Voici le menu du 2 juin 1933 dans la maison du comte Moise de Camondo rue de Monceau à Paris.
Melon glacé
Filets de sole Murat
Poulets pochés à l’estragon
Riz créole
Pièce de bœuf à la gelée
Salade de Romaine
Petits pois à la Française
Paillettes au parmesan
Fromage
Granit à la cerise
Philibert
18 décembre 2013 @ 06:11
Bon. Et puis ?
Livia
18 décembre 2013 @ 17:39
Et puis…vous vous mettez aux fourneaux et nous dégustons….miam….miam :)
(j’adore les rubriques sur les menus et je ne dois pas être la seule ne découragez pas Régine merci…)
Actarus
19 décembre 2013 @ 03:41
Et puis le comte Moïse a invité Monsieur Jourdain à traverser la Mer Rouge (une baignoire remplie de vin) avec lui avant de passer à table pour y déguster le lait et le miel. ;-)
Palatine
18 décembre 2013 @ 10:46
Je suis allée visiter un jour cet hôtel particulier parce que je suis férue du 18e S. Quelle ne fut pas mon indignation, quand j’ai vu, dans le porche, la plaque commémorative qui dit que la fille du généreux donateur a été arrêtée pendant l’Occupation par la police française qui l’a remise aux mains des nazis . ELle est morte en camp de concentration. SI son frère n’y est pas mort aussi, c’est parce qu’il était mort à la guerre 14-18. Son père qui avait construit et meublé son hôtel pour lui décida de le léguer à la France. Belle récompense. Vous comprendrez que commenter le menu, je ne peux pas.
Si l’ex-femme du comte de Camondo survécut, c’est parce qu’elle s’était remariée et avait un nom très français avec son nouveau mari.
caroline3
18 décembre 2013 @ 13:56
Eh oui , c est bien triste .Certains ont redécouvert de force leurs
» mauvaises » origines pendant la guerre. Voir à ce sujet le documentaire ( et lire le journal ) d Hélène Berr , qui écrivait dans son journal , qu on la faisait juive de force par ces mesures injustes (et de toutes manières intolérables ) , alors qu elle ne se sentait que française et parisienne .Nier les individualités et trouver des boucs émissaires , cela arrive toujours en période de guerre / crise , il faut donc rester vigilant .
Livia
18 décembre 2013 @ 17:43
Oh Palatine ce que vous racontez est terrible!
Je n’ai vu votre post qu’après ma réponse à Philibert, cela m’aurait ôté l’envie de plaisanter!
Danielle
18 décembre 2013 @ 17:39
En lisant cela, j’avais été glacée, funeste destin !
Arielle de T
19 décembre 2013 @ 21:59
Je me permets de recommander le livre » Le dernier des Camondo » de Pierre Assouline (Folio ou Gallimard); on connait la fin, mais il est bon de savoir…
Bonnes vacances et fêtes de fin d’année à tous, ainsi que beaucoup de bonnes choses pour ce site qui fait vraiment un très bon travail grâce à la très douée Régine « La Reine de des Rois sur le web ».
Palatine
20 décembre 2013 @ 10:35
oui, ce livre est intéressant et explique le parcours peu commun de Moïse de Camondo. Le pauvre homme eut la chance de mourir avant l’Occupation…
Zeugma
18 décembre 2013 @ 10:58
Merci pour ce menu.
La visite du musée Camondo est un enchantement.
La table de la salle à manger, où le comte organisait un bon déjeuner chaque mois, si j’ai bonne mémoire, est dressée somptueusement.
La visite de la cuisine du rez-de-chaussée est également passionnante. (Un monte-plat reliait les deux pièces.)
Le musée vaut naturellement surtout pour l’incroyable collection de meubles français de la seconde partie du dix huitième siècle et l’on est frappé par le contraste avec la sobriété monacale de la chambre à coucher du maître de maison et son lit en fer.
COLETTE C.
18 décembre 2013 @ 11:59
Qui est ce comte ?
Gustave de Montréal
18 décembre 2013 @ 19:25
googlez son nom, tout y est
R-N
18 décembre 2013 @ 19:47
Fondateur du musée du même nom et surtout a légué son nom à l’école des Arts décoratifs.
guewagram
18 décembre 2013 @ 12:00
Merci Régine . Magnifique maison et destin tragique pour cette famille aimant le beau, le confortable et le bon donc aussi.
La cuisine m’enchante.. comme celle décrite dans « the remain of the days » ( les « vestiges du jour ») ou plus récemment le »feuilleton anglais » …
Laurent F
18 décembre 2013 @ 13:16
Menu d’un temps où l’on mangeait beaucoup trop (enfin ceux qui pouvaient s le permettre !)
Freya
18 décembre 2013 @ 18:36
Pas forcément, il faut voir les portions. On avait surtout beaucoup de diversité. C’est un peu le principe des restaurants gastronomiques, de nombreux services mais en petites parts. Cela permet de varier.
Il n’y aurait pas eu de souper après le dîner sinon.
De plus, croyez-vous que les menus Mac Do ou l’absence de vrai repas mais grignotage devant la TV soient un progrès ?
Freya
18 décembre 2013 @ 18:38
De plus, je doute que les années 30 aient été caractérisées par leurs excès de table…
Caroline
18 décembre 2013 @ 13:25
Je pense que c’est un menu assez classique d’antan!
Dit-on de nos jours ‘granité’ à la place de ‘granit’ m’évoquant le marbre?lool!
caroline3
18 décembre 2013 @ 13:59
Merci pour ce menu Régine , ça va m inspirer pour mes prochains repas .J adore ces thèmes qui revisitent la cuisine française traditionnelle .
Le Poulet poché à l estragon les paillettes au parmesan me font de l oeil ainsi que le granité de cerise au kirsch .
Et Aujourd hui tout est disponible sur internet !!
Zeugma
18 décembre 2013 @ 16:00
En regardant le menu plus attentivement, je suis frappé par la simplicité de ce menu et sa légèreté, pour l’époque.
Le poulet poché à l’estragon est très facile à faire :
Cuire la volaille dans un court- bouillon avec quelques feuilles d’estragon très doucement pendant une heure et demi environ.
Découper la volaille.
Filtrer le liquide de cuisson, le lier dans un roux et crémer, ajouter de l’estragon haché et napper les morceaux de volaille. Accompagner d’une purée de céleri.
On peut faire une version froide en gelée. Auquel cas, il faut laisser deux petites heures au court bouillon, laisser refroidir complètement la volaille dans l’eau de cuisson (une nuit) et la désosser pour la mettre sur le plat.
Plus raffiné encore : le chaud froid de volaille ….
La sole Murat est un peu plus sophistiquée (plus chère aussi) et beaucoup moins évidente à réussir (à mon avis, il faut être professionnel). La référence à la prestigieuse maison Murat convient fort bien sur « Noblesse et royautés ».
caroline3
18 décembre 2013 @ 16:49
Absolument Zeugma ,le menu est simple et facile à reproduire ! Surement parce qu il s ‘ agit d un déjeuner .
Mais même les filets de sole Murat sont très faciles à cuisiner .
Le boeuf en gelée est peut être le plat le plus difficile à faire ici.
Zeugma
19 décembre 2013 @ 11:47
Caroline3,
Le « boeuf en gelée » est un plat très économique, long mais pas difficile à faire .
En l’occurrence, il s’agit pas de « boeuf en gelée » mais d’une « Pièce de bœuf à la gelée », nuance.
Je n’imagine pas le comte de Camondo proposer un plat de ménage. (Aujourd’hui, on peut servir du pot-au-feu à des invités mais c’était impensable à l’époque.)
Il s’agit donc – très probablement – de filet de boeuf, une viande chère.
La recette n’est pas compliquée : c’est un rôti cuit normalement, qu’on laisse refroidir, qu’on découpe en fines tranches qu’on recouvre de gelée.
On peut imaginer que le cuisinier ajoutait des truffes dans la gelée qu’il faisait lui-même car il n’y en avait probablement pas en sachet à cette époque.
Un mot sur le granité de cerises : Il me semble que la cerise est moins travaillée qu’auparavant. Avant la guerre, on servait très souvent du jus de cerises (du vrai) dans les goûters. Aujourd’hui, on l’achète tout fait, en brique, et on en sert très rarement. On trouve d’excellentes tartelettes ou clafoutis mais le granité aux cerises semble avoir disparu.
Danielle
18 décembre 2013 @ 17:41
Les menus de mariages, communions ou baptêmes de cette époque étaient encore plus fournis, heureusement qu’il y avait des pauses et divers trous, normands ou autres, pour faciliter la digestion.