Dante figure sur trois pièces de 2 EUR, dont deux ont été frappées en 2015 à l’occasion du 750e anniversaire de sa naissance. Cet article s’attachera principalement à son essai « De Monarchia » écrit entre 1313 et 1318. Contrairement à beaucoup de ses œuvres écrites en italien, ou plus exactement en toscan, les trois livres de l’essai « De Monarchia » ont été écrits en latin.
Livre 1 : Dante estime que le système idéal est la monarchie universelle. C’est une forme de monarchie absolue et éclairée qu’il avait vécue sous l’empereur Henri VII de Luxembourg, dernier représentant du pouvoir impérial en Italie. Ce sont clairement le décès d’Henri VII en 1313 et la menace d’ingérence du pape Clément V qui ont incité Dante a écrire son essai sur la monarchie.
Pièce 1 : la pièce courante italienne de 2 EUR en 2002, ci-dessous, que nous avons sans doute tous eue en nos mains. Elle a été frappée selon un portrait de Dante qui avait été fait par Raphaël en 1505.
Dante y est coiffé d’une couronne de lauriers, rappel de la Rome antique et de l’omniprésence de Virgile dans la Divine Comédie.
Livre 2 : Dante explique que, sous ce régime de monarchie universelle, et au nom du droit de l’Empire romain, c’est le peuple qui doit posséder l’autorité suprême.
Pièce 2 : la pièce commémorative frappée par Saint-Marin en 2015, d’après un portrait de Dante exécuté par Botticelli en 1495.
Saint-Marin est géographiquement très proche de la Toscane. Culturellement aussi, sans doute. Il est donc normal que la petite république se soit approprié la mémoire du poète et ait frappé à cette occasion sa pièce commémorative de 2 EUR.
Livre 3 : c’est une réflexion sur le rapport entre monarchie et papauté, un plaidoyer pour une séparation des pouvoirs, position qui à l’époque ne valait pas que des amis à son défenseur.
Pièce 3 : la très belle pièce commémorative italienne de 2015, qui représente le détail d’un tableau peint par Domenico di Michelino en 1465. On peut y voir Dante tenant la Divine Comédie devant une allégorie du purgatoire. Contrairement au traité sur la monarchie, la Divine Comédie, je l’ai lue, en entier, en français, en alexandrins (« Vous qui entrez ici, laissez toute espérance ») et avec plaisir.
Dante s’est toujours prononcé contre la politique d’ingérence du pape dans les affaires de Florence. Cela lui vaudra un procès, une condamnation, la confiscation de ses biens et l’exil. Ceci dit, vu depuis le XXIe siècle, une monarchie éclairée, avec le peuple souverain et une claire répartition des tâches entre le temporel et le spirituel, il y a pire comme régime…
Dante a été forcé de quitter Florence en 1302 et il n’y reviendra jamais. Il est mort à Ravenne, où il repose, en 1321. Bien que plusieurs fois sollicitée en ce sens, Ravenne a toujours refusé de remettre ses restes à Florence, la ville qui l’avait banni. (merci à Sedna pour cet article)
Francine du Canada
8 février 2016 @ 11:37
Merci Sedna pour cet article très intéressant; je n’avais jamais vu ces pièces et elles sont très élaborées. FdC
Jean Pierre
8 février 2016 @ 13:09
Ce combat entre le pape et l’empereur, c’est toute l’Italie médiévale.
ciboulette
8 février 2016 @ 16:44
Merci , Sedna , c’est un plaisir de vous lire !
J’aime beaucoup la 1ère pièce , que j’ai eue entre les mains , la seconde , celle de San Marin , est originale .
La 3ème est magnifique !
Bravo pour votre lecture !
Claudia
8 février 2016 @ 20:01
La pièce de deux euros (première photo) est effectivement très courante, mais j’ai toujours cru que le portrait était celui d’un empereur romain, je ne savais pas du tout qu’il s’agissait d’un portrait de Dante.
Juliette
8 février 2016 @ 20:13
Passionnant. Merci Sedna.
Libellule
8 février 2016 @ 20:48
Aaaah l’Italie …on ne peut que l’aimer !
Merci à vous Sedna.
Libellule.
Caroline
8 février 2016 @ 23:24
Sedna,
C’est une bonne idée de nous montrer les photos très ressemblantes à chaque effigie! Vos explications sont claires et précises, bravo pour votre travail minutieux sur cet article!
Violette
9 février 2016 @ 09:58
Merci Sedna, grâce à cet article intéressant, je vais regarder les pièces d’un autre œil, surtout quand je serai en Italie.
Sedna
9 février 2016 @ 19:04
Merci beaucoup !
septentrion
9 février 2016 @ 20:06
Bonsoir,
Merci Sedna, votre article me fait connaître plein de choses. En effet, quelle bonne idée de rapprocher les photos des tableaux. J’ai déjà vu la pièce 1 mais pas du tout les autres.
Je porte comme prénom, le nom de la ville qui a banni Dante.
J’ai lu que c’était par un vote populaire, que le portrait de Dante par Raphaël (1505 ou 1508), a été retenu, pour figurer sur la face nationale italienne de la pièce de deux euros.