La reine Victoria du Royaume-Uni avait tout pour être heureuse : un mari dont elle était follement amoureuse, et une ribambelle d’enfants. A l’âge de quarante ans, elle n’avait pas encore connu la mort de près. Son père, le prince Édouard, duc de Kent, (ci-dessus) avait trépassé de son siècle quand elle était au berceau et ne pouvait s’en souvenir. Tout allait changer en 1861, lorsque la vie de la famille royale prit un virage dramatique et l’allure d’un cortège funèbre.
Il serait cependant faux d’affirmer que tout a commencé en 1861. Comme une bonne comédienne, Victoria avait connu de longues périodes de répétitions pour atteindre, à la quasi-perfection, la maîtrise de l’art de porter le deuil. En 1852, la mort du duc de Wellington, héros national des guerres napoléoniennes, avait donné lieu à des funérailles d’État de la plus grande théâtralité qui fût.
Au cours des dix années suivantes, la reine porta la couleur noire du deuil à intervalles réguliers, le plus souvent à l’occasion des décès qui affectèrent sa famille au sens large. La reine des Belges, Louise d’Orléans, sa tante, mourut en 1850 ; le roi de Hanovre, son oncle, expira en 1851. Le prince Charles de Linange, demi-frère de la reine, décéda en 1856 et à cette occasion elle décréta un deuil de six mois.
Plus dramatique encore, la duchesse de Nemours, née Victoire de Saxe-Cobourg-Kohary, cousine de la reine dont elle était très proche, mourut prématurément en 1857, à l’âge de 35 ans, des suites de ses couches. Le deuil de la cour fut lugubre et interminable, et seule la fille aînée de Victoria, la Princesse Royale, qui allait bientôt se marier, fut autorisée à porter du blanc.
A l’époque, le protocole en vigueur en Grande-Bretagne exigeait douze mois de deuil en noir pour les parents d’un enfant (le demi-deuil étant autorisé au cours du dernier trimestre), six mois pour un frère ou une sœur, trois mois pour un oncle ou une tante, et seulement six semaines pour un cousin germain.
Victoria la Princesse Royale
Dans la famille nucléaire, la première à rendre l’âme fut la mère de la reine, la duchesse douairière de Kent, née princesse Victoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld, et veuve en premières noces du prince de Linange. Durant sa jeunesse, la jeune princesse Victoria de Kent n’était guère proche de sa mère qui, avec Sir John Conroy, lui imposait une discipline très stricte qui fut appelée « le système Kensington ». Il fallut l’entremise et les efforts diplomatiques du prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, à la fois neveu et gendre de la duchesse de Kent, pour que cette dernière finisse par se réconcilier avec sa fille, une fois celle-ci devenue reine.
La duchesse de Kent
Le 16 mars 1861, Victoria de Kent rendit son âme à Dieu, laissant la reine inconsolable. Pour Victoria comme pour Albert, il s’agissait de la première expérience avec un « lit de mort ». Victoria se sentit véritablement orpheline. En rangeant les affaires de sa mère, elle fut submergée par un torrent d’émotions lorsqu’elle découvrit les preuves tangibles du dévouement et de l’amour maternel de la défunte. Le chagrin, le remords et un sentiment de culpabilité accablèrent la souveraine qui n’était pas au bout de ses peines. L’année 1861, qui avait commencé par un désastre, allait s’achever sur une plus grande catastrophe qui eut des conséquences à long terme et changea le visage de la monarchie britannique. A suivre… (Merci à Actarus pour cet article)
14 décembre 2016 @ 06:34
Et bien Actarus, nous voilà très favorisés ces derniers temps grâce à tes excellentes contributions historiques.
1861 a été une année bien néfaste pour les Saxe-Cobourg car les morts prématurées se sont succédé dans plusieurs branches de la famille, mais je te laisse conter la suite que j’attends impatiemment.
14 décembre 2016 @ 07:42
On ne fait pas toujours attention aux dates.
Double choc pour la reine Victoria qui perd sa mère et son mari en 1861.
14 décembre 2016 @ 08:18
On peut dire sans exagérer que Victoria commença à disjoncter après la mort d’Albert. Je trouve qu’elle devint après ce décès une mauvaise souveraine qui ne pensait qu’à elle. On peut dire aussi qu’Albert était la tête pensante de ce couple et sa disparition fut une catastrophe. Il avait réussi a rétablir le respect pour la monarchie en imposant des règles de vie très rangée, voire pudibonde, et on dit que le « victorien » c’était Albert, pas Victoria. Les oncles de Victoria avaient eu une vie scandaleuse avec des liaisons et Albert voulut montrer l’exemple d’une famille irréprochable. Il travaillait énormément et n’était pas en bonne santé.
14 décembre 2016 @ 14:47
Moi, je disjoncte quand je suis sans mari. Je reviens justement d’un voyage de noces, d’où mon absence de quelques semaines. Ma vie privée m’a tenue éloignée d’Internet le temps de certains rebondissements furieusement romantiques.
15 décembre 2016 @ 08:29
La suite, la suite ! ^^
15 décembre 2016 @ 09:24
Cela fait le dixième mari, si je compte bien. Juste ?
17 décembre 2016 @ 13:29
Non.
C’est tout ce que je peux vous dire pour ne pas être censurée. Je suis fatiguée et dans mon état je dois éviter de m’énerver. Je n’en dirai plus rien.
18 décembre 2016 @ 10:48
Ah je me rappelle maintenant. Vous attendiez un heureux évènement tout en ignorant qui était celui qui l’avait provoqué.
18 décembre 2016 @ 18:43
Votre état ? Enfin une bonne nouvelle …
14 décembre 2016 @ 09:10
Le portrait de Victoria en princesse royale est une vraie merveille décorative.
14 décembre 2016 @ 13:01
C’est la fille ainée de la reine, la princesse royale Victoria. On la fiança à 15 ans avec l’héritier de la couronne de Prusse, mais les jeunes gens se plaisaient et ils se marièrent tout contents.
14 décembre 2016 @ 14:23
Quelle famille où toutes les femmes se prénomment Victoria.au moins les garçons régnants on les numérotent .Otez- moi d’un doute :le portrait Victoria,princesse royale est bien celui de la fille aînée de la reine Victoria ?
Merci Actarus,quand le présent est terne l’Histoire est un bonheur.
15 décembre 2016 @ 09:19
Les Reuss dont tous les mâles s’appellent Heinrich en reconnaissance envers celui qui les a fait princes
14 décembre 2016 @ 14:45
Quelle belle robe de mariée ! Mais je crois qu’il s’agit de la fille de la reine, et non de la reine elle-même.
14 décembre 2016 @ 15:25
Ce n’est pas la reine Victoria mais sa fille Vicky qui est ici représentée
14 décembre 2016 @ 18:42
Un portrait de Winterhalter, la star des têtes couronnées….
14 décembre 2016 @ 09:51
En dépit de son thème, cet article est presque amusant, en tout cas parcouru d’un humour noir dans lequel on reconnait la patte de l’auteur.
L’amusement consiste à présenter le deuil comme une pièce de théatre que l’on répète, un cérémonial que l’on rôde, afin d’être parfaitement au point le jour J. J’aime assez ce côté ironie macabre.
14 décembre 2016 @ 14:26
bien dit
14 décembre 2016 @ 10:15
Actarus, vous avez bouffé du lion ? :-))
Dans tous les cas, merci.
14 décembre 2016 @ 12:48
Un grand merci Actarus pour ce très beau reportage. J’attends la suite avec impatience.
14 décembre 2016 @ 12:51
Le duc de Kent actuel a une petite ressemblance avec son ancêtre le duc de Kent père de la reine Victoria.
14 décembre 2016 @ 14:21
Merci , Actarus , j’apprécie beaucoup votre façon de raconter l’Histoire !
Le portrait représente-t-il la reine Victoria dans sa jeunesse ou sa fille Vicky ?
15 décembre 2016 @ 08:22
La plupart des internautes qui ont répondu sur le sujet (cf. ci-dessus) ont bien compris qu’il s’agit de Vicky, la Princesse Royale, puisse princesse Frédéric de Prusse (plus tard on l’appela « l’impératrice Frédéric – Empress Frederick – Kaiserin Friedrich », avec une graphie trilingue, j’espère que tout le monde est content). Donc, de l’aînée des 9 enfants du couple royal et non de la reine Victoria elle-même.
15 décembre 2016 @ 08:23
puis*, pas puisse. Et dire que ci-dessous, je suis qualifié de puits ! ^^
14 décembre 2016 @ 16:12
Merci pour cet article. Vous êtes un puits de science royale !!!!
14 décembre 2016 @ 18:54
Le demi-frère de la reine Victoria : sa mère s’était donc remariée?
15 décembre 2016 @ 08:27
La duchesse de Kent (encore une Victoria, de son prénom) était veuve, en premières noces, du prince de Linange (en allemand : Leiningen) dont elle eut deux enfants, un garçon qui poursuivit la lignée princière, et une fille qui épousa le prince de Hohenlohe-Langenburg.
15 décembre 2016 @ 09:23
Premier mariage avec le prince de Linange (Leiningen) d’où deux enfants : Charles 1804-1856 et Féodora 1807-1872 mariée au prince de Hohelohe-Langenburg.
Deuxième mariage avec le duc de Kent d’où est issue la reine Victoria.
15 décembre 2016 @ 09:28
J’aimerais, moi aussi, savoir d’où sort ce prince Charles de Linange, demi-frère de la reine Victoria, dont j’ignore tout…
15 décembre 2016 @ 15:05
Du ventre de leur mère… ;-)
16 décembre 2016 @ 22:19
Celle-là, Actarus, vous auriez pu l’éviter…
15 décembre 2016 @ 09:32
Non, le père de Victoria avait épousé une veuve avec deux enfants. Au moins il était sûr qu’elle n’était pas stérile.
16 décembre 2016 @ 21:19
Napoléon a fait de même avec Joséphine et pourtant…?
14 décembre 2016 @ 19:10
La suite, la suite !!!
:-)
14 décembre 2016 @ 19:13
Merci Actarus, toujours un plaisir de vous lire!
J.B.
14 décembre 2016 @ 19:40
Merci beaucoup Actarus
14 décembre 2016 @ 20:40
Traitement superbe d’un thème inattendu. Merci Actarus
14 décembre 2016 @ 23:11
Actarus, merci pour votre article intéressant !
On pourrait revoir le vieux film de Romy Schneider ‘ Les jeunes années d’une reine’ d’ Ernst Marischka tourné en 1954!
15 décembre 2016 @ 08:28
Film très mignon et rose-bonbon qui annonçait la saga Sissi mais n’avait que peu de rapport avec la réalité.
Pour une restitution cinématographique plus conforme à la réalité, je vous suggère « The Young Victoria », de Jean-Marc Vallée, avec Emily Blunt dans le rôle-titre.
15 décembre 2016 @ 08:24
Il sera programmé le jeudi 22/12 sur la 11 -NTI 6 à 20 h55, suivi de Sissi ,face à son destin, Caroline ! Vos désirs deviennent réalité ! Soirée princière !
15 décembre 2016 @ 15:07
Ah… la télévision dans toute sa tradition ! Que serait un Noël télévisuel sans les débuts de Romy Schneider ? ;-)
En contrepartie, il faut rediffuser la saga « Angélique » durant l’été.