Curieuse et riche destinée que celle du monument emblématique de Trèves : la Porta Nigra. Le Land de Rhénanie-Palatinat l’a mise à l’honneur sur la pièce commémorative de 2 EUR de 2017 et le résultat est particulièrement réussi. C’est au IIe siècle de notre ère qu’a été construite cette porte, une des portes de l’enceinte de la ville, et c’est au courant du Moyen-Âge qu’elle a acquis cette patine noire caractéristique qui allait lui donner son nom.
Après avoir été la porte d’entrée de la ville de Trèves du temps des Romains, elle est devenue une église au XIe siècle, quand saint Siméon, un ermite grec, s’est fait enfermer dans le monument puis a été canonisé. La Porta Nigra est restée une église jusqu’à ce que Napoléon fasse détruire les aspects religieux qui avaient été ajoutés à l’édifice romain, lui rendant ainsi dans la mesure du possible son aspect originel. Et la Porta Nigra fait aujourd’hui les beaux jours du tourisme de la région de Trèves.
Ce n’est pas la seule porte que l’Allemagne ait mise à l’honneur sur des pièces en euros. Je passe rapidement sur la Holstentor (porte de Holstein) à Lübeck, qui figure sur la toute première pièce commémorative allemande en 2006 dont j’avais parlé octobre 2016.
Par contre, je m’étendrai un peu plus sur la porte allemande la plus célèbre : la Porte de Brandebourg, que Frédéric-Guillaume II de Prusse avait fait construire en 1788. En juillet 2014, j’avais présenté les trois pièces qui lui étaient consacrées, ci-dessous : la pièce de série allemande de 50 c, la pièce commémorative allemande de 2015 relative à l’anniversaire de la réunification et la pièce commémorative vaticane de 2014 qui célébrait la chute du Mur de Berlin.
Mais il y a du nouveau : depuis la parution de mon article, Saint-Marin a mis en circulation en 2015 une pièce commémorative de 2 EUR dédiée au 25e anniversaire de la réunification de l’Allemagne. La Porte de Brandebourg y est représentée d’une manière pour le moins originale.
Illusion d’optique : les lignes verticales sont bien verticales, mais elles paraissent obliques du fait du décalage descendant dans l’imbrication des colonnes. C’est voulu et parfaitement maîtrisé, mais pour moi c’est un peu dérangeant, même si j’admets que la symbolique est bien trouvée. Avis personnel, bien sûr. Et cela ne doit en aucun cas occulter le fait que cette esthétique est assez inhabituelle sur une pièce en euros, donc digne d’intérêt.
Et restons à Saint-Marin pour terminer cet article. On sait que le pays a frappé une nouvelle série de 8 pièces courantes à la faveur de la règle des 15 ans. C’est à ce jour le seul pays qui ait franchi le pas.
La pièce de 2 c de cette nouvelle série représente la porte de San Francesco, qui a été construite en 1361 pour protéger la petite république de l’armée des Malatesta de Rimini. Je reviendrai dans un prochain article sur la nouvelle série de pièces de Saint-Marin.
Hannibal ad Portas ! L’expression date de quelques siècles avant la construction de la Porta Nigra et elle s’est maintenue pour signifier l’imminence d’un grand danger. C’est d’une certaine manière un hommage aux portes des villes, dernier rempart – si les portes cèdent, c’est fini.
Les portes des villes ont certes perdu cette fonction première de protection, mais ce sont souvent de fort beaux monuments et, fait non négligeable, leurs proportions donnent un très bel équilibre aux pièces en euros qui les représentent. (Merci à Sedna pour cet article)
clementine1
3 avril 2017 @ 06:40
merci Sedna.
Marie1
3 avril 2017 @ 12:17
Merci Sedna
Sedna
3 avril 2017 @ 21:45
Merci de votre fidélité, Clémentine et Marie
Erato
3 avril 2017 @ 17:14
Une manière d’avoir toujours l’histoire » en poche », si ej peux me permettre.
Hommage original et un trésor pour les collectionneurs car j’immagine que certaines de ces piéces , St Marin ou le Vatican par exemple, ne sont pas éditées avec la même disponibilité que les ordinaires.
Sedna
3 avril 2017 @ 21:47
J’aime votre expression, Erato. C’est exactement cela. Les pièces en euros se retrouvent dans les poches de tous les citoyens de la zone euro et véhiculent une partie de leur histoire.
Vous avez raison concernant Saint-Marin ou le Vatican. Mais question disponibilité et prix, le cauchemar, c’est Monaco.
Jean Pierre
3 avril 2017 @ 17:26
Les Länder allemands disposent ils d’un droit de proposition pour faire figurer tel ou tel monument ?
Sedna
3 avril 2017 @ 21:49
Bonsoir Jean Pierre,
Le thème des pièces commémoratives de 2 EUR était décidé en 2006: le Land qui présiderait le Bundesrat avait choisi ce qu’il voulait représenter. Donc dès 2006, on connaissait le thème des pièces jusque 2021.La manière de représenter ce thème, donc le visuel, était en général disponible un an ou deux avant la mise en circulation. J’imagine que c’est sur proposition du Land en question.
Mary
3 avril 2017 @ 17:28
Intéressant !
Alinéas
3 avril 2017 @ 17:32
Merci de nous avoir donné un petit aperçu de quelques euros représentant différentes portes de villes…
Esquiline
3 avril 2017 @ 19:31
Très intéressant ce sujet, merci.
J’ai vu toutes ces portes sauf la plus célèbre, je suis jamais allée à Berlin, une honte!
framboiz07
3 avril 2017 @ 21:36
Venez à Reims voir la Porte de Mars , quand elle sera rénovée , Esquiline !
Sedna
3 avril 2017 @ 21:51
Merci Mary, Alineas et Equeline!
@ Esqueline, moi, je n’ai vu que la Porta Nigra. Mais Berlin est au programme d’un des prochains congés.
Caroline
3 avril 2017 @ 23:12
Sedna, merci beaucoup pour cet article sur la ville de Trèves où avaient habité mes lointains ancetres, il y a plus de 900 ans !
DEB
8 avril 2017 @ 06:38
Merci Sedna. Article toujours très instructif.
La pièce que je vois constamment est celle de 50 c qui, apparemment, circule beaucoup en Belgique.