La seconde pièce commémorative autrichienne en euros sera mise en circulation dans quelques jours. Elle est consacrée aux 200 ans de la Banque nationale d’Autriche, qui fut créée sous François Ier de Habsbourg.
Elle représente deux dieux mythologiques romains qui se trouvent au-dessus de l’entrée principale de la Banque nationale d’Autriche à Vienne. À gauche, Mercure, dieu du commerce, tenant un caducée. À droite, Fortuna, déesse du hasard et de la prospérité, tenant une corne d’abondance. Le premier est vêtu à l’extrême limite de la décence, la seconde se montre tout en pudeur. Comme sur toutes les pièces autrichiennes, le drapeau est présent : on le voit au bas de la pièce, sous forme de bandes décoratives hachurées verticalement pour représenter la couleur rouge.
À l’arrière-plan est représenté le bâtiment principal de la Banque nationale d’Autriche dont le détail du fronton figure ci-dessous.
C’est donc en 1816 que François Ier de Habsbourg (neveu de Marie-Antoinette), conseillé par Metternich, crée une banque centrale en vue d’émettre une monnaie commune à tout l’Empire austro-hongrois.
Il faut dire que les peuples qui composaient cet Empire n’avaient guère de points communs hormis, précisément, la monarchie. Et peut-être l’armée, mais en aucun cas la langue, ni la littérature, ni la musique, ni la religion, ni les costumes, ni la cuisine… Mais les Habsbourg avaient compris qu’une monnaie commune pouvait avoir un rôle fédérateur.
En 1878, sous le règne de François-Joseph, après plusieurs révoltes et remaniements, la Banque nationale d’Autriche (Œsterreichische Nationalbank) devient la Banque d’Autriche-Hongrie (Œsterreichisch-Ungarische Bank, Osztrák-Magyar Bank) comme on le voit sur le billet de 2 couronnes ci-dessous. Il date de 1914, nous sommes donc toujours, et pour deux ans encore, sous le règne de François-Joseph.
Il y a clairement un côté autrichien et un côté hongrois sur ce billet. Non seulement dans l’usage de la langue, mais aussi dans la représentation du blason de l’Autriche et du blason de la Hongrie de part et d’autre du médaillon central. Ce qui est très intéressant, c’est le médaillon dans la partie autrichienne, qui contient les informations « deux couronnes » dans huit des autres langues qui étaient parlées dans l’Empire austro-hongrois : le tchèque, le polonais, l’ukrainien, l’italien, le slovène, le croate, le serbe et le roumain.
Se servir de la monnaie pour tenter d’unifier une nation, l’idée a été aussi utilisée par un des pays les plus difficilement gérables de ce point de vue : la Belgique. On voit ci-dessous le billet de 20 francs belges qui représentait le Roi Baudouin et l’Atomium, avec la mention « vingt francs » côté francophone et la mention « twintig frank » côté néerlandophone.
Et les billets en euros ont repris le concept dans une certaine mesure. Ci-dessous le nouveau billet de 20 EUR mis en circulation en novembre dernier, sur lequel on peut lire sur une ligne verticale à gauche le sigle de la Banque centrale européenne (BCE) de neuf manières différentes ainsi que le mot « euro » dans les alphabets latin, grec et cyrillique.
En conclusion, il fut donc une époque où les populations d’une grande partie de l’Europe utilisaient une monnaie unique. La monnaie des Habsbourg, ancêtre de l’euro ? On pourrait le dire. En tous cas, une même unité monétaire est un des véhicules pour créer ou pérenniser un sentiment d’identité commune.
Les Habsbourg l’avaient compris, les Rois des Belges aussi, et les banquiers de Francfort ont repris le concept. Mais l’Empire des Habsbourg a vécu et le Royaume de Belgique doit se battre pour sa survie. L’avenir nous dira combien de temps l’unité de la zone euro et celle de l’Union européenne pourront se maintenir. (Merci à Sedna pour cet article)
Jean Pierre
11 janvier 2016 @ 07:34
La monnaie fédératrice ? Pourquoi pas, cette idée fait du bien.
septentrion
11 janvier 2016 @ 07:55
Bonjour,
Merci pour cet article très intéressant.
François Ier de Habsbourg était François II, empereur des Romains avant le 11 août 1804.
Avec le rappel des différentes langues parlées dans l’empire austro-hongrois, on comprend pourquoi il était si difficile à gouverner dans le respect des libertés de chacun (ce qui n’était pas le cas).
J’ai gardé en souvenir le billet de 20 F. avec le roi Baudouin.
Berthold
11 janvier 2016 @ 11:59
Merci Régine pour ce moment d’histoire et d’intérêt numismatique.
Fière.
Et je crois que si on n’avait pas comploté contre leurs idées et idéaux, l’Europe et qui sait le Monde, ce porterait divinement mieux.
Toujours domage que l’intérêt personnel puisse primé sur l’intérêt de tous.
Bon je suis peut-être pas bien placé pour le dire ;-)
J. B. D’Autriche
Francine du Canada
11 janvier 2016 @ 16:44
Vous avez raison d’être fière Berthold; une monnaie fédératrice est une excellente idée. La dernière partie de votre commentaire me rappelle qu’aux États-Unis, les droits individuels priment sur les droits collectifs et ce n’est pas toujours une réussite ;-(( Les idées véhiculées par les médias et le gouvernement relèvent souvent du « lavage de cerveaux » hum… mieux vaut le dire à voix basse ;-) FdC
Francine du Canada
11 janvier 2016 @ 16:46
Et merci Régine et Sedna pour cet article; il est super intéressant comme tous les articles numismatiques que vous publiez. FdC
Berthold
12 janvier 2016 @ 18:36
C’est normal quand on voit certains loby qui peut ce trouver sur ces terres et je ne veux même pas parler des armes qui de nos jours ne devrait appartenir que et seulement aux Etats, et encore… Mais le faite de vouloir de nos jours créé une monnaie unique n’est je ne pense pas une bonne solution car même si ca pourrait être le debut d’un système fédérateur, il en resterait pas moins que l’homme continuerait à faire la course à l’argent et au pouvoir, et ce même avec une seule monnaie et dans un monde globalisé. Mais je continuerais à pensé et à défendre que l’argent c’est la bactérie de cette terre et qu’il en résulte bien des problèmes qui pourrait être résolu mais qui n’existerait pas sans ça. Mais on est tellement endoctriné dans ce système qu’il est toujours plus difficile psychologiquement de s’en détacher ou de voir et d’imaginer un model de vie différent de celui qu’on nous à toujours donner.
La peur de l’inconnue..c’est bien sur la principal raison qui nous empêcher de changer et la publicité et les medias aussi.
Mais c’est aussi le moyen d’observer ce qui ne va pas et que sans eux nous resterions incultes et non informer sur certaines choses même si ça n’est pas toujours representatif de la situation, il n’en est pas moins que certaines de ces personnes font un travail remarquable, jusqu’au péril de leur vie.
Tout les Royaumes ont toujours eu besoin de ces informations pour pouvoir annaliser la situation et prendre les décisions approprié à ceux-ci.
Mais les gens on voullu plus d’indépendance et de pouvoir de decision ce qui pour la majorité des pays l’on obtenue, tout en gardant aussi pour la plus part, leur monarchie, une chance!
Alors même si la Maison d’Autriche n’est plus ce qu’elle était au debut du XX ème siècle, elle n’en reste pas moins toujours présente et retrouvera
Berthold
12 janvier 2016 @ 19:15
Les valeurs qui étaient les siennent (miennes) et qui resteront toujours d’actualité.
Je sais que si les choses on été comme elles fusent, c’est aussi de la faute aux conseiller et pas seulement aux familles concernées et aux alliances pas toujours de très bon goût même pour certaines inadmissible.
Mais je peux tout à fait comprendre et pardonner car c’etait encore à l’époque dans l’air du temps, mais que de nos jours je ne cautionne plus.
Et j’espère que justice sera rendu sans passer par là même porte que vous savez qui? Et qui ce trouve actuellement dans une position indélicates.
J. B. D’Autriche
Albane
11 janvier 2016 @ 21:43
Bonsoir Berthold,
La destruction de l’Empire austro-hongrois fut une erreur monumentale, qui a engendré bien des conflits dans les Balkans.
Berthold
12 janvier 2016 @ 19:24
Et encore aujourd’hui, malheureusement et qui fait que dans ces regions de l’est, il est toujours difficile d’avoir une union democratique et politique.
Ce qui est bien regrettable et qui m’attriste profondement.
Mais on dit toujours que le passer c’est le passer, alors oui mais c’est une expression un peu simpliste et qui ne permet pas de trouver des solutions appropriées au futur sans ra
Berthold
12 janvier 2016 @ 19:26
Sans raisonnement baser sur le passé.
J. B. D’Autriche
Leonor
11 janvier 2016 @ 19:41
Lu et regardé avec beaucoup d’intérêt.
Merci Sedna.
Je sens qu’avec vos articles, je vais m’instruire.
Ogier le Danois
11 janvier 2016 @ 19:57
J’adore qu’il faut des hommes nus pour célébrer une banque !
Autre tentative d’une union politico-monétaire : L’union monétaire scandinave 1873/75 – 1914, introduisant l’appellation « couronne » (krone), repris par l’empire austro-hongrois.
Sedna
12 janvier 2016 @ 19:25
Merci pour cette information, Ogier : je vais m’empresser de me documenter pour en connaître davantage.
Caroline
11 janvier 2016 @ 23:24
Sedna, c’est parfait avec vos explications claires dans cet article. Je vous en remercie bien!
Sedna
12 janvier 2016 @ 19:26
Merci à toutes et à tous !
Berthold
14 janvier 2016 @ 17:27
Oui, Merci Sedna et pardon d’en avoir oublié de vous mentionné. Mes excuses…
J. B.