Appartenant à l’une des plus prestigieuses, des plus anciennes et des plus riches familles hongroises, le comte Paul Palffy de Erdöd naît en 1890. Jeune officier de cavalerie, il vit les derniers fastes de la monarchie austro-hongroise avant la Première guerre mondiale. Il est plongé ensuite dans les soubresauts politiques du nouvel État tchécoslovaque et de la Mitteleuropa de l’entre-deux-guerres.
Très vite, il devient surtout une figure emblématique de la société du Ritz et de l’Orient-Express, côtoyant tous les grands noms de l’aristocratie et de la diplomatie d’Europe centrale et la high society internationale.
Grand amateur de femmes, il en épousera huit, parmi lesquelles Louise de Vilmorin qui lui donne son premier vrai foyer – pendant la Seconde guerre mondiale – dans son cher château de Pudmerice. À l’arrivé des Soviétiques en 1945, Palffy fuit vers l’ouest, abandonnant tous ses biens. Il finit ses jours très modestement à Munich en 1968, entouré de ses seuls souvenirs. » (Source : éditions Lacurne)
« Comte Paul Palffy (1890-1950). Des carpates au Ritz. Le mari de Louise de Vilmorin », Editions Lacurne, 2013, 376 p.
Lorenz
18 février 2014 @ 08:26
Je n’aimerait pas trop que ma biographie soit intitulé «Le mari de .. »
ARAMIS
18 février 2014 @ 09:24
Meme s’ il s agissait,pour vous, d Amadeo ? Je gage, Lorenz, qu’il en irait alors differemment, vu votre commentaire sous l’article consacré a ses fiançailles ! Mais, helas pour vous, cela n’ arrivera pas…
Lorenz
19 février 2014 @ 01:04
Vous remuez le couteau dans la plaie, Aramis! ;)
Kalistéa
18 février 2014 @ 11:52
Vous avez raison Lorents mais si on veut vendre ce livre en France ,il faut attirer l’attention sur ce mariage.
Lorenz
19 février 2014 @ 01:11
Ah, les règles du marketing, hélas!
Laure-Marie Sabre
18 février 2014 @ 14:44
Et les biographies de femmes où elle sont indiquées sous le nom de leur mari, vous pensez que ça leur plaît ?
Lorenz
19 février 2014 @ 01:10
Il y a des femmes qui se présentent elles-mêmes en utilisant le nom de leur mari.. peut-être qu’elles ne seraient pas dérangées :)
aubert
19 février 2014 @ 13:35
…sous le nom de leur mari même quand elles en ont divorcé.
Lidia
18 février 2014 @ 09:58
Je pense que je vais lire ce livre, c’est un pan d’histoire mouvementé. Il a donc gardé ses biens sous les Allemands ?
Zeugma
18 février 2014 @ 10:41
J’ai lu cette intéressante biographie il y a de nombreux mois déjà.
C’est une plongée dans le monde de la haute noblesse d’Europe centrale d’avant-guerre – et d’après-guerre – qui vivait entre Vienne et Budapest, les Palffy ayant leur établissement principal à Presbourg (aujourd’hui Bratislava).
flabemont8
19 février 2014 @ 12:46
Quel beau livre !
Dame Tartine
18 février 2014 @ 11:33
Vu ses huit mariages, et sa grande experience des femmes, il aurait du écrire un livre là-dessus aussi.
philippe gain d'enquin
18 février 2014 @ 12:19
Votre pseudo ne commence pour autant pas par J. ou C., vous ne risquez donc rien… Cordialement, PHG
Cosmo
18 février 2014 @ 14:21
Peu de gens s’intéressent encore à la charmante et spirituelle Louise de Vilmorin. Personne au comte Pal Palffy ! Sa biographie n’a probablement d’intérêt que par la nostalgie d’un monde disparu, monde toutefois réservé à une élite fort peu nombreuse. Il n’existait en Hongrie, en y comprenant la Transylvanie et la Ruthénie, que 300 familles comtales, et moins de dix familles ducales ou princières.
Mayg
18 février 2014 @ 14:42
S’il est décédé en 1968 pourquoi arrêter ses mémoires en 1950 ?
De plus si le titre précise qu’il s’agissait du mari de Louise de Vilmorin, c’est peut être parce que cette dernière était fiancée à Antoine de Saint-Exupéry, et est devenue par la suite la compagne d’André Malraux.
Marié pas moins de 8 fois, quelles sont les 7 autres « heureuses » élues ?
flabemont8
18 février 2014 @ 15:59
Je ne savais pas du tout que Louise de Vilmorin avait été mariée avec lui .
Kalistéa
20 février 2014 @ 19:37
On ignore généralement la poétesse Louise de Vimorin.
Voyons si quelques vers me reviennent en mémoire:
« oh! demoiselle fragile,
Princesse des miroirs d’eau,
Voici le port
Voici la ville:
Attendez le prochain bateau! ».
Peu connu ,et ravissant, ne trouvez-vous pas?
Caroline
18 février 2014 @ 18:34
Ce n’était pas le mari de Louise de Vilmorain,mais son ex !Il a vécu avec elle,seulement pendant cinq années!
Donc,’L’ex-mari de Louise de Vilmorin’!
Dominique Charenton
18 février 2014 @ 21:25
Sur et de Louise de Vilmorin on peut lire :
Bien sur : « Madame de »
Jean Chalon : Florence et Louise les Magnifiques ( / Florence Jay Gould et Louise de Vilmorin ) 1987
J.Bothorel : Louise ou la vie de Louise de Vilmorin , 1993
Louise de Vilmorin : intimités,2001 2001
Louise de Vilmorin : Correspondance avec ses amis 2004
Louise de Vilmorin, Duff et Diana Cooper : Correspondance à trois 2008
Françoise Wagener : Je suis née inconsolable Louise de Vilmorin 2008
sur ce dernier ouvrage voir :
http://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20080321.BIB1037/louise-de-vilmorin-la-machine-a-plaire.html
Démone et autres textes , 2011
L’alphabet des aveux, 2011
etc…
***
Louise LEVÊQUE de VILMORIN ( née le 04 04 1902 à Verrières
le Buisson, décédée le 26 12 1969 à Verrières le Buisson )
avait épousé en secondes noces le 27 01 1938 à Presburg
Franz de Paula ( Paul) Rudolf Maria Josef comte PALFFY ab
ERDOED . Mariage dissous par divorce en 1943. Le comte avait
été auparavant marié 4 fois – sa 4ème épouse ( comtesse
WURMBRAND-STUPPACH ) ayant été elle mariée
6 fois !!! – et après Louise il épousera 3 autres femmes !!!
» Louise de VILMORIN , après son mariage avec le comte
PALFFY, avait dit au journaliste Pierre Brisson : « » Palffy ne
veut plus que je recoive aucun des hommes que j’ai
connus . » »
« » Mais, ma pauvre Louise, ça va être le désert ! « » répond
Brisson
in Jean CHALON : » Journal d’un Biographe 1984-1997 » page 269
Kalistéa
19 février 2014 @ 11:36
Vous avez oublié de dire et cela compte il me semble, que louise de Vilmorin qui fut la fiancée officielle de Saint-Exupéry, termina sa vie comme compagne d’André Malraux qui vint vivre avec elle au château des Vilmorin à Verrière-les-buissons.
Elle confia un jour à un ami : »je me sens très fatiguée…Malraux est difficile à vivre! ».
Le livre de Jean Chalon « louise et Florence les magnifiques » paru en 87 est une friandise.
Tonton Soupic
18 février 2014 @ 21:42
Qui est celle Vilmorin ?
Livia
19 février 2014 @ 18:27
@Tonton Soupic : »Madame de » qui est sur le site devrait pouvoir vous répondre mais…
Mélusine
19 février 2014 @ 19:46
C’était une marchande de graines, Tonton Soupic. Vous l’ignoriez ?
Dominique Charenton
18 février 2014 @ 21:44
Quelques extraits :
Un extrait coquin de la biographie de Louise de Vilmorin : » Louise ou la
vie de Louise de Vilmorin » par Jean Bothorel, 1993 ( ISBN 2 246 43981 7 ) page 295 :
» Le 17 06 1965 avant de s’endormir, c’est à son frère André, absent de
Paris que Louise de Vilmorin fait le récit de sa journée…..: « » Désireuse
hier de parler à Nicole de Lévis Mirepoix, j’ai formé son numéro sur le
disque de la boîte à fil. une voix d’homme m’a répondu :
– Allô…
– Allô, pourrais-je parler à Madame la Duchesse ,
– Pas pour le moment….elle prend son bain….son bain de siège au
gingembre….la duchesse tient à la fermeté de ses fesses et le gingembre
est un astringent.
Eberluée, ahurie, j’ai machinalement demandé :
– Qui est à l’appareil ?
– Eh bien, c’est moi, le petit ami du duc. Vous n’ignorez sans doute pas
que le duc est un sacré pédéraste !
J’en ai eu le souffle coupé, et j’ai raccroché le récepteur. Voilà ce qu’on
risque à se tromper de numéro…mais je ne l’ai pas regretté crois-moi ! »
****
» 6 mars 1951-….Pali est encore à Paris. Je l’ai vu ce matin et il m’a longuement parlé de sa fiancée, jeune fille de vingt-trois ans, comtesse Herberstein, qu’il attend d’un jour à l’autre.
Je ne l’ai pas écouté sans chagrin. Il me peine vraiment. Pour moi il est toujours un peu mon mari, je ne me suis jamais tout à fait détachée de lui et cette position de femme qui voit pour la seconde fois son mari se marier est une sorte de mauvais rêve auquel je ne parviens pas à croire et dont je cherche à fuir la tristesse désespérée qui cependant m’immobilise.
Un sentiment crée souvent un esclavage qui dure aussi longtemps que se prolonge le moment de ce sentiment; mais il existe, me semble-t-il, un esclavage indépendant du sentiment que l’on porte à un être et qui, gouverné par les souvenirs de toute une époque de la vie , vous arrache à l’être qui la représente et les rappelle. Je me suis parfois sentie maîtresse, mais Pali est seul à m’avoir donné le sentiment d’être maîtresse chez moi. Amoureuse ? Non. J’ai, certes, plus passionnément aimé Alexandre de Millo,
Sacha de Manziarly, Gaston Gallimard, Thomas Esterhazy et Duff Cooper que je n’ai aimé Pali, mais, je n’ai, de ma vie, été amoureuse que de la vie qu’il m’a donnée. J’ai moins joui de ma condition de femme que de ma position de dame. Aujourd’hui encore je donnerais volontiers tous les dons que l’on m’accorde – et dont je doute – , tous ces dons sans joie de la fatalité, pour une journée, une seule, une courte journée de ma vie à Pudmerice. Ces quelques heures seraient celles de mon agonie. Je ne m’en relèverais pas, mais j’aurais vu encore la glycine fleurie sur la façade, les marches du perron où nous nous assoyions dès le premier rayon de soleil et que nous appelions la « »Côte d’Azur « ». J’aurais revu la ferme de Lindau, les petits bois d’acacias en fleur. Je me serais promenée en voiture dans la forêt avec Gyöker, le cocher, et j’aurais vu la plume d’autruche de son chapeau – sorte de chapeau melon – et le col carré et brodé de son manteau – comme un col marin – agité par le vent. Je serais rentrée à la nuit ayant tout revu dans un mélange exceptionnel des saisons : les violettes pâles et sauvages – violettes de chiens – , les digitales jaunes, les bruyères sous la lande au pied des petites Carpates d’où l’on voyait Bibersbourg – Vöröskö – en hongrois -, la grande graminée des forêts, les chevreuils, les lièvres, maxi, le grand hibou, un grand duc aux yeux gros comme des mandarines et de la couleur de ce fruit, Ottenthal, Zabita, notre maison de chasse dans les petites Carpates à 15 kilomètres de Pudmerice, les cerfs, les mouflons, le retour par Stefanova, les hêtres, les chênes, les quelques mélèzes, les rouges, les ors, les bruns, les maisons peintes de couleurs pâles, les oeillets, rose arménien , dans la terre sablonneuse au pied des arbres à l’entrée du bois de pins qui continuait le parc, et dans ces bois je me serais arrêtée à la chapelle de Notre Dame de Lourdes, souvenir pour Pali de sa tante Irma Palffy, soeur de son père, qui l’a élevé après que sa mère est quittée
Pudmerice pour épouser le comte Alfredo Dentice-Frasso. J’aurais ouvert la porte de la maison avec sa poignée à secret et je serais entrée dans le hall, haut de deux étages, entouré à hauteur du premier étage, où se trouvaient nos chambres, d’un large palier balcon, autour duquel courait une balustrade de fer forgé de couleur vert de gris, semblable à la rampe de l’escalier. J’aurais enlevé mon chapeau vert de feutre soyeux, à longs poils, et je l’aurais posé dans le hall sur la grande table où les chapeaux de chasse, les gants, les châles, les écharpes, les jumelles, les boîtes de cartouches et de balles étaient si bien rangés.
Au centre de cette table le livre des signatures. A droite et à gauche de la porte d’entrée les rateliers à fusils et à carabines, puis de longues banquettes surmontées de portraits en pied : le comte Jean Palffy et le comte Schlippenbach, ancêtre de la mère de Pali, née de ce nom. La tête de bison au-dessus de la porte du salon, et de chaque côté de cette porte un poêle-cheminée de faïence crème. A droite, en tournant le dos à la porte d’entrée, la porte de mon petit salon, puis une large galerie où s’ouvraient le vestiaire et les chambres d’amis : Empire Zimmer, Niche Zimmer, Armstrong Zimmer, Garde-robe Zimmer, et une petite chambre bleue, dite Téléphone Zimmer. A gauche du hall, face à cette galerie, la porte de la bibliothèque face à celle de l’office et, entre elles, celle de la salle à manger. Je ferai un jour la description complète de chacune de ces pièces avec le plan de la maison. Quand nous rentrions de promenade, tout le rez de chaussée, qui était fort grand, sentait la lavande qu’en notre absence on avait fait brûler sur une pelle à feu, et il flottait parfois une très légère fumée. Ah ! si je pouvais revoir cela encore et dîner dans la salle à manger tout éclairée aux chandelles avec Jean (Bibi) et Lulu (sa soeur Louise ) Esterhazy, Michel Csaky, Marie et Mano Andrassy Tsisz et Bubi Waldstein, Laszy Pasfai, Karl et Peter Palffy et Karl Wilczek et tant d’autres amis et voisins, tous éparpillés et ruinés aujourd’hui par la guerre ! Ah ! que j’aimais cette vie-là et les gens, les choses, et les coutumes dont elle était faite. J’ai profité de chaque minute de ces années là et même les longs et monotones
mois de neige m’ont apporté bien plus de bonheur que l’amour. Hélas ! ce bonheur-là ne se transporte pas et j’en porterais le deuil jusqu’à mon dernier jour…Pudmerice ! La Slovaquie !
La chère Hongrie, mes amis et je ne sais quoi qu’ils trouvaient en moi et qui leur plaisait me donnaient une raison de vivre. J’étais la cinquième femme de Pali; mais j’avais l’impression, mieux que cela, la certitude ( et je l’ai encore) d’avoir été la seule, non qu’il m’ait aimée d’une certaine façon plus qu’une autre , mais il m’est plus attaché par le coeur.
Un homme comme lui ne demande pas à une épouse de satisfaire sa sensualité ‘(et quant à cela j’en aurais été bien incapable. Une sorte de timidité naturelle m’a toujours retenue : mes lettres d’amour sont ce que j’ai osé de plus aventureux et les passions que j’ai éprouvées ont été animées par le désir que j’avais de m’y abandonner ) que d’admirer ce qu’il est, que de l’applaudir assez servilement, que d’aimer sa vie, son destin, son pays, sa civilisation boiteuse ou bien campée.
Pali boiteux entre la grandeur et le ridicule, le savoir et l’ignorance, l’enfance et l’âge sans maturité, ayant beaucoup de coeur, de vrai bon coeur, et plus d’égoïsme que quiconque ici-bas; homme du monde et rustre ; ayant l’esprit pratique et ne poursuivant que des chimères, vaniteux, prétentieux, ennuyeux, despote, gai, généraux, musicien, infidèle, invivable, n’en reste pas moins l’homme qui me rappelle les plus belles années que j’ai vécues, source de mes inconsolables nostalgies. Ma vie depuis notre séparation n’est qu’une suite de tracas. Il m’en causait peut être de pires avec ses dettes, ses maîtresses, ses menaces, mais il était là et, surtout, j’étais là. Maintenant, seule devant mon avenir, repoussée de son présent, je me sens très dépitée, vaincue, un peu jalouse d’avoir été écartée de tant de malheurs bienheureux.
Quoiqu’il en soit j’ai déjeuner aujourd’hui chez Maxim’s avec un M.Nicholas Parker qui travaille avec Stanley Marcus et m’ a été envoyé par lui. Pali déjeunait là aussi avec le comte Mokl et, à une autre table, il y avait Etti Wurmbrand, quatrième épouse de Pali, dont il était le second époux. Elle avait d’abord épousé un américain du nom de Ryan, puis Pali, puis Thomas Esterhazy, puis Isiga Berchtold, puis un américain et je ne sais comment elle s’appelle à présent »
in Louise de Vilmorin, Intimités, 2001, pages 142 à 146
ISBN 2 07 076318 8 :
****
Jeudi 1er février 1951 – Paul Louis Weiller, le proprio, nous invite à déjeuner au petit
pavillon de Saint Vigor et vient vant le déjeuner prendre des cocktails chez nous [ un autre bâtiment de la propriété de P.L.Weiller à St Vigor , près de Versailles ] . Il a apporté un chou piqué de cure-dents empalant des crevettes. Un porc-épic de crevettes, ni plus, ni moins.Curieux. Les invités :….le prince Paul de Yougoslavie. Bon déjeuner.Je ne parle que des Rothschild. Tout se termine d’assez bonne heure et je pars avec l’Orphelin [Jean-François Lefèvre-Pontalis (1920-2000) ] et le prince Paul dans sa belle voiture qui nous donne envie de partir en voyage, pour Versailles, où j’achète une mauvaise guitare. Puis en passant par Saint Vigor nous déposons l’Orphelin et la guitare et je vais à Paris avec le prince Paul . Nous entrons d’abord chez Popoff, célèbre marchand de porcelaines, faubourg Saint Honoré, puis aux « Bibelots anciens » au 58 de la même rue, où le prince Paul me donne tout un couvert de vermeil niellé, russe, dans un bel écrin , et deux timbales de vermeil niellé. Je suis ivre de joie. Nous passons toute la soirée ensemble et il me prête sa voiture pour rentrer. Je regrette de ne pas pouvoir parler
plus de lui. C’est un curieux homme. Très érudit et un peu poltron. Grand charme.
Jolies manières, mais cachottier, hypocrite, sans audace sauf quand il parle de
son fils Alexandre, qu’il déteste. Il aime à être fier de ses proches et il a honte
d’Alexandre. Par contre, il est fier de sa femme au point d’être intimidé par elle.
Il est très connaisseur en art et littérature. Il reconnait instinctivement tout ce qui est
beau. Son goût est excellent.
in Louise de Vilmorin, Intimités, 2001, pages 109 et 110 (ISBN 2 07 076318 8 )
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Vendredi 26 janvier 1951 – Déjeuner au petit pavillon de Saint Vigor ( attenant à la
maison que nous habitons ), lieu que le proprio [ Paul Louis Weiller ] se réserve quand il veut jouer les Marie-Antoinette. Cuisine faite par son cuisinier. Soles pourries ; j’ai vomi toute la journée. Mais quand même c’était bien et le proprio nous a touchés . Il a semblé nous aimer , et nous l’avons aimé. C’est pas souvent. Nous lui devons trop. Les invités : le prince Paul de Yougoslavie ( je voudrais en parler longuement : homme charmant, lettré, fin, etc..), le duc de Brissac
in Louise de Vilmorin, Intimités, 2001, page 97 (ISBN 2 07 076318 8 )
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Vendredi 26 janvier 1951 – …….Les invités……le duc de Brissac ( plus grand, par la taille qu’un duc mais par l’esprit le plus petit et le plus prétentieux des ducs ), la marquise de Caumont, ……
Le duc, considéré dans le gratin poussiéreux et le milieu de la chasse à courre, par action,comme un homme intelligent et brillant parce qu’il parle beaucoup et emploie les termes qu’il croit scientifiques tels que : » scholagogue « , » phonographe » , « métabolisme », et « aérostat », est au fond très bête et ne dit que des platitudes. Je me suis querellée avec lui sur tous les points. On parle de Lyon : » Quelle ville lugubre ! » , s’écrie le duc.
On parle de Victor Hugo : » Ce n’est pas un poète « , s’ écrie le duc. » Peut-on être
poète lorsque, comme lui, on écrit à Juliette Drouet : » Viens de bonheur, tu feras le
mien » ( Phrase citée par lui . Sans garantie ) On parle de la Suisse : » C’est un grand sanatorium « , s’écrie le duc. On parle ses rousses, il dit qu’elles sentent mauvais. On parle des hommes, il dit que ce sont de grands enfants. On parle de cuisine, il déclare préférer la bonne cuisine simple, la tartine de beurre et l’oeuf à la coque, à la mauvaise cuisine compliquée. Il se croit poète alors qu’il est bon garçon, ce qui est rare aussi.Snob, il a glissé dans la conversation les noms de plusieurs de ses grand-mères : Ligne, d’Uzès et tout le tralala.
Paul Louis Weiller, qui traite Louis XIV en copain, interrompait le duc par des phrases telles que : » Louis XIV, dans l’intimité, peut-être très drôle, mais il faut le connaître Et quel goût exquis ! Et quel franc luron ! Je passe mon temps à le défendre. On se fait sur lui des idées fausses. On est aussi injuste à son égard qu’envers Charles de Beistégui. Puis il nous récite une fable express d’Alphonse Allais , « Le boa et le cor de chasse »
in Louise de Vilmorin, Intimités, 2001, pages 97 et 98 (ISBN 2 07 076318 8 )
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Venise – Août 1936…. Volpi donne encore un grand bal pour le prince de Piémont. Avant d’y aller , Elisabeth [ de Breteuil princesse Chavchavadzé ] et moi dînons chez la comtesse Morosini. Je suis habillée de blanc. Je porte des gardénias dans ma coiffure, et, en guise de bijoux, j’ai épinglé au hasard sur ma robe une quantité de petites guitares en mosaïque de toutes couleurs, qui retiennent quelques fleurs de tubéreuses.
Le prince de Piémont ( futur Umberto II) me fait des compliments, et m’invite à danser. Je suis ,
naturellement très flattée . J’écoute avec attention tout ce qu’il me dit, et je pense :
» Si mes frères me voyaient, ils diraient : » Cette Louise !…… » En dépit des années
cette soirée ne s’est pas ternie. J’y reviens souvent comme à une des plus charmantes que j’ai vécues.
in Louise de Vilmorin, Intimités, 2001, page 179 (ISBN 2 07 076318 8 )
*****
( Venise – Août 1936……..Un soir le comte Volpi donne un bal pour le comte de Paris et sa soeur la princesse Christophore de Grèce, qui habitent chez lui . Tard dans la soirée, le comte de Paris, Robert de Maussabré, une amie de Robert qui s’appelle Thérèse et moi sortons ensemble pour aller danser ailleurs. Le comte de Paris m’a laissé le souvenir de beaucoup d’intelligence, de sérieux et de grâce; de beaucoup d’autorité aussi. Ca ne l’empêche pas d’être très simple. Il rit facilement. L’intérêt qu’ il prend à tout Français et à tout ce qui est français touche le coeur et met à l’aise tout de suite. Quand je pense à lui je me sens royaliste. Je le suis peut-être aussi sans cela, mais je n’y ai jamais réfléchi.
in Louise de Vilmorin, Intimités, 2001, pages 178 et 179 (ISBN 2 07 076318 8 )
*****
Voici ce qu’écrivait Louise de Vilmorin à Duff Cooper sur Violet Trefusis, (1984-1972) grande tante de Camilla Parker Bowles : » J’ai été naguère à St Loup chez Violet Trefusis. Il est vrai qu’en France elle a eu non seulement un certain succès mais un succès certain avec certaines femmes. Antoinette d’Harcourt [ mère de l’actuel duc d’Harcourt et ….amie intime d’Arletty], dit-on, pleurait d’amour sur son sein. Je la trouve laide et peu appétissante et je ne pourrais boire dans son verre sans craindre les pires malheurs : être immédiatement changée crapaud, par exemple. Voilà ce qu’elle m’inspire.
Elle m’effraie mais je ne la déteste pas. »
in Jean Bothorel, Louise ou la vie de Louise de Vilmorin , 1993, page 195
ISBN 2 246 43981 7
Cosmo
18 février 2014 @ 23:02
Merci pour ces exquis moments de papotage aristocratique et mondain !
Louise de Vilmorin a été la dernière de ce monde où liberté d’esprit et libertinage, gentillesse et vacherie, aisance mondaine et fins de mois parfois difficiles se mélangeaient harmonieusement. Bien loin du conformisme social actuel !
Le plaisir de dîner au Ritz ( de la grande époque, pas d’aujourd’hui), de passer l’hiver à St Moritz et ne pas savoir comment on allait payer ! Mais était-il nécessaire de payer ?
Cordialement
Cosmo
Livia
19 février 2014 @ 18:34
@Dominique de Charenton: merci de ces extraits qui me ramènent à mon adolescence et qui marquent à mon avis la profonde mélancolie de Louise de VILMORIN et qui imprègne, je trouve, son célèbre roman « Madame de ».
Livia
19 février 2014 @ 18:38
@ suite: voilà que pensant à « Madame de » je vous ai « Monsieur de » :) :) :)
Dominique Charenton
18 février 2014 @ 21:55
sur la mère de Louise de Vilmorin :
Mélanie de GAUFRIDY de DORTAN (1876-1937) avait épousé en 1900 Philippe LEVËQUE de VILMORIN (1872-1917) . D’où 6 enfants dont la fameuse Louise de VILMORIN (1902-1969)et Roger (1905-1980) qui est indiqué par certains comme fils du roi Alphonse XIII.
De Mélanie de GAUFRIDY de DORTAN avec le jeune Alphonse XIII, serait donc né Roger de Vilmorin, père entre autres de Sophie de Vilmorin , dernière compagne d’un partisan des républicains espagnols : André MALRAUX !
Sophie de Vilmorin a publié un livre un livre sur sa liaison avec le ministre
de la culture du général de Gaulle.
Sophie de Vilmorin a 3 enfants dont une religieuse , une de ses filles a donnè
à un de ses fils le prénom Alphonse : Nicolas-Sixte Eric Ferdinand ALPHONSE
Roger Marie CLARET de FLEURIEU, né le 18 02 1991, prénom qui ne se trouve
dans aucun de ses ascendants proches….
Roger de Vilmorin a eu 4 enfants de son 1er mariage dont Sophie, de sa
seconde union il en a eu 3 autres.
Roger de Vilmorin est indiqué comme fils d’ Alphonse XIII entre autres dans la
biographie de Victoria-Eugénie : « Ena Spain’s English Queen » , 1984 par Gerard
Noel
Cependant Françoise Wagener qui a publié chez Albin Michel une importante et intéressante biographie de Louise de Vilmorin sous le titre « Je suis née inconsolable ». Si elle confirme qu’il y eut vraisemblablement liaison entre Alphonse XIII et la mère de Louise, Mélanie de Vilmorin, établit qu’aucun enfant Vilmorin (qu’il s’agisse de Roger ou d’André) n’a pu en être le fruit, contrairement à ce qui a été souvent affirmé.
*****
» Lundi 26 octobre 1987
….Nous déjeunons chez Alain Daniélou qui n’ouvre pas la bouche
parce que Edouard Mac Avoy tient le crachoir, et quel crachoir, tous
les amants de la mère de Louise, Mélanie de Vilmorin ont défilé, d’
Alphonse XIII à Edouard Herriot. Il me semble encore entendre Louise
me raconter : « » Le roi d’Espagne était très bon pour moi, il m’avait
offert une poupée et un béret basque. » »
in J.Chalon : Journal d’un biographe 1984-1997, 2001 page 107
******
Jean Bothorel dans sa biographie de Louise » Louise ou la vie de Louise
de Vilmorin » paru en 1993 (ISBN 2 246 43981 7 ) écrit à propos de
Mélanie de Vilmorin : » Mélanie, obsédée par le désir de plaire, un
désir au demeurant comblé……
….Intelligente, cultivée, Mélanie partageait bien des traits qui feront la
grâce, l’originalité et la force de sa fille. Elle avait réussi , imitant les
salons du XIXème siècle , à s’attacher quelques célébrités qui devenaient,
comme on disait alors, « »les lions » » de ses déjeuners ou dîners. ….
Clemenceau, Loubet, Painlevé, Arsitide Briand, Herriot, Poincaré, sont
passés chez elle où ils retrouvaient Sacha Guitry, Léon Bérard, Claudel,
Valéry, Jouvenel, Rostand, Jaloux, Paul Morand, Alexis Saint Léger bientôt
Saint John Perse….Mélanie en fut d’ailleurs récompensée : ce sera la
1ère femme, avant Anna de Noailles et Colette, à recevoir la cravate de
commandeur de la Légion d’Honneur. Ce jour-là, un des ses plus illustres
amoureux, Alphonse XIII , roi d’Espagne, lui fit tenir ce malicieux billet ;
« » J’ai bien envie, Madame – mais ne le répétez pas – de crier : Vive la
République ! »
La « » Belle Jardinière » » comme disaient ces intimes, cultivait l’art des
bons mots. ….Un jour elle confessa : « » Je n’ai jamais trompé mon mari » »
pour ajouter aussitôt, l’oeil malicieux : « » les rois, ça ne compte pas….. « »
…..
Mélanie entend maintenir son veuvage à l’air vif de la liberté et elle ne
perdra pas son temps. Elle prit plusieurs coeurs dont un de sang royal,
celui du duc Ferdinand de Montpensier. Amoureux transi, il voulut
l’épouser. Elle refusa. Dépité, le duc ne tarda pas à se marier, lui réclamant
les modestes cadeaux qu’il lui vait offerts. Il s’agissait, prétexta-t-il, « » de
bijoux de la maison de France « ». Sans une heure de retard, Mélanie fit
reporter les objets avec ce mot : « » Je regrette que Monsiegneur ne m’ait
pas offert de souvenir sans valeur que j’eusse pu conserver en mémoire de
notre amitié. » »
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Jean Chalon dans Florence et Louise Les Magnifiques, 1987
( ISBN 2 268 00577 1 ) écrit page 141 à propos de Mélanie de
Vilmorin : » Mélanie de Vilmorin compta parmi les plus belles femmes
de son époque. « » Vous trouvez Louise belle parce que vous n’avez pas
connu Mélanie qui l’était cent fois plus…. « » me fit observer Marthe
Bibesco. »
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» 7 octobre 1916
….Mélanie de Vilmorin est venue à Londres chercher Philippe, son mari, qui avait été pris de crachements de sang. Au chevet du malade elle a trouvé une Anglaise, Mrs W. Il y a eu une scène violente. « » Vous êtes poitrinaire, Madame, et vous avez contaminé Philippe « », a dit Mélanie. » » Poitrinaire, moi ! « » s’est écriée l’Anglaise. Et, pour se justifier, elle s’est dévêtue jusqu’à la taille et a forcé le médecin, qui était présent à l’ausculter. »
» 4 juillet 1917
Pierre de Fouquières [ diplomate, fameux chef du protocole] me raconte qu’en
réponse au télégramme de Mélanie au roi d’Espagne annonçant la mort de son
mari : « » Pensez à moi « », Sa Majesté a répondu à Quinonès [ son ambassadeur
à Paris ] : « » Porte mes condoléances à Mme de Vilmorin. Mon rhume va mieux « »
Ce qui est très Le Roi. »
in Paul Morand, Journal d’un attaché d’Ambassade 1916-1917, 1963, pages 28 et 277
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Dominique Charenton
18 février 2014 @ 21:57
sur la nièce de Louise :
L’ultime amour d’André Malraux
Par Martine de Rabaudy (L’Express), publié le 15/04/1999
Sophie de Vilmorin, nièce de Louise, a partagé les dernières années de l’auteur de La Condition humaine. Elle raconte
On croyait que Louise de Vilmorin était le dernier amour d’André Malraux. Parce que sa nièce Sophie avait accepté l’ombre. Pourtant, c’est avec cette dernière que, de 1970 à 1976, ultimes années de son existence, Malraux apprit le bonheur. Dans Aimer encore, qui paraît chez Gallimard le 23 avril, Sophie de Vilmorin raconte un Malraux du côté de chez André.
Qu’est-ce qui vous a décidée à ne plus vouloir être la femme oubliée?
J’en ai eu assez de n’être pour les autres que la secrétaire et l’infirmière. Ce qui m’a décidée fut le 20e anniversaire de sa mort et le transfert de ses cendres au Panthéon. Je voyais dans toute la presse des photos de Louise, ma tante, avec lui, légendées ainsi: «La dernière compagne de sa vie.» C’était quand même dur!
Pourtant, vous aimiez énormément Louise de Vilmorin?
Oui, je l’adorais. Et, certainement, des deux, c’est à moi qu’elle manquait le plus. Louise charmait André Malraux, comme elle charmait tout le monde, mais elle l’exaspérait vite. D’abord, et elle ne s’en cachait pas, elle ne comprenait rien de ce qu’il lui disait. A Verrières, elle supportait mal que ses propres invités se détournent d’elle pour l’écouter lui seul. Chacun des deux avait l’habitude d’être partout numéro un. Seuls, ils s’ennuyaient et buvaient trop de whisky. J’ai entendu des disputes. C’était très orageux entre eux.
Lorsque Louise meurt brutalement en 1969, il est malgré tout très désemparé?
Très. Et puis, à Verrières, il n’est pas chez lui. Et André Malraux redoute plus que tout de vivre seul. L’idée de rentrer dans une maison vide lui est insupportable. Bien sûr, mes oncles lui ont proposé de demeurer chez Louise.
Et vous vous trouviez là?
Je m’occupais du secrétariat de ma tante, c’est ainsi que j’ai fait sa connaissance. Lui avait comme secrétaire ma cousine Corinne. C’est seulement lorsqu’elle n’a plus été en mesure d’assumer cette tâche que je lui ai proposé de la remplacer.
Un jour, André Malraux confie à sa fille Florence: «Le pire qu’il pourrait m’arriver serait de tomber amoureux d’une femme de ton âge.» N’était-ce pas sa façon de lui annoncer que cela venait de se produire?
Exactement. Florence, devinant qu’il lui parlait de moi, lui a répliqué gentiment: «Ce n’est pas l’âge qui compte, mais la qualité de la personne.»
L’existence qu’il va mener avec vous à Verrières est à l’opposé de celle avec Louise. Vous viviez presque en reclus?
André Malraux m’a tout de suite demandé: «Voulez-vous que nous recevions?» Je tremblais, je ne savais pas ce qu’il souhaitait. Je lui ai répondu: «Non.» Et lui: «Ouf!» C’était la réponse espérée. A partir de là, Verrières est devenu le lieu exclusif de notre vie privée. Il a loué une partie de la maison, fait des travaux et m’a déclaré: «Vous savez que je ne peux pas vous épouser, mais je vous assume.»
C’était sa façon de vous dire: «Je vous aime.» Vous l’a-t-il jamais dit?
C’était un homme prude, avec son corps comme avec son cur. Il prouvait ses sentiments mais jamais il n’en parlait. La phrase de Cocteau «Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour» lui convient à merveille. En revanche, il avait rayé son passé et il détestait son enfance. Et, s’il vivait habité par la mort, c’était la mort métaphysique. Je dirais qu’il n’était en deuil de personne. Ce qu’il ressentait, c’était la tragédie de la mort, plus que l’absence des individus. Depuis son enfance, il avait été frappé par des disparitions soudaines: son grand-père et son père s’étaient suicidés; il avait perdu ses deux frères; Josette Clotis, la mère de ses deux fils, avait été victime d’un accident en pleine jeunesse; ses deux fils s’étaient tués ensemble en voiture à 18 et 20 ans. J’ajouterai que si les morts ne lui manquaient pas, il en était de même avec les vivants.
N’est-il pas terrible de partager la vie d’un tel indifférent ou, comme vous l’écrivez, d’un «cur verrouillé»?
Il n’était pas indifférent avec ceux qui étaient près de lui. Au contraire, il se montrait possessif et d’une extrême jalousie. A la suite d’un dîner avec Chagall, qui m’avait pris la main tout en me parlant, André Malraux s’est enfermé dans un mutisme de dix jours, sans me fournir d’explication. Il était aussi très susceptible et pouvait se fâcher avec une personne sans même lui en donner la raison. Cela s’est produit avec Faulkner, Jackie Kennedy, Simone Signoret. Vulnérable à la critique, il pouvait être facile, gentil, attentif. Quand on avait compris ses innombrables manies, tout était simple. Malade, à l’hôpital, il s’était montré d’une incroyable docilité avec les soignants, ne voulant jamais les déranger.
Vous ne le trouviez pas misogyne, comme certains l’affirmaient?
En tout cas, il préférait la compagnie des femmes à celle des hommes, sans être, contrairement à la légende, un séducteur. Monogame, fidèle, ayant le sens de ses responsabilités. Dire qu’il était misogyne parce qu’il avait une conception d’avant guerre du rôle de l’épouse, alors, oui. Moi, cela me convenait parfaitement. J’étais là pour lui faciliter les choses, l’écouter. J’adorais ça. J’ai eu l’immense chance de passer cinq ou six heures par jour en tête à tête avec lui pendant six ans. Et, pendant tout ce temps, il a pu écrire: Lazare, La Tête d’obsidienne, Les Hôtes de passage, la fin de L’Intemporel, et terminer, l’année de sa mort, L’Homme précaire et la littérature. Avec moi, il paraissait heureux et il écrivait. Qu’aurais-je pu espérer de mieux?
Aviez-vous conscience de faire abnégation de vous-même?
Abnégation de rien du tout. Nous avons voyagé au Japon, au Bangladesh, au Népal, en Inde. A Verrières, nous vivions entourés de ma famille, de mes filles; Florence et son mari, Alain Resnais, nous rendaient visite; André Malraux recevait des étudiants.
Il existait donc un André chez Malraux?
Un peu d’André, oui. Celui qui ne pouvait se passer de ses chats, aimait organiser des croisières, choisir pour moi un tailleur de Chanel, regarder les marronniers en fleur, sélectionner le programme du soir à la télévision, demander des nouvelles du village, parler avec les enfants.
Mais il avait conscience de penser à une autre altitude?
Lorsque Montherlant s’est suicidé, il m’a dit: «Nous ne sommes plus que trois: Aragon, Sartre et moi.» La qualité magique d’André Malraux était de faire monter chacun jusqu’à son altitude.
Vous a-t-il jamais reproché quelque chose?
De ne pas apprécier suffisamment les honneurs. Lui les aimait carrément et aurait été content de pouvoir les partager. Il me citait cet exemple: «Un homme riche doit avoir une femme qui aime l’argent, sinon où trouve-t-il sa satisfaction?»
Dominique Charenton
18 février 2014 @ 22:02
Sur Louise de Vilmorin on peut voir
http://www.dailymotion.com/video/xlojy8_louise-de-vilmorin-a-verrieres-dans-son-bureau-en-1955_webcam#.UR9sph1eX-Y
NB Louise de Vilmorin était la cousine germaine du héros de la Résistance : Honoré d’Estienne d’Orves (1901-1941) , fils d’une soeur de son père : Elisabeth de Vilmorin (1870-1940)
Les quartiers de Louise de Vilmorin figurent dans l’ouvrage de Joseph Valynseele, Denis Grando et autres : A la découverte de leurs ancêtres, 1988
flabemont8
18 février 2014 @ 22:58
Merci, Dominique Charenton, j’ai beaucoup apprécié cette lecture très intéressante !
flabemont8
19 février 2014 @ 17:51
Et surtout, j’ai oublié de le dire …le bain au gingembre !
val
19 février 2014 @ 17:55
Je ne sais pas si ce monsieur était quelqu’un de bien en l’occurence André Malraux l’amant de Louise était un grand mytomane, un affabulateur doté d’un pouvoir de voleur violent alcoolique et voilà et nous l’avons eu comme ministre de la culture alors que lui même avait volé des oeuvres d’art voulant se refaire financièrement , excusez moi mais je ne pouvais pas parler de Louis de Vilmorin sans évoquer ce satané malraux.
Cosmo
19 février 2014 @ 21:18
Val,
Si Malraux a bien commis des indélicatesses dans sa vie publique comme privée, il n’en a pas moins été un ministre de la culture auquel le patrimoine français doit beaucoup.
Bien à Vous
Cosmo
val
20 février 2014 @ 14:18
Cosmo,
Le seul moment ou je n’en veux pas a Malraux ( c’est lorsqu’il est sous le chêne qu’on abat à Colombey !!) je change exprès le titre j’ai bien aimé cet échange avec le Général .
Bonne journée Cosmo ,
Val
ML
20 février 2014 @ 16:47
Merci beaucoup ,Dominique Charenton ,pour ces extraits .Auriez-vous des renseignements concernant la famille Palffy : ancêtres , domaines …Je n’ai pas trouvé grand-chose à leur sujet .
Avec mes remerciements .