Ouvrage consacé à l’infante Filipa de Portugal. Filipa, Maria, Ana, Joana, Micaela, Rafaela de Bragance, infante de Portugal est née au château de Fischhorn le 27 juillet 1905. Elle est le 9ème enfant des 11 enfants de Miguel, duc de Bragance (1853-1927) et de sa seconde épouse la princesse Marie Therese de Löwenstein-Rosenberg (1870-1935).
Née en exil, l’infante Filipa ne peut pénétrer sur le sol du Portugal. En 1938, elle est toutefois autorisée par le général Salazar à entrer sur le sol portugais. Elle y revient à plusieurs reprises jusqu’en 1946, date à laquelle elle s’installe dans sa patrie.
Elle oeuvre pour la restauration de la monarchie. C’est alors son frère Dom Duarte Nuno qui est le chef de la maison royale. Elle entretient une correspondance soutenue avec le dictateur Salazar. L’auteur Paulo Drumond Braga a analysé cette correspondance. Fallait-il voir autre chose qu’une amitié de circonstance ?
L’infante est décédée à Ferragudo au Portugal en 1990. (Merci à Alberto)
Mayg
25 mars 2019 @ 13:55
Elle ne s’est pas mariée ? Pas de descendance ?
Gérard
26 mars 2019 @ 20:58
Non elle est restée célibataire.
Mayg
27 mars 2019 @ 14:57
Merci Gérard.
Jean Pierre
25 mars 2019 @ 15:45
Salazar dont le côté ravageur et sexy m’avait échappé avait ses groupies.
En plus de cette infante inconnue il y avait la journaliste Suzanne Chantal, ou l’infante Eulalie de Bourbon.
COLETTE C.
25 mars 2019 @ 17:37
Je la découvre.
Caroline
25 mars 2019 @ 22:56
Pourriez-vous m’expliquer la parenté de cette princesse avec le duc de Bragance marié à Isabel de Castro Curvello de Herédia?
Merci d’avance!
Laurent F
26 mars 2019 @ 13:53
C’est la soeur de son père donc sa tante !
Lionel
26 mars 2019 @ 14:21
Elle était sa tante.
Gérard
26 mars 2019 @ 21:00
C’était sa tante.
Caroline
27 mars 2019 @ 12:23
Laurent F, Lionel et Gerard,
Merci pour vos réponses !
Bonne journée !
Guy Coquille
26 mars 2019 @ 07:29
« Fallait-il voir autre chose qu’une amitié de circonstance ? » – Surprenante question. S’il s’agit d’une amitié véritable, est-elle excommuniée?
Gérard
26 mars 2019 @ 21:40
Il y avait de la part de Salazar une certaine admiration pour la famille royale et de la part de l’infante le désir de rétablir la monarchie mais au-delà de ces espérances il y a eu incontestablement une profonde amitié entre ces deux personnes voire un amour platonique.
Gérard
29 mars 2019 @ 18:44
Selon l’auteur l’infante Filipa au départ cherchait à permettre à la famille royale de vivre au Portugal malgré la loi de bannissement qui n’a été révoquée qu’en 1950. C’est ainsi qu’elle s’est rapprochée de Salazar mais ces contacts officiels sont devenus petit à petit amicaux avec des visites régulières, des coups de téléphone, des lettres. Elle-même obtint en 1946 l’autorisation de résidence permanente au Portugal et la permission d’éducation au Portugal le Dom Duarte Pio et de ses frères.
Bien sûr elle souhaitait également le rétablissement de la monarchie et Salazar après la mort du président le maréchal Óscar Fragoso Carmona demanda un vote de ses principaux conseillers, trois furent en faveur du rétablissement de la monarchie mais quatre furent pour le maintien de la république.
Néanmoins Salazar n’a jamais donné semble-t-il d’assurances à l’infante à cet égard mais il a écrit à celui qui serait son successeur Marcelo Caetano qu’on ne devait pas écarter cette possibilité. Caetano avait été monarchiste mais depuis les années 50 il était devenu républicain.
Pendant toutes les années qui suivirent l’infante soutint avec affection Salazar et celui-ci lui conseilla la patience. Les archives Salazar de Torre do Tombo montrent la fréquence des réunions entre le dictateur et l’infante entre 1947 et 1968 et elles peuvent être complétées par les lettres de l’infante à Salazar qui révèlent que certains entretiens n’étaient pas mentionnés sur l’agenda officiel de l’homme d’État. La plupart de ces rencontres se faisaient en tête à tête. Mais parfois l’infante était accompagnée de membres de sa famille et spécialement de sa sœur Dona Maria Antonia pour aller au palais de São Bento, deux fois au moins la duchesse de Bragance, la sœur de la comtesse de Paris, Maria Francisca, était présente avec son fils aîné qui avait 3 ans. En 1966 l’infante est accompagnée de ses trois neveux.
Dans les lettres les premières commencent par « Mon cher docteur Salazar » puis à partir de 1955 « Mon cher ami ». Par la suite le début et la fin des lettres sont de plus en plus affectueux et témoignent d’une profonde amitié. Après la chute de l’Inde portugaise elle lui écrit : « J’ai pleuré, j’ai prié, je me suis demandé qui a le cœur en ce même moment à pleurer. ». Quand l’infante reste longtemps sans voir Salazar elle lui écrit par exemple : « Cela fait douze semaines que je t’ai pas vu […] Tu me manques tellement. » En fait ils s’écrivent surtout à la troisième personne.
Lui écrit en 1959 : « Je vous ai écrit mille lettres en esprit. Mais je commence toujours à écrire sur du papier et je ne continue pas car je ne peux pas dire ce que je veux comme je le veux […]. Je termine, dans l’espoir de te voir bientôt. » En 1960, le mois suivant, il lui dit qu’il passera déjeuner ou dîner chez elle et ajoute qu’elle n’a pas à se mettre en frais, qu’il se contentera d’un seul plat.
En 1960 elle note : « J’ai besoin de le voir et d’être un peu avec lui pour affermir ma force morale. » mais à la fin de 1961 et au début de 1962 des lettres restent sans réponse, elle se plaint qu’il manque à sa fille la plus chère. En 1965 elle écrit : « Cela me coûte de terminer cette lettre, j’ai le sentiment d’être avec vous quand je vous écris. » En juin : « J’ai vraiment apprécié d’être avec vous hier soir. En fait j’avais déjà un grand besoin de cette consolation. À tel point que je voulais rester tranquille pour pouvoir profiter du bien-être que je ressentais là-bas sur ce banc familier et confortable, dans votre jardin, à vos côtés. »
En 1966 : « Parfois, je pense souvent qu’étant de ce monde en ce monde de passage, nous devrions nous réjouir de l’idée que nos amis qui sont dans l’autre monde puissent être ensemble pour toujours et en paix sans séparation constante ; mais nous ne savons pas comment ce sera réellement cette communion des hommes dans le monde des esprits et surtout en présence de l’Amour divin qui absorbe tout et tout le monde. »
En août 1967 elle se réjouit de lire un livre du jésuite français Louis Capelle, Les âmes généreuses, et elle lui écrit sur les amitiés de cette vie qui seront vécues dans l’autre monde dans leur pureté avec une grande intensité.
En mars 1968 la duchesse de Bragance meurt et elle écrit à son ami une très longue lettre sur la vie éternelle. La dernière lettre de Dona Filipa à Salazar date du 21 juillet 1968 pour le remercier des journées calmes et heureuses passées dans l’Algarve loin du désordre et de la violence vécue en France et dans d’autres pays. Elle s’excuse parfois d’écrire des lettres trop longues. Elle s’est toujours beaucoup inquiété pour la santé de Salazar, de ses cordes vocales, elle lui suggère des traitements, des vaccins, des vitamines.
Elle lui envoya aussi ses condoléances à la suite du décès de sa sœur Elisa, elle s’inquiète de la santé de la gouvernante du dictateur Maria de Jesus Caetano Freire. Lui envoie à Filipa des livres, des reportages sur le pape Pie XII, notamment de Paris Match.
Ou sait aussi qu’elle se souciait de la succession de Salazar, qu’elle lui avait demandé à plusieurs reprises de restaurer la monarchie pour préserver le Portugal mais personne ou presque n’osait parler à Salazar de sa succession. Salazar parlait aussi en Conseil de cabinet de problèmes d’actualité et notamment d’un internationalisme progressiste de l’éducation nationale, il dit : « la seule personne de ma connaissance qui s’inquiète du problème est l’infante Dona Filipa. Je ne connais personne d’autre. »
Y a-t-il eu des lettres détruites qui auraient été plus intimes ? On a longtemps présenté Salazar comme un être ascétique et asexué marié seulement à la nation. Mais on sait que dès sa jeunesse il a eu des relations amoureuses avec des femmes notamment avec Carolina Correia de Sá, future comtesse de Anadia, fille du neuvième vicomte d’Asseca à propos de laquelle on évoqua le mariage. Néanmoins il eut aussi on le sait des passions platoniques. Après la mort de Salazar en juillet 1970 l’infante chercha auprès de Marcelo Caetano à retrouver les lettres qu’elle avait adressées. João Lumbrales (4e comte de Lumbrales, proche de Salazar) les a trouvées dans un paquet séparé des autres et Marcelo Caetano les a fait remettre à l’infante. Or on connaît déjà un grand nombre de lettres écrites entre 1940 et 1968 par l’infante à Salazar. Il y aurait donc une autre série de lettres qui n’auraient pas été rendues publiques et qui auraient été remises à l’infante en 1970 et qu’en a-t-elle
fait ? Ces lettres qui ont été remises n’étaient peut-être que des copies cependant.
L’infante mourut le 6 juillet 1990 un mois avant ses 85 ans. Elle s’était éloignée de la politique et avait été depuis longtemps déçue par le successeur de Salazar jugé trop libéral. Les dernières années de sa vie l’infante était surtout préoccupée par le célibat de ses trois neveux, ce n’est que cinq ans après sa mort que le duc de Bragance se maria.
L’auteur considère dans sa biographie que Salazar pouvait trouver avantage à cette amitié d’un point de vue politique, vis-à-vis des monarchistes, mais qu’il n’y avait pas que cela de sa part, et que de surcroît pour Salazar la monarchie avait des avantages sur la république mais que ce point pourrait être traité ultérieurement, qu’en tout cas pour l’infante ce qu’elle ressentait pour lui était plus qu’une grande amitié.
L’historien considère aussi que l’immense majorité des monarchistes portugais soutiennent la famille de Bragance, ceux qui étaient les partisans des derniers souverains comme ceux qui étaient partisans de la branche de Dom Miguel qui demeura la seule après la mort du roi Manuel II. Il a écrit ce livre après avoir contacté les cinq neveux de Dona Filipa.
Gérard
30 mars 2019 @ 12:08
J’ai mal traduit un passage, ce n’est pas Salazar qui écrit qu’il a commencé 1000 lettres mais c’est l’infante.