au sujet du prince Baudouin.
Bien à vous,
Damien B.
2 juillet 2014 @ 15:02
Félicitations à Damien B.pour ses ouvrages et son talent , bonne chance !
2 juillet 2014 @ 22:47
@Damien B : félicitations pour votre nouvelle parution : année très faste pour le site :-)