Numismatique de l’euro : quelques villes hanséatiques

Le point commun entre Hambourg, Brême, Lübeck et Rostock, c’est que ce sont des villes qui sont fières d’avoir été hanséatiques et qui tiennent à ce qu’on le sache. Elles font entre autres figurer un « H » pour « Hansestadt » sur leurs plaques minéralogiques. Mais il y a une quantité d’autres villes hanséatiques, parfois surprenantes. Les pièces en euros représentent quelques-unes d’entre elles.

D’abord un rapide coup de projecteur historique. La Ligue Hanséatique, c’est cet ensemble commercial  supranational devenu incroyablement puissant. Elle avait pour origine l’association de villes qui étaient actives autour de la Mer du Nord et de la Mer Baltique. J’emprunte à Wikipedia cette carte des principaux centres et voies de communication hanséatiques.

Les villes se sont unies et ont augmenté leur pouvoir commercial et maritime jusqu’à être en mesure de négocier avec les puissants et les rois. C’est ainsi que Marguerite II de Flandre a dû accorder des privilèges aux marchands de Bruges au XIII^e siècle ; que les Chevaliers Teutoniques ont été obligés à plusieurs reprises de négocier avec  la Hanse ; et que, en 1370, le Traité de Stralsund, signé par le Roi Valdemar IV, accorde même à la Ligue Hanséatique un droit de véto sur la succession au trône du Danemark.

À l’origine, la toute première association entre deux villes concernait Hambourg et Lübeck.

Lübeck

C’est actuellement la seconde ville du Land de Schleswig-Holstein (la première étant Kiel), et sa plaque minéralogique est « HL » pour « Hansestadt Lübeck ». Ce Land a fait l’objet de la toute première pièce commémorative allemande de 2 EUR en 2006, en tant que siège de la présidence tournante du Bundesrat, et a choisi de représenter son monument emblématique : la Hostentor. C’est la pièce d’ouverture de cet article.

Elle représente la dernière porte en brique de la ville, qui date de la fin de la période gothique et qui est un des vestiges des fortifications de la puissante ville hanséatique. C’est devenu un musée, qui abrite entre autres des bateaux de la Hanse.

Hambourg

C’est curieux, j’aurais cru que Hambourg (« HH ») mettrait davantage en évidence son patrimoine hanséatique lorsqu’il s’est agi de frapper une pièce commémorative en 2008. Mais le choix du Land s’est porté sur l’église luthérienne Saint-Michel, ci-dessous.

Brême

Brême (« HB ») est sans doute la ville qui a le plus mis en valeur son patrimoine architectural hanséatique en représentant en 2010 la statue de Roland avec, en toile de fond, l’hôtel de ville du XV^e siècle, typique de l’architecture hanséatique. J’en ai déjà parlé en mai dernier, je ne m’y attarderai donc pas.

Rostock

Question minéralogique allemande, il reste donc Rostock (« HRO » : « Hansestadt Rostock »), mais cette ville n’est pas représentée sur des pièces allemandes en euros. Ceci dit, Rostock est la plus grande ville du Land du Mecklenburg-Vorpommern. Ce Land a été représenté sur la pièce commémorative de 2007. Le choix s’est porté sur le château de Schwerin, ci-dessous, dont je parlerai plus longuement dans un prochain article.

Riga

Quittons l’Allemagne et rendons-nous en Lettonie. Riga, comme on le voit sur la carte du début de cet article, avait une place de choix pour devenir une ville prospère et donc hanséatique. Superbe ville, semble-t-il, qui figure sur la pièce commémorative lettonne de 2 EUR de 2014, au titre de capitale européenne de la culture.

Tallinn

Et terminons ce voyage par Tallinn, anciennement Reval, capitale de l’actuelle Estonie. L’Estonie a décidé de frapper en 2017 deux pièces de collection consacrées à Tallinn en tant que ville hanséatique (j’insiste : ce sont des pièces de collection) : une pièce en argent de 8 EUR et une pièce en or de 25 EUR.

La skyline de Tallinn est représentée de manière très originale sur la pièce de 8 EUR, faisant le tour de la pièce autour du blason de la ville, avec un navire dans le bas. La pièce de 25 EUR est également assez originale dans la représentation de la ville mais surtout de la mer avec ses vagues de poissons.

La Ligue Hanséatique possédait des comptoirs dans toute l’Europe, jusque Gand, Anvers, Edimbourg, Bordeaux, Nantes, La Rochelle ou même Naples. Puis à partir du XV^e siècle, avec la découverte du Nouveau Monde et de tous les possibles qui y étaient liés, la Ligue Hanséatique a commencé à péricliter.

Mais elle demeure très vivante dans l’imaginaire collectif des villes qui peuvent se prévaloir d’en avoir fait partie. (Merci à Sedna pour cet article)