Lors de son séjour à Montpellier en 1737, Jean-Jacques Rousseau écrit qu’il aime « faire un tour à la Canourgue« , où il déjeune avant d’aller au jeu de mail.
La colline qui accueille aujourd’hui la place de la Canourgue est choisie dans les années 1128-1129 par Guilhem VI, seigneur de Montpellier, pour sa situation dominante et la vue imprenable qu’elle offre à l’époque sur la région.
Créée en 1666, la place de la Canourgue est longtemps la seule promenade de Montpellier, jusqu’à l’aménagement de l’Esplanade. Son nom provient de celui de la demeure cédée par le seigneur Guilhem VII aux prêtres de l’ancienne église Saint-Firmin en 1152. Cette maison était qualifiée de Petite Canourgue ou Canourgue de Saint-Firmin, pour la différencier de la Grande Canourgue voisine, où était établi le chapitre de Maguelone. En Occitan, Canourgue (canorga) signifie « maison des chanoines ».
En 1676, Charles de Boulhaco, conseiller à la cour des comptes, aides et finances de Montpellier, fait bâtir son hôtel particulier en dressant la façade qu’on lui connaît aujourd’hui dans l’alignement de la place de la Canourgue.
Le bâtiment sera racheté en 1816 par la municipalité à la famille Richer de Belleval et il devient l’Hôtel de Ville de Montpellier, fonction qu’il remplira jusqu’en 1975. Il occupe tout le côté droit de la vue ci-dessous.
De 1976 à 2010, il abrite une annexe du Palais de Justice.
Place de la Canourgue avant 1870 – Maquetland.com
La place est bâtie à l’emplacement de l’ancienne église Sainte-Croix, détruite lors des guerres de religion, et repose sur les soubassements (que l’on voit sur la photo ci-dessous) destinés à porter une cathédrale restée inachevée.
L’église devait mesurer 94m de long sur 37m de large. A la croisée du transept, un vaste dôme aurait dû s’élancer à près de 46m.
Cependant les travaux s’arrêtent en 1628, à la suite d’une visite du cardinal de Richelieu qui estime le coût trop élevé. Il ordonne l’arrêt du chantier et la restauration de l’église Saint-Pierre qui avait été très endommagée pendant la guerre religieuse.
Hôtel de Sarret ou de « La Coquille » – XVIIe siècle
La famille de Sarret a été propriétaire de cet hôtel de 1544 à 1783. La « Coquille » ou « Trompe » a été édifiée vers 1630.
Très vite, la Canourgue attire les classes sociales aisées qui élèvent sur ses pourtours de superbes demeures, comme l’hôtel de Sarret édifié par l’architecte Simon Levesville.
Curiosité architecturale, la superbe trompe d’angle de cet hôtel est familièrement appelée « coquille » par les Montpelliérains. Il est dit qu’elle a été créée pour faciliter le passage des carrosses.
A l’extrémité de la place s’élève une belle fontaine : à son sommet, une licorne a le sabot appuyé sur une autre. Entre les deux, un génie porte-armoiries semble courir, une couronne de laurier à la main. Le choix de la licorne s’explique par la légende racontant que leur corne purifiait les eaux.
Au-dessous, un bas-relief rend hommage au maréchal de Castries, vainqueur de la bataille de Clostercamp en 1760, contre Anglais et Prussiens alliés. De marbre blanc, érigée en 1776, elle est l’œuvre d’Etienne d’Antoine, et déménagée en 1865 place de la Canourgue : la fontaine des Licornes est inscrite au titre des Monuments historiques en 1963.
A sa droite est érigée une croix sur laquelle est gravé « O CRUX AVE SPES UNICA« .
Acquis en 2017 et restauré, l’Hôtel Richer de Belleval est devenu un hôtel-restaurant de haut standing. En face, se dresse la belle façade de l’hôtel de Cambacérès.
La Fondation GGL organise dans l’hôtel et sur la place de la Canourgue une exposition de l’artiste plasticien japonais Tadashi Kawamata.
Les cabanes en bois dans les arbres ne sont pas trop spacieuses, mais suffisamment amples pour être appréciées de près comme de loin : « elles nous plongent dans un passé ancestral où l’harmonie de l’homme et de la nature était une sorte de nécessité vitale« .
Comme elles sont nichées assez haut, on se demande quel est le secret de leur fabrication. Elles sont au nombre de trois (Tree Huts in Montpellier), l’artiste ayant joué sur l’homophonie Three/Tree. Elles sont en lattes de bois usiné, sans doute emprunté à des cagettes récupérées, et décomposées en un matériau souple.
Ainsi qu’on peut aussi le constater à droite de la photo ci-dessus, des aménagements paysagers ont été réalisés sur la place afin de la « repenser et la retravailler », en plantant plus de 1580 végétaux méditerranéens.
L’exposition est visible jusqu’au 10 décembre 2022.
De l’extrémité de la place de la Canourgue, on a une très belle vue sur la cathédrale Saint-Pierre située en contrebas. (Merci à Pistounette)
Bambou
18 octobre 2022 @ 06:40
La Canourgue, charmante commune de Lozère, où j’ai passé à de nombreuses reprises de belles vacances, dans cette magnifique région de France.
JAusten
18 octobre 2022 @ 09:13
Merci Pistounette. Montpellier a quelques jolis coins, cette place, une de mes places préférées, en est incontestablement un. Un des points les plus hauts (et plus fleuri) de Montpellier, ce « balcon » est superbe, c’est dommage que la vue ne soit qu’une suite de toits mais nous sommes en ville donc il ne pouvait en être autrement.
neoclassique
18 octobre 2022 @ 09:51
merci de votre article parfaitement documenté comme à l’accoutumée.
Auriez-vous des informations ou photos sur l’hôtel Richer de Belleval dont vous dites qu’il est aujourd(hui devenu un hôtel restaurant de standing ou bien auriez-vous le lien du site sur lequel on puisse trouver des photos?
Je me souviens de la très belle salle du rez-de-chaussée dont les voûtes étaient peintes du temps où je visitais l’hôtel avec mon grand-père, alors maire-adjoint de la ville
JAusten
18 octobre 2022 @ 10:22
Je me permets de répondre, car j’étais sur le lien ce matin :
https://www.hotel-richerdebelleval.com/
😀Pistounette
18 octobre 2022 @ 13:16
Je n’ai pas eu le temps de visiter l’hôtel cette fois-ci, même pour l’expo de l’artiste japonais qui se tenait aussi à l’intérieur… En outre, je ne suis pas une fanatique des jumeaux Pourcel, dont je trouve que la réputation du Jardin des Sens était un peu surfaite.
En plus du lien de JAusten, je peux vous suggérer :
https://www.relaischateaux.com/fr/france/richer-de-belleval-hotel-montpellier
https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%B4tel_Richer_de_Belleval
https://www.yonder.fr/hotels/hotels-du-mois/hotel-richer-de-belleval-freres-pourcel-montpellier
Françoise Jourdan
19 octobre 2022 @ 00:16
L’hôtel Richier de Belleval abrite aujourd’hui le nouveau » Jardin des Sens » des frères Pourcel.
Restaurant Gastronomique.
beji
18 octobre 2022 @ 10:40
Merci Pistounette.Si vous aimez la place de la Comédie,il faut bien en profiter car le maire actuel va y mettre des arbres (les arbres sont sa marotte );cette place est belle et se suffit à elle -même,c’est comme si on mettait des arbres sur la magnifique
place Stanislas à Nancy.J’ai mal à ma ville.
😀Pistounette
18 octobre 2022 @ 12:59
Je sais, Beji, qu’il veut replanter des ormes : j’ai vu le mois dernier les travaux qui commençaient (je logeais rue Maguelone), et qui vont durer encore une année environ. Personnellement cela ne me dérange pas trop. Dans le genre « je change tout », il n’égalera jamais Georges Frèche et sa mégalomanie !
J’étais un peu étonnée cependant car j’avais en tête que les ormes avaient été +/- éradiqués par une maladie. Il me semble avoir lu qu’une nouvelle variété très résistante avait été trouvée… et que ce serait celle plantée. Attendons 😉😊😀
Fleur
20 octobre 2022 @ 14:51
Oui, il y a intérêt à planter des ormes indemnes de maladies, car la maladie touchant les ormes (j’ai un trou de mémoire) est redoutable et l’arbre est je crois me rappeler, condamné. C’est d’ailleurs une maladie si grave, que comme le redoutable feu bactérien, (aucun remède non plus) on est obligé me semble-t-il de la déclarer.
Quand à la résistance de cette variété, j’espère qu’on a le recul nécessaire, car vu le coût d’une telle plantation.
C’est comme chez moi dans une commune voisine, ils ont planté des peupliers, alors que pas mal de peupliers ne dépassent pas l’âge de 30 ans…. Un peu cher alors pour seulement 3 décennies et la facture à peine résorbée.
Fleur
20 octobre 2022 @ 14:55
C’est un peu la marotte aussi de la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, une dame, qu’une partie des Strasbourgeois a sûrement déjà regretté d’avoir élue.
Encore une « écolo » pas vraiment à la hauteur des attentes. Je précise que l’écologie me tient à coeur et je fais ma part : compost, tri etc…
beji
18 octobre 2022 @ 10:43
La place de la Canourgue et ses « oeuvres d’art « dans les arbres sans commentaire
Caroline
18 octobre 2022 @ 23:25
Très intéressant à lire cet article géo- historique !!!
beji
19 octobre 2022 @ 14:42
Pistounette, ah oui la mégalomanie de Georges Frêche !! Delafosse n’est pas mal non plus dans ce registre et quand on voit qu’une des filles de Frêche est la première adjointe à l’agglomération,on a du souci à se faire pour l’avenir car je pense qu’elle doit viser la mairie dans le futur.