Le roi Bhumibol et la reine Sirikit de Thaïlande sont éminemment respectés par la population thaïlandaise. Chacune de leurs rares apparitions donne lieu à des démonstrations de grand enthousiasme. Bientôt 70 ans de règne cela laisse forcément des traces et la quasi-totalité des Thaïlandais n’a connu que le roi Bhumibol. En rue, les grands portraits des souverains sont nombreux. Jusqu’à présent, on pouvait parfois voir un portrait de la princesse Sirindhorn, fille des souverains et très aimée de la population mais rarement de leur fils unique le prince Vajiralongkorn âgé de 63 ans. Ces derniers mois, on peut toutefois constater une communication incluant désormais le prince héritier à la faveur d’un événement sportif « Bike for Dad » . De grands panneaux avec des photos du souverain toujours en compagnie de son successeur ont été installés sur les grands axes des villes comme ici à Bangkok.
Mister M
4 février 2016 @ 10:23
La succession se prépare en Thaïlande mais elle sera extrêmement difficile, car son fils le prince Vajiralongkorn est peu considéré par la population, c’est le moins que l’on puisse dire. Le seul véritable atout de la monarchie, c’est effectivement la princesse Sirindhorn qui est présente partout sur le terrain, faisant un travail remarquable au niveau social et cela sans relâche. C’est d’ailleurs la seule que l’on voit représenter son père dans les grandes manifestations internationales. Elle est très estimée par le peuple mais c’est une femme et elle n’est pas n° 1 dans l’ordre de succession. N’oublions pas que l’armée est au pouvoir actuellement et qu’elle aura bien sûr son mot à dire dans le problème de la succession. La difficulté est que Bhumipol est roi depuis tellement longtemps et qu’il est tellement vénéré, déifié, qu’en tout état de cause, le peuple sera déstabilisé par sa disparition, du coup cela risque d’ouvrir une période de crise, et les crises en Thailande sont souvent rudes ! Alors est-ce le pouvoir militaire ou le Palais qui communique actuellement sur le prince héritier ? Il est vraisemblable que l’armée privilegiera le prince Vajiralongkorn pour succéder à son père, malgré sa réputation et ses excès ! Mais le peuple suivra t’il ? Verra t’on à cette occasion une énième crise opposant les jaunes (partisans du Palais et de son administration omniprésente) et les rouges (partisans d’un régime parlementaire plus ouvert) ? L’avenir nous le dira. En attendant, Bhumipol est toujours sur son lit médicalisé à l’hôpital…
ambre
4 février 2016 @ 14:32
Ce sont les deux, palais et junte qui communiquent sur le prince héritier, parce qu’ils sont de mèche. Le prince a longtemps été en contact avec Thaksin Shinawatra, aujourd’hui en exil et dont le retour est souhaité par les rouges. Impensable pour les élites. Or, depuis quelques années maintenant, le prince lui a tourné le dos pour se refaire une virginité aux yeux de ces mêmes élites, dont l’armée. La fin de règne de son père approchant, il est donc au pied du trône. Malgré son impopularité.
Mais il paraît que Sirindorn ferait les yeux doux à la junte aussi, parce que la Constitution lui permettrait sous certaines conditions de succéder à son père…
Comme vous dites, peu de chance que la transition soit facile. On peut même dire qu’elle a déjà commencé et aujourd’hui la Thaïlande est une dictature militaire. Il y a peu de contestation organisée, les Rouges se tiennent à carreau. Seuls des groupes étudiants ont pris le relai mais dans des proportions bien moindres qui sont tolérées par le régime, car perçues comme inoffensives.
Le réel danger pour ce régime est que l’économie continue de glisser sur une mauvaise pente et que la contestation n’utilise la dégradation du niveau de vie comme moyen de rébellion contre le régime, qui n’y entend pas grand chose en économie…
beji
4 février 2016 @ 12:00
je crois que le prince héritier n’a pas une bonne réputation.
Anne-Cécile
4 février 2016 @ 12:11
Il ne faut pas oublier les portraits où le fils apparaît comme un fils respectueux agenouillé devant le Roi.
On soigne vainement l’image de l’héritier.
Pierre-Yves
4 février 2016 @ 12:11
A propos du très fort respect dont jouissent le vieux roi de Thaïlande et son épouse, je me demande toujours s’il est spontané ou s’il est forcé.
On sait que la moindre critique à l’égard de la personne du souverain est considérée comme une offense et, à ce titre, sévèrement punie par la loi. Dans ces conditions, le respect a tendance à s’imposer.
Damien B.
4 février 2016 @ 12:34
En Belgique également Pierre-Yves; je connais un citoyen condamné à 10 000 € d’amende pour avoir refusé de pavoiser le 21 juillet dernier.
Demandez confirmation à Nanou1.
Anne-Cécile
4 février 2016 @ 13:47
Je suis en Thaïlande en vacances et le roi semble sincèrement respecté, son épouse, leur fille aînée et la mère du Roi en son temps.
Je peux comparer car je vis dans une dictature, où si le potentat local est jugé la moins pire des solutions, il n’est pas aimé. Mais la soumission et le respect commence déjà dans la famille le premier étouffoir.
ambre
4 février 2016 @ 14:45
Pierre-Yves, il suffit de lire des romans tels que Four Reigns (de Kukrit Pramoj, lecture passionnante sur la société thaïlandaise de la fin du XIXè jusqu’en 1946) pour se rendre compte du degré de révérence envers le Roi, d’une manière « traditionnelle ». Il est l’institution la plus vénérée du pays… Mais la différence aujourd’hui est que la Thaïlande a changé grâce à son décollage économique et que la grande majorité n’a connu qu’un seul Roi. Qu’en sera-t-il du suivant ? L’individualisme, l’ouverture sur le monde, la conscience politique, l’argent mieux réparti changent les hommes et leur manière de penser, et d’ailleurs certains sont en prison pour voir émis des critiques voire des moqueries même incroyablement futiles envers lui. Vous avez raison, les lois sur le lèse-majesté sont lourdes et musèlent, du moins en apparence. Il est probable que l’attitude envers Bhumibol ne changera pas, mais on ne peut exclure que beaucoup n’en pensent pas moins, si on tient compte de la capacité de mobilisation des Rouges, en lutte contre le pouvoir royal qui symbolise les élites. Il en ira peut-être différemment avec son successeur, loi anti lèse-majesté ou pas, révérence traditionnelle envers le Roi ou pas…
elisabetta
4 février 2016 @ 13:25
bonjour,
pouvez-vous préciser ce qui est préciser ce qui est reproché au Prince héritier ?
merci
Anne-Cécile
5 février 2016 @ 01:45
Sa bêtise et sa décadente luxure.
Caroline
4 février 2016 @ 22:55
Je crois que cette monarchie sera en voie d’extinction avec le fils incapable de gouverner. En plus, on ne sait rien sur ses cinq fils.
Fleurnice
5 février 2016 @ 02:47
Bonjour,
Il semblerait que certains intervenants soient au plus près du peuple thailandais, soit en lisant des bouquins, soit en passant des vacances dans ce pays
Peut-être pourriez-vous élargir vos analyses ( ou vos infos, ou vos vécus) sur l’armée et sa dictature, la comparaison entre le pays dictatorial (lequel ? ) où habiterait Anne-Cécile et la Thailande et l’avis des Thais sur la monarchie, ayant cru comprendre que ceux-ci étaient peu bavards lorsque s’agissait de la royauté.
Et la corruption ? Qui soudoie, l’armée, le peuple ?
Qui augmente ses prix par rapport à un autochtone, face à un étranger, l’armée, le peuple ?
Je vous remercie et vous souhaite une bonne journée.
Guillaume
24 juillet 2016 @ 02:31
Et ce n’est pas la dernière apparition du Prince, sortant de son avion privé en tenue légère (pour ne pas dire plus), accompagné de sa quatrième épouse (ou maîtresse) en tenue tout aussi débraillée (cf. le site web de Bild), qui va le faire remonter dans l’estime des Thaïlandais. Il est vrai qu’il semble aimer mieux être à Munich qu’à Bangkok.
Pourtant, le régime avait entamé depuis un an (et signé un contrat avec un cabinet américain de public relations) une campagne mettant le Prince héritier en avant sous un jour favorable (participation sans fard à une course cycliste à Bangkok, à 63 ans il n’a pas du pédaler longtemps vu la chaleur ambiante).
Mais, comme d’autres l’ont dit, c’est une junte militaire (habillée de vêtements civils) qui dirige le pays. Une nouvelle constitution va être adoptée par référendum. Ce sera donc le gouvernement et le (nouveau) parlement (sur mesure) qui décideront de la succession du Roi actuel, effectivement hospitalisé depuis un an et dont on ne connaît pas exactement l’état de santé (un site l’a même donné pour mort. Une fausse information).
Les militaires au pouvoir, qui s’affirment (ultra)monarchies, ne bouleverseront pas l’ordre de succession (pour des raisons trop longues à expliquer ici). Mais, sauf à changer radicalement de comportement (à 63 ans, on peut en douter), le futur Roi de Thaïlande sera soit : un monarque distant très rarement visible (le Roi actuel ne l’est pas plus), ou une marionnette utile aux militaires mais dénué de la moindre influence.
Le roi du Cambodge joue un peu ce rôle. On le laisse vaquer à ses inoffensives activités (le ballet royal) pendant que l’inamovible Premier ministre (et ancien Khmer rouge) gouverne depuis 30 ans. Les souverains malais (chaque année le chef d’Etat est un des sultans malais, une sorte de royauté tournante) n’ont pas plus de pouvoir. Pour s’être trop impliqué dans la politique du pays, le dernier Roi du Népal (mal aimé car ayant sans doute trempé dans l’assassinat de la famille royale de son frère) a précipité la fin de la monarchie dans le royaume. Au Bouthan, le Roi (autoritaire) a pris la décision d’offrir la démocratie à son peuple et de céder le trône à son fils (un jeune homme très capable qui va certainement faire perdurer la monarchie au pied du Toit du monde). Enfin, reste le très fantasque et richissime Roi de Brunei. Malgré l’effondrement des prix de l’or noir et du gaz, il pourra toujours assurer le bien être de ses (peu nombreux) sujets, ce qui le met à l’abri de soubresauts républicains.