Au cœur de l’édifice, un large patio mauresque planté de roses vient prodiguer une bienfaisante fraîcheur dans cette contrée aux chaleurs méditerranéennes. C’est là que se retrouvent la famille impériale et ses proches (photo 15).
Le nouveau palais, auquel on donne le nom de palais Blanc en raison de sa blancheur immaculée, est immense. Prévu pour accueillir toute la cour impériale pendant les séjours qu’y fait l’empereur, il comporte 116 pièces, 20 salles-de-bains ainsi que tout le confort moderne : l’eau courante, le téléphone, l’électricité, le chauffage central et même, grand luxe pour l’époque, un ascenseur qui permet au jeune tsarévitch Alexis hémophile de pouvoir monter jusqu’au belvédère qui surplombe l’édifice (photo 16).
Au rez-de-chaussée, un immense salon (photo 17), d’une superficie de 300m², appelé le hall blanc rappelle la dimension officielle du palais. Orné d’un plafond à caissons, d’une imposante cheminée et de hauts pilastres en marbre de Carrare, il permet d’organiser les manifestations officielles et de tenir les conseils des ministres.
Derrière une salle-à-manger de style Louis XVI et aux dimensions plus réduites permet l’organisation de dîners plus intimes (photo 18).
Situés au premier étage, les appartements privés des souverains correspondent au goût confortable et cosy à l’anglaise qu’ils affectionnent et dans lequel ils ont déjà décorés leurs appartements privés du palais Alexandre de Tsarkoie Selo. L’ensemble rappelle plus l’appartement d’un bourgeois de St Petersbourg que celui de l’empereur de toutes les Russies.
Le bureau de l’empereur (photo 19) est ceinturé de hautes boiseries de chêne ciré et de fauteuils capitonnés de cuir, tandis que la chambre des souverains (photo 20) frappe par sa modestie : simples lits de cuivre, murs tendus de tissu rayé et couverts d’icônes.
Mais la pièce centrale des appartements des souverains est sans nul doute le boudoir de l’impératrice dans laquelle toute la famille se retrouve le plus souvent possible. Pièce petite, chaleureuse, encombrée de photos de famille et toujours fleurie, Alexandra y réunit tous les siens pour discuter ou prendre le thé (photo 21).
Dans la touffeur des journées d’été en Crimée, le large patio central au centre du palais avec ses arcades en forme de cloître est aussi un point de rencontre préféré de la famille impériale.
C’est là que l’empereur vient féliciter sa garde (photo 22) et que le grand-duc héritier Alexis Nicolaievitch joue avec ses cousins, les princes Georges et Louis de Hesse (photo 23).
C’est également là que, le jour de Pâques, selon la tradition russe de la Résurrection, Nicolas II embrasse tous ses hommes (photo 24).
A Livadia, l’empereur s’adonne aussi à sa passion pour sa marque favorite d’automobiles, les Delaunay-Belleville, qu’il découvre grâce au baron Wladimir Frédericks, grand-maître de la cour impériale (photo 25).
L’immense parc qui entoure le nouveau palais est également remodelé, planté d’arbres exotiques, orné de bancs et de statues tandis qu’un sentier d’une longueur de 6km, nommé « le chemin du Tsar », est aménagé en serpentant dans les bosquets de pins entourant le palais.
C’est là que les grandes-duchesses s’adonnent avec joie au tennis (photo 26), posent sur le balcon du petit palais (photo 27) ou sympathisent avec les jeunes cosaques qui assurent la protection du palais (photo 28). Une tenue de cosaques que l’empereur et le grand-duc héritier revêtent aussi volontiers (photo 29). (Merci à Néoclassique pour cette deuxième partie)
milou
1 mars 2018 @ 05:24
Un vrai plaisir de commencer ainsi la journée , avec ce genre d’article!
Merci Néoclassique et Régine!
ml
JAusten
1 mars 2018 @ 08:58
Superbe Neoclassique !
Ghislaine-Perrynn
1 mars 2018 @ 09:44
C’est une page d’histoire méconnue qui vient à moi grâce à vous Néoclassique . C’est vraiment gratifiant – Grand merci .
Je trouve que les visages de la famille du dernier tsar sont bien exempts de sourire , la tsarine a l’air bien fermé pour un endroit présumé être une villégiature .
Pascal
2 mars 2018 @ 09:14
Il y a des photos où le tsar , les grandes duchesses et même le tsarévitch me semblent heureux mais la tsarine Alexandra Féodorovna a toujours cet air tragique et malheureux .
Elle fit son entrée à Saint Petersbourg en suivant le cortège funèbre d’Alexandre III , vêtue de noir et les russes y virent un mauvais présage .
Malheureusement ils ne se trompaient pas .
Mary
2 mars 2018 @ 13:36
Ce qui lui plombait le moral était la maladie de son fils.
Après la naissance de sa fille Anne, madame de Gaulle n’est pas plus gaie que l’impératrice sur toutes les photos !
bianca
3 mars 2018 @ 18:51
Très juste Mary, comme toutes les mères en souffrance devant la grave maladie de leur enfant et je les comprends !!!
Anne-Cécile
1 mars 2018 @ 09:49
J’ai visité Livadia il y a plus de 10 ans. Site magnifique, vue à couper le souffle, jardin et cours luxuriants, mais le palais est de peu de goût. Il a été vidé de ses meubles, les photos apportent cependant la confirmation d’un bric et brac assemblé sans goût non plus.
Nicolas II le reconnaissait d’ailleurs volontiers. Dans ses Mémoires, la Princesse Paley fait état d’une conversation avec le Tsar peu de temps après l’inauguration du palais. Alors que la Tsarine se montre enthousiaste du résultat, son époux intervient en faisant remarquer que la Princesse Paley doit trouver le palais laid, elle qui a le plus beau intérieur de Russie et montre du goût pour toute chose. Il s’en excuse auprès de son invitée, la Tsarine et lui ayant regroupé des meubles qui leur plaisent sans se soucier du résultat.
neoclassique
1 mars 2018 @ 15:19
Effectivement l’impératrice Alexandre, très éprise d’anglophilie et ayant passé beaucoup de sa jeunesse en Angleterre était éprise de ce goût cosy d’esprit Art Nouveau qui sévissait alors. Et l’empereur, amoureux transi qu’il était d’elle, la laissait faire.
Il est certain que pour céder à ce goût que l’on qualifierait aujourd’hui volontiers de mauvais ou de douteux, elle n’a pas hésité à faire détruire toute une aile des beau appartements néoclassiques que Quarenghi avait créé à la demande de Catherine II pour son petit-fils tant le très beau palais Alexandre de Tsarkoie Sélo qui devrait rouvrir ses portes, restitué tel qu’il était du temps de Nicolas II, le 17 juillet prochain, pour commémorer le centenaire de l’assassinat de la famille impériale
Antoine
1 mars 2018 @ 10:41
Merci à Néoclassique pour cette documentation fascinante. Les intérieurs me ravissent (par leur pouvoir évocateur, pas pour l’esthétisme).
Muscate-Valeska de Lisabé
1 mars 2018 @ 10:50
C’est tellement bien documenté, pas trop long,ça maintient l’intérêt d’un bout à l’autre.
Cette demeure est belle.
J’adore le tissu Empire du fauteuil où est assis Nicolas. C’est frais, élégant et printanier.
Les photos colorisées sont très vivantes.
Merci Néoclassique.
Pierre-Yves
1 mars 2018 @ 11:35
Les séries palatiales de Néoclassique sont toujours magnifiquement documentées, et très agréables à découvrir. Merci à lui.
corentine
1 mars 2018 @ 11:44
superbes photos, un très grand merci
un vrai plaisir ce reportage
June
1 mars 2018 @ 12:35
Les photos colorisées semblent abolir le passage du temps… Encore merci Néoclassique ?
Mayg
1 mars 2018 @ 13:45
Encore merci Néoclassique pour ce reportage.
Mais une question me vient à l’esprit, comme se fait-il que le tsar n’a marié aucune de ses filles ?
neoclassique
2 mars 2018 @ 13:20
l’empereur avait conçu l’idée de marier sa fille aînée, la grande duchesse Olga qui était d’une remarquable beauté, avec le prince héritier de Roumanie, le prince Carol. les jaunes gens s’étaient d’ailleurs vus plusieurs fois mais le déclenchement de la guerre mit un terme à ce projet. La princesse aurait ainsi été sauvée du massacre mais il n’est pas sûr qu’elle aurait été heureuse, le prince Carol ayant été particulièrement volage et ayant même abandonné son épouse légitime, née princesse de Grèce.
Mayg
3 mars 2018 @ 13:20
Merci Néoclassique pour la réponse.
Effectivement je me suis toujours dit que le tsar avait marié ses filles, elles auraient sans doute échappé à leur terrible destin.
Mary
2 mars 2018 @ 13:38
La révolution a eu lieu avant.
guizmo
1 mars 2018 @ 14:37
Merci pour cette série, c’est passionnant.
Danielle.
1 mars 2018 @ 14:57
Encore un bel article d’histoire, merci Néoclassique.
Gérard St-Louis
1 mars 2018 @ 15:12
Très jolies et émouvantes photos de la famille impériale.
Teresa 2424
1 mars 2018 @ 16:04
Merci!! Excelent « NEOCLASICO « ET « REGINE!!!
ciboulette
1 mars 2018 @ 17:05
Ah , merci encore , Néoclassique ! On voit vivre les souverains , leurs enfants , leurs proches …Témoignages précieux d’une époque disparue .
particule
1 mars 2018 @ 17:19
Moments (presque) simples d’une famille ordinaire … au destin d’une cruauté extraordinaire.
On ne peut même pas imaginer comment ils ont pu vivre leur « exil expiatoire » .
Leur exécution indigne a du être accueillie comme une délivrance.
Belles pages historiques et photos d’archives. Merci pour la Mémoire.
Lorraine 1
1 mars 2018 @ 19:10
Les photos colorisées rendent la famille impériale encore plus vivante, si je puis dire et plus atroce la mémoire de son massacre.
Caroline
1 mars 2018 @ 23:54
Neoclassique,
Vos articles sont toujours passionnants avec de belles photos d’antan !
Merci pour nous avoir fait connaitre un peu d’histoire de Russie ! ???
Robespierre
2 mars 2018 @ 00:30
Ces photos ont quelque chose d’émouvant.
Pascal
2 mars 2018 @ 09:02
Encore un très beau reportage magnifiquement illustré !
J’ai néanmoins un petit désaccord : D’après ce que j’ai lu c’est le prince Vladimir Orlov qui est à l’origine de l’intérêt de Nicolas II pour les automobiles et le blog que j’ai re-consulté précise que c’est bien le comte Frédéricks , ministre de la cour , qui a proposé l’achat d’une automobile mais c’est encore le prince qui a choisi la marque française Delaunay-Belleville à laquelle le tsar gardera sa confiance jusqu’à la fin.
Le prince Orlov faisait souvent office de chauffeur pour le tsar et sa famille lors de promenades privées.
On peut voir la magnifique Delaunay-Belleville commandée par le tsar pour ses chasses en Pologne au musée de la fondation Gianada , cette voiture ne put être livrée à cause de la guerre.
L’ aménagement des appartements privés ressemble étonnamment à ceux du palais Alexandre , mais je suis un peu surpris de voir un tel crucifix , objet étranger à la piété orthodoxe , dans la chambre .
Réminiscence de la religion de la tsarine ?
neoclassique
2 mars 2018 @ 13:23
vous avez parfaitement raison, il s’agit bien du prince Orlov et non du baron Frédericks Mais au moment de boucler l’écriture de l’article, je n’ai pas pris le temps de revalider ma source.
Bravo pour votre érudition!
bianca!
3 mars 2018 @ 19:13
Très jeune je vivais dans un quartier où s’étaient installés beaucoup de Russes Blancs exilés issus de la Noblesse et souvent proches du Tsar et de sa Famille. Je garde un souvenir de ces personnes des sentiments admiratifs et très respectueux ; ils étaient très dignes, beaucoup de classe et leurs petites filles étaient les amies de ma plus jeune sœur, donc à travers ces enfants des liens d’amitiés se sont créés. Je me souviens de leurs fêtes religieuses auxquelles elles nous associaient en nous offrant des pâtisseries ! J’aimerais vraiment faire un voyage dans ce pays !
bianca!
3 mars 2018 @ 19:15
… Et pour les jours de fêtes, les femmes portaient des fourrures somptueuses, horreur… De nos jours !!! Je me demande si elles avaient pu les emporter de leur pays ???
Pascal
4 mars 2018 @ 22:04
Pour les fourrures c’est très probable et elles ont eu raison de les emporter car cela leur a certainement été utile.
Cette immigration là , constituée de russes cultivés s’est très facilement intégrée et a été un ferment important de la vie intellectuelle , politique et sans doute économique aussi .
On rappellera que Pierre Bérégovoy était le fils d’un officier » russe blanc » ou la vie du prince Andronikov devenu interprète qui fut celui des rencontres de DE Gaulle et de Kroutchev et beaucoup d’autres …