Il arrive que les personnages représentés sur la face nationale d’une pièce en euros nous parlent de deux pays. Petite sélection de ces preuves d’ouverture ou d’amitié, sur lesquelles on peut trouver un roi, un grand-duc, un président, un chancelier et un peintre.
La première pièce de ce type représente le Roi Albert II et le Grand-Duc Henri. Il s’agit de la pièce commémorative belge émise en 2005 pour célébrer l’Union économique belgo-luxembourgeoise. C’est cette union qui a fait que, depuis 1921 jusqu’à l’introduction de la monnaie unique, un franc belge et un franc luxembourgeois avaient la même valeur.
Les deux souverains sont de profil, le profil du Roi Albert II ayant la préséance puisque c’est une pièce belge, et couvrant très légèrement celui de son invité le Grand-Duc Henri. Ils regardent vers la gauche, ce qui est l’orientation du Roi Albert II sur les pièces courantes belges – sur les pièces courantes luxembourgeoises, le Grand-Duc Henri regarde vers la droite. Sur l’anneau extérieur de la pièce figurent les deux monogrammes « H » et « A ». Ce n’est pas une émission commune : il n’y a pas de pièce luxembourgeoise équivalente.
C’est différent dans le second cas, qui est précisément une émission commune : deux pièces commémoratives presque identiques, l’une française et l’autre allemande, présentent en 2013 les effigies de Charles de Gaulle et de Konrad Adenauer. La seule différence entre ces deux pièces se trouve sous la signature du chancelier : les lettres « RF » (République française) figurent sur la pièce française alors que la lettre « D » (Deutschland) figure sur la pièce allemande.
Cette émission commune célèbre les 50 ans (50 Jahre) du Traité de l’Élysée (Élysée-Vertrag), qui renforce la collaboration entre la France et l’Allemagne dans les domaines des relations internationales, de la défense et de l’éducation.
L’équilibre entre la France et l’Allemagne est scrupuleusement respecté. La position des deux chefs d’État est celle de leur pays sur une carte de géographie. Ils ne regardent pas dans la même direction (laquelle aurait-il fallu choisir ?) mais leur attention converge vers un même point.
J’ouvre une parenthèse pour signaler que c’est la seconde fois que Charles de Gaulle figure sur une pièce en euros : la première fois, c’était en 2010, sur la pièce commémorative française ci-dessous qui célébrait le 70e anniversaire de l’appel du 18 juin.
La troisième pièce d’intérêt vient d’être frappée par la Grèce à l’occasion du 400e anniversaire de la mort du peintre Domenikos Theotokopoulos. Il figure à l’avant-plan de la pièce, devant une de ses peintures représentant Saint Paul.
Le nom sous lequel le peintre est mondialement connu, El Greco, dit à lui seul sa double appartenance grecque et espagnole. Il a fait la majeure partie de sa carrière à Tolède, il y a fondé sa famille, il y a acquis la gloire et il y est mort, mais il était né en Crète en 1541 et c’est une pièce grecque qui le met à l’honneur. Elle montre clairement sa signature, en-dessous du millésime, puisque le peintre signait ses œuvres en alphabet grec : Δομήνικος Θεοτοκόπουλος εποίει.
Bref, un bel hommage de la Grèce à l’un des plus grands maîtres de la peinture espagnol. (Merci à Sedna pour cet article)
June
6 octobre 2014 @ 06:53
Toujours très intéressant, merci Sedna.
Francine du Canada
6 octobre 2014 @ 12:22
Merci Régine et Sedna pour ce reportage numismatique de l’euro; aussi passionnant que les précédents. Celle de 2013 (50 ans du Traité de l’Elysée-Vertrag) est intéressante; elle rappelle cette collaboration France-Allemagne et constitue une belle page d’histoire. Amitiés, FdC
Claudia
6 octobre 2014 @ 17:50
Pas très gâté le Général de Gaulle sur les pièces franco allemandes !
flabemont8
8 octobre 2014 @ 16:49
Merci, Sedna, pour ces articles intéressants . Je ne connaissais pas ces euros très particuliers . Ma pièce préférée est la pièce grecque , hommage au peintre El Greco !
Marc
12 octobre 2014 @ 17:25
Merci Sedna pour cet article.
En 1963, lors de la signature du traité de l’Elysée, Konrad Adenauer était chancelier, c’est-à-dire chef du gouvernement de la République Fédérale d’Allemagne (RFA).
Le chef de l’Etat de la RFA était le président fédéral Heinrich Lübke.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_L%C3%BCbke
D’ailleurs, Konrad Adenauer n’a jamais été chef d’Etat.