Ce citoyen du Bhoutan âgé de 50 ans, a marché pendant 3 jours à travers les montagnes pour arriver de son village à la capitale et pouvoir réaliser son voeu : voir le prince héritier !
Splendide….en toute simplicité.
Pas de gardes du corps, de garde très rapprochée.
Cela ne m’étonne pas, quand le Bouthan est élu le pays où il fait bon vivre ?
Dradomir : une petite indication sur les points de départ et d’arrivée me plairait beaucoup.
Mon modeste record : 35 km en une journée dans le Cantal ; pas une marche forcée, des haltes : sieste, casse-croûte, visite d’endroits intéressants, discussions avec l’habitant, de merveilleuese vacances en somme.
Il est clair qu’ils ne semblent pas avoir les mêmes valeurs que les nôtres.
Je précise que je connais peu de chose concernant le Bhoutan et que je vais m’informer.
dans d’autres pays, on se serait fait refouler à l’entrée :)
Il donne envie de s’exiler ce beau pays ;) Quelle simplicité !! Un vrai bonheur de voir chacune de leurs photos !
« Le Bhoutan : le pays du bonheur décrété
Jeudi 20 Août 2015 à 5:00
Alexandre Coste
« There’s no alternative » disait Margaret Thatcher, dame de fer du Royaume-Uni. Pourtant certains pays ont essayé et parfois réussi à imposer un autre modèle que le tout-libéralisme. Cette semaine Marianne propose un tour du monde de ceux qui ont essayé une autre voie. Petit pays coincé entre les deux géants que sont la Chine et l’Inde, le Bhoutan s’est fait connaître à l’international en vantant son système de « bonheur National Brut », un indice qui prend en compte le bien-être de sa population.
STEVENS FREDERIC/SIPA
Le Bhoutan est un petit pays asiatique, niché au pied de l’Himalaya, qui partage ses frontières avec la Chine et l’Inde. Avec des voisins aussi imposants, le Bhoutan a dû lutter tout au long de son histoire afin de préserver sa parcelle de territoire. De par sa difficile accessibilité et son autarcie volontaire afin de protéger une identité fragile, le pays est demeuré longtemps très isolé. Ce n’est qu’en 1971 que le Bhoutan intègre officiellement les Nations unies et seulement en 1981 que le premier aéroport est construit sur le territoire.
Une grande partie de l’histoire du Bhoutan a été perdue lors de l’incendie de son ancienne capitale, en 1827. Toutefois, il existe des traces attestant de présence humaine sur le territoire à l’époque de l’Antiquité. Jusqu’au 17e siècle, le pays n’est rien d’autre qu’un ensemble de fiefs miné par les conflits entre ses seigneurs locaux. En 1616, un moine tibétain en exil s’installe au Bhoutan. Il parvient à unifier le pays et instaure un système de double gouvernance, à la fois spirituelle et administrative, qui prévaudra jusqu’à aujourd’hui.
Bonheur national brut
Le Bhoutan s’est fait connaître sur la scène internationale par la création du « bonheur national brut », un indicateur qui diffère du classique Produit National Brut utilisé par la majorité des gouvernements afin de mesurer l’état de richesses de leurs citoyens. En effet, le BNB prend en compte le niveau de bonheur de ses habitants en se basant sur quatre principes fondamentaux : la croissance et le développement économique responsables, la conservation et la promotion de la culture bhoutanaise, la sauvegarde de l’environnement et la promotion du développement durable et, enfin, la bonne gouvernance responsable.
En ce qui concerne la sauvegarde de l’environnement, il est difficile de nier les efforts déployés. Afin de se prémunir contre le tourisme de masse, le Bhoutan ne délivre qu’un nombre limité de visas chaque année et dans la majorité des cas, ceux-ci s’obtiennent par l’intermédiaire des tour-opérateurs locaux. Il faut aussi mentionner l’engagement constitutionnel de réserver au moins 60% du territoire aux forêts et autres zones boisées et le fait que chaque premier dimanche du mois, les voitures sont priées de rester au garage. Ces mesures vont de pair avec le « développement économique responsable », puisque le gouvernement défend les paysans et l’économie locale, et confie la gestion des forêts aux communautés rurales les plus pauvres. Les progrès en provenance de l’étranger sont minutieusement étudiés par la « commission du bonheur » qui décide s’ils sont solubles ou non dans le concept de « bonheur national ». C’est ainsi que la télévision par satellite et internet ne sont autorisés que depuis 1999.
Parmi les autres mesures à mettre au crédit du pays, il convient de mentionner l’absence totale de panneaux publicitaires, l’interdiction de la vente de cigarettes, l’interdiction des chaînes de fast-food ainsi que l’éducation et les soins gratuits pour tous.
Au niveau de la « gouvernance responsable », le fait le plus marquant de ces dernières années est la modification du système de monarchie absolue en une monarchie constitutionnelle. Cette évolution, que l’on doit à l’ancien roi du Bhoutan, un réformiste qui a abdiqué en faveur de son fils en 2008, a ironiquement été accueillie de façon mitigée par la population. Mais l’idée démocratique a fait son chemin et aujourd’hui, le Premier ministre en poste est un membre du parti d’opposition.
Derrière le sourire…
Malgré ce tableau idyllique, tout n’est pas parfait au pays du bonheur. Dans les années 80, le roi a lancé le programme « une nation, un peuple » qui a imposé la culture des bhoutanais d’origine tibétaine (langue, vêtements traditionnels) au détriment de ceux d’origine népalaise, qui représenteraient entre 20 et 50% de la population. Des manifestations antigouvernementales éclatent alors dans tout le pays. Les Lhotsampas (une ethnie hindouiste originaire du nord du Népal) arrivés après 1958 sont déchus de leur nationalité bhoutanaise et deviennent non seulement immigrés clandestins au Bhoutan, mais en plus apatrides, car le Népal ne veut pas d’eux non plus. Les Etats-Unis accueilleront sur leur territoire 80% de ces réfugiés dans le courant des années 2000.
Outre cette polémique, qui vient ternir l’image d’un pays tout en béatitude, le Bhoutan doit aujourd’hui faire face aux affres de la mondialisation, et ce malgré les efforts déployés pour la contenir. La fièvre consumériste s’est emparée de la population et certains n’hésitent pas à s’endetter lourdement afin d’acquérir les derniers gadgets à la mode. Les plus jeunes délaissent les campagnes et viennent grossir le rang des chômeurs dans les grandes villes, rêvant d’un avenir meilleur. En résultent des problèmes d’insécurité, d’alcoolisme et de consommation de drogues. Et le parc automobile a tellement augmenté ces dernière années que la population découvre les joies des embouteillages aux heures de pointes, qui mettent à l’épreuve les nerfs des bouddhistes les plus zen…
Enfin, le « bonheur national brut » masque une réalité économique peu reluisante : 25% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, selon les critères de l’ONU. Et en creux de la volonté affichée par le gouvernement de mettre en place une agriculture 100% bio d’ici 2020, il ne faut pas faire l’impasse sur les problèmes de sous-alimentation qui touchent une partie de la population.
Mais en dépit de ces revers, absolument inévitables à moins de croire que le bonheur est un état qui peut être décrété, pour la journaliste Marie-Monique Robin, auteure du documentaire Bhoutan : au pays du Bonheur national brut, il y a tout de même dans ce pays « un effort sincère de penser autrement ». C’est déjà beaucoup. «
Merci Gibbs pour toutes ces précisions.
Pour ma part, j’ai lu un article assez long sur les projets de développement de barrages hydroélectriques qui vont considérablement abîmer l’image du pays… Pas d’étude sérieuse de faite, déplacements de populations, impact environnemental à tous les étages. Et tout ça parce que l’Inde en a besoin et que ça gonflerait les caisses du royaume.
Le gouvernement bhoutanais dit bien sûr que tout est fait dans les règles, mais des ONG qui enquêtent sur le terrain disent le contraire. Et on n’a pas de raison de croire qu’un pays sous-développé économiquement, avec une population encore pauvre, ferait les choses dans les règles, il y a trop d’exemples dans le monde qui prouvent le contraire. Surtout quand le voisin est aussi grand et puissant, la pression est forte de le satisfaire.
Dominique – Gibbs ,difficile de vous dire merci pour cet intéressant article car il fait exploser la bulle de béatitude que je croyais flotter au dessus du Bhoutan . Penser autre ment d’accord ,mais quelle est la force de la pensée face à la mondialisation ? .Surtout quand toutes les pensées apparemment ne sont pas convergentes.Je suis triste car en fin de compte c’est une attitude baba-cool ,post soixanthuitarde .utopiste.Zut ,zut et zut je suis déçue d’avoir cru en un pays meilleur.Sans rancune .
Merci, Dominique-Gibbs.
Evidemment, la perfection n’étant pas de ce monde… jolies images tout de même et cet admirateur fervent est très sympathique.
Cordialement
Quelle belle photo, …..
J étais très surpris par ailleurs de voir que la reine avait un sac Birkin jaune de chez HERMES qu’elle porte quand elle voyage ….. a 8/9000 euros pièces …….
Il est vrai qu elle ne semble pas avoir beaucoup de bijoux de grande valeur.
Merci à Dominique Gibbs pour ce rappel très concis et je pense « honnète » de la situation de ce très beau pays.
Le problè me des Népalais n’était il pas un classique problème d’immigration que les Bouthanais ont réglé d’une façon certes sévère mais éfficaces pour préserver leur identité?
Du peu que j’en sais , les monarchies « tibétaines » , Boutan, Laddak , Mustang avaient toutes ce caractère de simplicité et de proximité .
Il y a ou il y avait dans ces pays des riches et des pauvres , mais compte tenu de la faible quantité d’argent circulant , de l’importance des échanges en nature , de la frugalité imposée par les conditions naturelles et sans doute aussi de l’influence du boudhisme tibétain , les différences entre riches et pauvres étaient moins mal vécues que dans nos pays.
J’espère que le royaume du Bouthan survivra aux menaces évoquées et qu’il préservera cette qualité de vie qui commence à tellement nous faire défaut en Occident .
Ne serait-ce que pour nous permettre de réfléchir….
Cet homme est Kezang Dorji et il vient de traverser presque tout le pays depuis Merak dans l’est du royaume, un village d’une centaine de maisons à 3500 mètres d’altitude, il tient à la main son chapeau de cérémonie le tsipee cham, comme on en porte dans ce pays des Brokpa, « les hommes des pâturages », 3 à 4000 personnes, des éleveurs semi-nomades qui ont leur propre langue.
C’est un béret en poils de yak à cinq petites cornes qui serviraient de gouttières dans cette région très humide. La légende dit que ce peuple descend de Garuda l’oiseau divin et que le couvre-chef en rappelle le plumage.
Merci Gérard. Il a fait un geste magnifique en parcourant ces km juste pour voir le prince héritier. Ce sont des moments que l’on croit révolus mais qui vous font toujours espérer de la nature humaine
En effet, c’est à se demander si la reine ne tient pas une poupée dans ses bras. Cela me rappelle le film de 1939, « Tarzan trouve un fils », où l’on voit les chimpanzés se balancer le bébé (le futur Boy) jusqu’à ce que Cheetah le récupère. Cela m’y fait songer car, dans ces scènes, on ne voit du bébé rien de plus que ce que l’on peut voir du prince héritier du Bhoutan. ;-)
Shabdrung Ngawang Namgyel est considéré comme l’unificateur du royaume du Bhoutan.
Il vécut de 1594 à 1651 et il était un lama bouddhiste tibétain. Il est considéré également comme le père de l’identité culturelle du Bhoutan.
Membre de la famille princière des Gya, il était aussi depuis sa jeunesse le 18e abbé de Ralung, le grand monastère drukpa du sud du Tibet et son prince héréditaire. Sa fête nationale tombe le 10e jour du troisième mois du calendrier bhoutanais. Cette fête qui est anniversaire de sa mort est appelée le Shabdrung Kuchoe. Cette année elle aura lieu le 16 avril et sera particulièrement solennelle puisque c’est l’année du 400e anniversaire de l’arrivée du fondateur dans le pays, c’est en effet en 1616 qu’après des visions et alors qu’il était menacé par ses rivaux, il a quitté le Tibet pour s’installer dans l’ouest du Bhoutan proche, et il prit donc le nom de Shabdrung c’est-à-dire « aux pieds duquel on se soumet ».
Le premier ministre Tshering Tobgay a donc annoncé que la cérémonie de désignation de son altesse royale le dire le gyalsey aurait lieu le même jour, il recevra donc son nom à Punakha, au palais, le Punakha Dzong , ou Pungtang Dechen Photrang Dzong, c’est-à-dire le palais du grand bonheur, qui date de cette époque (1637-1638). En effet selon une tradition Ngawang Namgyel, le premier Shabdrung Rinpoché, eut une vision sur cette colline d’un tronc d’arbre et d’un éléphant et il comprit que c’est là qu’il devait bâtir le palais.
Ce palais a subi au cours des siècles un tremblement de terre et plusieurs incendies mais il a été chaque fois rebâti et c’est là qu’ont lieu les couronnements des rois et c’est là qu’a eu lieu le mariage des parents du jeune prince héritier.
Le premier ministre a profité de l’occasion pour annoncer une augmentation de 135 % de l’allocation des danseurs et des chanteurs compte tenu de l’inflation et de ce que la profession des chanteurs et des danseurs est menacée dans sa survie même ce qui serait catastrophique pour les traditions du pays. L’augmentation permettrait aux membres de cette corporation qui est payée par le gouvernement de recevoir 2 000 ngultrum bhoutanais par mois ce qui devrait représenter à peu près 27 €…
Revenant toujours sur mes articles préférés, j’ai pu découvrir votre contribution du 9
mars : mieux vaut tard que jamais, merci Gérard et merci à Régine d’avoir créé N & R.
jos
7 mars 2016 @ 07:01
Splendide….en toute simplicité.
Pas de gardes du corps, de garde très rapprochée.
Cela ne m’étonne pas, quand le Bouthan est élu le pays où il fait bon vivre ?
clementine1
7 mars 2016 @ 08:09
Quel beau voyage !
ciboulette
7 mars 2016 @ 18:19
Sans ampoule aux pieds , surtout !
clementine1
8 mars 2016 @ 08:20
Ciboulette, au temps de ma jeunesse folle j’ai fait beaucoup de marche pieds nus, sans ampoules ou blessures.
fanie
7 mars 2016 @ 08:42
C’est vraiment un autre monde, ce n’est pas en Europe qu’on verrait ça!
dradomir
7 mars 2016 @ 14:19
??? Euh…. ben si ! J’ai bien fait 43 km pour affronter belle-maman !
Oups !
Merci de lire « pour faire la connaissance de belle-maman »….
ciboulette
7 mars 2016 @ 18:16
A pied comme ce monsieur , Dradomir ? Vraiment ?
Nania
7 mars 2016 @ 19:44
MDR!!
clementine1
8 mars 2016 @ 08:18
Dradomir : une petite indication sur les points de départ et d’arrivée me plairait beaucoup.
Mon modeste record : 35 km en une journée dans le Cantal ; pas une marche forcée, des haltes : sieste, casse-croûte, visite d’endroits intéressants, discussions avec l’habitant, de merveilleuese vacances en somme.
dradomir
8 mars 2016 @ 12:33
Nan Ciboulette (tiens c’est joli comme pseudo… :) ) j’avais pris mes précautions des fois qu’il faille ………. fuir !
Bon ok, ok….
ciboulette
8 mars 2016 @ 18:34
Merci pour le compliment et félicitations pour votre prévoyance ! :-))
Mélusine
7 mars 2016 @ 16:08
En effet, fanie. Nous sommes plutôt « cadenassés ». Corps et âmes.
Vive le Bouthan et sa famille royale souriante et affable.
Mélusine
7 mars 2016 @ 16:09
Bhoutan, bien sûr.
annie
7 mars 2016 @ 09:04
la reine sourit dommage qu’on ne la voit pas ,
jos
7 mars 2016 @ 14:29
Comment voyez-vous qu’elle sourit, si vous ne la voyez pas ?
Quelque chose m’échappe !
Dominique-Gibbs
7 mars 2016 @ 09:53
Jos, ici je partage totalement votre commentaire.
Il est clair qu’ils ne semblent pas avoir les mêmes valeurs que les nôtres.
Je précise que je connais peu de chose concernant le Bhoutan et que je vais m’informer.
Très belle image.
Dominique-Gibbs
7 mars 2016 @ 09:54
peu de choses et très belle photo…
juliette1807
7 mars 2016 @ 10:36
dans d’autres pays, on se serait fait refouler à l’entrée :)
Il donne envie de s’exiler ce beau pays ;) Quelle simplicité !! Un vrai bonheur de voir chacune de leurs photos !
Eos
7 mars 2016 @ 11:59
Est-ce qu’il tient un cadeau pour le petit prince ? Cela ne ressemble pas vraiment à un couvre-chef qu’il aurait ôté.
Anastasia A
7 mars 2016 @ 13:04
Beaucoup de respect à l’égard » d’un homme du peuple » . Autre continent , autres habitudes, autres moeurs
Dominique-Gibbs
7 mars 2016 @ 13:32
Source « Marianne » 20/08/2015
Alexandre Coste
« Le Bhoutan : le pays du bonheur décrété
Jeudi 20 Août 2015 à 5:00
Alexandre Coste
« There’s no alternative » disait Margaret Thatcher, dame de fer du Royaume-Uni. Pourtant certains pays ont essayé et parfois réussi à imposer un autre modèle que le tout-libéralisme. Cette semaine Marianne propose un tour du monde de ceux qui ont essayé une autre voie. Petit pays coincé entre les deux géants que sont la Chine et l’Inde, le Bhoutan s’est fait connaître à l’international en vantant son système de « bonheur National Brut », un indice qui prend en compte le bien-être de sa population.
STEVENS FREDERIC/SIPA
Le Bhoutan est un petit pays asiatique, niché au pied de l’Himalaya, qui partage ses frontières avec la Chine et l’Inde. Avec des voisins aussi imposants, le Bhoutan a dû lutter tout au long de son histoire afin de préserver sa parcelle de territoire. De par sa difficile accessibilité et son autarcie volontaire afin de protéger une identité fragile, le pays est demeuré longtemps très isolé. Ce n’est qu’en 1971 que le Bhoutan intègre officiellement les Nations unies et seulement en 1981 que le premier aéroport est construit sur le territoire.
Une grande partie de l’histoire du Bhoutan a été perdue lors de l’incendie de son ancienne capitale, en 1827. Toutefois, il existe des traces attestant de présence humaine sur le territoire à l’époque de l’Antiquité. Jusqu’au 17e siècle, le pays n’est rien d’autre qu’un ensemble de fiefs miné par les conflits entre ses seigneurs locaux. En 1616, un moine tibétain en exil s’installe au Bhoutan. Il parvient à unifier le pays et instaure un système de double gouvernance, à la fois spirituelle et administrative, qui prévaudra jusqu’à aujourd’hui.
Bonheur national brut
Le Bhoutan s’est fait connaître sur la scène internationale par la création du « bonheur national brut », un indicateur qui diffère du classique Produit National Brut utilisé par la majorité des gouvernements afin de mesurer l’état de richesses de leurs citoyens. En effet, le BNB prend en compte le niveau de bonheur de ses habitants en se basant sur quatre principes fondamentaux : la croissance et le développement économique responsables, la conservation et la promotion de la culture bhoutanaise, la sauvegarde de l’environnement et la promotion du développement durable et, enfin, la bonne gouvernance responsable.
En ce qui concerne la sauvegarde de l’environnement, il est difficile de nier les efforts déployés. Afin de se prémunir contre le tourisme de masse, le Bhoutan ne délivre qu’un nombre limité de visas chaque année et dans la majorité des cas, ceux-ci s’obtiennent par l’intermédiaire des tour-opérateurs locaux. Il faut aussi mentionner l’engagement constitutionnel de réserver au moins 60% du territoire aux forêts et autres zones boisées et le fait que chaque premier dimanche du mois, les voitures sont priées de rester au garage. Ces mesures vont de pair avec le « développement économique responsable », puisque le gouvernement défend les paysans et l’économie locale, et confie la gestion des forêts aux communautés rurales les plus pauvres. Les progrès en provenance de l’étranger sont minutieusement étudiés par la « commission du bonheur » qui décide s’ils sont solubles ou non dans le concept de « bonheur national ». C’est ainsi que la télévision par satellite et internet ne sont autorisés que depuis 1999.
Parmi les autres mesures à mettre au crédit du pays, il convient de mentionner l’absence totale de panneaux publicitaires, l’interdiction de la vente de cigarettes, l’interdiction des chaînes de fast-food ainsi que l’éducation et les soins gratuits pour tous.
Au niveau de la « gouvernance responsable », le fait le plus marquant de ces dernières années est la modification du système de monarchie absolue en une monarchie constitutionnelle. Cette évolution, que l’on doit à l’ancien roi du Bhoutan, un réformiste qui a abdiqué en faveur de son fils en 2008, a ironiquement été accueillie de façon mitigée par la population. Mais l’idée démocratique a fait son chemin et aujourd’hui, le Premier ministre en poste est un membre du parti d’opposition.
Derrière le sourire…
Malgré ce tableau idyllique, tout n’est pas parfait au pays du bonheur. Dans les années 80, le roi a lancé le programme « une nation, un peuple » qui a imposé la culture des bhoutanais d’origine tibétaine (langue, vêtements traditionnels) au détriment de ceux d’origine népalaise, qui représenteraient entre 20 et 50% de la population. Des manifestations antigouvernementales éclatent alors dans tout le pays. Les Lhotsampas (une ethnie hindouiste originaire du nord du Népal) arrivés après 1958 sont déchus de leur nationalité bhoutanaise et deviennent non seulement immigrés clandestins au Bhoutan, mais en plus apatrides, car le Népal ne veut pas d’eux non plus. Les Etats-Unis accueilleront sur leur territoire 80% de ces réfugiés dans le courant des années 2000.
Outre cette polémique, qui vient ternir l’image d’un pays tout en béatitude, le Bhoutan doit aujourd’hui faire face aux affres de la mondialisation, et ce malgré les efforts déployés pour la contenir. La fièvre consumériste s’est emparée de la population et certains n’hésitent pas à s’endetter lourdement afin d’acquérir les derniers gadgets à la mode. Les plus jeunes délaissent les campagnes et viennent grossir le rang des chômeurs dans les grandes villes, rêvant d’un avenir meilleur. En résultent des problèmes d’insécurité, d’alcoolisme et de consommation de drogues. Et le parc automobile a tellement augmenté ces dernière années que la population découvre les joies des embouteillages aux heures de pointes, qui mettent à l’épreuve les nerfs des bouddhistes les plus zen…
Enfin, le « bonheur national brut » masque une réalité économique peu reluisante : 25% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, selon les critères de l’ONU. Et en creux de la volonté affichée par le gouvernement de mettre en place une agriculture 100% bio d’ici 2020, il ne faut pas faire l’impasse sur les problèmes de sous-alimentation qui touchent une partie de la population.
Mais en dépit de ces revers, absolument inévitables à moins de croire que le bonheur est un état qui peut être décrété, pour la journaliste Marie-Monique Robin, auteure du documentaire Bhoutan : au pays du Bonheur national brut, il y a tout de même dans ce pays « un effort sincère de penser autrement ». C’est déjà beaucoup. «
ambre
7 mars 2016 @ 17:35
Merci Gibbs pour toutes ces précisions.
Pour ma part, j’ai lu un article assez long sur les projets de développement de barrages hydroélectriques qui vont considérablement abîmer l’image du pays… Pas d’étude sérieuse de faite, déplacements de populations, impact environnemental à tous les étages. Et tout ça parce que l’Inde en a besoin et que ça gonflerait les caisses du royaume.
Le gouvernement bhoutanais dit bien sûr que tout est fait dans les règles, mais des ONG qui enquêtent sur le terrain disent le contraire. Et on n’a pas de raison de croire qu’un pays sous-développé économiquement, avec une population encore pauvre, ferait les choses dans les règles, il y a trop d’exemples dans le monde qui prouvent le contraire. Surtout quand le voisin est aussi grand et puissant, la pression est forte de le satisfaire.
Baboula
7 mars 2016 @ 21:07
Dominique – Gibbs ,difficile de vous dire merci pour cet intéressant article car il fait exploser la bulle de béatitude que je croyais flotter au dessus du Bhoutan . Penser autre ment d’accord ,mais quelle est la force de la pensée face à la mondialisation ? .Surtout quand toutes les pensées apparemment ne sont pas convergentes.Je suis triste car en fin de compte c’est une attitude baba-cool ,post soixanthuitarde .utopiste.Zut ,zut et zut je suis déçue d’avoir cru en un pays meilleur.Sans rancune .
Caroline
7 mars 2016 @ 22:59
Dominique-Gibbs,un grand merci pour votre commentaire très intéressant!!!!
framboiz07
8 mars 2016 @ 00:50
Merci, Gibbs , mais , donc tout n’est donc pas parfait :pas de tabac , mais la drogue …& le sort des apatrides …
Severina
8 mars 2016 @ 08:01
Merci, Dominique-Gibbs, des informations bien intéressantes.
Mélusine
8 mars 2016 @ 12:47
Merci, Dominique-Gibbs.
Evidemment, la perfection n’étant pas de ce monde… jolies images tout de même et cet admirateur fervent est très sympathique.
Cordialement
adriana
7 mars 2016 @ 14:10
une belle photo.!!!! d’une très belle famille
JAY
7 mars 2016 @ 14:17
Quelle belle photo, …..
J étais très surpris par ailleurs de voir que la reine avait un sac Birkin jaune de chez HERMES qu’elle porte quand elle voyage ….. a 8/9000 euros pièces …….
Il est vrai qu elle ne semble pas avoir beaucoup de bijoux de grande valeur.
Marie de Cessy
7 mars 2016 @ 15:26
Eh bien dites moi quelle belle initiative !
Je trouve cela très touchant.
Pascal
7 mars 2016 @ 18:01
Merci à Dominique Gibbs pour ce rappel très concis et je pense « honnète » de la situation de ce très beau pays.
Le problè me des Népalais n’était il pas un classique problème d’immigration que les Bouthanais ont réglé d’une façon certes sévère mais éfficaces pour préserver leur identité?
Du peu que j’en sais , les monarchies « tibétaines » , Boutan, Laddak , Mustang avaient toutes ce caractère de simplicité et de proximité .
Il y a ou il y avait dans ces pays des riches et des pauvres , mais compte tenu de la faible quantité d’argent circulant , de l’importance des échanges en nature , de la frugalité imposée par les conditions naturelles et sans doute aussi de l’influence du boudhisme tibétain , les différences entre riches et pauvres étaient moins mal vécues que dans nos pays.
J’espère que le royaume du Bouthan survivra aux menaces évoquées et qu’il préservera cette qualité de vie qui commence à tellement nous faire défaut en Occident .
Ne serait-ce que pour nous permettre de réfléchir….
Gérard
8 mars 2016 @ 04:37
Cet homme est Kezang Dorji et il vient de traverser presque tout le pays depuis Merak dans l’est du royaume, un village d’une centaine de maisons à 3500 mètres d’altitude, il tient à la main son chapeau de cérémonie le tsipee cham, comme on en porte dans ce pays des Brokpa, « les hommes des pâturages », 3 à 4000 personnes, des éleveurs semi-nomades qui ont leur propre langue.
C’est un béret en poils de yak à cinq petites cornes qui serviraient de gouttières dans cette région très humide. La légende dit que ce peuple descend de Garuda l’oiseau divin et que le couvre-chef en rappelle le plumage.
JAusten
8 mars 2016 @ 08:26
Merci Gérard. Il a fait un geste magnifique en parcourant ces km juste pour voir le prince héritier. Ce sont des moments que l’on croit révolus mais qui vous font toujours espérer de la nature humaine
Mélusine
8 mars 2016 @ 12:49
A mon avis, Gérard, ce brave homme mérite une décoration.
clementine1
8 mars 2016 @ 08:27
Dominique Gibbs, Ambre, Pasacal, Gérard : mon ignorance en ce qui concerne le Bhoutan est un peu moins crasse ce matin, merci à vous.
ambre
8 mars 2016 @ 14:18
Pas de quoi Clémentine :-) Bonne journée !
Gérard
8 mars 2016 @ 23:11
Bonne nuit bienheureuse à tous et toutes.
Robespierre
8 mars 2016 @ 10:11
Ce brave homme aura eu plus de chance que nous : il aura vu le visage du bébé. Nous, photo après photo, nous ne voyons qu’un baluchon.
Actarus
8 mars 2016 @ 13:58
En effet, c’est à se demander si la reine ne tient pas une poupée dans ses bras. Cela me rappelle le film de 1939, « Tarzan trouve un fils », où l’on voit les chimpanzés se balancer le bébé (le futur Boy) jusqu’à ce que Cheetah le récupère. Cela m’y fait songer car, dans ces scènes, on ne voit du bébé rien de plus que ce que l’on peut voir du prince héritier du Bhoutan. ;-)
Gérard
8 mars 2016 @ 16:28
Non Régine nous l’a présenté le 21 février.
Gérard
8 mars 2016 @ 23:13
Nous avons vu le bout de son nez…
Gérard
9 mars 2016 @ 13:09
Shabdrung Ngawang Namgyel est considéré comme l’unificateur du royaume du Bhoutan.
Il vécut de 1594 à 1651 et il était un lama bouddhiste tibétain. Il est considéré également comme le père de l’identité culturelle du Bhoutan.
Membre de la famille princière des Gya, il était aussi depuis sa jeunesse le 18e abbé de Ralung, le grand monastère drukpa du sud du Tibet et son prince héréditaire. Sa fête nationale tombe le 10e jour du troisième mois du calendrier bhoutanais. Cette fête qui est anniversaire de sa mort est appelée le Shabdrung Kuchoe. Cette année elle aura lieu le 16 avril et sera particulièrement solennelle puisque c’est l’année du 400e anniversaire de l’arrivée du fondateur dans le pays, c’est en effet en 1616 qu’après des visions et alors qu’il était menacé par ses rivaux, il a quitté le Tibet pour s’installer dans l’ouest du Bhoutan proche, et il prit donc le nom de Shabdrung c’est-à-dire « aux pieds duquel on se soumet ».
Le premier ministre Tshering Tobgay a donc annoncé que la cérémonie de désignation de son altesse royale le dire le gyalsey aurait lieu le même jour, il recevra donc son nom à Punakha, au palais, le Punakha Dzong , ou Pungtang Dechen Photrang Dzong, c’est-à-dire le palais du grand bonheur, qui date de cette époque (1637-1638). En effet selon une tradition Ngawang Namgyel, le premier Shabdrung Rinpoché, eut une vision sur cette colline d’un tronc d’arbre et d’un éléphant et il comprit que c’est là qu’il devait bâtir le palais.
Ce palais a subi au cours des siècles un tremblement de terre et plusieurs incendies mais il a été chaque fois rebâti et c’est là qu’ont lieu les couronnements des rois et c’est là qu’a eu lieu le mariage des parents du jeune prince héritier.
Le premier ministre a profité de l’occasion pour annoncer une augmentation de 135 % de l’allocation des danseurs et des chanteurs compte tenu de l’inflation et de ce que la profession des chanteurs et des danseurs est menacée dans sa survie même ce qui serait catastrophique pour les traditions du pays. L’augmentation permettrait aux membres de cette corporation qui est payée par le gouvernement de recevoir 2 000 ngultrum bhoutanais par mois ce qui devrait représenter à peu près 27 €…
clementine1
11 mars 2016 @ 06:50
Revenant toujours sur mes articles préférés, j’ai pu découvrir votre contribution du 9
mars : mieux vaut tard que jamais, merci Gérard et merci à Régine d’avoir créé N & R.