Trois bandes horizontales de même largeur, rouge, blanche, rouge, forment le drapeau autrichien, adopté au XIIIe siècle par Frédéric II, duc d’Autriche. Ce drapeau a la particularité de figurer sur toutes les pièces autrichiennes en euros.
La légende veut que Léopold de Babenberg, duc d’Autriche, ait porté une tunique blanche lors du siège de Saint-Jean d’Acre en 1191 et que, une fois blessé, son vêtement ait été maculé de sang. Mais la tunique serait restée blanche en sa partie médiane, là où Léopold portait sa ceinture. Quand il l’a enlevée, le tissu s’est retrouvé rouge, blanc, rouge, et serait devenu le drapeau autrichien que l’on connaît aujourd’hui.
Quand il n’est pas possible de représenter les couleurs sur les pièces, on utilise le code héraldique : le rouge (gueules) y est représenté par des hachures verticales. Ci-dessous le drapeau autrichien dans sa version officielle et dans sa représentation héraldique en noir et blanc.
On retrouve très clairement ce jeu de hachures à l’arrière-plan de la pièce commémorative autrichienne de 2005 qui ouvre ce billet. Elle célèbre le 50e anniversaire du Traité d’État (50 Jahre Staatsvertrag) qui a rendu la souveraineté à l’Autriche après la Seconde Guerre Mondiale. C’est la seule pièce commémorative autrichienne à ce jour si on excepte les trois émissions communes.
À l’avant-plan figure la page du document qui porte les sceaux et les signatures des ministres des Affaires Étrangères des grandes puissances en 1955 : l’URSS (Viatcheslav Molotov), les États-Unis (John Foster Dulles), le Royaume-Uni (Harold Macmillan) et la France (Antoine Pinay), ainsi que de leurs ambassadeurs respectifs.
Quant aux pièces autrichiennes courantes, elles ont chacune un visuel différent et elles arborent toutes le drapeau national. C’est très discret : on serait presque tenté de n’y voir qu’une coquetterie graphique. Pourtant, il s’agit bien du drapeau.
Par exemple, pour souligner le millésime « 2002 » qui figure sous l’edelweiss dans le cas de la pièce de 2 c.
Par exemple, entre la valeur et le millésime sur la pièce de 20 c représentant le Palais du Belvédère, construit au XVIIIe siècle comme résidence d’été pour le Prince Eugène de Savoie, et lieu où a été signé, précisément, le traité d’État qui figure sur la pièce commémorative.
Par exemple, à droite du portrait de Mozart sur la pièce de 1 EUR.
J’ouvre une parenthèse pour rappeler que, bien sûr, l’Histoire a donné à l’Autriche plusieurs autres drapeaux entre le XIIIe siècle et l’époque actuelle. Parmi ceux-ci, le drapeau impérial que l’on a revu en 2011 lors des funérailles de Otto de Habsbourg. Les pièces autrichiennes en euros sont peu nombreuses. Je ne dirais pas qu’elles sont exceptionnelles, mais elles sont à mon sens très réussies sur le plan esthétique en plus d’avoir une qualité de frappe irréprochable. Et on peut donc saluer tout à la fois la discrétion et l’obstination avec lesquelles, exception faite des émissions communes, elles représentent leur drapeau sur toutes leurs faces nationales. (Merci à Sedna pour cet article)
agnes
17 novembre 2014 @ 07:49
passionnant, merci.
Francine du Canada
17 novembre 2014 @ 10:58
Merci Régine et Sedna pour cet excellent reportage; les explications sur la représentation du drapeau sont très claires. J’aime particulièrement la pièce de Mozart 2002. Bonne semaine, FdC
Marie1
17 novembre 2014 @ 11:46
Merci pour ces explications, très intéressant.
flabemont8
17 novembre 2014 @ 12:18
Je n’avais encore jamais vu d’euros autrichiens , l’explication que vous nous donnez est très intéressante . Merci de tout cœur !
Jean Pierre
17 novembre 2014 @ 13:00
L’Autriche honore Mozart, que ne l’a t-elle fait de son vivant ?
Juliette
17 novembre 2014 @ 19:42
Encore un sujet de numismatique très intéressant, merci.
Je trouve que les pièces en euros autrichiennes, comme les italiennes et les finlandaises, sont très belles et font la part belles à l’art et aux grandes personnalités du pays.
La pièce de 50 centimes présente le pavillon Secession de Vienne, haut-lieu de l’Art Nouveau, tandis que la pièce de 2 euros représente Bertha von Suttner (d’ailleurs née comtesse Kinský von Chinic und Tettau, baronne von Suttner par mariage, ce qui est à préciser sur notre site), une pacifiste autrichienne, lauréate du prix Nobel de la paix en 1905.
Il est dommage que la France n’en ait pas fait autant, alors que les derniers billets en Francs colorés et plutôt artistiques, rendaient hommage à Antoine de Saint-Exupéry, à Marie Curie, à Cézanne…
Claudia
17 novembre 2014 @ 20:06
Que de choses on peut lire dans une pièce de monnaie, à chacun de ces reportages on en apprend, et c’est passionnant ; je n’ai pas souvent eu en mains de pièces autrichiennes mais je n’aurais jamais compris que le motif hachuré représentait le drapeau. Les explications sur la pièce commémorative sont très complètes, la signature de Molotov semble être en cyrillique, mais je n’en suis pas sûre à cent pour cent.
Gérard
17 novembre 2014 @ 21:15
Toujours très intéressant.