La question de la succession dans les monarchies se pose plus ou moins de la même façon, mais il y a des différences dans la manière de l’exprimer sur les pièces en euros : cinq monarchies, trois scénarios, une inconnue.
Premier scénario (le choix de la Belgique): on passe d’un monarque au suivant sans transition. Le Roi Albert II était présent sur toutes les pièces courantes, puis ce sera le tour du Roi Philippe. Celui-ci, quand il était prince, n’a jamais figuré sur une pièce en euros. C’est un scénario un peu abrupt mais clair, en deux temps :
1. le Roi Albert II
2. le Roi Philippe
Deuxième scénario (le choix des Pays-Bas): c’est toujours le souverain qui occupe les pièces courantes, mais la transition est célébrée par des pièces commémoratives avant et après le passage du témoin. En effet, la Reine Beatrix figurait sur toutes les pièces courantes, puis, à l’annonce de son abdication, une pièce commémorative a été frappée la représentant, toujours reine, avec le Prince Willem-Alexander et la date de l’annonce officielle de l’abdication. Le Roi Willem-Alexander sera dès son intronisation le sujet de toutes les pièces courantes mais une pièce commémorative est annoncée pour cette année (voir l’article de Régine du 23 mai), où il figurera avec sa mère redevenue princesse. Scénario plus en douceur et en quatre temps :
1. la Reine Beatrix
2. la Reine Beatrix et le Prince Willem-Alexander
3. le Roi Willem-Alexander
4. le Roi Willem-Alexander et la Princesse Beatrix
Troisième scénario (le choix de Monaco et du Luxembourg) : l’héritier a sa place sur les pièces aux côtés du monarque en exercice indépendamment de tout contexte de succession ou d’abdication. La transition est encore plus douce. Le Prince Albert de Monaco avait son effigie sur les pièces courantes de 1 euro dès l’introduction de la monnaie unique, donc du vivant du Prince Rainier. Depuis son accession au trône, il est représenté seul sur les pièces de 1 et 2 euros. Quant au Prince Guillaume de Luxembourg, la première pièce commémorative sur laquelle il a figuré aux côtés du Grand-Duc Henri a été frappée en 2006, à l’occasion de son 25e anniversaire.
L’inconnue, c’est l’Espagne. On peut exclure le troisième scénario, puisque le Prince Felipe n’a jamais jusqu’à présent figuré sur une pièce en euro, ni courante ni commémorative. Alors, scénario belge ou néerlandais ? L’Espagne est la monarchie la plus frileuse quand il s’agit de représenter ses royaux sur les pièces : seules les pièces courantes de 1 et 2 euros (et non toute la série) représentent le Roi Juan Carlos, et aucun autre membre de la famille royale n’existe sur les pièces espagnoles en euros.
Cela me fait dire que l’Espagne pencherait sans doute pour une variante du premier scénario : le Roi Felipe après le Roi Juan Carlos sans transition, mais uniquement sur les pièces courantes de 1 et 2 euros.À confirmer ou infirmer le moment venu… (Merci à Sedna pour cet article)
aggie
2 juin 2014 @ 07:03
très intéressantes ces analyse des pièces en euro
merci
Francine du Canada
2 juin 2014 @ 07:16
Merci encore Sedna; encore un article des plus intéressants! FdC
Vincent
2 juin 2014 @ 08:49
Il ne peut pas y avoir de pièces courantes de transition pour l’Espagne. Il y aura tout simplement une nouvelle effigie avec le Prince Felipe qui sera alors Felipe VI (je pense que la Casa de la Moneda en profitera aussi pour changer l’effigie des centimes d’euros). A moins que la République soit proclamée entre temps…
Philibert
2 juin 2014 @ 09:14
Je m’autorise à penser que les relations entre le souverain et son successeur, et surtout la manière dont ce dernier doit s’imposer, transparaissent sur les pièces de monnaies. Ainsi, le roi Philippe a exigé (et obtenu) que le roi Albert II n’ait plus aucun rôle officiel après le 21 juillet 2013. La rupture re règne est donc nette.
Pour l’Espagne, je pense que ce sera pareil, et même pire : quand Felipe montera sur le trône, le roi Juan-Carlos sera sénile ou mort. La présence des deux portraits sur une même pièce me semble difficilement envisageable.
mcl61
2 juin 2014 @ 09:49
Le moment est venu pour l’Espagne, le roi abdique…….
Quid de la monarchie en ces temps de crise?
guewagram
2 juin 2014 @ 09:49
Et pour l’Espagne le moment est venu (lundi 2 juin 2014 9h30 !)
Cyril-83
2 juin 2014 @ 17:27
Eh oui, quelle coïncidence ! On dirait que cet article est prémonitoire !
mcl61
2 juin 2014 @ 09:50
Je précise, c’est le prince Felipe qui lui succède, mais comment vont réagir les espagnols, catalans…..
Claudia
2 juin 2014 @ 10:34
Je me demande si le fait de présenter les profils de droite ou de gauche a une signification.
Pierre-Yves
2 juin 2014 @ 11:06
On va en effet connaître le scénario espagnol plus vite qu’on ne l’aurait pensé !
Caroline
2 juin 2014 @ 11:11
Sedna,merci pour votre article intéressant!
Qu’on regarde de près nos pièces en euros meme si on est pressés durant notre shopping!Mdr!
Denis
2 juin 2014 @ 13:32
De quelque pays qu’elles proviennent , TOUTES les pièces en euros sont d’une affligeante banalité!sans doute est-ce voulu… pour être lu par le plus grand nombre , on lisse , on lisse… jusqu’au plus bas niveau de créativité…
sedna
3 juin 2014 @ 18:43
Bonsoir Denis,
Je vous rejoins en ce qui concerne la plupart des pièces de ce billet. Le terme « lisse » est vraiment approprié. Mais heureusement que toutes les pièces en euros ne sont pas de la même veine: je n’en aurais jamais fait mon hobby.
D’après moi, il y a quand même de belles et même de très belles réussites. Et aussi de très lourds ratages, forcément.
Bien cordialement
Sedna
Livia
2 juin 2014 @ 17:09
@ Sedna: votre article est intéressant et judicieux et l’actualité vient vous servir à point :-)
sedna
3 juin 2014 @ 18:44
Bonsoir Livia,
C’est vrai, le hasard a fait drôlement les choses. J’en ai été la première étonnée hier matin.
Bien cordialement
Sedna
Sylvain
4 juin 2014 @ 17:39
Article très intéressant et étonnamment prémonitoire en effet!
Concernant les pièces de 2 euros commémoratives, chaque pays de la zone peut en créer maximum 2 par an il me semble.
L’Espagne pourrait donc en profiter pour « marquer le coup » concernant son roi. Maintenant Est-ce la volonté du pays? Il semblerait que non mais nous allons le savoir très vite.
Bonne soirée.