Noblesse et Royautés présente aujourd’hui différents sujets relatifs aux mémoires du prince Christophe de Grèce. L’ouvrage parut initialement en 1938. Il a été réédité par les éditions Lacurne avec préface du prince Michel de Grèce, fils unique du prince Christophe.
Différents thèmes sont abordés dans ces articles : la généalogie du prince pour bien le situer, l’histoire tourmentée de la monarchie grecque, des anecdotes, ses souvenirs de ses séjours en Russie, de l’impératrice Sissi ou encore ses amours.
Le prince était un grand mélomane et un pianiste de talent, il était aussi un excellent conteur comme le lecteur pourra l’apprécier. Il manie un ton narratif élégant, non dénué d’humour, croquant très bien les personnalités rencontrées, décrivant avec un émerveillement communicatif ses souvenirs sous les lambris dorés des palais russes, brossant avec pragmatisme les soubresauts que vécus la monarchie grecque entre exils et retour triomphal, retraçant avec autant de réalisme l’angoisse vécue lors du procès (au moment de la révolution en 1922) de son frère le prince André, que son départ en exil avec malles contenant argent, titres bancaires et bijoux ainsi que le chat persan de sa belle-sœur Hélène.
De par ses liens familiaux, le prince se retrouve témoin aux premières loges de nombreux grands événements du Gotha dont le mariage du futur roi Umberto d’Italie et de la princesse Marie José de Belgique qu’il raconte sous le prisme des anecdotes qui le jalonnèrent. Il est convié aux fêtes les plus élégantes aux Etats-Unis ou en Italie où il vécut plusieurs années.
Il nous plonge aussi dans sa vie de famille en Grèce, avec une discipline spartiate dans l’inconfort du Palais royal d’Athènes dépourvu d’eau chaude mais au sein d’un foyer chaleureux. Il vouait une grande admiration à son père le roi Georges I qui régna 50 ans avant d’être assassiné en 1913.
Il croque avec précision ses souvenirs de ses rencontres avec l’impératrice Sissi, Mussolini avant la Seconde Guerre Mondiale, la reine Mary d’Angleterre, évoque avec émotion la tragédie de la famille impériale russe au moment de la révolution de 1918.
Il confie sans retenue sa croyance dans les fantômes avec plusieurs récits plus qu’interpellant.
Le prince qui se vit offrir l’hypothétique trône de Lituanie, a épousé en 1920 avec Nancy Steward devenue princesse Anastasia. Veuf en 1923, il s’est ensuite remarié avec la princesse Françoise d’Orléans en 1930. Le couple a eu un fils unique le prince Michel (1939). Christophe de Grèce est brutalement décédé en janvier 1940 des suites de problèmes pulmonaires.
Son fils le prince Michel est connu pour ses nombreux ouvrages biographiques sur la vaste histoire de sa famille. On comprend de qui il a hérité ce style si chaleureux et captivant au moment de prendre la plume.
Ces souvenirs (nombreux) princiers se dévorent tant le rythme est attractif. Son constat est criant de réalisme : « Lorsque je jette un regard en arrière sur ma vie, j’éprouve quelque peu l’impression que dut, je l’imagine, ressentir Rip van Winkle (un protagoniste d’un roman qui s’endort pendant 20 ans) à son réveil, car le monde où je me trouve aujourd’hui n’est plus celui où je suis né. Il y a une cassure nette vers le milieu de mes 49 ans. D’une part, c’est le passé avec ses souvenirs d’une ère de paix et d‘opulence, quand les rois étaient assis en sécurité sur leurs trônes et que l’Europe contenait trois empires et quatorze monarchies. De l’autre, c’est le présent où manque peut-être l’éclat que l’on attribue communément à al dignité royale, du berceau à la tombe, mais riche toutefois en épreuves tragiques et comiques, en joies et en peines, que je n’eusse jamais connues dans l’ancien état des choses ».
On referme ces mémoires parus initialement en 1938 avec hélas un goût de trop peu tant la vie du prince a été riche en rencontres et événements, et avec une nostalgie certaine des monarchies d’antan, en particulier celle de Grèce qui vivait certes de manière protocolaire quand les circonstances l’imposaient mais avant tout simplement au domaine de Tatoï où repose le prince Christophe.
« Ma famille côté Cours », Prince Christophe de Grèce, Préface Prince Michel de Grèce, Lacurne, 2021, 326 p.
Vitabel
3 mai 2021 @ 07:45
Sympa de commencer la semaine avec la lecture de ces extraits, je découvre la vie de ce prince, je ne savais pas grand chose de lui sauf qu’il était le père du prince Michel de Grèce que j’aime beaucoup.
Pastelin
3 mai 2021 @ 08:45
Merci Régine ! De la lecture en perspective ! Agréable quand comme moi, on ne connait guère le personnage!
Claude patricia
3 mai 2021 @ 11:27
Ce doit être intéressant. Une succession de portraits royaux vus de l intérieur avec l opinion de l un d entre eux.
Enfin on me dira que je lis trop. Mais au moins je ne mourrai pas complètement inculte.
Ou alors je suis une asperguer… Comme maître Paul des 12 coups de midi… Quoique il en soit c est vrai que j avais 20 sur 20 en lecture tout au long de ma scolarité. J ai songé à devenir théâtreuse et vu mon goût pour le mélodrame j aurai réussi.
Guizmo
3 mai 2021 @ 14:08
Merci Régine pour tous ces extraits synonymes de bons moments de lecture
Danielle
3 mai 2021 @ 14:34
Merci Régine pour ces articles intéressants sur un personnage méconnu.
Pascal
3 mai 2021 @ 16:31
Cela donne envie de le lire , ne serait-ce que pour alimenter nos bavardages …
Le prince Michel de Grèce aime bien conter des histoires de fantômes sur son blog lui aussi!
Carolus
3 mai 2021 @ 18:22
Intéressant pour moi qui suis ignare sur cette royauté ( et d’autres…).
Ciboulette
4 mai 2021 @ 15:19
Le prince Christophe ressemble beaucoup à son frère le prince André , père du prince Philip , duc d’Edimbourg , récemment décédé .