François et Marie Sophie
La Rome pontificale, capitale de ce qui restait des Etats du Pape, serait désormais la résidence de François et de Marie Sophie, tant que dureraient ces Etats. Mais ils étaient considérés comme potentiellement dangereux car leurs sujets n’étaient pas tous résignés à accepter la défaite et l’occupation. Pour eux ils restaient leurs souverains légitimes.
Elle ne s’était pas résignée à la défaite et « l’héroïne de Gaète » se préparait à la reconquête de son trône, alors que François semblait résigné à son sort, trouvant dans la religion le réconfort qu’il y avait toujours cherché.
Ils s’étaient tout d’abord installés au palais du Quirinal où habitait également Marie-Thérèse avec ses enfants et sa suite. Cette dernière supportait difficilement la gloire de Marie Sophie. Elle se permettait de s’attribuer à table la place d’honneur, ce que Marie Sophie refusait d’accepter. Il fallait donc dresser deux tables, dans deux salles différentes.
Marie Sophie avait repris des habitudes napolitaines de monter à cheval dans la campagne, seule ou accompagnée d’une escorte de beaux officiers, au grand scandale de la société romaine. Les souverains subirent alors une attaque violente, destinée à les discréditer aux yeux de l’opinion publique et à ternir l’auréole de gloire de la souveraine.
Une des photos montage du scandale
Et c’est en s’appuyant sur cette odeur de scandale pour la bonne société romaine, que furent diffusés des photos de Marie Sophie nue, dans des positions érotiques. Tout ceci n’était bien entendu qu’un montage photographique destiné à ruiner la réputation de la reine. Le scandale en Europe fut énorme. Les auteurs de ce montage furent attrapés, jugés puis plus tard libérés. Mais ils n’étaient que les acteurs d’un plan qui les dépassait. On ne sut pas qui avait ordonné ce plan mais le parti piémontais de Rome fut soupçonné. En effet, le roi de Piémont ne se résignait pas à avoir Florence comme capitale. Il voulait Rome.
François II à droite agenouillé devant Pie IX
Le pape représentait le dernier symbole de l’ancienne Italie et Marie Sophie, avec sa gloire, soutenait cette représentation. Elle était dangereuse pour les partisans d’une Italie totalement unie. Tant que Napoléon III fut sur le trône de France en position dominante, il ne permit pas à Victor-Emmanuel de se saisir de la Ville Eternelle. La défaite de Sedan et la chute de l’empire, le 4 septembre 1870, lui ouvrirent ses portes. Le pape, Pie IX, était désormais prisonnier dans sa ville, à la suite d’une rapide campagne militaire et d’un referendum, aussi sujet à caution que celui qui avait permis d’annexer les états de Naples et de Sicile.
Attaquer Marie Sophie par de fausses photos, comme par de fausses rumeurs, faisait partie de ce plan qui constituait à ruiner sa réputation afin de l’empêcher de prendre la tête d’un mouvement de révolte dans ses anciens états, pour y installer la monarchie constitutionnelle et faire revivre ainsi un état indépendant de l’Italie du Sud.
Palais Farnèse
François et Marie s’étaient installés au Palais Farnese, propriété de leur famille depuis 1731 La dernière des Farnèse, Élisabeth, épouse en 1714 le roi Philippe V d’Espagne, le petit-fils de Louis XIV, et c’est leur fils, Charles III, qui recueille alors l’héritage de sa mère, le duché de Parme, dans lequel se trouve le palais et ses collections
Devenu roi de Naples en 1734 puis de Sicile en 1735, il abandonne le duché à son frère cadet, l’infant Philippe, mais conserve les trésors du palais Farnèse qui resteront dans la descendance des rois de Naples jusqu’au roi François II. Ce dernier y fit faire des travaux importants de décoration.
Plafond peint du temps de François II
Enfilade du temps de François II
Ils y restèrent jusqu’à ce que la prise de Rome les chasse à nouveau. Des complots matrimoniaux y furent fomentés. La soeur cadette de Marie Sophie, Mathilde, fut marié à Louis, comte de Trani, le 5 juin 1861.
Mathilde, comtesse de Trani
Une soeur de François, Marie Immaculée, fut mariée à l’archiduc Charles Salvator de Habsbourg-Toscane, le 19 septembre 1861.
Marie Immaculée princesse de Bourbon des Deux-Siciles
Charles Salvador, archiduc d’Autriche-Toscane
Une autre soeur Marie Annonciade fut mariée à l’archiduc François-Charles, frère de François-Joseph le 16 octobre 1862. Ces derniers furent les parents de l’archiduc François-Ferdinand, assassiné à Sarajevo en 1914. Ils sont les ancêtres des Habsbourg actuels.
Marie Annonciade princesse de Bourbon des Deux-Siciles
Charles-Louis, archiduc d’Autriche
Le mariage de Mathilde fut encore plus catastrophique que celui de Marie Sophie. Louis la trompa immédiatement. Débauché, ivrogne et peu intelligent il se suicida en 1886.
Mathilde de son côté prit un amant, le grand ami de sa soeur Marie Sophie, l’ancien ambassadeur d’Espagne à Naples, Bermudez de Castro. Elle vivait à Rome, près de sa soeur.
Salvador Bermudez de Castro, marquis de Lema
Toutes les deux, se ressemblant beaucoup, parcouraient la campagne à cheval ou les rues de Rome à pied, se faisant souvent passer l’une pour l’autre. Mais « l’héroïne de Gaète » ne pouvait se contenter d’une vie aussi simple.
Dès 1861, Marie Sophie fut en contact avec tous ceux qui considéraient les Savoie comme des ennemis. Parmi eux, il y avait des brigands célèbres qu’elle rencontra à Rome, sous les yeux tolérants de la police pontificale. Mais il y eut aussi des jeunes gens, venus de toute l’Europe, séduits par une croisade de la légitimité à la tête de laquelle se trouverait l’ex-reine. On peut citer les noms d’Emile de Christen, Alfred de Trazégnies, Henri de Cathelineau, Karl de Kalckreuth.
Général-comte de Cathelineau 1813-1891
Il y eut aussi Bermudez de Castro, qui se rendant rapidement compte que si la troupe comportait quelques héros de bonne famille, elle était essentiellement composée de bandits, sans honneur, avertit François qu’il ne s’agissait que de « misérables scélérats, pas plus catholiques que légitimistes attachés à sa cause ».
Cette troupe finit par être composée de trente mille hommes s’opposant aux cent vingt mille de l’armée piémontaise. Mais plus qu’une croisade pour la défense des droits des souverains napolitains, il s’agissait d’une sorte de jacquerie sur fonds de rapine et de violence.
Dès le début de 1862, Marie Sophie réalisa avec qui elle s’alliait et prit ses distances. L’affaire des photos truquées contribua à une certaine mélancolie que sa vie au contact de la population romaine, jugée comme fantasque par l’aristocratie et la cour pontificale, ne soigna pas. A peine 20 ans, mariée sans amour, ayant perdu son trône, elle ne savait quoi faire de sa vie.
Un remède semblait s’imposer, comme pour sa soeur Elisabeth. Seul un voyage à Possenhofen, le « Possi » de son enfance, pourrait lui faire oublier la tristesse de sa situation.
Mais Il semble que le voyage à Possi ait eu un motif moins avouable. Au mois d’avril 1862, elle réalisa qu’elle était enceinte, non de son mari, car elle n’avait jamais eu de rapport avec lui, mais de son amant, Félix Emmanuel de Lavaysse, officier de la garde pontificale, qui avait été désigné comme le chevalier d’honneur de la reine, par le pape Pie IX. Il fut son seul et unique amour. Sa soeur Mathilde avait été sa complice et sa confidente.
Annuaire des Zouaves pontificaux
En juin 1862, elle débarqua en Bavière et avoua tout à sa famille. Ils furent moins scandalisés qu’on ne pourrait l’imaginer. Son père lui dit même : « Ce sont des choses qui arrivent. » Le conseil de famille auquel assistaient tous ses frères et sa soeur l’impératrice décida que l’essentiel était de garder l’affaire secrète. Le roi Maximilien, leur cousin, consentit à fermer les yeux à la condition que Marie Sophie jure de plus jamais revoir Félix Emmanuel de Lavaysse, ce qu’elle fit. Elle n’avait pas d’autre choix.
Zouaves pontificaux
François fut avisé que la santé de sa femme nécessitait un grand repos et que pour ce faire, elle entrerait momentanément au Couvent de Sainte Ursule, accompagnée de sa belle-soeur Henriette Mendel, baronne de Wallersee, pour laquelle son frère Louis avait renoncé à ses droits dynastiques. Félix Emmanuel de Lavaysse tenta de la rejoindre mais il fut informé que s’il pénétrait sur le territoire de la Bavière, il serait arrêté. Il enfreint cet ordre mais ne réussit pas à voir Marie Sophie. Le 24 novembre 1862, elle donnait naissance à une fille prénommée, Daisy. Le conseil de famille décida de lui enlever l’enfant immédiatement.
Daisy fut confiée à son père qui la reconnut. Félix Emmanuel de Lavaysse avait contracté la tuberculose et mourut à Cannes en 1868 Sa fille Daisy mourut peu après de la même maladie.
Ne pouvant rester cloîtrée définitivement, Marie Sophie accepta le conseil de sa famille de retourner auprès de son mari. Elle posa comme condition de lui révéler la vérité. François, tombant des nues, lui aurait répondu : « Je t’attends. »
Il est possible qu’il ait enfin reconnu ses torts et ses manques à son devoir conjugal. Il n’y a pas de certitude que Daisy de Lavaysse ait bien été la fille de Marie Sophie. Il n’y a que des présomptions. Il est dit aussi qu’elle assista à ses obsèques, à la grande surprise de beaucoup et sans véritable autre raison que d’avoir été sa mère.
Il est tout-à-fait possible que cette histoire d’enfant illégitime, mainte fois rapportée, n’ait été qu’une calomnie de plus. Marie Sophie des Deux-Siciles ne laissait personne indifférent surtout pas le nouveau roi d’Italie et son gouvernement.
Certains vont même jusqu’à dire que Daisy avait eu une soeur jumelle, prénommée Viola, qui aurait été déclarée comme leur fille par son oncle Louis et Henriette. Mais les dates ne concordent pas car l’enfant du couple, connu sous le nom de Marie de Wallersee, baronne Larisch, est née en 1858. Elle sera une des héroïnes de la tragédie de Mayerling.
L’empire d’Autriche ayant reculé en Italie devant le Risorgimento et ayant du abandonner sa domination, reculait à nouveau et cette fois-ci devant la Prusse. L’unité italienne faite, il fallait l’unité allemande.
Pour le couple royal ce fut un coup de plus à subir. Leur famille était dans une spirale de défaites et de drames, même si le couronnement de Budapest en 1867, après le drame de l’exécution de Maximilien au Mexique, apporta un peu de baume. Les Hongrois vouaient à Elisabeth une admiration, voire un culte, qu’aurait aimé avoir Marie Sophie de la part de ses sujets napolitains. Mais il n’y avait entre les soeurs aucune ombre de jalousie et Marie Sophie se réjouit de la nouvelle gloire de sa soeur, qu’elle partagea lors de son séjour à Budapest dans l’été qui suivit.
François décida enfin de faire faire l’opération qui lui permettrait de devenir enfin le mari de sa femme. Il était amoureux d’elle depuis le premier jour, il avait pour elle une admiration immense mais il avait été incapable jusque là de l’honorer. En avril 1869, il put enfin annoncer que la reine était enceinte, à sa grande joie et à celle de leurs derniers fidèles. Le 24 décembre, Marie Sophie mit au monde une petite fille prénommée Marie Christine, comme la mère de François. Ils auraient préféré un garçon pour satisfaire aux besoins de la loi salique mais, elle à vingt-huit ans, et lui à trente et un, étaient heureux.
La comtesse Festetics, dame d’honneur de l’impératrice Elisabeth a écrit à propos de l’admiration que vouait François à sa femme : « Son roi est devant elle, comme devant moi le porteur de la gare. »
Malheureusement l’enfant mourut le 28 mars 1870. Ces quelques mois de bonheur, les seuls dans toute leur vie, n’avaient été qu’une illusion. Marie Sophie, impressionnante de douleur, quitta Rome pour Vienne le 25 mai. François la suivit quelques jours après pour s’installer sur les bords du lac de Sternberg.
Rome cessa d’être capitale pontificale le 20 septembre 1870, par l’entrée des troupes piémontaises. Victor-Emmanuel avait enfin la capitale dont il avait rêvé.
Le couple vécut désormais souvent chacun de son côté. François fut de plus en plus religieux et Marie Sophie de plus en plus mondaine.
Marie Sophie
Du vivant de François, elle avait élu domicile à Paris, 15 rue Boissy d’Anglas, entre le début des Champs-Elysées et la rue du Faubourg Saint-Honoré, dans un hôtel meublé dit Hôtel Vouillemont.
La rue Boissy d’Anglas à Paris VIIIe
Marie Sophie y reçut Paul Bourget, l’ambassadeur Camille Barrère et Pierre Louÿs. Celui-ci devint par la suite un des hauts de l’intelligentsia parisienne où se croisaient Luigi Pirandello, Jacques Maritain, Jean Cocteau, Max Jacob, Robert Desnos, Léon-Paul Fargue, Francis Picabia, Fortunat Strowski, Félix Youssoupoff, Maurice Rostand, Maurice Sachs, Stanislas Fumet. C’est aujourd’hui un hôtel de luxe de la chaine Sofitel.
Elle s’agrégea dès lors à la haute société internationale. Sa personnalité, sa beauté, son statut d’héroïne, ses relations familiales ont fait d’elle une des reines de ce monde oisif et richissime. Elle même n’était pas riche et ne vivait que des subsides que les Rothschild lui versaient. Mais elle était de toutes les chasses et de tous les évènements mondains de l’Europe. Elle était devenue l’amie des frères Baltazzi, riches banquiers ottomans, d’origine vénitienne, parfaitement alliés et au pinacle de la société. Ils étaient les oncles de Marie Vetsera, la maîtresse de l’archiduc Rodolphe. Et c’est la reine des Deux-Siciles qui, lors de la saison à Londres, présenta les frères Baltazzi et leur soeur, Hélène baronne Vetsera, à l’impératrice d’Autriche. Leurs qualités équestres et leur immense fortune étaient de bonne recommandation.
Alexandre Baltazzi (1850-1914)
Héléne Baltazzi, baronne Vetsera 1847-1925
Installée ensuite près de Paris, à Neuilly 126 Boulevard Maillot, aujourd’hui Boulevard Maurice Barrès, elle tenait une cour informelle, un temps fréquentée par les anarchistes qui succédaient aux bandits du sud de l’Italie dans le désir de s’attaquer aux Savoie. Cela lui valut le surnom injustifié de « Reine des Anarchistes » car si elle était reine, elle n’était pas anarchiste et pensait se servir d’eux dans sa vengeance contre les Savoie. Elle n’avait toujours pas renoncé à l’idée de retrouver le trône des Deux-Siciles.
Boulevard de Maillot à Neuilly tel que l’a connu Marie Sophie
Marie Sophie fut soupçonnée d’avoir pris part à la révolte des ouvriers de Milan contre l’autorité royale le 7 mai 1898. Elle aurait financé, avec l’argent des Rothschild, un char d’assaut pour aider les rebelles. La révolte fut réprimée dans le sang par le général Baca Beccaris.
La révolte de Milan le 7 mai 1898
Elle fut soupçonnée aussi d’avoir été du complot qui a permis d’assassiner le roi d’Italie Humbert Ier, le 29 juillet 1900. Mais il semble que l’assassinat ait été le fait de l’assassin seul, Gaetano Bresci, anarchiste qui voulait venger les ouvriers de Milan.
Un rapport de police datant du 23 février 1901 fait explicitement état des rapports que Marie Sophie entretenait avec les anarchistes, parmi eux un certain Errico Malatesta (1853-1932) une des grandes figures de l’anarchie, ayant opéré partout dans le monde.
Errico Malatesta (1853-1932)
Le gouvernement français n’ignorait rien des accointances de l’ex-reine de Naples avec ces individus et ne manquait pas d’en faire part à l’ambassadeur d’Italie, le comte Tornielli. Mais s’il est certain qu’elle les recevait, rien ne prouve qu’elle ait partagé leurs idées, loin de là, ni même aidé à leurs entreprises. Elle ne devait pas oublier que sa soeur, l’impératrice Elisabeth, était morte sous le coup de poignard d’un anarchiste italien.
La mort de ses soeurs, Hélène, princesse de Tours et Taxis le 16 mai 1890, Sophie duchesse d’Alençon le 4 mai 1897 dans l’incendie du Bazar de la Charité, Elisabeth impératrice d’Autriche assassinée le 10 septembre 1898 ont probablement plus endeuillé sa vie que celle de François mort le 27 décembre 1894 à Arco dans le Trentin, alors possession autrichienne. Seule lui restait Mathilde, comtesse de Trani.
Durant la première guerre mondiale, bien que sa nièce, Elisabeth fille de son frère Charle-Théodore, duc en Banvière, et de Marie Josèphe, infante du Portugal ait été reine des Belges, elle choisit le camp austro-allemand, peut-être guidée par sa haine des Savoie, alliés de la France et de l’Angleterre. De nouveau les rumeurs l’accusèrent de sabotage et d’espionnage contre l’Italie, accréditant son espoir que la défaite lui permettrait de retrouver son royaume de Naples.
Elisabeth, reine des Belges (1876-1965)
Mais les choses avaient bien changé, car à Naples elle n’aurait pas été un grand personnage, en dehors de la gloire de Gaète. N’ayant pas eu de fils susceptible de lui succéder, François II eut comme héritier dynastique, son demi-frère, Alphonse, comte de Caserte. Ce dernier avait épousé sa cousine, Marie-Antoinette de Bourbon des Deux-Siciles. Et c’est elle qui aurait été reine de Naples. Marie-Sophie le savait.
François II avec son frère le comte de Caserte et son neveu le duc de Calabre, ses héritiers
Alphonse et Marie Antoinette, comte et comtesse de Caserte
Quand elle apprit peu avant sa mort que sa petite-nièce la princesse Marie-Josée de Belgique, encore très jeune, était fiancée à l’héritier du trône d’Italie, elle en fut meurtrie et tenta de s’opposer à ces fiançailles. Une alliance avec les Savoie lui semblait être une trahison familiale.
Marie-José princesse de Belgique, reine d’Italie
Ruinée, elle n’avait même pas de quoi acheter un journal, disait-elle, elle mourut à Munich le 19 janvier 1925. Elle put voir Mussolini prendre le pouvoir et Hitler faire son premier coup d’état. Mathilde mourut peu de temps après, le 18 juin 1925.
Le monde dans lequel elle était née n’existait plus. Les soeurs de Bavière étaient désormais des figures de légende.
Le Gaulois fit paraître en première page l’annonce de sa mort, sous le titre « Mort de la reine de Naples » : « Une dépêche expédiée de Munich à 3h 45 nous apprend laconiquement la mort de S.M. la reine Marie des Deux-Siciles. »
Reine ! Elle ne l’était plus de puis soixante quatre ans, car elle fut avec le roi François II son époux, l’une des premières victimes des révolutions qui, depuis, renversèrent tant de trônes en Europe…Se souvient-on de la prise de Naples par Garibaldi, du siège de Gaète, en 1860, où la reine Marie allait elle-même ramasser les blessés, les soignant dans les hôpitaux, puis telle que l’a immortalisée l’image, en bottes éperonnées, avec la grande cape, la toque à longue plume posée sur les nattes de ses cheveux serrés, apportant à tous, depuis le roi jusqu’à ses plus humbles sujets, le réconfort de sa sublime bravoure et de son ardent patriotisme napolitain ?
En février 1861, la frégate française, La Mouette accostait en rade de Gaëte pour emmener les souverains qui partaient avec tous les honneurs de la guerre jusqu’au port de Terracine dans les Etats pontificaux. Le vicaire du Christ, Pie IX, seul, leur offrit une hospitalité digne d’eux, et les Majestés exilées demeurèrent à Rome, habitant le Palais Farnèse, propriété de la Maison de Bourbon-Siciles, jusqu’à l’entrée des troupes de Victor-Emmanuel qui, pour la deuxième fois les chassait. Le Roi François II et la Reine Marie vinrent alors à Paris, séjournèrent bien des années à l’hôtel Vouillemont et ce provisoire dura jusqu’à la mort du Roi de Naples en 1894.
Nous avons connu la Reine dans sa villa du boulevard Maillot, où elle vivait entourée de serviteurs napolitains, avec la nostalgie de son palais de marbre en face de la baie inoubliable. Cette Reine, venue au monde sous le ciel gris de la Bavière, ayant passé an à peine sur le trône des Deux-Siciles, ne se consola jamais d’avoir dû quitter les sujets qu’elle aimait avec passion et dont elle gardait un souvenir idéalisé par le recul des années…
Soeur de l’Impératrice Elisabeth d’Autriche, de Mme la duchesse d’Alençon, mortes si tragiquement, l’une assassinée, l’autre brulée à l’incendie du Bazar de la Charité, de la comtesse de Trani, de la princesse de Thurn et Taxis, la Reine Marie comptait aussi trois frères, et parmi eux le duc Charles-Théodore, le fameux oculiste, était son grand préféré. C’est, du reste, chez la Duchesse Charles-Théodore qu’elle vient de s’éteindre, dans le palais de Munich où une fraternelle hospitalité adoucissait les infortunes de cette reine du temps passé.
Elle avait vendu sa villa de Neuilly il y a deux ans, quittant la France, qu’elle aimait tenta avec un profond désespoir; et même ces derniers mois, elle ne cessait d’écrire à ses fidèles son ardent désir de revenir à Paris une dernière fois.
En dépit de sa fortune amoindrie par la guerre et les fluctuations du mark, la charitable souveraine demeurait à quatre-vingts ans ce qu’elle avait été à dix-neuf ans à Gaète. Elle ne pouvait passer à côté d’une infortune sans la secourir.
Au début de 1915, la Reine de Naples partit pour Genève, puis se rendit à Munich, où son but passionné était de venir au secours des prisonniers français et russes. Elle rassurait les famille angoissées en leur faisant donner des nouvelles et usait de son prestige pour obtenir des faveurs que l’on n’osait jamais lui refuser.
Que de bien fait en silence…et aux nôtres!
Avant de nous quitter pour toujours, Sa Majesté daigna nous convient dans sa résidence de Neuilly. Ses yeux étaient empreints de cette mélancolie que les récents évènements rendaient plus poignants encore. A ce moment précis, on ouvrit la porte du salon et une gracieuse jeune femme vêtue de blanc entrain; ce fut une vision éblouissante. La Reine Elisabeth de Belgique, suivie du Duc de Brabant, venait surprendre la tante dont elle fut toujours la nièce chérie. Et la mélancolie coutumière de l’auguste souverain fit place à un sourire d’indéfinissable tendresse.
Le duc de Brabant futur Léopold III de Belgique
Les habitués du Bois de Boulogne d’avant la guerre y rencontraient tous les matins une grande et respectable dame à la fine silhouette, aux modes d’autrefois, se promenant avec ses chiens. On se demandait d’abord : « Qui est-ce ? » – « La Reine de Naples ! » Puis on saluait bien bas. Nous aussi, nous saluons avec un respect ému pour la dernière fois celle qui aima si sincèrement Paris et la France. » ( Le Gaulois – 20 janvier 1925)
Marie Sophie de Wittelsbach, duchesse en Bavière, reine des Deux-Siciles, est immortalisée dans une oeuvre majeure de la littérature française. « Je ne connais pas ce Monsieur Proust, aurait-elle dit quand on lui a rapporté le texte cité en tête de l’article après la mort de l’auteur, mais lui doit me connaître : j’aurais agi ainsi qu’il me décrit dans son livre, il me semble. » (Merci à Patrick Germain pour cette dernière partie de récit de la dernière reine des Deux-Siciles)
Marie Sophie avec son mari et ses beaux-frères
Luise
4 juin 2017 @ 04:43
Excellente récit historique. Lire ce récit a été un réél plaisir. Merci.
Luise
DEB
4 juin 2017 @ 05:07
Merci pour ce récit, Patrick.
Pourquoi les Rothschild versaient – ils des subsides à l’ex reine ?
Par bonté d’âme ?
Par snobisme pour compter une royale dans leur entourage mondain?
Pour une autre raison qui serait en rapport avec leurs intérêts financiers ?
Jean Pierre
4 juin 2017 @ 07:55
Les Rotschild avaient suivi Marie Sophie à Gaete et restèrent enfermés avec le couple royal durant le siège.
Une vieille amitié donc !
Gérard
4 juin 2017 @ 09:52
Je ne sais pas ce que Patrick en dira mais on ne peut pas être les banquiers des rois sans de temps en temps aider les rois qui ont besoin d’argent.
J’imagine aussi que la branche napolitaine des Rothschild était redevable aux rois des Deux-Siciles.
Et puis les Rothschild se sont souvent montrés royaux même indépendamment des liens d’affection qu’ils pouvaient avoir avec certains princes.
Gérard
4 juin 2017 @ 16:22
On pourra noter les libéralités à cet égard de la baronne Adolphe de Rothschild, née baronne Julie von Rothschild (1830-1907), de la branche de Vienne, fille du baron Anselm, banquier, consul général d’Autriche à Francfort, et de la baronne Charlotte de Rothschild de la branche de Londres, elle épousa en 1850 son cousin de la branche de Naples, le baron Adolphe (Dolly) de Rothschild, banquier né à Naples en 1820, mort à Paris en 1900 et qui fut consul général de Parme à Naples et était fils du baron Carl. Elle fut sans postérité de son mariage. Elle était très amie de l’impératrice Élisabeth d’Autriche. C’est en rentrant de chez elle à Pregny sur le lac Léman que l’impératrice fut assassinée le 9 septembre 1898.
Par testament la baronne légua 200 000 francs à la reine Marie des Deux-Siciles et 100 000 francs à sa sœur la comtesse de Trani.
Le baron Adolphe son époux avait quitté Naples pour Gaète avec le roi François II mais il ne put obtenir de sa famille les prêts qui auraient été nécessaires au roi. Il s’établit avec son épouse par la suite à Paris. Après avoir été opéré à Genève à la suite d’une blessure à l’œil il fut à l’origine de la Fondation ophtalmologique Adolphe de Rothschild à Paris qui fut véritablement créée après sa mort par Julie sa veuve.
Elle était elle-même artiste et notamment photographe. C’était une collectionneuse renommée et elle laissa le reste de ses biens à son neveu Maurice, banquier, mécène, homme politique français, le père d’Edmond.
Gérard
4 juin 2017 @ 19:34
Ajoutons qu’au début du XXe siècle les Rothschild étaient déjà alliés à plusieurs familles de la plus haute aristocratie européenne. Le temps du snobisme était depassé…
DEB
5 juin 2017 @ 12:26
Merci à Jean-Pierre et Gérard.
C’était donc une belle amitié !
Corsica
6 juin 2017 @ 17:37
La filiale napolitaine de la banque de Francfort, CM de Rothschild & Figli fut ouverte en 1821 par Carl, fils de Mayer Amschel. Et c’est en 1841 qu’il acheta la magnifique villa néoclassique construite en 1826 par l’Anglais Acton. Située sur la Riviera de Chiaia, sa blancheur entourée d’un beau jardin ne peut que se remarquer. Connue sous le nom de son dernier propriétaire, la villa Pignatelli se visite. Une belle plongée dans un monde révolu et un havre de silence tout près de l’agitation de la ville.
Patrick Germain
5 juin 2017 @ 15:45
Deb,
Gérard a parfaitement répondu à votre question.
Les Rothschild avaient de la reconnaissance envers ceux qui, non seulement les avaient aidés, mais aussi reconnus et étaient sans préjugés à l’égard de leur religion.
A la fin du XIXe comme aujourd’hui, il n’est pas possible de parler de snobisme les concernant car ils sont situés au plus haut de la société européenne et leur compagnie est recherchée par bien des gens, à commencer par les têtes couronnées.
Je pense que l’aide que recevait Marie Sophie de Bourbon-Siciles était purement gratuite, et ce d’autant plus que la reine ne représentait plus rien et que les chances de restauration étaient nulles.
Cordialement
Patrick Germain
DEB
6 juin 2017 @ 18:21
Merci de m’avoir répondu.
Je suis ravie de voir que l’amitié n’était pas un vain mot pour les Rothschild.
Kalistéa
4 juin 2017 @ 05:44
Ainsi se termine dans la mélancolie une de ces biographies de reine d’un autre siècle,merci encore cher Patrick germain de nous faire partager les joies de vos recherches,C’était à plus d’un titre passionnant!
clementine1
4 juin 2017 @ 07:06
rocambolesque, époustouflant, émouvant. Quelle vie ! dont j’ignorais presque tout.
Merci Patrick Germain pour cette série d’articles et les photos..
AnneLise
4 juin 2017 @ 07:34
Merci pour ce magnifique reportage.
Iconographie et commentaires nombreux et soigneusement référencés permettent la découverte d’une de ces Princesses en Bavière, souvent évincées par la plus célèbre d’entre elles.
Peut-être, un jour, un portrait de la Duchesse d’Alençon ?
emy
4 juin 2017 @ 10:43
Anne-Lise, il y a eu un grand article sur la Duchesse d’Alençon sur ce site il y a quelques années, mais je ne sais plus du tout à quelle date…
AnneLise
5 juin 2017 @ 19:01
Merci emy, mais étant relativement nouvelle sur le site je n’ai pas eu le loisir de le lire.
En tapant « Duchesse d’Alençon » peut-être, je vais essayer.
Bonne semaine
Damien B.
4 juin 2017 @ 07:40
Merci cher Patrick d’avoir une nouvelle fois partagé ici vos connaissances et le fruit de vos recherches minutieuses.
J’ai lu les sept épisodes avec intérêt et plaisir.
Amicalement,
Damien
Ghislaine-Perrynn
4 juin 2017 @ 07:54
Vraiment très intéressant ce récit clair malgré les circonvolutions de l’histoire , merci à vous .
Jean Pierre
4 juin 2017 @ 08:09
Merci Cosmo pour ces brillants articles.
Dans la nécro du Gaulois, le journaliste évoque le sourire de la reine de Naples mais Marie Josée de Savoie dans « Albert et Elisabeth » raconte qu’elle avait toujours un mouchoir devant la bouche pour cacher sa dentition.
La Reine de Naples n’aurait plus trop sa place dans le monde d’aujourd’hui y compris dans les cours royales, Les Verdurin ont gagné et règnent (presque) partout.
Marie1
4 juin 2017 @ 08:12
Merci pour ce récit, comme toujours passionnant et très bien documenté.
Severina
4 juin 2017 @ 08:25
Merci, Patrick Germain, une lecture passionnante: à bientôt j’espère.
Alinéas
4 juin 2017 @ 08:53
Merci pour tous ces articles et photos. Cela a été un très grand plaisir.!
Alinéas
Patricio
4 juin 2017 @ 08:57
Encore une fois un grand merci.
Amitié
Patricio
Robespierre
4 juin 2017 @ 09:00
Quelle histoire ! Merci à Patrick Germain de nous avons l’avoir racontée en détail, iconographie à l’appui. Je trouve que Vittorio Emanuele avait une tête de dégénéré, produit de trop de mariages consanguins.
Marie Sophie a beaucoup de mérite d’être restée une épouse exemplaire, d’après ce que l’on sait. Elle aurait pu se trouver un ou plusieurs consolateurs. Avoir comme mari un prêtre en civil n’a pas dû être drôle.
JAusten
4 juin 2017 @ 09:14
quand j’ai lu qu’elle était enceinte .. je me suis dit « mais bon sang jusqu’à quel âge peut-on l’être ! » puis j’ai réalisé qu’elle n’avait que 27 ans !!!!!!!! Ces 7 épisodes m’ont paru être le récit de toute une vie mais en fait ne s’étaient écoulés que 10 ans ! Quelle vie bon sang.
Mais je remarque une constante dans ces récits, les personnages meurent souvent pauvres et seuls.
YVELISE
4 juin 2017 @ 09:33
Quelle belle histoire vraie!
J’attends avec impatience d’en lire une autre.
Francky
4 juin 2017 @ 10:03
Un grand bravo et un grand merci, cher Patrick !!!
Vous nous offrez là une biographie épique, romanesque à souhait, de la plus émouvante des princesses en Bavière. Son trône était moins prestigieux que celui où était assise son auguste sœur, mais elle porta la couronne de Naples bien mieux qu’Élisabeth ne le fit…
Continuez à nous délecter de votre passion pour l’histoire et de votre érudition !
Je vous lirai toujours avec un très grand plaisir.
Bien à vous.
Francky
Pierre-Yves
4 juin 2017 @ 10:12
Marie Sophie aura eu une vie aventureuse et romanesque qu’on a découverte avec un vif plaisir.
Reste l’impression d’une femme qui a été plus reine que son mari n’a été roi, n’a pas eu peur d’envoyer paître sa belle-mère, a vibré et aimé se battre pour son pays d’adoption, mais pour laquelle l’essentiel fut joué avant qu’elle n’atteigne l’âge de 25 ans. Les 55 autres années de son existence, elle n’aura fait, plus ou moins, que passer le temps.
Merci infiniment à Patrick G pour ce beau et passionnant travail. Un de plus à son actif, mais, je l’espère ardemment, pas le dernier !
emy
4 juin 2017 @ 10:44
C’était vraiment tout à fait passionnant, de Marie-Sophie je ne connaissais que son mariage, mais rien du reste de sa vie, un très grand merci !
inconnue
4 juin 2017 @ 12:34
TOUTES , OUI , TOUTES , LES SOEURS WITTELSBACH TERMINERONT LEUR VIE SOIT , TRAGIQUEMENT , SOIT DE MALADIE DE CHAGRIN , SOIT DE MISERE , OUBILEES DE TOUS
Vicky
5 juin 2017 @ 22:02
Il est quand même difficile de mourir autrement que : tragiquement, de maladie, de chagrin ou de misère. Il y a bien quelques morts plus originales : écrasé par la télévision d’un avion ou par le camion contenant son gâteau d’anniversaire, mais à l’époque, cela devait être un peu compliqué. Quant à être oubliées de tous, preuve en est faite ici, que c’est très loin d’être le cas.
inconnue
4 juin 2017 @ 12:36
Un petit recit sur Elisabeth ou Sophie Charlotte , ce serait bien aussi
Mayg
4 juin 2017 @ 12:41
Merci pour ce beau reportage.
Mais une question me vient à l’esprit, pourquoi les Rothschild lui donnait de quoi vivre lorsqu’elle vivait à Paris ?
Patrick Germain
5 juin 2017 @ 15:50
Mayg,
Gérard a en grande partie répondu à votre question et j’ai ajouté un commentaire.
Les Rothschild étaient, et sont toujours, capables de grande générosité gratuite.
Ceux qui voient en eux des manipulateurs n’ont rien compris. Certes ce sont des hommes d’affaires et des banquiers, mais ce sont aussi des grands seigneurs, bien plus que la plupart des aristocrates, qui ont, pour beaucoup d’entre eux, vécu de prébendes depuis bien longtemps.
Patrick Germain
Mayg
6 juin 2017 @ 15:41
Merci pour la réponse.
HélèneA
4 juin 2017 @ 13:36
Oui captivant. Mes arrières grands parents siciliens, ont connus toute cette période,mais ils étaient pour la réunification. Mon père est entré dans l’armée des carabiniers du roi d’Italie, Victor-Emmanuel III. Il a toujours eu la nostalgie de cette époque, surtout les dernières années de sa vie. Quand il entendait l’hymne « Frères d’Italie », chant de la réunification italienne, né en 1847, il pleurait.
Mary
4 juin 2017 @ 15:07
Merci à Patrick Germain qui nous a tant appris,comme toujours. Mais j’ai le moral dans les chaussettes : quelle triste vie !
beji
4 juin 2017 @ 15:14
Merci Patrick pour cette biographie de Marie-Sophie;à la fin de sa vie,elle était très proche de sa soeur et belle-soeur ,la comtesse Trani.Depuis longtemps, je cherchais des informations sur Daisy,tout ce que j’ai trouvé est qu’elle séjournait
dans un château du Tarn;quant à la petite Marie-Christine,il existe une émouvante photo sur sur son lit de mort où, cependant, l’enfant est très belle.
nozzari
4 juin 2017 @ 15:14
Intéressante biographie-résumé d’une femme qui eut vraiment une existence hors du commun.
Korobaze
4 juin 2017 @ 15:38
Ce fut un régal de lire les aventures romanesques de cette reine qui m’était jusqu’ici à peu près inconnue. Un grand merci pour vos talents de conteur.
Corsica
4 juin 2017 @ 17:27
Un superbe et passionnant travail de Patrick Germain que je remercie chaleureusement mais, au final, toute cette histoire me laisse une profonde impression de gâchis, aussi bien au niveau des sentiments que des vies humaines mais aussi et surtout au niveau des ces régions qui, après avoir fait la richesse du Royaume des Deux-Siciles, sont trop souvent méprisées par les Italiens du Nord. Par contre, pas de jaloux, les vaincus comme leurs vainqueurs ont tous été balayés par l’Histoire. Peu importe les incompétences, les trahisons et les vilenies de leurs ancêtres, les descendants de ces maisons sont devenus des Monsieur et Madame tout le monde, qui n’ont pas plus de droits que les autres sujets des républiques dans lesquels ils vivent. Les monarchistes peuvent toujours espérés leur retour, mais j’ai bien peur que tout cela ne restent que des vœux pieux.
Robespierre
5 juin 2017 @ 11:25
Quand on voit un tel degré d’incompétence, on pense aussi « quel gâchis » !
Patrick Germain
5 juin 2017 @ 16:00
Chère Corsica,
Merci pour vos compliments ! Je dois vous avouer que j’ai beaucoup de mal avec certains Italiens du nord, quand ils se permettent de critiquer le sud, avec des jugements à l’emporte-pièce. La plupart du temps, ils n’y sont jamais allés et se contentent de véhiculer des idées reçues. Ils considèrent n’avoir aucune responsabilité dans la situation du Mezzogiorno, qui, certes à ses défauts, mais est loin d’être totalement responsable.
Etrangement, Mussolini avait une vision plus juste de la situation et a essayé de remédier aux lacunes de l’administration piémontaise, qui après l’annexion, ne s’est plus préoccupée du sud. Il ne faut pas oublier que c’est à ce moment là, fin XIXe, que la Mafia s’est développée sur les friches d’une administration bourbonienne, mise à bas et pas remplacée par les nouveaux maîtres.
Amicalement
Patrick Germain
Robespierre
6 juin 2017 @ 12:47
En fait, une des rares bonnes choses qu’on peut attribuer à Mussolini c’est d’être parvenu à briser la Mafia. Et curieusement (et malheureusement) ce sont les Américains qui sont venus bouleverser tout cela avec leurs gros sabots. Quand à la fin de la guerre les Americians sont arrivés en Sicile, ne parlant pas italien, ils ont dû s’appuyer sur des Italo-américains locaux que l’Oncle Sam avait renvoyés chez eux. Des mafieux pas du tout repentis, qui ont pu reprendre les choses en main et se sont rendus indispensable aux troupes d’occupation. La suite on la devine.
ciboulette
4 juin 2017 @ 17:39
Grand merci pour ce récit passionnant , sa vie a été vraiment dramatique !
Dominique d'amico
4 juin 2017 @ 19:16
J ignorais la vie de la soeur de l imperatrice ‘sissi’
Ce ne fut pas une vie heureuse et reussie
Toute une epoque bie finie
Merci pour cette page d histoire
Kalistéa
4 juin 2017 @ 19:36
Chère Anne-Lise , je me permets de vous signaler le très bon livre de Marguerite Bourcet (librairie Académique Perrin):
« Le duc et la duchesse d’Alençon
un couple de tragédie ».
Si vous voulez tout savoir sur la jolie ex-fiancée de Louis II de Bavière ..;
Bonne soirée.
AnneLise
5 juin 2017 @ 10:57
Merci beaucoup, j’ai effectivement lu ce livre sorti il y a fort longtemps si je ne m’abuse, avec une couverture bleue, mais peut-être, Patrick Germain aurait il d’autres éléments à apporter et à commenter…
Bonne semaine, car nous sommes déjà lundi !
Gérard
5 juin 2017 @ 12:43
Le livre de Marguerite Bourcet est incontournable mais depuis on a ajouté beaucoup de choses sur la duchesse notamment sur sa vie privée
AnneLise
5 juin 2017 @ 13:38
Re !
Je viens de faire des fouilles dans ma bibliothèque et j’ai retrouvé le livre de Marguerite Bourcet édité en 1960 et réédité en 2003, je crois.
J’ai souri en lisant la manchette : « ce livre a une histoire elle pourrait s’intituler : quand une jeune fille rêve d’une princesse morte »
Petit clin d’oeil amical à nos récents échanges.
Pour le coup je l’ai mis sur ma table de chevet et vais le relire ce soir.
Amicalement
Jakob van Rijsel
5 juin 2017 @ 16:03
J »ai lu ce livre autrefois. Pour autant que je m’en souvienne la fumée de l’encensoir manié par Marcuerite Bourcet masquait quelque peu une réalité peu à l’avantage de ce couple.
Rose
6 juin 2017 @ 21:04
Bonsoir,
Je me souviens l’avoir également il y a plusieurs années …une hagiographie d’un autre temps, avec un prince bon chrétien et bon mari et une épouse fragile des nerfs. Plus personne ne publierait ce genre de biographie aujourd’hui.
Effectivement, cela mériterait une vraie recherche.
Belle soirée
Rose
corentine
4 juin 2017 @ 20:06
Excellent, un très très grand merci
claudie hezez
4 juin 2017 @ 22:32
Merci beaucoup récit passionnant
Aramis
4 juin 2017 @ 22:56
Félicitations pour ce récit enlevé et très documenté. Mille mercis. Un réel plaisir en 5 actes … qui loin d’assouvir notre faim suscite le desir de lire de nouvelles aventures ! Vite Au travail Monsieur Germain !!!! :) :) :)
framboiz 07
5 juin 2017 @ 01:04
Merci, récit passionnant !
Elisabeth
5 juin 2017 @ 07:34
Merci Patrick Germain pour ce récit passionnant. Je connaissais les grandes lignes de la vie de Marie Sophie, reine des Deux Siciles, me voilà maintenant mieux renseignée. Une femme de caractère dotée d’une forte personnalité
Elisabeth
Frédéric GENSE
5 juin 2017 @ 09:17
Merci beaucoup pour ce portrait historique et romanesque !
AUDOUIN
5 juin 2017 @ 11:04
Légende à rectifier SVP: sur la photo censée représenter le comte et la comtesse de Caserte, figurent en réalité le second fils de ces derniers, Don Carlos, infant d’Espagne jure uxoris si l’on peut dire, sa seconde épouse Louise d’Orléans, la mère de celle-ci, la comtesse de Paris (assise) et les deux enfants du 1er lit enfants et les quatre enfants du second lit. de Don Carlos
D’aurtre part part, la princesse Marie Annonciade de Bourbon-Siciles a épousé, non pas l’archiduc François-Charles, mais le fils de ce denier, l’archiduc Charles- Louis dont la photo figure d’ailleurs ici en bonne place
AUDOUIN
Patrick Germain
5 juin 2017 @ 12:27
Audouin, merci d’avoir rectifié !
Mayg
5 juin 2017 @ 13:39
Merci Audouin pour ces précisions.
Gatsby
5 juin 2017 @ 11:43
Merci ! Un vrai régal pour ce rendez-vous quotidien.
Marine 2
5 juin 2017 @ 15:07
Qu’ajouter à cette cascade de compliments et de remerciements…..les mots manquent, mais toute ma gratitude…
Charlanges
5 juin 2017 @ 15:35
A titre anecdotique, on peut signaler que le roi et la reine de Naples habitèrent de 1874 à 1877 un hôtel particulier appelé « villa Nève », 19 avenue Daumesnil à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Cette demeure a été démolie en 1957 comme bien d’autres résidences de cette belle avenue qui longe le bois de Vincennes.
Lorraine 1
5 juin 2017 @ 15:37
A part la très estimable branche Aoste, rien n’est à sauver du côté des Savoie. Non seulement, ils ont ruiné les Deux- Siciles, mais aussi le nord de l’Italie en écrasant les populations d’impôts. Vous ne vous êtes jamais demandé la raison de la vague d’immigration italienne vers les Etats-Unis à la fin du XIXè siècle ? C’est ce que m’avait indiqué il y quelques années indiqué un généalogiste Italien. Mais les Savoie ont payé.
Luise
6 juin 2017 @ 15:00
Les Aoste sont Savoie. Et les impots payées sous la Maison de Savoie sont faibles par rapport aux impots que nous payons dans nos jours.
Jakob van Rijsel
5 juin 2017 @ 16:05
Merci pour cette série d’articles et de photos très intéressante.
Rose
5 juin 2017 @ 16:31
Bonjour Cosmo,
Une immense merci pour ce récit brillant, documenté et à l’iconographie fort riche. Merci de nous avoir fait partager vos recherches !
En filigrane, on a quand même l’impression que ces soeurs de Bavière étaient un peu « frappées », exaltées, avec en parallèle une très haute opinion d’elles-mêmes..
Sophie-Charlotte, la duchesse d’Alençon, avait aussi été exfiltrée pour dissimuler une passion adultère.
La personnalité de Marie-Sophie, peu religieuse, qui tombe enceinte d’un zouave pontifical, devait détonner dans cette famille de Bourbon-Siciles empreinte d’un catholicisme exacerbé. Même s’il n’y avait pas eu les rivalités d’ambition, les relations avec la reine-mère n’auraient pas pu être bonnes.
Belle journée
Rose
Laure-Marie Sabre
5 juin 2017 @ 20:33
On s’habite facilement aux choses qui nous font plaisir : mon premier réflexe en me connectant à Noblesse et Royautés a été de chercher le nouvel épisode de la saga… terminée !
Merci à l’auteur.
septentrion
5 juin 2017 @ 21:44
La pose de la première photo fait penser à celle de Sophie Charlotte fiancée à Louis II de Bavière.
Est-ce que c’était l’ usage qu’un enfant illégitime né dans l’aristocratie soit confié ainsi à sa famille paternelle?
A supposer que ce soit vrai, cela rappelle la naissance illégitime d’une petite fille de la duchesse de Devonshire, Georgiana Cvendish, née Spencer, Eliza Courtney en 1792, qui fut confiée à la famille de Charles Grey, son père.
Merci Patrick Germain pour ce récit rythmé tantôt émouvant, plein d’espoirs perdus, tantôt tragique. Et surtout si riche en faits historiques que je ne connaissais pas en détail.
J’ai retenu une remarque de Severina, l’Histoire de la disparition du royaume des Deux Siciles a été écrite par ceux qui ont gagné, comme souvent.
Dans les programmes d’Histoire on évoque Garibaldi mais jamais l’héroïne de Gaète.
Actarus
5 juin 2017 @ 22:40
Encore merci, Patrick.
Figurez-vous que j’ai un scoop sur un membre de la famille royale des Deux-Siciles.
Cela mériterait sans doute un article, mais j’aimerais le diffuser sur un support comme « Majesty Magazine »…
Actarus
5 juin 2017 @ 22:47
Anticipant des questions éventuelles, mes raisons sont :
1. obtenir la reconnaissance d’être publié sous mon vrai nom ;
2. être payé, ne serait-ce que pour rembourser les frais d’essence occasionnés par cette recherche (tant mieux si c’est plus).
3. j’ai fait quand même une sacrée découverte… ;-)
Cosmo
6 juin 2017 @ 16:14
Actarus,
Vous nous mettez l’eau à la bouche…
Espérons que vos souhaits seront satisfaits et par là-même notre curiosité.
Amicalement
Cosmo
AUDOUIN
6 juin 2017 @ 12:37
Pardonnez-moi, Patrick Germain, il y a une autre légende erronée que je voudrais signaler: le roi François II n’ est pas agenouillé aux pieds du Saint Père mais il se tient debout à sa droite. Il est d’ailleurs très reconnaissable..
AUDOUIN
Patrick Germain
7 juin 2017 @ 14:43
Etes-vous sûr, car quand j’ai fait la recherche iconographique, il était dit « François II agenouillé ». Les deux personnes ont des similitudes physiques.
AUDOUIN
8 juin 2017 @ 14:02
Vous n’avez donné qu’une vue partielle de la photo
Sur le site bourbonien cité ci-dessus, l’intégralité de la photo montre deux officiers le genou droit posé à terre comme il convenait de le faire devant la plus haute autorité ecclésiastique. Il eut été inconcevable que le roi s’agenouille seul alors que le reste de l’assistance restait debout. Francois II est frac debout, à la droite du Pape (à gauche sur la photo)
http://www.associazioniduesicilie.it
AUDOUIN
AUDOUIN
8 juin 2017 @ 17:56
@Patrick GERMAIN
La photo que vous avez publiée sur N&R a été prise en 1862 à Anzio, port dépendant des Etats pontificaux, à l’occasion des manoeuvres de l’armée papale. L’officier à droite, genou droit à terre que vous avez pris pour le roi François II, est en réalité le général Hermann KANZLER, chef d’état-major des Forces armées des Etats pontificaux. L’officier à gauche n’est autre que le lieutenant-colonel Athanase de Charette de La Contrie, commandant des Zouaves pontificaux. Sauf erreur, on reconnaît aussi , entre le Saint Père et le roi des Deux-Siciles,légèrement en retrait, Mgr Xavier de Mérode, ministre de la guerre des Etats pontificaux.
AUDOUIN
AUDOUIN
10 juin 2017 @ 05:52
@Patrick GERMAIN
Je rectifie: Mgr Xavier de Mérode se trouve, non pas entre le Pie IX et le roi, mais immédiatement à la gauche du Pape (à droite sur la photo). Mais je suppose que vous avez du faire vous-même la correction…
AUDOUIN
Plume d'histoire
30 novembre 2017 @ 21:05
Bonjour, c’est une vie tragique… Auriez-vous des sources en français à me conseiller pour approfondir ? Merci !