Au début du 20è siècle, les Collettes sont un vaste domaine agricole où sont cultivés des oliviers.
Une personne souhaite les abattre afin de faire « des ronds de serviettes en bois ». Aline, l’épouse de Pierre-Auguste Renoir, qui est une paysanne, est outrée de cette décision. Elle pousse son mari à acheter le domaine en 1907 et la famille s’y installe en 1908.
La Maison de Renoir à Cagnes-sur-Mer – Fernand GUERY –COLAS (1902-1957) – 1946
Renoir sculpteur
Les premières sculptures de Renoir sont destinées aux arts décoratifs ou au cadre familial : encadrement de miroir avec un profil féminin (1875), portraits intimes de son plus jeune fils Claude (1907-1908). Intéressé par ces premiers pas, Ambroise Vollard encourage l’artiste à poursuivre ses recherches en dépit de son affaiblissement physique
Le marchand recherche un sculpteur qui pourrait le seconder et il contacte Maillol, qui lui recommande le jeune sculpteur catalan Richard Guino.
De 1913 à 1917, Renoir et Guino créent près d’une vingtaine de sculptures.
Celles-ci sont d’abord signées par Renoir seul, mais elles sont aujourd’hui considérées comme des œuvres de collaboration.
Pierre-Auguste RENOIR – Richard GUINO – Modèle de pendule en plâtre patiné – 1914-1917
Pierre-Auguste RENOIR – Richard GUINO – Grande laveuse – Plâtre patiné – 1917
Figures féminines
Dans leur première œuvre de collaboration, Renoir et Guino rendent hommage à la beauté féminine.
Vénus reçoit du berger Pâris la pomme qui la désigne comme la plus belle dans le concours qui l’oppose à Junon et Minerve
Au-delà du nu mythologique, c’est donc un idéal de beauté que les deux artistes cherchent à représenter, se plaçant dans la grande tradition de la sculpture antique.
La Maternité représente au contraire une vision intime et contemporaine de la femme.
Elle a été modelée juste après le décès d’Aline à partir d’un tableau de 1885 où elle allaite Pierre
Réalisé au même moment, le buste a été choisi par Renoir pour la tombe de son épouse.
Pierre-Auguste RENOIR – Richard GUINO – Aline Renoir – Plâtre patiné – 1916
Après avoir congédié Guino, Renoir travaille brièvement avec Louis Morel. Puis Marcel Gimond sculpte le buste du maître en 1919, mais le décès de Renoir coupe court aux projets de collaboration.
L’ancienne maison de Renoir, devenue Musée en 1960, conserve également 14 toiles originales du peintre, ainsi que de nombreuses copies…dont l’original est souvent au Musée d’Orsay.
Pierre-Auguste RENOIR – Les Grandes Baigneuses – 1902-1905
Albert ANDRE – copie de La Petite Fille au cerceau de RENOIR – 1894
Pierre-Auguste RENOIR – Coco lisant – 1905
Pierre-Auguste RENOIR – Portrait de Madame Colonna Romano – 1910
On peut voir également des poteries de son fils Claude, Céramiste
Céramiques de Claude Renoir – 1901-1969
Derniers chevalet et fauteuil de Renoir, alors qu’il se déplace avec difficulté.
L’atelier du jardin
Au cours de l’année 1916, Renoir confie à un entrepreneur local la construction d’un ultime atelier qu’il décide d’implanter au cœur de son oliveraie des Collettes. Dénommé l’atelier du jardin, il est édifié sur les indications de l’artiste lui-même.
En effet, fort de sa longue expérience, il souhaite alors bénéficier d’un nouvel espace de création dans lequel il peut maîtriser et exploiter au mieux la lumière méditerranéenne. Pour ce faire, les quatre murs de ce petit bâtiment carré en bois sont percés de grandes baies vitrées qui laissent pénétrer une abondante lumière que Renoir module à sa guise au moyen de rideaux et voilages.
Dans les années 1950, l’atelier qui, faute d’entretien, menace de s’effondrer est détruit, malgré toute l’importance qu’il revêt dans l’œuvre de Renoir. Sa reconstruction, telle une reconquête patrimoniale et artistique, est acquise en 2019 à la faveur du centenaire de la disparition de l’artiste, non sans soulever quelques questions d’architecture. En effet, en l’absence de plan et de description précise, seul l’examen attentif des rares photographies qui subsistent a permis à l’architecte du patrimoine Sophie Tramonti de le reconstruire. L’intérieur, encore moins documenté, peut s’imaginer grâce au tableau qu’Albert André (1869-1954) en a peint en 1916
Ce paysage rural à l’authenticité préservée devient l’un des motifs favoris du maître, et les oliviers sont sa préférence. Bien que ces derniers ne se laissent pas peindre facilement :
« L’olivier, quel cochon ! Si vous saviez ce qu’il m’a embêté. Un arbre plein de couleurs. Pas gris du tout. Ses petites feuilles, ce qu’elles m’ont fait suer ! Un coup de vent, mon arbre change de tonalité. La couleur, elle n’est pas sur les feuilles, mais dans les espaces vides »
Il est dit que quelques-uns des oliviers seraient millénaires.
De façon plus sûre, la plupart auraient été plantés par des soldats de François 1er alors qu’il guerroyait contre l’Autriche : les soldats s’ennuyaient et ils avaient reçu consigne de planter des arbres pour s’occuper
Vue sur le potager : dans le fond le vieux village avec le château de Cagnes-sur-Mer.
Une excellente initiative du Musée Renoir : de gros matelas/coussins sont installés dans le jardin : des visiteurs peuvent ainsi venir y passer un moment agréable… lire, se reposer dans un lieu enchanteur. (Merci à Pistounette)
Olivier Kell
18 janvier 2023 @ 05:48
Merci beaucoup pour cette mise en lumière matinale :-)
Bambou
18 janvier 2023 @ 07:21
Très bel article consacré à cet immense artiste.
Pelikan du Danube
18 janvier 2023 @ 07:31
Cette propriété devait ,doit être un petit paradis.
Merci Guizmo et Pistounette qui nous faites découvrir ce matin des endroits magnifiques et reposants.
Pierre-Yves
18 janvier 2023 @ 16:43
La maison (je parle de la construction) n’est pas vraiment belle, mais l’intérieur est agréable, et surtout, le jardin, vaste et en pente, est délicieux.
Après, la propriété est hélas enserrée dans une urbanisation galopante et franchement peu attractive. On aurait préféré la connaître il y a une centaine d’années.
Aristocrate
19 janvier 2023 @ 15:45
La maison me plaît beaucoup: à la fois élégante et rustique avec un mélange de styles architecturaux, mais je suis d’accord avec le reste: le jardin enchanteur et les affres de l’urbanisation. Il suffit de comparer des photos ne serait-ce que des années 50 avec ces grandes villas magnifiques perdues quasiment au milieu de la végétation à perte de vue et qui se retrouvent aujourd’hui avec des immeubles ou des pavillons uniformes et sans âme tout autour.
Aristocrate
18 janvier 2023 @ 08:28
J’aime beaucoup les ronds de serviettes en bois mais quand on voit ce qu’est devenu la Côte d’Azur c’est une bonne chose que d’avoir voulu sauvegarder un peu de végétation.
Aldona
18 janvier 2023 @ 08:32
Merci Pistounette d’avoir réveillé un souvenir, 1 mois chez des amis français à Cagnes, j’ai pû découvrir ce magnifique domaine
Gilles de Bise
18 janvier 2023 @ 08:38
La visite des Colettes à Cagnes-sur-Mer vaut le détour. Le jardin, la maison, l’atelier (dont la baie vitrée donne au nord pour que le soleil ne brûle pas la lumière) et les oeuvres exposées, le tout dans un environnement splendide et serein sont tout « simplement » merveilleux.
Criliguria
18 janvier 2023 @ 08:45
Merci pour ce passionnant article !
Dans ma jeunesse, je suis allée quelquefois au milieu de ces fameux oliviers…
J’ai fait mon lycée, dans les années 80,au lycée Renoir à Cagnes sur Mer !
Marnie
18 janvier 2023 @ 13:42
Et moi j’ai fait tout mon secondaire au collège-lycée Renoir de Limoges, sa ville natale ;)
mousseline
18 janvier 2023 @ 08:47
Merci Pistounette. Vos articles sont très intéressants. Je ne connaissais pas ce lieu, bien qu’ ayant séjourné à Cagnes sur mer lors de vacances. Quel dommage. Je l’ aurai visité avec plaisir
Vieillebranche
18 janvier 2023 @ 08:48
Quelle merveilleuse promenade offerte ici! Une véritable évocation tant par les photos que le texte! Merci au contributeur .
Caroline
27 mars 2024 @ 15:47
« Une véritable évocation » ??
Perlaine
18 janvier 2023 @ 09:18
J’ai gardé un souvenir ému de ma visite en ces lieux. L’atelier de Renoir était encore empli de lka présence du peintre , actif jusqu’au bout pour ce qui concerne sa peinture car il se faisait lier un pinceau au bout de ses pauvres doigts déformés. Coco lisant est mon tableau préféré. Que dire du jardin et de sa luxuriance et de la belle vue qui en est le fond . Merci à Pistounette pour ce bel article .
Marnie
18 janvier 2023 @ 13:53
Euh, « atelier empli de la présence du peintre » alors que l’article nous dit qu’il a été détruit dans les années 1950 et reconstruit en 2019 ou après 2019 ?
Par ailleurs, Perlaine, merci pour votre réponse au sujet de vos librairies favorites !
Perlaine
19 janvier 2023 @ 10:48
Marnie , chacun a le ressenti qu’il peut dans certains endroits , je maintiens ce que j’ai mis , je ne me déjugerai pas pour vous faire plaisir . Je n’y étais pas en 1950 pas plus qu’en 2019 mais dans l’entre deux et je suis descendue dans son atelier qui était exactement comme sur la photo .Merci de m’avoir lue pour les librairies.
Marnie
19 janvier 2023 @ 15:52
J’exprime juste une incompréhension… qui vient donc plutôt de l’article si vous dîtes qu’il y avait un atelier entre les années 50 et 2019… Il y avait peut-être 2 ateliers, un dans la maison et un dans le jardin ? je n’ai jamais visité le site.
Perlaine
20 janvier 2023 @ 14:50
Je n’ai vu que l’atelier dans la maison , celui du jardin était fermé quand nous y sommes allés. Par ailleurs, j’en profite pour signaler comment dire , mon étonnement devant la « modernité » des installations sanitaires ,modernité qui m’avait aussi épatée quand je suis allée visite Arnaga (Pays Basque) ces génies étaient en avance sur leur temps.
😀Pistounette
7 février 2023 @ 15:03
Bonjour Perlaine,
Je me permets d’apporter cette précision…
J’étais sûre d’avoir lu ce que j’avais lu lors de ma visite dans cette maison de Renoir, à savoir que l’atelier avait été détruit dans les années 1950. Il a été rebâti en 2019, en commémoration du centenaire de la mort du peintre. J’ai téléphoné hier au musée (0493206107) pour en avoir confirmation à nouveau.
Je pense que vous avez confondu avec une autre maison qui est située juste à côté dans le jardin, appelée « La Ferme » et qui ne se visite plus aujourd’hui… cela arrive de conserver un souvenir qui s’avère inexact. Cela m’est déjà arrivé 😀
Sans aucune rancune… mais je souhaitais juste préciser les choses (c’est mon job… et je vérifie toujours quand je suis dans le doute).
Passiflore
18 janvier 2023 @ 09:45
Renoir (1841-1919) était le fils d’un modeste tailleur limousin. En 1845, la famille s’installe à Paris. A l’école communale le jeune Augustin a comme professeur de musique Charles Gounod. Son père le met en apprentissage dans une fabrique de porcelaine mais, passionné de peinture, il entre à 20 ans dans l’atelier de Gleyre où ses condisciples sont Monet et Sisley. En 1881, il revient bouleversé de son voyage en Italie où il a découvert Rafaël. En 1888 et 1889, il est reçu en Provence par Cézanne. Atteint de rhumatisme articulaire, Renoir se retire dans le Midi, d’abord à Grasse, puis au Cannet (1902), enfin à Cagnes sur mer. En 1912, à la suite d’une attaque il est paralysé des bras et des jambes. Il fait attacher un pinceau à ses doigts tors et continue de travailler. En 1913, il commence une carrière de statuaire. Cloué à son fauteuil, il dirige le travail d’un jeune praticien dont il guide les mains sur la glaise à l’aide d’une longue baguette.
Passiflore
18 janvier 2023 @ 09:46
Auguste, et non Augustin
Leonor
18 janvier 2023 @ 09:59
Bien bel article. Merci, Pistounette.
Comme dit ailleurs ( article N&R sur le lévrier du prince Albert de Grande-Bretagne), l’auteur de ce tableau, Sir Edwin Landseer, avait donné son nom à une race spécifique de chiens, les Landseer. Des grands poilus toujours noir et blanc.
Or, Auguste Renoir est le maître du noir et blanc ( entre autres, bien sûr). Les noirs de … Renoir (!) sont à couper le souffle. En vertu de quoi, – et en vertu d’une commande – , sur l’un de ses tableaux aussi apparaît un Landseer, un chien Landseer :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Madame_Charpentier_et_ses_enfants
Madame Charpentier et ses enfants.
Cliquez sur l’image pour agrandir.
Et admirez la foison des noirs de la robe de Mme Charpentier, souligné par le friselis de la cravate du corsage, et du bas de la robe , avec en parallèle et en écho, les noirs de la toison du chien, et la brillance des parties blanches de son poil.
Ce chien est un Landseer, et ce n’est pas pour rien que Renoir l’a fait poser en même temps que la commanditaire , et ses enfants.
( Les Landseer étaient très à la mode au XIX e siècle, et ça ne leur a pas fait que du bien).
Leonor
18 janvier 2023 @ 10:02
J’oubkliais .
Ce tableau ( Mme Charpentier etc), se trouve à New York, au Metropolitan Museum of Art.
Quand vous entrez dans la Section des Impressionnistes, première salle, vous vous le prenez en plein dans la figure. On en reste pantois .
Caroline
18 janvier 2023 @ 10:02
Merci à Pistounette pour son article bien documenté ! 🙌
On pourrait profiter d’aller au musée Renoir en visitant aussi le château- musée Grimaldi et le musée de l’ art culinaire. La ville de Cagnes- sur- Mer est une ville où il fait bon vivre dans les Alpes- Maritimes.🤗
Jean Pierre
18 janvier 2023 @ 11:38
Dans mes souvenirs, pour le site plus que la muséographie et scénographie.
Merci Pistounette.
Guizmo
18 janvier 2023 @ 12:44
Merci beaucoup pistounette. Je ne connaissais pas ce lieu. J’aimerais bien le visiter mais je vais peu dans le sud.
Leaulietha
18 janvier 2023 @ 13:05
Pas fan du tout de Renoir et encore moins de ses dernières oeuvres. Pas fan non plus de cette bâtisse. Je ne vois pas non plus le rapport entre Renoir et la noblesse, ni avec la royauté (hormis peut-être que des soldats de François Ier auraient peut-être (!) plantés des oliviers dans son jardin mais le rapport est vraiment mince). Enfin il y en a sûrement à qui cela plait, vu le succès non démenti des impressionnistes depuis des décennies.
😀Pistounette
19 janvier 2023 @ 07:16
Eh bien, il en faut pour tous les goûts, Leaulietha… idem pour les « expos » immersives comme aux Carrières des Lumières des Baux-de-Provence : certaines personnes apprécient, d’autres pas !
Ce n’est pas grave : c’est le principe de N&R… exprimer des avis différents
Bonne journée 😄
Marnie
19 janvier 2023 @ 16:00
Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, peut-être êtes-vous nouvelle sur le blog, Noblesse et Royautés fait la part belle à la culture, aux beaux-arts, à l’Histoire, à l’actualité culturelle, et ça fait partie de sa valeur ajoutée ! je crois que nous sommes nombreux ici à apprécier cette ouverture, et Renoir, que l’on aime ou pas, est un artiste majeur qui a toute sa place ici… vous n’êtes pas obligée de lire les articles qui ne vous intéressent pas…
Vitabel
18 janvier 2023 @ 13:57
Merci pour ce beau sujet .
Trianon
18 janvier 2023 @ 14:01
Merci Pistounette ,très plaisant à lire !
Zulma
18 janvier 2023 @ 14:10
Passionnant ! Merci beaucoup !
celia72
18 janvier 2023 @ 16:13
Merci beaucoup pour ce beau reportage,
Domin
18 janvier 2023 @ 17:50
Merci de ce bel article ; j’irai visiter les Colletes cet été .
josette
18 janvier 2023 @ 18:12
J’en garde un joli souvenir. Effectivement l’urbanisation a fait des ravages mais la maison est bien conservée et le jardin très agréable. Je n’habite pas très loin, votre reportage m’a donné envie d’y retourner.
Danielle
18 janvier 2023 @ 18:42
Dommage que je n’aie pas vu ce lieu à l’automne dernier mais je ne pouvais pas tout visiter ; un beau cadre.
Le tableau de la jeune fille au cerceau me plait beaucoup.
Merci Pistounette.
milou
19 janvier 2023 @ 06:03
Merci Pistounette!
Toujours intéressants vos reportages!
Hervé J. VOLTO
21 janvier 2023 @ 20:04
Interessantissime !