Sépulture insolite, à la mesure d’un souverain à la réputation sulfureuse. Il s’agit en effet de celle de Richard III. Sa brève existence – il est mort à 33 ans – se situe au crépuscule du Moyen Âge et à l’aube de la Renaissance, en ces temps troublés de la guerre des Deux Roses, opposant les familles d’York et de Lancastre, soit une époque « pleine de bruit et de fureur », de meurtres et de trahisons, où les valeurs chevaleresques médiévales cèdent la place au réalisme froid des Temps modernes.
Richard incarne les déchirures de son époque : pieux, vertueux, courageux et nostalgique du passé féodal, il doit pourtant agir en prince machiavélien. C’est ainsi qu’il usurpe la couronne d’Angleterre en faisant disparaître ses neveux enfermés dans la tour de Londres et, après un règne de deux ans seulement, marqué par de multiples complots et exécutions, il périt à la bataille de Bosworth.
Cela, c’est le Richard des historiens, qui reste une figure énigmatique. Mais ce destin tragique, transfiguré par le génie de Shakespeare, en a fait un roi maudit, un monstre absolu, qui disparaît en hurlant sa fureur impuissante : « Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! » Fondée sur les chroniques tendancieuses de la propagande des Tudors, cette image théâtrale s’est largement imposée aux yeux du grand public.
Mais l’histoire n’est pas un tribunal et cet ouvrage se veut, sinon une réhabilitation, du moins une tentative de comprendre un roi controversé qui incarne pourtant son époque.
« Richard III. Le roi maudit ? », Georges Minois, Perrin, 2022, 512 p
Charlotte (de Brie)
4 avril 2022 @ 07:20
Le « roi du parking » a eu droit à des funérailles royales à la Cathédrale de Leicester 530 ans après sa mort en 2015 en présence de la comtesse de Wessex et du duc et de la duchesse de Gloucester, titre qu’il portait avant son accession au trône
Son cercueil a été fabriqué par un de ses descendants, recouvert de sa bannière bleue et rouge et de roses blanches, symboles de la famille du roi.
Ses funérailles pour grandioses qu’elles furent ne peuvent être qualifiées de nationales : la reine ne descend pas de Richard III mais de son rival Henry VII qui prit sa place sur le trône, fondant une nouvelle dynastie : les Tudor.
Karabakh
4 avril 2022 @ 12:24
Effectivement, Henry VII inaugura une nouvelle dynastie (Tudor) dont descend l’actuelle reine Elizabeth II, néanmoins il était lointainement apparenté à Richard III. Sa mère Margaret Beaufort est une Plantagenêt, et son père Edmond Tudor est le fils de Catherine de Valois, donc le demi-frère du roi Henry VI, grand-père de Richard III. Cette histoire est le fruit d’une usurpation mais cela reste une soupe familiale. 😉
Lionel
5 avril 2022 @ 21:23
« roi Henry VI, grand-père de Richard III » : plaît-il ???
Karabakh
7 avril 2022 @ 22:08
En effet, il manque une partie de mon message.
On reprend : (…) Edmond Tudor est le fils de Catherine de Valois, donc le demi-frère du roi Henry VI, « arrière-petit-fils du roi Edward III, qui se trouve également être l’arrière-grand-père » de Richard III.
Ce qui est entre guillemets a été tronqué à l’envoi. Ne me demandez pas pourquoi cela a sauté, je n’en sais rien ; je sais seulement que j’ai très souvent une page d’erreur lorsque je poste ici, alors je reviens en arrière et je relance l’envoi, ce qui fonctionne généralement. J’imagine qu’il y a un lien avec ces troncages, fréquents aussi. En principe, je me rends compte des blancs mais là…
Et en relisant, je m’aperçois que j’ai sauté une génération puisque Henri VI et Richard III sont en fait, des « arrière-arrière-petits-enfants » du roi Edward III ; le premier par Jean de Gand, le second par Edmond de Langley.
Enfin, concernant le lien entre Henry VII et Richard III, il se crée par la mère de Richard III, Marguerite Beaufort, qui descend elle aussi du roi Edward III par Jean de Gand.
En espérant n’avoir pas commis de nouvel impair, qu’il ne faut pas hésiter à me signaler.
Merci à vous.
Karabakh
7 avril 2022 @ 22:11
Marguerite Beaufort est très exactement (elle aussi) l’arrière-arrière-petite-fille du roi Edward III.
Ciboulette
4 avril 2022 @ 17:45
A partir de ce squelette , qui présentait la même particularité que le roi : une colonne vertébrale déviée , les scientifiques ont reconstitué le visage du roi : le résultat est bluffant ! S’il manquait une dernière preuve que c’est bien lui , le portrait reconstitué l’apporte !
Même si on fait abstraction du personnage de théâtre , ce monarque semble avoir été cruel ( tuer ses deux neveux pour monter sur le trône ! ) . Et sa destinée post mortem ( son corps ) est plutôt romanesque : dans une église , je suppose , puis dans un parking ( ça , ce n’est pas romantique du tout ) et enfin , funérailles officielles .
DEB
4 avril 2022 @ 07:27
Je me souviens qu’en 2012, les archéologues ont comparé l’ADN d’une molaire du squelette avec celui de descendants.
Il souffrait d’une importante scoliose et des blessures ont été remarquées sur son crâne, dont une sans doute causée par une hallebarde.
Les archéologues pensent qu’il avait perdu son casque pendant la bataille.
Pastelin
4 avril 2022 @ 09:18
Les incitations éditoriales, les attentes du public suscitent des travaux de commande mais l’éditeur et l’auteur me font dire que c’est de la vulgarisation de qualité.
Je lirai ce livre pour voir si l’ auteur a été atteint du mal de certains biographes , tomber amoureux de son sujet et donc tenter, le cas échéant, la réhabilitation à toute force. ..
Ciboulette
4 avril 2022 @ 17:49
Ah non , moi je ne tomberais pas du tout amoureuse de ce sujet-là !
Leonor
4 avril 2022 @ 09:27
A propos de la découverte des restes de Richard III lors du début de la construction d’un parking, à Leicester :
Tapez simplement » leicester parking king richard » sur votre moteur de recherche; en descendant un petit peu sur votre écran, vous trouverez une série de photos des différentes étapes du chantier, dont la trouvaille elle-même.
Passionnant.
Charlotte (de Brie)
4 avril 2022 @ 15:49
Merci Leonor !
J’avais lors des ses funérailles vu sur je ne sais plus quelle chaîne, tout le travail accompli pour authentifier ses restes.
Cosmo
4 avril 2022 @ 16:00
J’ai vu, il y a quelques années, une émission à ce sujet à la BBC. Le plus extraordinaire est que sa tombe n’a pas été découverte par hasard en creusant le sol mais elle avait été située après l’analyse de documents et de la typographie religieuse de l’époque.
Arielle
4 avril 2022 @ 10:06
Merci beaucoup pour cette annonce. Georges Minois est un historien, agrégé et docteur en histoire, ce livre doit être à la fois passionnant et hautement fiable.
Ciboulette
4 avril 2022 @ 17:48
Merci , Léonor , j’y cours !
HRC
4 avril 2022 @ 12:18
Shakespeare l’aurait décrit pire qu’il ne fut. Mais on devrait faire représenter la pièce devant les grands manipulateurs au pouvoir, et à leurs affidés.
On peut tout perdre après avoir tout gagné.
Karabakh
4 avril 2022 @ 12:43
La reine Elizabeth, qui ne descend pas de Richard III contrairement aux idées reçues, n’a pas assisté aux funérailles ; seuls la comtesse de Wessex, le duc et la duchesse de Gloucester ont assisté à l’évènement qui devait sans doute un peu trop rappeler à Sa Majesté qu’elle descend de l’usurpateur Henry VII.
Le plus rigolo dans cet affaire, c’est que Henry VII avait repris à son compte une légendaire prophétie de Merlin, annonçant que les peuples celtiques prendraient leur revanche sur les peuples saxons. En effet, Henry VII était issu de la Maison Tudor par son père ; or, bien que la celticité de ses principaux membres soit très discutable, cette maison Tudur (en gallois) fondée par Ednyfed Fychan (m. 1246) est une très ancienne famille noble de la région de Gwynedd, au Pays de Galles. Cependant, le plus rigolo disais-je, c’est que sa descendance régnant toujours en Angleterre, aujourd’hui incluse dans la Grande-Bretagne, elle même incluse dans le Royaume-Uni, est tout sauf celtique mais en revanche, grandement… saxonne.
Bref. Georges Minois a déjà écrit un ouvrage très intéressant sur Henry VIII, le fils d’Henry VII.
Alice
4 avril 2022 @ 16:33
Il est vrai que Shakespeare tout grand écrivain qu’il soit (et que j’aime beaucoup) a très souvent pris de grandes libertés avec l’histoire pour créer les drames qu’il imaginait.
Ce livre a l’air très intéressant.
carmina burana
5 avril 2022 @ 06:45
Il y a peu,on a retrouve les corps des neveux de Richard III,peut etre assassines par ce dernier.Il avaient ete decouverts ds la Tour de Londres,puis deplaces pour finir ds un mur de la Chapelle de Windsor.
La tailles des deux enfants correspond,et lors de travaux a la chapelle Saint Georges on les a vus.
Les scientifiques voulaient faire un test ADN,la reine a refuse en disant qu elle souhaite qu ils reposent en paix.