Le musée du domaine royal de Marly vient d’acquérir le portrait d’Arnold de Ville, l’un des « inventeurs » de la machine de Marly grâce au soutien des Amis du musée, d’Aquavesc et de Suez-Seop. Le tableau sera à découvrir dans les collections dès la réouverture du musée en janvier 2020.
Gérard
18 décembre 2020 @ 18:53
Ce portrait est dû à l’entourage du peintre Jean-Baptiste Santerre (1651-1717). C’est une huile sur toile marouflée » Portrait de Arnold de Ville, concepteur de la Machine de Marly » de 80×63 cm.
Il vient de la Collection Springuel, au château de la Motte à Huy, province de Liège, les héritiers des constructeurs automobiles.
On lit sur le précieux site du château de Modave (www.modave-castle.be) qu’Arnold de Ville était né le 15 mai 1653 de Winand de Ville, riche maître de forges, élu bourgmestre de Huy les 18 novembre 1657, 18 novembre 1666 et 6 juillet 1687, et de Catherine-Élisabeth de Lierneux.
Il recherchait les honneurs et dignités. Il employa tous ses efforts pour se faire créer vicomte par Louis XIV. Ce projet ne fut probablement pas agréé, mais Arnold de Ville fut plus heureux dans l’obtention d’un autre titre, celui de baron libre du Saint-Empire, lequel fut décerné à son père Winand de Ville et à ses descendants par diplôme impérial le 14 janvier 1686.
Les de Ville portaient : » D’argent au lion rampant de gueules, chargé d’une fasce d’azur, accompagné de trois étoiles de gueules, deux en chef et une en pointe « ; ces armes furent enregistrées à l’Armorial général de France le 20 novembre 1696.
Habile procédurier, Arnold soutint une multitude de procès pour la conservation ou l’accroissement de sa fortune.
La seigneurie de Grand et de Petit-Modave resta la propriété personnelle du baron Arnold de Ville, car celui-ci s’était fait préalablement céder par son père les biens qu’il vendit, en son propre nom, au cardinal de Fürstenberg, en 1687.
Le baron de Ville avait épousé Anne-Barbe de Courcelle, fille de Charles-Joseph de Courcelle, écuyer, conseiller du roi, seigneur de Montigny, et de dame Barbe Besser. Leurs convenances de mariage furent conclues à Paris le 22 avril 1708.
Arnold de Ville commença à habiter plus souvent, vers la fin du règne de Louis XIV, ses domaines de Modave et de Biesmerée. La cour de Modave atteste en 1711 qu’il y tient sa fixe résidence et domicile ordinaire depuis deux ans. La cour de Biesmerée certifie en 1718 qu’il a en cet endroit son château meublé où il vient demeurer quand ses affaires en France le lui permettent. Il mourut au château de Modave le 22 février 1722.
Le mariage d’Anne-Marie-Barbe de Ville, sa fille, née à Metz le 25 mai 1713, avec Anne-Léon II de Montmorency-Fosseux, duc de Montmorency, premier baron chrétien, premier baron de France, conclu le 11 décembre 1730, fit passer le château de Modave aux mains de la première famille ducale de France. Le vœu qu’avait formé de Ville dans son testament, au sujet de l’alliance qu’il souhaitait pour sa fille, se trouva réalisé au-delà de ce que son ambition aurait pu espérer, peut-on justement lire. Aujourd’hui, le château de Modave appartient à la Compagnie Intercommunale Bruxelloise des Eaux (C.I.B.E.).
Une première machine destinée à remonter l’eau du Hoyoux, affluent de la Meuse, pour les besoins du château et les fontaines du jardin fut construite vers 1668 lors de la restauration du château par Jean Gaspard de Marchin après un incendie en 1651. Elle est attribuée au charpentier liégeois Rennequin Sualem (1645-1708) et a inspiré la Machine de Marly. Elle élevait les eaux du Hoyoux sur une cinquantaine de mètres. Elle comprenait une seule roue, deux manivelles et deux fois quatre pompes. L’unique conduite étant vraisemblablement en bois, elle avait déjà disparu lorsqu’elle fut reconstruite entre 1706 et 1720 par Arnold de Ville.
Sur le chapitre de la conception, le registre des bâtiments de France donne à de Ville le titre d’ingénieur tandis que Rennequin se voit qualifier de charpentier liégeois. Le plan de la machine dressé par Liévin Creuil en 1688 (c’est-à-dire quand elle est terminée) dit :
» Elle a été construite par ordre du roi, sur les projets et par la direction de M. le baron de Ville. «
Phil de Sarthe
20 décembre 2020 @ 07:57
Merci Gérard, d’avoir ainsi rendu attrayant un sujet qui visiblement, ne passionnait pas les foules 😉
Gérard
20 décembre 2020 @ 14:46
Certes. Merci Phil.