Le 10 mai 1717, le tsar Pierre le Grand se rend à Versailles où il rencontre le jeune roi Louis XV âgé de 7 ans. L’assistance est surprise par l’attitude de Pierre le Grand qui prend l’enfant dans ses bras avec beaucoup de tendresse.
Voici le commentaire artistique de cette oeuvre : « L’œuvre de Louise Hersent est empreinte d’une grande délicatesse, faisant de ce regard qui unit les deux personnages principaux un lien quasi familial. Plutôt que de réduire la figure de Louis XV à celle d’un enfant, elle donne au contraire une idée d’égalité entre les deux personnages qui se retrouvent à la même hauteur et donne au geste de Pierre le Grand la marque d’un grand respect envers le jeune souverain. »
Louise-Marie-Jeanne Hersent, Louis XV visite Pierre le Grand, 10 mai 1717, 1838-1840, huile sur toile, château de Versailles.
Pistounette
23 février 2021 @ 00:51
En effet, le Journal de la Régence dit que « Le Czar baisa les mains du Roi, l’embrasse tendrement, mania sa chevelure blonde, et parut charmé de voir un si beau prince. Le Roi le complimenta sur sa bienvenue en France, avec une gravité et une présence d’esprit dont chacun fut étonné aussi bien que le Czar »
Ils se reverront plusieurs fois avant que « sa majesté czarienne » reparte. Mais cette embrassade restera dans les mémoires comme le moment clé d’un voyage véritablement historique.
Caroline
23 février 2021 @ 20:05
Cette scène est étonnante , les chroniqueurs à cette époque ont su décrire la rencontre ‘ décontractée ‘ entre Pierre le Grand et le petit roi Louis XV !
Philibert
23 février 2021 @ 00:56
J’ajouterais au commentaire que Louis XV semble faire plus que son âge, ce qui met encore davantage les deux souverains sur un pied d’égalité.
DEB
23 février 2021 @ 06:34
Le 6 février 2017, on avait évoqué ici le voyage du tsar Pierre le Grand en France.
Roxane
23 février 2021 @ 08:48
Très beau tableau… De l’émotion et de la dignité 🙏
Charlotte (de Brie)
23 février 2021 @ 09:17
Très bonne interprétation de ce geste de Pierre le Grand : réflexe quasi naturel d’un adulte prenant un enfant dans ses bras, mais aussi volonté d’un monarque de montrer l’égalité de rang entre deux souverains, la taille n’entrant pas en ligne de compte.
Aujourd’hui, on a plutôt tendance à se mettre à la hauteur de l’enfant, plutôt que de le hisser à la nôtre, mais l’intention reste la même.
BEQUE
23 février 2021 @ 09:31
J’ai lu que c’était dans l’hôtel de Lesdiguières – propriété du maréchal-duc de Villeroy, gouverneur de Louis XV – que Pierre le Grand avait soulevé le jeune Louis XV dans ses bras avec ces mots : « Sire, ce n’est pas le baiser de Judas » et qu’en observant le petit roi, âgé de sept ans, il eut l’idée de le marier avec sa fille cadette, Elisabeth. Saint-Simon rapporte : « On fut étonné de voir le tsar prendre le roi sous les deux bras, le hausser à son niveau, l’embrasser ainsi en l’air, et le roi à son âge, et qui n’y pouvait pas être préparé, n’en avoir aucune frayeur. »
Jean Pierre
23 février 2021 @ 09:39
Saint Simon et La Palatine évoquent longuement cette rencontre.
Pierre-Yves
23 février 2021 @ 11:33
J’avoue que cette scène me met un peu mal à l’aise. On pourrait croire que le jeune Louis XV est infirme. L’ambiguïté réside aussi dans le fait qu’à 7 ans, il est vêtu comme un homme. On a donc l’impression que c’est un petit adulte miniature que porte PIerre Le Grand. Bref, c’est étrange.
Guy Coquille
23 février 2021 @ 17:19
C’était la coutume d’habiller les garçons en filles jusqu’à l’âge de cinq ans, et ensuite comme les adultes. Jusqu’au milieu du XVIII° siècle, ce que nous entendons par « enfance » n’existait pas. Beaucoup de philosophes estiment que cette notion est une création bourgeoise.
Leonor
23 février 2021 @ 11:56
Ah oui, j’ai lu une description de cette scène quelque part . Mais où donc ? Me souviens plus. ( Je ne parle pas du tableau, mais de la scène elle-même).
Un texte qui expliquait ( je cite grosso modo, et de mémoire) que, le tsar, tout grand qu’il était physiquement, voulait faire entrer la Russie et lui-même dans la cour des Grands , entendez par là les grands royaumes occidentaux ; et que cette rencontre avec le roi de Franc lui-même , tout enfant qu’était encore celui-ci, était le symbole de ce statut en cours de formation.
Sorry, comme dit, je ne saurais pour l’heure citer la référence de ce texte. Pas le temps de faire de l’archéologie dans ma paperasse.
Alix-Emérente
23 février 2021 @ 14:48
Les visages autours sont bienveillants, presque émus, attendris… Louis XV a toujours été très beau et cette beauté a sans doute aussi impressionné Pierre Le Grand.
Gérard
23 février 2021 @ 18:06
À Paris le 10 mai 1717 Pierre le Grand a jugé trop somptueux les appartements d’Anne d’Autriche du Louvre qui avaient été mis à sa disposition et s’est installé à l’hôtel de Lesdiguières au Marais qui avait été réservé pour la suite du tsar et où il a fait mettre son lit de camp. Ce 10 mai donc le roi qui a sept ans vient en carrosse lui rendre visite depuis les Tuileries et quand le tsar voit le carrosse arriver dans la cour d’honneur Pierre s’approche, il soulève l’enfant et l’embrasse. Les courtisans sont un peu stupéfaits mais le tsar a agi avec beaucoup de naturel et l’assistance s’attendrit puis ce géant entre dans l’hôtel avec le roi et ils vont deviser un quart d’heure avec l’aide d’un interprète.
Pour entrer dans l’hôtel Pierre a cédé la droite au roi. À l’intérieur deux sièges semblables sont réservés aux souverains et les deux princes sont accompagnés par le prince Alexandre Borisovitch Kurakine, traducteur, et le maréchal duc de Villeroy gouverneur de Louis. Ils se reverront plusieurs fois au cours de ce séjour qui durera deux mois puisque Pierre voulait copier le programme de modernisation de la France pour son pays qu’il avait lancé dans le siècle déjà depuis longtemps. Pierre a déjà beaucoup voyagé en Europe mais le régent a fini par l’inviter en France en 1717. Néanmoins un projet de mariage entre Louis XV et la fille de Pierre, Anna Petrovna future duchesse de Holstein-Gottorp, n’eut pas de suite, mais un traité d’amitié est signé entre la Russie, la France et la Prusse qui reconnaît les conquêtes russes près de la Baltique.
Le tableau est dû à Louise Marie-Jeanne Hersent-Mauduit (1784-1862), il est donc appelé Louis XV enfant visite le Tsar Pierre Ier le Grand à l’hôtel de Lesdiguières, le 10 mai 1717. C’est une huile sur toile peinte entre 1838 et 1840 commandée pour les galeries historiques de Versailles et payée
3 000 francs par Louis-Philippe qui l’envoie à Versailles.
Le lendemain le 11 mai à 16h à 16h Pierre se rend aux Tuileries pour rendre sa visite au roi puis passe la soirée au Palais/Royal avec la princesse palatine mère du régent. Le régent au matin du 27 avril était venu saluer le roi l’avant-veille de la visite de Louis XV.
L’hôtel de Lesdiguières appartenait au maréchal de Villeroy qui l’avait somptueusement garni de meubles pour cette visite qui aujourd’hui est rappelée sur une plaque au numéro 10 de la rue éponyme car l’hôtel lui-même a été détruit en 1877 lors du percement du boulevard Henri IV.
Leonor
24 février 2021 @ 13:14
J’aurais bien aimé être une petite souris, et assister à l’entrevue Pierre le Grand – Princesse Palatine.
Ca devait être …. géant . :-))
Gérard
25 février 2021 @ 15:07
Peut-être parlaient-ils en allemand.
PATRICIA
23 février 2021 @ 21:11
Beau passage de l’Histoire
Hervé J. VOLTO
24 février 2021 @ 16:20
Tout celà démontre la bonté d’âme de Pierre le Grand et la dignité du petit Louis XV.
Cosmo
24 février 2021 @ 22:24
La bonté d’âme de Pierre le Grand…je n’irai pas jusque-là.
Gérard
24 février 2021 @ 17:32
Il manqua de bonté d’âme pour son fils qu’il fit torturer et exécuter…
Gérard
24 février 2021 @ 17:34
C’était un an mois plus tard.
Gérard
25 février 2021 @ 15:07
Un an.
Anne-Cécile
25 février 2021 @ 09:19
Le Tsar voulut aussi rencontrer la veuve du Roi Soleil.
Mme de Maintenon, fort prévenue à l’égard de tout exotisme, déclina autant qu’elle pût cette visite.
Quand la Cour l’eut assurée qu’on ne pouvait dire non à un Tsar, la pauvre se réfugia dans son lit, certaine qu’on n’entrerait pas sa chambre.
Bien mal lui en prit.
Le Tsar monta à sa chambre, fit écarter les tentures et observa affligé la vieille dame en lui demandant de quoi elle souffrait.
Revenu en Russie, il fit leçon aux femmes de sa famille sur où menaient la putasserie et la bigoterie.
Gérard
25 février 2021 @ 22:11
Comme vous allez Anne-Cécile…