La Courlande, c’est cette région sur la Baltique que la Lettonie appelle Kurzeme. C’est aussi cette région dont la phonétique a inspiré le royaume de Kurlande… Mais c’est une autre histoire. La Lettonie actuelle est divisée en quatre régions : Kurzeme (Courlande), Vidzeme, Langale et Zemgale (Sémigalie), et la politique numismatique du pays a été de consacrer une pièce commémorative de 2 EUR à chacune de ces régions.
La première de ces pièces représente la région de Vidzeme, ci-dessous, et a été mise en circulation en 2016.
Elle fait figurer le blason de la région, c’est-à-dire un griffon rampant tenant un glaive, tourné vers la gauche. En 2017, ce sont deux pièces commémoratives de 2 EUR qui seront frappées. La première représentera le blason de la Courlande, c’est la pièce d’ouverture de l’article : un lion rampant. On voit sur la carte que la Courlande est la région la plus ouverte sur la mer, donc la plus propice à une destinée faite de commerce et d’échanges. Ce qui fut le cas.
Au XVIe siècle, la Courlande et la Sémigalie formaient un duché, dont le premier duc a été Gotthard Kettler, époux de la Princesse Anne von Mecklenburg. Leur fils Guillaume Kettler a épousé Sophie de Prusse et c’est leur fils, Jacob Kettler, qui a donné au Duché de Courlande-Sémigalie (dont le blason figure ci-dessous) une destinée internationale et coloniale..
En effet, la Courlande disposait d’une flotte de marins expérimentés, qui a colonisé l’île de Tobago dans les Antilles et quelques îles au large de l’actuelle Banjul, en Gambie. Cette période fut très riche en échanges commerciaux entre les régions tropicales et le nord de l’Europe : rhum et cacao dans un sens ; viande, farine et bois dans l’autre. Mais elle n’a pas duré : trop faible, la Courlande n’a pas pu faire face à l’appétit de grandes puissances comme les Provinces-Unies. L’aventure coloniale courlandaise s’est terminée en 1660.
Jacob Kettler était marié à Louise-Charlotte de Brandebourg. Son fils Frédéric II Casimir lui succédera en 1682 à la tête du Duché de Courlande-Sémigalie. Son autre fils Ferdinand, mort en 1737, sera le dernier duc de la dynastie Kettler.
Revenons-en à la numismatique. La seconde pièce de 2017 représentera le blason de la région de Latgale, ci-dessous : un autre griffon rampant tenant un glaive, mais orienté à droite cette fois. Une version miroir du blason de Vidzeme.
En 2018 sera frappée la dernière pièce de cette série, représentant la région de Zemgale (la Sémigalie). On constate que le cerf a pris de l’âge. Le visuel n’a pas encore été rendu public, mais selon toute vraisemblance, la pièce ressemblera au montage ci-dessous :
De cette manière, les quatre régions auront été représentées, et de la façon la plus traditionnelle qui soit : par leur blason.
Il fallait oser une telle simplicité. Personnellement, je trouve cette petite série très réussie et très attachante, et je suis heureuse de pouvoir présenter trois belles pièces lettonnes.
Et je conclus avec a Kurlande, ce pays nordique imaginaire, aux contours géographiques assez flous. On sait que l’hiver y est rude, que les infrastructures y sont rudimentaires et que tous les membres de la famille royale sont musiciens. La Kurlande a servi de cadre au feuilleton « La Demoiselle d’Avignon » dans les années 70. Louis Velle y jouait le rôle d’un diplomate français épris de l’héritière d’un royaume nordique, interprétée par Marthe Keller. Toute ressemblance avec des personnages réels ou des faits historiques... (Merci à Sedna)
clementine1
20 février 2017 @ 06:38
Comme d’habitude : passionnant. Je ne peux que répéter et me répéter : merci Sedna pour vos belles contributions.
DEB
20 février 2017 @ 07:52
En voyant le début de l’article, j’ai directement pensé au feuilleton, que j’aimais beaucoup.
Très belles pièces très simples.
Jean Pierre
20 février 2017 @ 09:11
Je connaissais la Courlande par Dorothée la nièce et non moins maîtresse du Diable Boiteux.
Christian
20 février 2017 @ 10:42
Le visuel supposé n’est tout de même pas exactement l’original du blason de Sémigalie. Dans le blason original, le cerf est « passant et mouvant du flanc dextre », alors sur sur le montage il est simplement « passant » et effectivement un peu moins fier que l’original. ?
Sinon, je suis surpris qu’il ne soit pas fait mention de l’exil en courlandais d’une grande partie de la famille royale de France, entre 1797 et 1801, puis entre 1804 et 1807.
Nathetvoila
20 février 2017 @ 10:53
Excellente série que cette demoiselle d’Avignon. La princesse de Kurlande était déjà interprétée par Marthe Keller. Je me souviens du salut (rrrhhhaaa! ?) qu’on entend à la cour de Danemark notamment avec la reine qui baisse le bras en même temps et me suis toujours demandé ce que cela signifiait ? Je suis certaine d’avoir ma réponse ici parmi les fidèles de N et R. Merci !!
framboiz 07
20 février 2017 @ 11:05
J’ignorais la colonisation de Tobago ,par la Courlande …Merci, Sedna !
Clemathide
20 février 2017 @ 11:09
Article intéressant et j’ai aimé le petit rappel du royaume de Kurlande. Livre et série télé qui ont marqué ma mémoire et nourrit mes rêves durant quelques mois. L’actrice Marthe Keller, au petit accent bien charmant, reste une de mes actrices préférées mais elle se fait bien rare aujourd’hui.
Patricio
20 février 2017 @ 13:14
Merci Sedna. Toujours intéressant.
Amitié
Patricio
ciboulette
20 février 2017 @ 14:26
Ah ! Quelles belles pièces , et surtout , quels commentaires passionnants ! Merci , Sedna .
alienor
20 février 2017 @ 14:42
Super comme toujours.
Et en plus le clin d’oeil au roman de Frédérique Hébrard et Louis Velle est sympathique.
C’est le point d’orgue à votre érudition que j’apprécie chaque fois.
Merci, merci.
Bernadette
20 février 2017 @ 15:23
Ah ! la Demoiselle d’Avignon !!! quel beau feuilleton qui a enchanté mes jeunes années !
Le temps où on regardait la TV avec plaisir !!! temps révolu, hélas ….Il ne reste plus que les souvenirs !
Gérard St-Louis
20 février 2017 @ 17:38
Il ne manque maintenant qu’une médaille pour souligner…le long et interminable exil en deux temps de 3 ans chacun de Louis XVIII à Mittau (Jelgava) qui ne lui laissa pas des souvenirs impérissables tant le froid y était mordant.
Juliette
20 février 2017 @ 20:09
Merci à vous Sedna, pour votre dossier si bien documenté et intéressant.
Je ne me souviens plus si je vous ai posé la question, mais j’imagine que vous êtes étudiante en Histoire ou en Numismatique, voire enseignante et spécialiste de ces questions.
Sedna
21 février 2017 @ 20:28
Merci de votre commentaire, Juliette, mais vous me placez beaucoup trop haut ! Je ne suis ni étudiante ni enseignante ni spécialiste. J’aime ce sujet, tout simplement, comme j’aime le jeu d’échecs, la musique baroque ou la cuisine :-)
C’est aussi parce que, en tant que mère, j’ai pu constater que les pièces en euros étaient un formidable outil pour éveiller à la géographie, à l’histoire, au questionnement sur les ressemblances/différences/identités et finalement au projet européen.
Bien à vous
Juliette
1 mars 2017 @ 23:16
Bonsoir Sedna,
Vous parlez de ce sujet avec tellement de passion que l’on pourrait vous en croire spécialiste. Vous avez raison, la numismatique permet d’aborder des thèmes historiques, diplomatiques, géographiques, géopolitiques…
Bien à vous.
Juliette
Sedna
20 février 2017 @ 21:12
Merci pour vos précisions et commentaires!
Caroline
20 février 2017 @ 23:39
Merci pour cet article fort intéressant sur la Courlande que je ne connaissais pas du tout!
‘ La demoiselle d’Avignon’ est tirée du mariage d’amour de la reine du Danemark et de son mari diplomate!
HRC
21 février 2017 @ 13:06
le livre de Jean-Paul Kaufman : « Courlande ».
Léger et subtil à la fois.
Gérard
21 février 2017 @ 21:34
Il me semble que la demoiselle dans le feuilleton avait un frère cadet qui parlait avec un fort accent marseillais héritage qui ce manifestait de génération en génération d’une ancêtre marseillaise. Évidemment on songeait à Désirée Clary dont on ne sait cependant pas si elle avait l’accent puisqu’on a pas de microsillon.
Il y avait aussi un chauffeur de taxi à la peau noire qui parlait avec un fort accent russe et qui expliquait qu’il était un Russe blanc.
Gérard
21 février 2017 @ 21:50
La dernière dynastie de Courlande fut celle des Biron qui subsiste en Allemagne, les princes Biron von Courland.