Patrick Germain vous emmène cette fois-ci (en deux parties) sur l’histoire de l’autre Palais rose, celui du Vésinet (ci-dessus), article dédié à la baronne Sophie Manno de Noto. En 1902, le comte et la comtesse Boniface de Castellane inaugurent la demeure fastueuse que l’argent de la comtesse, née Anna Gould, a pu permettre de construire.
L’histoire du couple Castellane et du Palais Rose de l’Avenue du Bois, aujourd’hui, l’Avenue Foch, est bien connue. L’extravagance du comte et les déboires du couple firent de ce rêve une coquille sans objet.
En 1968, les héritières d’Anna Gould, devenue duchesse de Talleyrand-Périgord, Mme Bertin, la Comtesse de Caumont La Force, la duchesse de Mouchy, et la comtesse de Bartillat, toutes descendantes de la duchesse de Sagan, née Dorothée de Biron, mirent en vente la demeure jugée impossible.
Le palais fut démoli en 1969, puis remplacé en 1974 par un immeuble de luxe dont on a pu dire “qu’il ne se distingue en rien des nombreuses réalisations de grand standing des années 70, dont la sobriété tend à l’indigence.”
Mais il existe un autre Palais Rose, construit à la même époque, et qui lui est encore debout. Voici son histoire.
Le Grand Trianon
Un armateur dénommé Arthur Schweitzer, cousin du célèbre Dr Schweitzer, et son épouse se sont portés acquéreur le 25 novembre 1899 d’un terrain situé sur le territoire de la commune du Vésinet, alors en Seine et Oise, ayant une superbe vue sur le les lac des Ibis et la Grande Pelouse. En 1900, il se portèrent acquéreur d’un terrain adjacent et décidèrent de faire construire une demeure, inspirée directement du Grand Trianon de Versailles.
Le Palais Rose peu de temps après sa construction
Ils avaient peut-être eu connaissance de la demeure construite pour les Castellane, qui faisait grand bruit. Ils avaient peut-être été reçus chez eux. On ignore la date exacte de la construction de la maison, pas encore appelée le Palais Rose. Les Schweitzer n’eurent pas le loisir d’en jouir beaucoup car il furent déclarés en faillite.
Le 19 juillet 1906, la propriété fut vendue aux enchères. Ratanji Jamsetji Tata, un industriel indien, philanthrope et amateur d’art, s’en porta acquéreur et selon la légende paya avec le prix de la vente de deux perles et d’une émeraude. Ratanji Jamsetji Tata est le fondateur de la puissance économique que représente Tata Sons Trust en Inde, une des plus grandes fortunes du pays qui à Bombay seulement compte plus de 38 milliardaires en dollars.
Ratanji Jamsetji Tata
Etrangement, on ne connait pas le nom de l’architecte et encore moins de l’entreprise qui bâtit la maison. S’agit-il d’un pastiche ou d’une copie ? Un peu des deux probablement.
Le bâtiment est fidèle au Grand Trianon en ce qui concerne la façade principale à l’est donnant sur le lac: même plan rectangulaire avec deux avancées latérales, même nombre de marches pour conduire aux neuf portes cintrées séparées par des pilastres d’ordre ionique en marbre rose (jumelés aux extrémités), même entablement surmonté d’une balustrade de pierre.
Il est moins fidèle pour le reste, notamment sur la façade postérieure, à l’ouest, sur laquelle donne l’étage bas, invisible depuis la grille d’honneur, abritant à l’origine les espaces réservés au service, les cuisines, lingerie, chaufferie, chambres de domestiques.
La façade Ouest n’a donc rien à voir avec le Grand Trianon; elle est percée de grandes baies rectangulaires moins hautes que les arcades cintrées de la face antérieure, ce qui a permis la création d’un attique, occupé par des ouvertures en trompe-l’oeil remplies d’un motif de guirlandes de fleurs.
Le rez-de-chaussée haut comprenait les pièces d’apparat, donnant sur le lac : une galerie d’entrée avec d’un côté grand salon, petit salon et de l’autre côté salle à manger, bibliothèque. La partie Nord contenait l’appartement privé du propriétaire: chambre, boudoir, salle de bains. Le milliardaire indien, ayant ses centres d’intérêt dans l’Empire britannique, n’y vint jamais et deux ans après accepta de le vendre.
Le palais Rose tel que le vit Montesquiou
Commence alors la fabuleuse histoire du Palais Rose.
Le comte Robert de Montesquiou par Boldini
Le 29 octobre 1908, le comte Robert de Montesquiou l’achète sur un coup de tête. Il a raconté lui-même l’histoire de son coup de foudre : « Une heure après, notre voiture débouchait par une de ces allées de nécropole, qui, sans doute pour donner raison à mon rapprochement avec le Taj-Mahal, se multiplient dans cette localité sédative et désaffectée, dans une vaste et belle prairie, au fond de laquelle s’élevait la maison-fée. Et c’était bien le rez-de-chaussée en marbre rose, s’ouvrant sur un perron presque aussi grand que la demeure, et jetant au-devant des êtres de rêve, qui semblent toujours prêts à en descendre, un tapis rectangulaire à fond de gazon, à bordure de roses, au centre duquel une fontaine récite perpétuellement les vers cristallins de Baudelaire : O gerbe épanouie / En mille fleurs… / Retombe en une pluie / De larges pleurs.
Alentour un gravier perlé, pas tout à fait de perles prises à l’écrin du rajah, mais de jolis petits cailloux, dont pas un ne dépassait, sages comme des images; à gauche, des pins parasols ; à l’arrière, de la verdure, un enchantement.
Je gardais le silence, devant la grille, composée d’autant de fois l’épée flamboyante du Paradis-Perdu qu’il y avait de barreaux. Les volets clos indiquaient l’absence. Seul, un ménage, d’aspect rébarbatif, qui paraissait devoir être de gardiens ou de jardiniers, rompait l’harmonie, moins par des paroles qu’avec son aspect.
Je fus sur le point de leur jeter mon cœur par-dessus les épées flamboyantes, mais j’en fus empêché par cette certitude que non seulement ils l’accueilleraient sans sympathie, mais que, soucieux de leur devoir, en présence de ce corps étranger dérangeant la symétrie du spectacle apprêté par eux, ils me feraient dresser un procès en contravention. Je fis quelques pas, puis je me préparai à remonter dans ma voiture, avec cette plénitude, à la fois, et cette mélancolie que laisse la vue du bonheur, inemployé, d’un autre.«
Le palais Rose côté jardin
« La femme que j’avais aperçue, errante dans l’enceinte close, en était sortie, et causait avec mon chauffeur ; l’ange domestique, préposé à la garde d’un tel Eden, laissant ses épées plantées dans le sol, daignait s’entretenir avec les automédons du pétrole ! quelque chose avait bougé dans le destin. Cette créature n’était pas seulement le garde angélique, c’était aussi Eve, peut-être même le serpent. L’instant d’après, j’étais moi-même de l’autre côté de la grille ; l’instant suivant, j’étais dans ses murs, et, ces deux instants passés, tout était à moi…Si cette maison, qui n’est pas à vendre, et que d’ailleurs mes moyens modestes ne semblent guère me mettre en état d’acquérir, si cette maison improbable, impossible, et pourtant réelle, n’est pas à moi demain, je meurs !”
L’autre côté jardin
Cette déclaration finale, bien dans le genre du poète était excessive, mais sincère. Il ne mourut donc pas. Et en signe de bonne santé, il acheta une parcelle boisée contigüe, où il put s’adonner à l’art des jardins.
La « Gazette illustrée des amateurs de jardins”, en 1913, décrit ainsi la propriété : « Une demeure unique, aussi unique dans son genre que l’était dans le sien le Pavillon des Muses… Sans doute avait-elle été construite pour lui (Montesquiou) par la main des bonnes fées qui ont toujours veillé sur sa vie. Non loin de la gare du Pecq, dans la partie la plus silencieuse et la plus verdoyante de la plaine qui s’étend de Paris à Saint-Germain, c’était, développant ses terrasses et ouvrant entre des pilastres de marbre rose les fenêtres à plein cintre de son ample façade sur le miroir d’eau d’un lac, un palais d’un seul étage et rappelant, dans ses grandes lignes autant que par les détails de son ornementation, le Grand Trianon. C’était, ou plutôt, ce devint le Palais rose.
Du côté du lac, le terrain, entièrement découvert et montant en pente douce jusqu’au large perron, forme un triangle à la pointe abattue qu’entoure, dissimulant les grilles qui lui servent de clôture, une épaisse haie d’arbustes; tandis que par derrière, communiquant à la terrasse par des degrés aux rampes de balustres flanqués de vases, s’étend, de plain-pied, le parc séparé, d’un côté, de la terrasse par un groupe de pins dont le port sauvage contraste étrangement et délicieusement avec le caractère raffiné de l’architecture.
Une allée ombreuse en fait le tour; des pelouses plantées d’arbres aux troncs habillés de lierre ou de rosiers grimpants y sont disposés symétriquement, étalant sur le sol comme une suite de carpettes de velours vert d’où les murs blancs du palais et des communs, les piliers couverts de rosiers de la véranda, les socles de pierre ou de porcelaine des vases disposés ici et là avec un sens exquis de l’effet décoratif, surgissent baignés d’ombre ou de soleil.
Mais le trait dominant des jardins du Palais rose, ce qui leur donne leur charme et leur séduction, ce sont les deux larges allées qui les traversent, se croisant à angle droit et à la jonction desquelles s’élève le temple octogonal formé de colonnes et de piliers carrés, tous cannelés, sous le dôme duquel est placée la célèbre vasque qui faisait naguère, moins décorativement et moins magnifiquement, il faut bien le dire, l’orgueil du Pavillon des Muses. L’adorable décor de jardin ! Si évocateur des splendeurs et des grâces du passé ! De tous les points du parc, on l’aperçoit… on le devine; mais c’est, lorsque, en droite ligne, on le voit de l’extrémité des allées qui y conduisent et qui, avec leurs murs de charmilles bien taillés et le tapis vert, tout uni, qui en occupe le centre entre deux chemins soigneusement gravillonnés, que l’impression est la plus enchanteresse. Est-il rien qui se puisse harmoniser mieux avec les verdures que des colonnes blanches ?«
Le Temple d’Amour
« Si l’on s’approche l’on distingue mieux, peu à peu, l’ordonnance de celles qui composent le Temple de la Vasque. La lumière se joue avec tendresse au bord des cannelures, sur les méplats et sous les moulures de l’entablement où se lit cette inscription FONS VOLUPTATIS FUIT. Au faîte alors du dôme à huit côtés, que ses arêtes très adoucies font ressembler à une coupe renversée, l’on discerne un vase, ou plutôt un brûle-parfums, où tremble sans jamais se consumer une flamme de pierre. Entre les colonnes, se creuse, entre la ceinture de ses puissantes moulurations, la vasque. LA VASQUE ? ”la plus belle baignoire du monde », dit son heureux possesseur et qui représente la baignoire, l’unique baignoire du Palais de Versailles au temps du Roi Soleil et de Louis le Bien-Aimé.
Elle se trouvait placée dans l’appartement des Bains, c’est-à-dire au rez-de-chaussée, au-dessous de la Galerie des Glaces, dans la pièce à gauche de celle de l’angle quand on regarde le Parterre d’Eau. Taillée et fouillée dans un bloc de marbre rose de douze mille kilogrammes et qui en devait bien peser une quarantaine de mille avant d’être creusé, elle servit à Madame de Montespan; puis sous le règne de Louis XV, une fois transportée à l’Ermitage, peut-être à Madame de Pompadour qui l’avait transformée en bassin. Du moins, on se plaît à l’imaginer.”
« Elle est octogone, a trente-deux pieds de circonférence et trois et demi de profondeur. Il règne tout autour une espèce de banc et l’on descend dans cette baignoire par trois marches qui y sont pratiquées très artistement ». Enfin, d’après des papiers du temps, il est établi qu’en 1673 les trois marbriers qui y travaillèrent touchèrent plus de 9 000 livres après en avoir touché 1 000 en 1672, et qu’en 1671 une somme de 15 000 livres fut inscrite au budget de Versailles pour l’achèvement de cette cuve.” (Gazette d’Utrecht du 6 février 1750)
La vasque
En 1900 elle fut achetée par Robert de Montesquiou qui la fit installer au Pavillon des Muses, s’attirant les louanges de tous. Devenu propriétaire du Palais Rose, Montesquiou y transféra la vasque.
“Transportée, elle aussi, comme une plume, des hauteurs de Neuilly au val du Vésinet, j’en fis le centre de mon beau jardin, et son point de mire, l’abritant d’un temple du genre de celui de l’Amour, au Petit Trianon, et que je faisais supporter avec huit belles colonnes cannelées, de noble ordonnance. L’onde y pleurait, y jouait et, le soir, l’électricité, emprisonnée sous la coupole, faisait apparaître, au centre de ce paysage, comme un kiosque lumineux, soutenu par huit colonnes d’ambre. »
Du château de Versailles, la Vasque avait été transportée à l’Ermitage, propriété offerte par le roi Louis XV à Madame de Pompadour. D’une favorite à l’autre ! Elle ne fut plus une baignoire dans un appartement royal mais un bassin dans un jardin. Retournée dans le domaine royal, l’Ermitage fut offert par Louis XVI au comte de Maurepas, pour sa durée de sa vie.
En 1781, la propriété et la vasque furent données à Mesdames Adélaïde et Victoire, tantes du roi. A la Révolution, le tout fut vendu comme bien national. Après bien des propriétaires, malgré les injures du temps, malgré des destinations de la propriété peu conformes à sa royale origine, la vasque faisait toujours, à la fin du XIXe siècle, l’ornement des jardins de la propriété des soeurs auxiliatrices du Purgatoire.
Montesquiou apprit son existence et s’en porta acquéreur. Un second voyage s’en suivit de Versailles à Neuilly, dans la résidence du comte, dans son hôtel particulier dit le “Pavillon des Muses”. Mais ce ne fut pas son dernier voyage.
“Sur le boulevard Maillot, devant une grande demeure aux fenêtres surmontées de bas-reliefs clodionesques, des échafaudages faits de madriers énormes sont disposés de manière à établir une sorte de pont roulant au-dessus de la grille d’autour. Au long du trottoir, un camion dételé, attend.
Des badauds, intrigués, s’arrêtent, regardent, s’interrogent, cherchent à s’expliquer la manœuvre des ouvriers qui placent des rouleaux, assurent des cordages. Après des efforts multiples, une chose étrange est hissée, un bloc de marbre au dessus veiné de rose, et dont des amorces de tuyautage en plomb pendent brisées et tordues.
Il a fallu deux jours pour faire passer cette lourde machine du jardinet où elle était entourée d’un treillage peint en vert sur le camion qui l’emporte au Vésinet.
Derrière les rideaux quadrillés de la salle à manger du rez-de-chaussée, un visage à moustaches noires, à front haut sous des cheveux crépus, est collé aux vitres, attentif ; M. de Montesquiou, qui abandonne son Pavillon des Muses pour une résidence plus lointaine et plus solitaire au Vésinet, regarde avec émotion partir la baignoire en marbre rose de Madame de Montespan qui avait été achetée pour lui, à Versailles, par son ami très cher, endormi maintenant au tombeau.” (Gil Blas, n°11903, 11 septembre 1909.)
La vasque retournant à Versailles
Vint enfin le dernier voyage, à la mort de Montesquiou, son légataire, la vendit en 1923 au château de Versailles, son lieu d’origine, où elle se trouve encore, installée dans l’Orangerie.
La Vasque aujourd’hui
Robert de Montesquiou ? Nom illustre, ascendance prestigieuse, poète décadent, mondain effréné, archétype du dandy français au début du XXe siècle. Mais s’il reste quelque chose de lui aujourd’hui, ce n’est pas grâce à son talent, mais à celui de son ami, Marcel Proust.
Il ne lui manquait qu’une demeure extravagante, à la croisée du Grand Siècle et de la monomanie fin de siècle, qui voulait que chacun eût son Trianon, grand ou petit.
Que reste-t-il de son oeuvre ? Rien ou presque. Qui lirait aujourd’hui “les Chauves-Souris,
Clairs Obscurs” ou “ Les Hortensias bleus” ou encore “Les Perles Rouges” ? Personne.
On ne présente pas les Montesquiou-Fézensac, première famille du Gers, l’une des plus grandes du sud-ouest, liée à la monarchie d’Ancien Régime, comme à l’Empire. “Maman Quiou”, la gouvernante du roi de Rome, est son arrière-grand-mère. Comme elle l’est aussi d’Elisabeth de Caraman-Chimay, comtesse Greffulhe, et de madame Giscard d’Estaing.
Elisabeth de Caraman-Chimay, comtesse Greffulhe
Le cousinage du comte est donc illustre, Rochechouart de Mortemart, Gramont, Pozzo di Borgo et à travers eux, toute l’aristocratie française. Est-ce son talent qui fut apprécié par ses contemporains ? Est-ce l’esthète mondain ?
Il eut des ennemis mais il eut aussi beaucoup de vrais amis qui le soutinrent comme Paul Verlaine, Anatole France, les Frères Goncourt, Lecomte de Lisle, Gabriele d’Annunzio et tant d’autres. Il sut reconnaître et encourager le talent de Mallarmé ou de Debussy. Il était un des hommes les plus en vue de la société. On peut imaginer que tout Paris qui comptait avait été reçu au Palais Rose.
L’entrée du Palais Rose
Marcel Proust ne pouvait pas ne pas rechercher son amitié. Ils avaient en commun leur homosexualité, leur sens esthétique, leur talent alambiqué mondialement reconnu pour l’un, oublié pour l’autre.
Marcel Proust par Jacques Emile Blanche
Robert de Montesquiou introduisit Marcel Proust dans le grand monde et lui fit approcher celles qui devinrent dans son oeuvre la duchesse de Guermantes. Robert de Montesquiou ne fut pas Swann, avec lequel il partageait sa grande culture, mais le baron de Charlus, l’aristocrate au coeur de rosière dépravée.
Robert de Montesquiou à gauche à qui on présente un caleçon avec des chauves-souris
vu par Sem.
Il semble qu’il n’en ait pas été ravi. Mais qui ne se souvient de Charlus ? “On aurait cru voir s’avancer Mme de Marsantes, tant ressortait à ce moment la femme qu’une erreur de la nature avait mise dans le corps de M. de Charlus. Certes cette erreur, le baron avait durement peiné pour la dissimuler et prendre une apparence masculine. Mais à peine y était-il parvenu que, ayant pendant le même temps gardé les mêmes goûts, cette habitude de sentir en femme lui donnait une nouvelle apparence féminine née, celle-là, non de l’hérédité mais de la vie individuelle.” (Marcel Proust – Sodome et Gomorrhe)
Proust et lui furent très amis avec des orages, des fâcheries et des réconciliations et ce jusqu’à sa mort en 1921. Robert de Montesquiou et la vasque disparus, on pouvait imaginer un destin de belle endormie pour le Palais Rose. Il n’en fut rien. Ci-dessus, ce qui servit de modèle. (merci à Patrick Germain pour cette première partie – A suivre…)
Robespierre
13 mai 2020 @ 06:50
La vasque telle qu’on la voit aujourd’hui est bien mise en valeur. L’endroit est magnifique. On voit les trois marches qui descendent dans l’eau et cela me fait un penser à des fonts baptismaux du temps des Byzantins.
La photo actuelle (N°1) est belle et montre bien le marbre rose. Les photos anciennes et blanc et noir ne donnent pas grand chose. Quand à l’ameublement et la décoration interne, ça fait fin XIXe S chargé et plein d’objets et même de bric a brac qui neutralisent les quelques beaux meubles. Et ces tentures de mauvais goût… Ces lustres moches…
On dirait quand même que l’original, le Grand Trianon de Versailles montre des façades plus épurées et élégantes que la copie Palais Rose. Mais c’est peut-être une impression. .
L’ameublement, du Petit Trianon qu’on montrait précédemment sur une autre rubrique est tellement plus épuré et élégant que ces intérieurs qui font tout de même 1900 par leur accumulation d’objets et de meubles. Ca donne un aspect un peu poussiéreux et démodé à l’ensemble. .
Olivier Kell
13 mai 2020 @ 07:55
Comme vous je trouve l’ameublement du petit Trianon autrement plus élégant
neoclassique
13 mai 2020 @ 07:11
Votre article est aussi éblouissant par l’érudition de son texte que par la richesse de son iconographie.
Toutefois, une erreur s’y est glissée : la photo que vous légendez comme étant « l’entrée du Palais Rose » ne représente pas la demeure de Robert de Montesquiou mais un autre édifice: le petit hôtel construit rue d’Andigné au début du XXe siècle. Il est vrai que la similitude stylistique entre les deux est importante.
J’attends la suite avec intérêt. Bravo encore !
Patrick Germain
13 mai 2020 @ 10:39
Je vous remercie pour vos compliments.
Vous avez raison, il y a une erreur de photographie. Il ne s’agit pas du Palais Rose du Vésinet mais de celui qui subsiste à Paris. Désolé de cette erreur.
Bételgeuse70
13 mai 2020 @ 07:15
Les folies de la Belle Epoque. Tout un monde.
Francois
13 mai 2020 @ 07:37
L’histoire du Monde finissant de la Belle epoque est passionnante
comme toutes les fins de Monde .
C’est au dernier période que l’on brille le plus .
Mary
13 mai 2020 @ 12:21
Article passionnant !
Un seul petit désaccord : je pense que nous sommes des millions à nous souvenir de Mr de Charlus…
Cosmo
13 mai 2020 @ 21:42
C’est bien ce que je dis…qui ne se souvient? Et Montesquiou n’existe plus que par Charlus.
Ghislaine-Perry
13 mai 2020 @ 07:45
Etre passée si souvent devant ce palais et connaître maintenant son histoire détaillée est pour moi un moment unique .
Merci à vous .
Pastelin
13 mai 2020 @ 08:23
Votre article est d’une lecture passionnante, dont j’attends la suite avec impatience. Il m’est venu à l’idee qu’il s’accorde avec bonheur aux articles récents relatifs à G Deacon, pour cette atmosphère Belle Époque. C’est chouette de vous lire dès le matin.
HRC
13 mai 2020 @ 08:29
Merci pour les textes de Robert de Montesquiou ! J’aime beaucoup lire ce style d’expression que je ne pratique certes pas, mais j’aime. Vraiment. Le rythme des émotions.
Guizmo
13 mai 2020 @ 09:23
Merci beaucoup pour l’histoire détaillée de ce palais devant lequel je suis déjà passée mais je ne m’y suis jamais arrêtée. j’attends la suite demain avec impatience.
Jean Pierre
13 mai 2020 @ 09:40
Si Montesquiou a inspiré Charlus, peut-on vraiment dire que ce soit lui ?
Il y a quelques années, dans ma période nihiliste, j’avais lu « A Rebours » de Huysmans et dans la préface il était indiqué que le personnage de des Esseintes était lui aussi inspiré par Montesquiou.
Patrick Germain
13 mai 2020 @ 12:28
Comme il y a eu plusieurs modèles pour la duchesse de Guermantes, il y a eu, je pense, plusieurs modèles pour Charlus ou Swann. Et Montesquiou avait une personnalité si riche…
Gilan
13 mai 2020 @ 17:59
Merci pour ces nouvelles fraîches.
Antoine
13 mai 2020 @ 10:04
Toujours aussi palpitant. Merci M. GERMAIN. J’aime les histoires de maisons. Bien sûr, les intérieurs 1900 semblent désormais désuets. Mais ils ont du charme, ce qui manque cruellement aux intérieurs design actuels qui se démodent, eux, en moins de dix ans. On a beaucoup écrit sur la comtesse Greffulhe. J’ai beau scruter ses multiples portraits je ne la trouve pas belle. Elégante, altière, dure oui, mais belle non. Le comte de Montesquiou était bel homme, spirituel, vachard et très raffiné. Mais comme tous les hypersensibles son caractère était impossible et sa susceptibilité maladive. Vivre avec lui ou le servir ne devait pas être une sinécure.
Charlotte (de Brie)
13 mai 2020 @ 11:58
« On a beaucoup écrit sur la comtesse Greffulhe » certes et parfois à son corps défendant !
elle supportait assez mal le portrait que faisait d’elle Marcel Proust.
La beauté est une notion très subjective, je vous comprends donc quand vous dites ne pas la trouver belle, élégante c’est certain, altière, dure, ce n’est pas la description qu’en fait son arrière petit fils.
Elle avait des idées bien en avance sur son temps, pas suffragette non, mais en faveur du droit des femmes, disant » on ne divorce pas et pourtant… » ( il semblerait que sa petite fille Corisande ait retenu la leçon) ayant soutenu Marie Curie dans son projet d’institut du radium notamment financièrement, Edouard Branly également dont elle suivait les travaux.
Marie DM
13 mai 2020 @ 11:11
Un grand merci et bravo à Patrick Germain, l’article et les photos sont fort intéressants.
J’ai beaucoup appris. Il faudrait que ceux ou celles qui ont des connaissances sur des monuments nous communiquent leur savoir. Noblesse et Royautés pourrait prendre un tournant plus historique et ce serait plus intéressant que les photos et potains concernant les princesses Olympia etc qui sont des oisives de luxe.
Teresa2424
13 mai 2020 @ 14:22
Gracias Patrick Germain
ciboulette
13 mai 2020 @ 15:04
Merci , Patrick Germain , pour cette histoire passionnante . Le palais me plaît beaucoup , pas étonnant qu’on puisse en tomber amoureux ! Et puis vous faites revivre pour nous Robert de Montesquiou ( j’ai failli dire le baron de Charlus ! ) et d’autres personnes de son époque . Le tout décrit par Montesquiou lui-même .
Danielle
13 mai 2020 @ 21:03
Article très intéressant, merci P. Germain.
A moins de 100 km autour de Paris, il y a de beaux lieux à découvrir.
Corsica
13 mai 2020 @ 22:19
Merci Patrick pour ce nouvel article très intéressant. J’avoue que les deux perles et l’émeraude ayant permis à Monsieur Tata d’acquérir ce palais rose ont beaucoup alimenté ma rêverie… Quant au « talent alambiqué » de Proust et Montesquiou, il faut admettre que celui du premier avait la petite chose en plus qui a permis à son œuvre de lui survivre et d’être lue dans le monde entier.
Patrick Germain
14 mai 2020 @ 10:04
Bien d’accord avec vous, chère Corsica…😏😏
HRC
14 mai 2020 @ 23:49
Justement c’était bien agréable de lire la prose d’un des modèles.
Je n’ai lu de Montesquiou que le texte trouvé ici, mais j’ai aimé le lire. Les gens autant centrés sur eux-mêmes peuvent fasciner.
Sheiley
14 mai 2020 @ 15:28
Passionnant article notamment pour les fervents de Proust dont fait parti mon époux. Mais ces temps de pandémie je ne veux plus parler de souris chauves !
Kalistéa,
15 mai 2020 @ 20:18
Merci cher Patrick , on apprend toujours avec vous et on a aussi de petits moments de joie pure . Comme HRC ,je connaissais Montesquiou de réputation bien sûr et par Proust car tout le monde sait que son Charlus n’est autre que lui, fort peu déguisé disait on. Mais je n’avais jamais rien lu de lui et j’avoue être tombée sous le charme de son style particulier dans la description qu’il fait de cette demeure qui lui apparait comme un rêve enchanté et improbable , dont il comprend en un instant qu’il faut qu’elle soit sienne , et elle le sera!
Baronne Manno
29 mai 2020 @ 16:22
Avec retard, merci cher Cosmo de m’avoir dédié cet excellent article; J’en ai été très touchée.