Le monastère orthodoxe de Curtea de Arges fait partie des monuments incontournables de la région de Muntenie et est sans doute l’un des plus beaux monastères roumains. La légende qui y est associée mérite un détour.
La légende du folklore roumain de la ballade “Le Monastère D’Arges” (ou la ballade du « Maître Manole ») est dédiée au maître bâtisseur Manole, au mythe de la création et du sacrifice. La ballade issue de la Légende de maître Manole est un texte fondateur de la nation roumaine. Cette légende dérive des mythes du Sud-Est de l’Europe, des rites de construction archaïques rattachés aux mythes du sacrifice suprême qui est a la base de la création. Un destin humain enraciné dans le mythe central de la mort créatrice.
Manole, maître maçon, et ses compagnons doivent bâtir le monastère de Curtea de Arges (joyau de l’architecture religieuse roumaine), mais chaque nuit l’ouvrage du jour s’écroule. Un sacrifice humain est nécessaire et, à contrecoeur, Manole est obligé d’emmurer son épouse, en espérant que ce sacrifice brise la malédiction. Le monastère fut alors achevé et le prince Neagoe Basarab V, plus que satisfait du résultat mais ne désirant pas voir Manole offrir ses talents ailleurs, le maintient prisonnier sur les toits. L’architecte, en voulant s’enfuir, s’écrasa non loin, faisant jaillir une source à l’emplacement du puits.
Le sacrifice du maître fondateur Manole a contribué au chef d’œuvre et au rayonnement de ce monument, l’un des plus importants et des plus visités de Roumanie. Le monastère sert également de nécropole royale car il abrite les tombes des premiers couples de rois et reines de Roumanie. L’église a été fondée par le voïvode Neagoe Basarab V en 1512, et terminée à la décennie suivante par l’un de ses successeurs, Radu V de la Afumați.
Le monastère étant devenu église épiscopale (ou cathédrale), son premier évêque Joseph, fait exécuter de nouvelles réparations en 1804. Entre 1875 et 1885, la cathédrale est reconstruite et en 1886 elle est de nouveau consacrée.
Compacte, de taille modeste mais richement décorée, cette église du 16e s. est construite en style byzantin. Elle possède deux petits dômes, un au centre et un à l’arrière de l’édifice, mais également deux tours torsadées secondaires qui attirent le regard car elles ressemblent à de la guimauve.
L’intérieur de la cathédrale est très richement décoré par rapport à l’extérieur qui est plus sobre. Les thèmes des oiseaux et des plantes sont repris au sol et sur les colonnes. À l’origine, le sanctuaire était orné de fresques et de mosaïques vénitiennes qui ont été remplacées, lors de la rénovation du bâtiment en 1875.
L’église épiscopale abrite les tombes de deux voïvodes du XVIe siècle. Au début du XXe siècle, elle devient la nécropole de la famille royale où reposent notamment, le roi Carol 1er prince souverain puis roi de Roumanie (10 avril 1839 – 10 octobre 1914) et le roi Ferdinand 1er , roi de Roumanie (24 août 1865 – 20 juillet 1927).
La cathédrale archiépiscopale et royale, consacrée en 2012, est située à proximité du monastère. Elle abrite les tombes de la reine Anne de Roumanie, née princesse de Bourbon-Parme (18 septembre 1923 – 1er août 2016) et son époux le roi Michel (25 octobre 1921 – 5 décembre 2017). (Merci à Guizmo pour cet article et ses photos)
JE
2 décembre 2018 @ 07:03
Sur la dernière photo ce sont les tombes et Ferdinand Ier et Marie de Roumanie qui sont montrées.
Danielle
2 décembre 2018 @ 10:38
Très belle architecture, merci Guizmo pour cet article fort intéressant avec en plus les tombes de la reine et du roi de Roumanie qui sont d’une grande simplicité.
Annmaule
2 décembre 2018 @ 13:33
La legende est cruelle et les dernieres tombes meme pas fleuries correctement..
Vous me parlez du plus beau monastere de Roumanie je veux bien vous croire mais…..
Sarita
3 décembre 2018 @ 23:13
Non ce n’est vraiment pas le plus beau. Le plus atypique sans doute mais l’intérieur est assez commun, l’air est irrespirable à cause de l’encens et l’extérieur du parc fait un peu « foire a la saucisse » avec toutes sortes de babioles à acheter. Les beaux monasteres ils sont assurément bien plus au nord en Bucovine, où là on en prend plein les yeux.
Cela dit, pas très loin de Curtea de Arges dans le département voisin, il existe un bijou qui s’appelle Monastère Dintr-un lemn (qui signifie d’un seul morceau de bois). C’est un ensemble d’églises et de bâtiment dont une minuscule en bois, au milieu d’une forêt, c’est calme, paisible et ça dégage un charme incroyable.
Cela dit, on aurait pas assez d’une vie pour faire le tour des monastères roumains ;-)
ambre
8 décembre 2018 @ 12:07
Merci pour ces tuyaux de visites, Sarita ! J’ai un faible pour les petits bâtiments de bois anciens. Je retiens que la Bucovine est riche en beautés, n’ayant pas encore pu visiter la Roumanie.
J’aime bien Curtea de Arges pour son style mêlant l’oriental, le byzantin, mosaïques, volutes et dentelles de pierre. Du moins ce que j’en vois sur ces photos.
patricio
2 décembre 2018 @ 14:01
Merci pour ce très beau reportage
Amitiés
Patricio
Corsica
2 décembre 2018 @ 18:11
Beau travail mais légende terrible qui vous enlève toute envie d’être maître d’ouvrage ou pire épouse de maître d’ouvrage… Merci Guizmo
clementine1
3 décembre 2018 @ 07:02
merci Guizmo.
Menthe
3 décembre 2018 @ 11:45
Très intéressant, merci Guizmo.
Cette légende est terrible, quelle imagination !
les deux petites tours, du fait de leurs torsades, paraissent penchées au premier coup d’œil.
Pascal
3 décembre 2018 @ 12:26
Très intéressant .
La décoration , les coupoles sont incontestablement byzantines mais l’ensemble a pour moi quelque chose d’indien ou de mauresque !
ambre
8 décembre 2018 @ 12:08
Moi aussi, je vous remercie Guizmo, vos photos sont belles, bien cadrées, et le ciel bleu rend le bâtiment éclatant