« Grâce au soutien financier des Amis du Musée Condé, et avec l’appui juridique du Service des Archives de France, le musée Condé a pu faire jouer le droit de préemption de l’État en vente publique, et acquérir auprès de la maison de vente Artcurial, le mardi 13 février 2018, un beau plan détaillé du Potager des princes, à Chantilly.
Le dessin au crayon, à la plume et à l’aquarelle, mesure soixante centimètres de haut sur un mètre de long. Il montre une terre agricole située dans la partie occidentale du jardin des princes de Condé sous le duc Louis-Henri de Bourbon (1692-1740). Ministre de Louis XV, exilé sur ses terres après 1726, il se consacra aux embellissements de Chantilly. Si on connaît bien sa passion pour l’équitation et la chasse, son intérêt pour le jardinage a été moins étudié.
On peut lire « Dessignée par Breteuil » en haut à gauche du plan : il s’agit sans doute de « Nicolas Breteuil, jardinier de S.A.S. Mgr. le Duc à Sylvie », qui signait en août 1724 un plan des châteaux et jardins de Chantilly déjà conservé dans les archives du musée Condé. La finalité de ce document est avant tout pratique, comme l’attestent les annotations au crayon relatives à la taille des différentes unités composant le potager, ou aux espaces intercalaires.
Le potager de Chantilly a été créé par Le Nôtre à la fin du XVIIe siècle pour le Grand Condé, autour du bâtiment de la « Faisanderie » où l’on élevait les jeunes faisans pour le tir, ici dénommé « Pavillon du Potager » et transformé en 1774 en « Pavillon Romain ». Le bassin de la Tenaille, visible sur la gauche du plan et aujourd’hui conservé, est l’une des fontaines les plus importantes de Le Nôtre dans cette partie du parc. Le potager se présente comme une succession de parterres et de « petites pièces en enfilade » abritées derrière des murets, permettant d’expérimenter différentes sortes de plantation, d’expositions, d’enfumage et de traitements.
Outre le verger et le potager, on note la présence d’une « figuerie », d’une «melonnière», et encore de plusieurs carrés que l’on devine dévolus aux salades, aux plantes fortes et fines, aux fraises, tandis que des arbres fruitiers encadrent et ombragent d’autres semis organisés autour de petits bassins. On trouvait même des vignes au Domaine de Chantilly.
Nous retrouvons le rapport très fonctionnel qu’entretiennent les différentes parties du domaine des Condé : les arbres de l’Orangerie pouvaient être transportés sur la scène du théâtre voisin pour créer des décors « naturalistes » ; la proximité des Grandes Écuries et du Canal (dont l’on aperçoit un « bras », le Canal Saint-Jean) permettaient de pourvoir facilement le potager en fumier frais et en eau d’arrosage. Le raffinement n’exclut pas l’esprit pratique !
Cette partie du parc, située entre les Grandes Écuries et le Grand Canal, à l’ouest du château, a été vendue à la Révolution et ne fait plus partie aujourd’hui du Domaine de Chantilly.
Acquis par Yves Bienaimé, le Potager des Princes est aujourd’hui ouvert au public. » (Merci à Bertrand Meyer – Source : Musée Condé)
DEB
18 février 2018 @ 07:53
J’ai lu et trouvé cela intéressant.
Va t on essayer de reconstituer un potager à l’identique ?
L’avenir nous le dira.
ciboulette
18 février 2018 @ 19:10
Je me pose la même question .
Il serait très intéressant de s’inspirer de ce plan et de cultiver à nouveau ce potager .
Clément II
18 février 2018 @ 23:06
Si ça sert à reconstituer le potager à l’identique (ou presque), c’est bien. Sinon c’est beaucoup de vent pour rien.
Caroline
18 février 2018 @ 23:29
Merci a Bertrand Meyer pour cet article original !
Autrefois, ce n’etait pas chose aisee de dessiner un plan parfaitement clair sans ratures et sans taches d’ encre !
desalleurs
19 février 2018 @ 07:57
On voit bien que c’est du « Le Nôtre ».
Tous ces carrés, tous ces rectangles,quelle froideur, quelle rigueur, quel ennui,
on a l’impression se survoler le parking d’un centre commercial.
Mon Dieu, comment peut-on trouver » ça » beau ?!
Leonor
19 février 2018 @ 20:52
La différence du jardin à l’anglaise et du jardin à la française. Toute une époque aussi.
Chacune son style . Il est vrai que le jardin à la française, ce n’est pas mon style non plus ! Euh… c’est peu dire.
Et puis, de toute façon, pour un vrai potager , un potager vivrier, il vaut mieux faire simple, net, clair , pratique, que fouillis , sinon une chatte n’y retrouverait pas ses radis.
Ceci étant dit , j’aime et j’adore le concept du Jardin en Mouvement.
Christian
23 février 2018 @ 14:38
C’est une belle acquisition, dont j’espère qu’elle sera mise en valeur comme il se doit, c’est-à-dire autrement que dans une vitrine où personne ne la verra, parce que le public n’est jamais attiré par ce type d’objet, pas assez brillant. Il serait intéressant que ce plan serve à une reconstitution en situation réelle ou virtuelle, afin que les gens puissent se rendre compte de la qualité du travail accompli à l’époque, tant en architecture qu’en horticulture.