Le palais de Dolmabahçe est situé sur la rive européenne d’Istanbul. Les sultans ottomans firent construire ce palais de 45.000 m² afin de résider dans un lieu plus fonctionnel et plus confortable que le palais de Topkapi.
Dolmabahçe a été construit de 1842 à 1853 au moment du règne du sultan Abdulmecit I par l’architecte Garabet Amira Balyan puis par le fils de celui-ci.
Six sultans s’y succédèrent jusqu’en 1924 date de l’abolition du califat.
Les salons sont richement décorés de tapisseries, de lustres et vases Baccarat, d’un tapis en peau d’ours cadeau du tsar,… On y trouve le plus grand lustre réalisé en cristal de Bohême au centre de la salle des cérémonies. Il pèse 4,5 tonnes. Pas moins de 14 tonnes d’or furent nécessaires pour la décoration des plafonds de Dolmabahçe !
Le premier président de Turquie Ataturk y passait ces étés. C’est là qu’il s’est éteint le 10 novembre 1938 à 9h05. Toutes les horloges du palais ont depuis été arrêtées à cette heure-là.
Le Palais de Dolmabahçe est ouvert au public. (merci à Catherine pour ce reporte au bord du Bosphore)
Actarus
3 septembre 2014 @ 06:04
On peut comprendre que, pour construire la Turquie moderne, Mustafa Kemal a supprimé la monarchie en 1922. Il a séparé le temporel du spirituel. D’ailleurs, le dernier calife, Abdülmecid II, ne régna jamais en tant que sultan, mais en tant chef spirituel des musulmans. L’erreur historique d’Atatürk, dont les effets se font cruellement ressentir de nos jours, fut d’abolir le califat en 1924. La nature ayant horreur du vide, voyez comment elle le comble… L’État islamique qui terrorise le monde avec sa barbarie et ses sanglantes mises en scène d’exécutions d’otages n’aurait jamais vu le jour sans cette vacuité créée il y a quatre-vingt-dix ans.
Francine du Canada
3 septembre 2014 @ 15:03
Surprenant votre commentaire Actarus mais… o combien vrai. Bonne journée, FdC
Actarus
3 septembre 2014 @ 17:35
Suprenant parce qu’il m’arrive d’être sérieux ?
Francine du Canada
4 septembre 2014 @ 21:11
Ne soyez pas stupide Actarus; vous savez que je sais que vous pouvez être sérieux : Vous en avez les capacités intellectuelles et êtes très instruit. Je suis un « excellent juge de caractères »… même virtuels, n’en doutez pas. FdC
Shahmashah
4 septembre 2014 @ 12:56
Ce fut la plus grosse erreur qu’est commise Mustapha Kemal Ataturk.. Celle de déraciner une famille qui a régner six siècles sans interruption sur le vaste Empire ottoman. D’ailleurs, le peuple ne comprenait pas ce changement brusque de régime. Le mot République n’avait pas de sens a ses yeux. Afin de consolider son pouvoir, Ataturk leur a expliqué que désormais on vivait dans un royaume du peuple. La famille ottomane a été contrainte a l’exil et au renoncement de ses droits de succession. On l’a dépouillée de ses possessions -et notamment des pétroles de Mossoul qu’un certain Sultan avait acheté au Roi d’Iraq et qui lui revenait de droit. Un délai de 24 heure lui a été accordée pour tout ranger et quitter le pays, sous peine de lapider ses membres. Le dernier Calife a installé sa cour a Nice, certains se sont exilés en Suisse, d’autres au Liban et en Syrie, et d’autres encore en Égypte. Ah j’oubliais: dames et hommes avaient été privés de leur nationalité. Ils étaient désormais apatrides.
Gibbs
3 septembre 2014 @ 12:33
Merci Régine pour le « cadrage ».
Danielle
3 septembre 2014 @ 13:43
Catherine et Régine, merci pour ce reportage.
Un palais que je n’ai vu que de l’extérieur et qui en vaut déjà la peine ; la promenade sur le Bosphore est à effectuer.
Actarus
3 septembre 2014 @ 18:01
Je me suis intéressé à l’histoire du sultan Abdülhamid II, dépeint comme un ogre assoiffé de sang par l’Occident, un personnage intéressant que le prince Michel de Grèce a démythifié dans son roman « Le dernier sultan ».
Pour mesurer ce qui n’est plus, voici un extrait d’un autre ouvrage écrit par un directeur de recherche au CNRS, spécialisé dans l’histoire turque et ottomane :
Après l’attentat de Sarajevo du 28 juin 1914 et l’entrée des grandes puissances dans ce qui va être la Grande Guerre, le gouvernement ottoman se range du côté des puissances centrales. Le 11 novembre, il est en guerre avec la Russie, la France et la Grande-Bretagne. Le 14, le sultan Mehmed Resad déclare la guerre sainte (djihad), dont on espère qu’elle va provoquer des soulèvements dans les territoires coloniaux des pays de l’Entente. (…) Abdülhamid est très affecté par les nouvelles que lui apportent les journaux. Il est catastrophé par l’entrée en guerre de l’Empire aux côtés des puissances centrales. Il pense que c’est une erreur de s’être mis dans le camp de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie : que peuvent faire ces deux États continentaux face aux puissances qui ont la maîtrise des mers ? « C’est de la folie, répète-t-il. Il fallait absolument que l’Empire reste neutre. Que Dieu maudisse ceux qui ont mené le pays à cette situation. » Il est consterné d’apprendre que son frère, le sultan régnant, a proclamé le djihad, qui n’avait de sens, à ses yeux, que s’il restait à l’état de menace.
(François Georgeon, Abdülhamid II, le sultan calife, Fayard, 2003, pp. 438-439)
Actarus
3 septembre 2014 @ 18:08
J’ai oublié de préciser qu’Abdülhamid avait été déposé en 1909 par le révolution des Jeunes-Turcs. C’est donc son frère Mehmet V qui régnait lors de la Première Guerre mondiale. Abdülhamid II est mort en février 1918 et son frère l’a suivi de près dans la tombe, le 3 juillet suivant. Leur frère cadet Vahideddin (Vahdettin) lui succéda sous le nom de Mehmed VI (ce nom s’écrit Mehmet en turc). C’est lui qui fut déposé par Mustafa Kemal en 1922 lorsque ce dernier proclama la république.
Laurent F
4 septembre 2014 @ 08:53
Et pour compléter la fratrie de souverains ottomans, Abdul-Hamid avait fait déposé son frère ainé Mourad V en août 1876, 3 mois après son accession au trône de la Sublime Porte et une crise de folie qui ne fut que passagère ! Le malheureux sultan vécut en résidence surveillée au palais de Çiragan jusqu’à sa mort 28 ans plus tard.
Si la monarchie fut abolie en 1922, la califat lui survécut jusqu’en 1924 avec leur cousin germain Abdül-Mécit II à sa tête. Il était le fils du sultan Abdul-Aziz détrôné en mai 1876
Caroline
3 septembre 2014 @ 21:55
Actarus,
Un grand bravo pour votre sérieux et vos commentaires justes et fort intéressants!!!
Shahmashah
4 septembre 2014 @ 12:47
Dolmabahce a en fait été construit car de nombreux shehzade (princes) et sultanes mourraient de tuberculose dans le palais clos et humide qu’est Topkapi. Ce dernier a d’ailleurs fait office d’hospice, accueillant les dames de la famille ottomane qui perdaient la raison, les Valide Sultanes douairières bannies par leurs rivales, les favorites punies etc. Toutes les horreurs racontées à propos de la famille impériale s’avèrent fausse. Elles sont destinées a baisser leur cota de popularité et a les discréditer aux yeux des nations arabes qu’elle gouvernait. Je tiens ces informations du Prince Selim Cem, qui m’a accordé l’honneur d’un entretien (via Skype )