La princesse Marie d’Orléans, duchesse de Wurtemberg (1813-1839) est mise à l’honneur dans l’exposition intitulée « Paris romantique, 1815-1848 » qui se tient actuellement au Petit Palais à Paris jusqu’au 15 septembre 2019. La seconde fille de Louis-Philippe était une artiste talentueuse, élève du peintre Ary Scheffer. La princesse est représentée sur ce portrait de Scheffer non pas en fille de Roi mais en artiste portant une simple robe de toile des ciseaux à la main. En plus d’être une sculptrice reconnue, la princesse Marie, pratiquait le dessin et l’aquarelle.
A l’exposition du Petit-Palais, on découvre plusieurs sculptures de la princesse Marie et notamment une sculpture en plâtre représentant un cavalier en tenue médiévale, avec un faucon posé sur sa main gauche, sautant une palissade (à droite sur cette photo) et une sculpture en plâtre également représentant une jeune cavalière montant en amazone accompagnée de son lévrier (à gauche sur cette photo).
Éleve de David d’Angers pour la sculpture, la princesse Marie d’Orléans est représentée ici par l’artiste Prosper Lafaye dans ses appartements des Tuileries et plus précisément dans le salon gothique avec un plafond à caisson qui évoque la Renaissance. Le mobilier de la princesse évoque la Flandre ou la Hollande des XVI ème et XVII ème siècles.
Ce tableau est évocateur du style gothique, remis à l’honneur par les romantiques vers 1830. Au centre du salon on peut admirer au coté de l’artiste un plâtre représentant une Jeanne d’Arc à cheval réalisée par la princesse dans un style médiéval. Hélas, la carrière de la princesse fut de courte durée puisque Marie mourut peu de temps après son mariage avec le duc Alexandre de Wurtemberg à l’âge de 25 ans laissant un bébé de cinq mois le jeune duc Philippe de Wurtemberg qui fut élevé par sa grand-mère la reine Marie-Amélie. (Merci à Charles)
COLETTE C.
1 août 2019 @ 08:42
La famille d’Orléans est une famille d’artistes : de nos jours encore, feu le comte de Paris et sa fille Marie.
Ludovina
1 août 2019 @ 08:57
Son fils, Philipp, herzog (duc) von Württemberg était l’arrière-grand-père de l’actuel chef de leur maison : Carl , herzog von Württemberg, époux de la princesse Diane d’Orléans.
Brigitte et Christian
1 août 2019 @ 10:14
bonjour à tous
Merci à Charles pour vr reportage sur la princesse Marie et son œuvre. C »est toujours un plaisir de lire ses reportages si bien documentés et instructifs . La famille royale de France présente de nombreux sujets intéressants que Charles met bien en valeur.
amitiés de Dracénie sous le soleil
clementine1
1 août 2019 @ 14:04
je me permets de joindre mes compliments pour Charles aux vôtres, chers Brigitte et Christian.
Charles
1 août 2019 @ 11:22
La princesse Marie, duchesse Alexandre de Wurtemberg avait beaucoup de talent, la Princesse possédait une sensibilité aux oeuvres, elle était extrémement cultivée, elle parlait cinq langues, ses lectures étaient source d’inspiration et elle collectionnait les meubles et les objets datant de la fin du Moyen-Age et du début de la Renaissance. Dommage que sa carrière fut si courte. On peut aujourd’hui découvrir quelques oeuvres de la Princesse Marie au château d’Altshausen, au château d’Eu, au château de Versailles, au château de Chantilly, au Louvre, au musée de la vie romantique à Paris et au musée de Grenoble. Une statue de marbre de l’ange de la Résignation réalisée par la Princesse orne son tombeau de la chapelle Royale Saint Louis de Dreux.
Luiston de Borbléans
1 août 2019 @ 12:27
Bonjour Monsieur Charles.
Je vous remercie pour ce reportage. Je me demande toutefois : comment se fait-il qu’elle soit enterrée à Dreux dans la nécropole de sa famille et non dans le tombeau familial de sa belle-famille ? Était-ce son souhait ?
Gérard
3 août 2019 @ 20:01
Comme on le sait la vie de Marie d’Orléans fut courte. Sa sœur Louise qui avait un an de plus et qui était sa meilleure amie, lorsque elle attendit son premier enfant demanda, si elle mourrait en couches, que Marie épouse Léopold. Marie avait semblé accepter de bonne grâce le mariage de sa sœur mais une amie la trouva désespérée après le départ de celle-ci : « Je savais que jamais Louise ne consentirait à se marier si elle pouvait deviner la centième partie du chagrin que j’éprouve. »
Alfred de Vigny après un dîner au Palais-Royal le 11 février 1831 écrivit : « Elle était charmante de traits, de grâce et de maintien, un profil grec, d’une finesse athénienne, une taille délicate, élancée, élégante, l’aisance de bon goût, l’abandon de maintien des femmes accoutumées aux hommages, l’attention dans le regard qui décèle une supérieure intelligence exercée au travail des arts et de la pensée. »
Il y eut des projets de mariage notamment avec le grand-duc de Toscane et le comte de Syracuse frère du roi de Naples, ce dernier projet fut très avancé mais la famille royale de Naples imposa des conditions financières inacceptables, le comte de Syracuse était désespéré et voulait que son frère laisse sa dot à Marie mais ce fut en vain, finalement la reine Louise qu’elle aimait tant parla à sa sœur d’un neveu du roi des Belges le duc Alexandre de Wurtemberg qui lui fut présenté à Neuilly et après quelques jours elle donna son consentement. Il était petit-fils du duc François de Saxe-Saalfeld-Cobourg. Le fiancé paraissait un peu lourd mais il était bel homme. Elle l’aima. Elle écrivait à Nemours : « Il est impossible d’être meilleur qu’Alex et et je ne doute pas qu’il ne soit un appui de plus dans l’union si précieuse à conserver de notre famille. »
Ils se marièrent au Grand-Trianon en présence des souverains belges puis partirent habiter le château ducal de Cobourg où la duchesse fut très bien accueillie car on n’avait pas l’habitude d’y voir des françaises, et quelques semaines après ils firent leur présentation à la cour de Wurtemberg où ils furent très chaleureusement reçus notamment par la sœur du roi qui était la veuve de Jérôme Bonaparte, ses deux fils et sa fille Mathilde. Puis ils s’établirent à Gotha où ils furent heureux pendant un temps trop bref.
Le 26 janvier 1838 le feu prit au rideau de la chambre alors que la princesse était couchée – on a dit qu’elle avait renversé son bougeoir sur l’oreiller – et tout le pavillon brûla ; il faisait très froid dehors, -18°, et le duc avait eu le temps d’envelopper sa femme dans une couverture et de la porter dans une maison voisine mais cet un incendie aggrava avec une bronchite chronique son état de santé qui s’avérait délicat depuis quelques temps, en fait elle subissait les premières attaques de la tuberculose dont elle mourut l’année suivante. La princesse avait aussi perdu ses carnets de dessins et évidemment tous ses biens les plus privés, par ailleurs comme elle était enceinte elle préféra aller accoucher chez ses parents et s’installa en mars 1838 dans un pavillon du château de Neuilly que le roi avait fait aménager pour elle et qu’on appela le pavillon de Wurtemberg.
Ce pavillon est la seule partie du château de Neuilly qui subsiste et c’est aujourd’hui la maison Sainte-Geneviève de l’Institution Saint-Dominique.
C’est là que naquit le 30 juillet le duc Philippe l’ancêtre de la maison royale de Wurtemberg actuelle. La princesse savait la gravité de son état mais s’efforçait d’être d’humeur égale. Les médecins lui conseillèrent de passer l’hiver en Italie et elle quitta Paris le 3 novembre faisant ce qui devait être ses adieux à sa famille à Fontainebleau et priant dans la chapelle dont elle avait dessiné les vitraux. À Gênes l’ambassadeur de Sardaigne à Paris avait mis à sa disposition une villa mais l’humidité du climat la poussa ensuite vers Pise où elle put encore dessiner des figures de la Vierge et de l’Enfant Jésus, après avoir rapidement visité les monuments de la ville.
Musset qui avait été l’ami et le condisciple au lycée Henri IV du duc d’Orléans consacra trois strophes à Marie dans le poème Le 13 juillet écrit pour le premier anniversaire de la mort de Ferdinand.
Le duc de Nemours prévenu de l’état de santé de sa sœur accourut à Pise au palais Vitelli sur l’Arno où la princesse était entourée du marquis de Rumigny, ambassadeur de France à Turin, du général Boyer et de la baronne von Speth une amie des Saxe-Cobourg qui vivait avec la princesse depuis son mariage. Nemours a rapporté les derniers instants de la vie de la princesse. Celle-ci était animée d’une foi intense. L’un de ses derniers gestes fut de donner à son mari sa chaîne d’or avec une petite médaille de la Vierge qu’elle portait toujours. Elle le supplia de devenir catholique et d’élever dans la foi catholique leur fils ce qu’il devait faire. Elle mourut à moins de 26 ans le 2 janvier 1839.
La reine put dire : « Marie était trop parfaite pour ce monde ; nous ne la comprenions pas ; elle planait trop au-dessus de nous. »
Son père le roi écrivit à la duchesse de Talleyrand : « Rien ne comblera jamais le vide que laisse dans notre intérieur celle que nous pleurons et que parfois je ne puis croire que nous ne reverrons
jamais. »
Ce que Marie aurait souhaité c’était de faire des visites c’est-à-dire rencontrer l’imprévu :
« Aller chercher la distraction qu’on veut, à l’heure où elle convient, n’en prendre que ce qui plaît […], causer de tout avec tout le monde, sans gêne et sans responsabilité… »
Cependant Marie avait toujours une tendance à la mélancolie qui fut aggravée par le mariage de Louise et c’est pourquoi la reine souhaita tant la voir mariée et mère de famille en pensant qu’elle serait ainsi heureuse.
En octobre 1836 Marie écrivait : « Je compte sur le repos dans l’autre vie. J’en ai tant besoin… Mon moral est si usé, mon physique quelquefois si détraqué, que souvent je m’arrête effrayée à la vue de la continuité de la lutte. Il faut cependant tenir ferme, pour me reposer un jour. Mais j’ai besoin pour cela de toutes les grâces de Dieu, de tout l’appui de ceux qui m’aiment. Je suis si seule dans ma vie morale. »
Le duc aurait pu demander que son épouse soit inhumée dans la nécropole familiale mais comprenant la douleur de sa famille il accepta l’inhumation à Dreux qui eut lieu le 27 janvier en présence de toute la famille à l’exception du prince de Joinville dont la flotte assiégeait au Mexique la Vera-Cruz afin de libérer des navires de commerce français.
Joinville n’apprit la nouvelle qu’à son retour en France : « C’était notre premier deuil de famille, le premier vide dans cette nombreuse bande de frères et de sœurs si tendrement unis. »
On plaça donc sur le mausolée de la princesse une statue qu’elle avait sculptée l’Ange de la Résignation.
Guizot devait écrire : « Ils étaient certainement, le duc d’Orléans et elle, les plus brillants et les plus populaires de la famille royale, et ils sont morts tous deux dans la fleur de leur popularité et de leur jeunesse, devant les perspectives du plus bel avenir. »
À Altshausen le château de Philippe on retrouve beaucoup de souvenirs de Marie et notamment un mobilier néogothique venu des Tuileries et une très riche bibliothèque ainsi que son portrait par Winterhalter.
Le palais Vitelli où la princesse mourut est actuellement propriété de l’Université de Pise et abrite des expositions.
Le duc Alexandre (1804-1881) avait été aussi l’un des prétendants de la reine Victoria à laquelle il rendit visite avec son frère Ernest et ils furent tous deux très appréciés pour leur amabilité.
Louis-Philippe conféra à son gendre la qualité d’altesse royale par ordonnance du 20 mai 1843 qui s’étend également à son fils.
Le duc vécut jusqu’en 1881 et il repose dans la crypte du nouveau cimetière de Bayreuth.
Il s’était remariée morganatiquement en 1868 avec Katharina Amalie Pfennigkaüfer que l’on appelait Emilie et qui avait été créée en 1865 dame von Meyernberg. On ne semble pas retrouver l’anoblissement dans les archives Wurtemberg et il serait peut-être un anoblissement belge. Cette dame repose auprès de son mari. Elle était fille d’un médecin et était divorcée en 1856 du maître pâtissier de Francfort Jean Conrad Kirsch (1800-1863). Elle vécut du 31 juillet 1829 au 31 mars 1915. Cette deuxième épouse fit donation à la ville de Beyreuth de son vaste palais Reitzenstein qui est devenu l’hôtel de ville et a été détruit par les bombardements alliés de 1945. L’acte de sépulture la déclare duchesse. L’Allemagne dynastique comporte de longs développements à son sujet.
Ludovina
4 août 2019 @ 13:04
Grand merci Gérard.
Gérard
5 août 2019 @ 20:32
Merci Ludovina.
Merci Luiston.
Luiston de Borbléans
4 août 2019 @ 14:50
Merci Monsieur Gérard. Grâce à vous j’ai eu la réponse à mon questionnement concernant le lieu de sépulture de cette princesse.
Maria
3 août 2019 @ 11:32
Merci Charles pour ce sujet interessant sur la princesse Marie d’Orléans ainsi que pour toutes vos interventions sur noblesse et royautés.
Muscate-Valeska de Lisabé
1 août 2019 @ 15:51
Un tableau triste,sans charme,sans vie,témoignant d’un monde intérieur bien gris.
Mary
2 août 2019 @ 00:31
Elle a eu une vie bien courte,la pauvre !