Sortie de cet ouvrage intitulé « Un jardin pour Eugénie. La dernière impératrice au Cap Martin« . En voici le descriptif : « Dix-sept ans de règne, cinquante années d’exil, l’impératrice Eugénie fut la dernière souveraine de France. Rescapée de l’Histoire, elle s’éteignit à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans il y a à peine un siècle. Veuve de Napoléon III, établie en Angleterre depuis la chute du Second Empire, Eugénie résume à elle seule, par ses origines espagnoles et ses liens familiaux avec l’Italie, une Europe fédérée pour laquelle elle œuvra sans cesse afin de prévenir l’inévitable Première Guerre mondiale.
En 1895, elle fit d’une villa du cap Martin, près de Menton et face au rocher de Monaco, sa résidence secondaire qu’elle occupa jusqu’à sa mort en 1920. Dans cette région éloignée, sauvage et aride du midi de la France, devenue un haut lieu de villégiature pour les hivernants aisés, les premiers jardins d’agréments apparurent autour de magnifiques villas, inspirés par une société anglaise bien implantée et un savoir-faire venu d’Allemagne. Le jardin antique fut alors réinventé et une touche d’exotisme vint parfaire l’harmonie de ces nouveaux espaces et transformer radicalement ce paysage méridional.
Créé à l’image de son illustre commanditaire, le jardin de la villa Cyrnos servit de décor à la vie sociale de l’impératrice et lui permit de se rapprocher autant de sa domesticité que des personnalités princières, scientifiques et artistiques de passage sur la Riviera. La reine Victoria, l’impératrice Élisabeth d’Autriche dite Sissi, le tsar Nicolas II, le prince Albert Ier de Monaco, le roi Alphonse XIII d’Espagne, le shah de Perse, le sculpteur Rodin, la célèbre Coco Chanel ou encore le jeune Jean Cocteau comptèrent parmi ses invités.
Grâce aux récits des rares témoins admis dans le cercle très fermé de cette cour reconstituée et des souvenirs de son jardinier, ce livre lève le voile sur les dernières années de l’une des femmes les plus célèbres de l’histoire de France. Il restitue aussi l’atmosphère de ce lieu témoin des premiers balbutiements d’une vie culturelle et mondaine dont la Côte d’Azur allait être le théâtre. »
« Un jardin pour Eugénie. la dernière impératrice au cap Martin », Préface du prince Albert de Monaco, Etienne Chilot, Editions Somogy, 2014, 224 p.
Patricia C
20 octobre 2014 @ 10:49
La vila Cyrnos existe-t-elle encore avec ce même nom ?
LPJ
20 octobre 2014 @ 11:36
Le créateur du jardin fut Ferdinand Bac, aujourd’hui oublié mais qui, à l’époque, était célèbre.
L’impératrice Eugénie, outre les indéniables qualités artistiques de Ferdinand Bac, a pu avoir un autre motif de le choisir. En effet, c’était un cousin de l’empereur Napoléon III car issu d’une liaison de Jérôme Bonaparte.
Francine du Canada
20 octobre 2014 @ 12:10
Merci Régine; voilà une page d’histoire vraiment intéressante. FdC
Gérard
20 octobre 2014 @ 15:58
La villa Cyrnos existe toujours mais elle ne se visite pas et appartient à une propriétaire privée qui a dû l’acheter il y a une trentaine d’années. Je crois que c’est cette dame qui a fait restaurer la maison pour essayer de lui rendre le caractère qu’elle pouvait avoir lors de la mort de l’impératrice. Après le décès de l’impératrice Eugénie la maison alla à sa nièce, María Asunción Fitz-James Stuart y Palafox, duchesse de Galisteo, épouse du duc de Tamames et fille du duc et de la duchesse d’Albe, mais les meubles furent vendus. L’un des intérêts de ce livre doit être aussi de nous permettre de mieux voir cette demeure dont on voit l’allée et le portail mais que l’on distingue mieux de la mer ou du chemin piétonnier.
flabemont8
20 octobre 2014 @ 17:10
La villa et ses jardins sont très beaux . J’ignorais que l’impératrice était décédée en France . Il est également intéressant d’apprendre qu’elle a pu connaître ainsi les artistes qui allaient faire de la Côte d’Azur un creuset mondain et culturel .
Gérard
21 octobre 2014 @ 12:10
L’impératrice est décédée le 11 juillet 1920 au palais de Liria, le palais des ducs d’Albe à Madrid.
flabemont8
22 octobre 2014 @ 12:51
Merci, Gérard, de confirmer ce que je pensais .
Gérard
22 octobre 2014 @ 18:08
C’est le père de Ferdinand-Sigismond Bach, dit Ferdinand Bac, né à Stuttgart le 15 août 1859, qui serait le fils de Jérôme Bonaparte. Karl Philipp Heinrich Bach naquit à Großingersheim, près Stuttgart, le 30 janvier 1812 pour l’état civil, mais selon plusieurs historiens en fait en décembre 1811 (la date ne me paraît pas très sûre) et mourut d’une rupture d’anévrisme (ou d’un suicide ?) le 15 décembre 1870 à Stuttgart. Ce fut un clerc de notaire de confiance, depuis notaire, et qui en fut indemnisé, qui lui donna son nom, Philipp Heinrich Bach. Sa mère aurait été Sophia Caroline Schölderle, fille du barbier et maire de ce village, qui s’était mariée peu avant, le 10 juillet 1811 (Eddie de Tassigny, Les Napoléonides – L’album des Bonapartes, Généalogie de la Quatrième Dynastie).
Charles Henri Bach fut un grand voyageur, géologue, cartographe, paysagiste. Il avait été élevé avec les autres enfants que le couple eut après lui, il fut admis dans le Corps des gardes du Quartier général de la Cour de Wurtemberg puis fut bibliothécaire de la reine Hortense à Arenenberg. Il était proche de son fils Louis- Napoléon et participa à sa tentative de soulèvement de Strasbourg en octobre 1836 qui se termina par un échec, l’autorisation donnée au prince de quitter la France et l’acquittement de ses complices. À l’époque le fils de Jérôme avait abandonné le prénom de Philippe… Il fut ensuite capitaine dans l’armée wurtembergeoise. Il fut attaché au bureau royal de topographie et de minéralogie de Stuttgart et dirigea le bureau royal de cartographie de Louisbourg (Ludwigsbourg, Wurtemberg).
C’était un homme assez solitaire et studieux, au demeurant excellent dessinateur comme son fils le sera. Il épousa en premières noces le 17 novembre 1840 à Stuttgart Louise Odile Bezing. Il se maria en deuxièmes noces le 19 novembre 1849 à Großingersheim avec Maria Sabina Ludovica von Stetten (1817-1904), fille naturelle reconnue de Catherine Maurer, fille de meunier, et d’un officier, le baron Sigismund-Ferdinand von Stetten, né en Bohême en 1772, qui lutta 15 ans contre Napoléon puis participa au Congrès de Vienne et raconta ses souvenirs à son petit-fils. Le baron fut appelé « le vengeur de Marie-Antoinette » parce qu’il avait capturé pendant la campagne de France le célèbre maître de poste de Sainte-Menehould Jean-Baptiste Drouet, de surcroît régicide, et qui commandait alors des francs-tireurs.
Apparemment Madame Bach souhaitait la discrétion en ce qui concernait les origines de son mari. Néanmoins chaque année la famille séjournait en France au Palais-Royal ou à Saint-Cloud chez le roi Jérôme. Après la mort de son père le jeune Ferdinand continua ses études au lycée de Stuttgart puis parvint à se faire envoyer les terminer à Paris qu’il aimait tant et comme son père l’avait espéré.
Jérôme-Napoléon Ier était roi de Westphalie au moment de la naissance du futur capitaine. Il avait plusieurs maîtresses. L’une d’elles était la comtesse de Löwenstein-Wertheim-Freudenberg, épouse de Georg, comte héréditaire zu Löwenstein-Wertheim-Freudenberg (1775-1855), née comtesse Ernestine Luise von Pückler und Limpurg, fille de Friedrich, comte von Pückler und Limpurg, chef de la maison médiatisée, et de la baronne Luise Ernestine von Gaisberg-Helfenberg, née à Stuttgart le 24 juin 1784 et morte à Wertheim (aujourd’hui Bade-Wurtemberg) le 26 juin 1824. Son époux devait se remarier en 1827 à la comtesse Charlotte von Ysenburg-Büdingen in Philippseich (1803-1874). Les actuels princes de Löwenstein-Wertheim-Freudenberg, ne descendent pas de Georg, son fils Adolf qui lui succéda ayant fait un mariage morganatique.
La comtesse Ernestine était dame à la Cour de la reine Catherine et était venue en 1808 du même Wurtemberg. Son mari était chambellan du roi Jérôme. C’était, dit-on, une manœuvrière ambitieuse. Elle avait été distinguée par le roi puis délaissée mais elle persévéra. Au point que Jérôme aurait en octobre 1811 songé à répudier la reine pour l’épouser après l’avoir fait divorcer, ce que Napoléon lui interdit bien entendu, l’empereur était lassé de son frère assez souvent et de plus il admirait et aimait beaucoup la reine Catherine. Il devait plus tard l’admirer encore plus quand le roi de Wurtemberg voulut à son tour faire divorcer Catherine ce que bien entendu elle rejeta. Plus tard Jérôme revint à la charge pour au moins être autorisé à reconnaître l’enfant que la comtesse lui avait donné. L’empereur hésita, temporisa jusqu’à la chute de l’Empire avec laquelle le roi Jérôme fut bien aise de retrouver sa femme enfin enceinte et de s’installer avec elle à Paris en l’hôtel du Cardinal Fesch, l’ancien hôtel du président Hocquart de Montfermeil, rue du Mont-Blanc, aujourd’hui 68 rue de la Chaussée-d’Antin.
On dit aussi que c’est grâce à Ernestine que son beau-père fut le 19 novembre 1812 titré prince de comte qu’il était, par le roi de Bavière à la demande du roi de Westphalie. Le 27 février 1813 le titre princier fut également conféré par le roi de Wurtemberg, beau-père du roi Jérôme. C’est ainsi que plus tard à la mort du prince Johann Karl Ludwig le 16 février 1816 elle accéda avec son époux au rang princier. Au demeurant on se souvient que les Löwenstein sont une branche morganatique des Wittelsbach et qu’ils sont les aînés de cette maison.
La comtesse avait déjà eu des enfants. Celui-là n’apparaît pas officiellement dans les généalogies. Il est écrit qu’à cette époque le roi Jérôme fit partir la reine Catherine à Paris, pour la protéger de l’avance des Alliés mais aussi semble-t-il pour cacher la grossesse de la comtesse et éloigner Catherine des rumeurs qui couraient dans tout Cassel sur l’infortune (relative) du comte Georg. La raison officielle aurait été la préparation du couronnement de l’impératrice et du roi de Rome « dès que les soins de la guerre nous en laisserons le loisir ». Il me semble donc que notre cartographe a dû naître un peu plus tard que 1811 d’autant que si l’on en croit les chroniques officielles c’est bien à Cassel que la comtesse héréditaire donna naissance à deux enfants légitimes Oskar Ludwig le 16 juin 1811 (on voit mal comment elle aurait pu avoir un autre enfant en décembre de la même année, à la rigueur fin janvier, mais on pouvait très bien déclarer un enfant à une date approximative) et Archibald Ferdinand le 19 août 1813.
En fait il semble que lorsque la reine Catherine vint en France ce fut en mars 1813, ne cessant de s’inquiéter pour son époux et attendant leurs retrouvailles car elle fut toujours aimante et exemplaire particulièrement dans le péril. Jérôme ne la retrouvera qu’en novembre et arriva à Compiègne avec toute une cour qui comprenait aussi la Löwenstein, comme on disait, remise donc de ses dernières couches. L’empereur lui avait ordonné de se rendre en effet auprès de sa femme et non pas à Pont-sur-Seine où il comptait aller dans le château champenois de Madame Mère, ce château qui l’année suivante fut le quartier général du prince héritier Guillaume de Wurtemberg, le frère de Catherine, qui le fit incendier en partant…
Notons que le dernier enfant d’Ernestine, Archibald Ferdinand de Löwenstein, fut (aussi) attribué à Jérôme ; il devait mourir à Wertheim le 26 octobre 1819, à six ans donc.
Ferdinand Bac, naturalisé français en 1890, se maria en 1899 avec Alice Didier (1875-1960) dont il divorça en 1904. Ils n’eurent pas enfant. Alice Didier se maria quatre fois et Ferdinand était son troisième mari. Cependant Ferdinand Bac avait eu également des frères : du premier mariage de son père étaient nés Maximilien Bach en 1841 et Herrmann dit Armand Bach en 1842 qui fut sculpteur et se convertit au catholicisme (il était protestant). Du deuxième mariage naquit Alfred Bach en 1850 qui fut professeur d’université à Tübingen, se maria et eut postérité.
Il n’y a rien de sûr en ce qui concerne l’ascendance de Ferdinand Bac qui avait tous les talents, même si pour la plupart des gens il était bien le petit-fils du roi Jérôme (et de la comtesse). Certains ont cependant pensé qu’il pouvait être un fils du prince Eugène. Ses liens néanmoins avec la famille impériale paraissaient bien familiaux.
Bernadette Kälin
23 février 2018 @ 04:34
Merci Gérard
Pour ses indices si précieuses.
Je m’intéresse à Ferdinand Bac, ainsi qu‘ aux anciens propriétaires de Colombières à Menton et la fille de Madame Erika Jeanette Augusta Ladan-Bockairy, qui devrait habiter dans la région de Compiègne. Erika est décède le 2 janvier 1991 et son époux Monsieur Edouard Adolphe Ladan-Bockairy nous a quitté bien avant elle.
J’ai vécu pendant 11 ans au sud de la France, dans le département du Var. En automne 1990 j’ai habité chez Erika aux Colombières à Menton pendant quelques semaines, et le 2 octobre nous avons fête mon 34ième anniversaire ensemble. La maladie de Charlie était trop avance, il préférait être seul dans le cabano.
Mourichon
23 novembre 2023 @ 12:16
Bonjour Bernadette,
Je viens juste de lire ce très bon article, très bien documenté, qui m’a replongé dans mon enfance quand l’oncle Ferdinand me prenait sur ses genoux et me demandait « Que veux tu que je te dessine ? » je répondais un militaire et il me dessinait un magnifique polichinelle. Cela se passait a la surintendance a Compiègne chez mes arrières grand-parents Emile et Octavie Ladam-Bockairy.
Ce qui est amusant dans cette histoire c’est que nous avons habité une quinzaine d’années dans le Var a Toulon entre 1990 et 1995, nous sommes passé plusieurs fois au colombière.