L’archiduchesse Mathilde, Marie, Adelgunde d’Autriche-Teschen est le troisième enfant de l’archiduc Albert, duc de Teschen et de la princesse Hildegard de Bavière, petite-fille du duc Karl Ludwig de Teschen (1771-1847) et de la princesse Henriette de Nassau-Weilburg (1797-1829). Elle voit le jour à Vienne le 25 janvier 1849.
Elle a une soeur aînée Maria Theresia née en 1845 et un frère Karl décédé à l’âge d’un an. La famille du duc de Teschen est proche de la famille impériale autrichienne. Sa mère la princesse Hildegard de Bavière est en effet la fille du roi Louis I de Bavière et de la princesse Therese de Saxe-Hildburghausen. Elle est donc la nièce de l’archiduchesse Sophie, née princesse de Bavière, mère de l’empereur François Joseph d’Autriche.
Devenue jeune femme, on lui cherche un prétendant digne de son rang. Mathilde éprouve quant à elle des sentiments pour son cousin l’archiduc Ludwig Salvator d’Autriche-Toscane mais son père et sa famille ont d’autres ambitions pour elle. On pense ainsi à lui faire épouser le futur roi Umberto I d’Italie pour sceller les (nouvelles) bonnes relations entre l’empire autrichien et l’Italie.
Mais tous ces projets n’aboutiront pas. Mathilde de Teschen aimait fumer, ce qui mettait hors de lui son père le duc de Teschen. Un soir, se préparant pour se rendre à un spectacle théâtral à Vienne, Mathilde entend les pas de son père dans les couloirs du palais. Elle dissimule sa cigarette dans sa crinoline mais celle-ci est impreignée de glycérine pour lui conférer davantage de volume.
Mathilde met le feu à ses vêtements et court désespérement dans tous les sens. Ses habilleuses parviennent à l’enrouler dans une couverture pour éteindre les flammes mais la jeune femme esgt déjà très grièvement brûlée. Elle succombera quelques jours plus tard des suites de ses brûlures.
Elle n’avait que 18 ans. Sa mort causa un chagrin immense dans son entourage. L’élu de son coeur l’archiduc Ludwig Salvator d’Autriche-Toscane ne se maria jamais et entreprit alors des voyages qui le menèrent jusqu’à l’île de Palma de Majorque.
Sa soeur Maria Theresia s’était mariée en 1865 avec le duc Philippe de Wurtemberg. L’actuel duc de Wurtemberg est son descendant. (Merci à Gérard)
DEB
14 août 2014 @ 08:43
Le tabac tue…mais pas toujours comme on croit!
Palatine
14 août 2014 @ 09:00
J’ai entendu parler de cette histoire, car elle tout de même frappé l’opinion de l’époque, mais je ne connaissais pas les détails. Gérard nous explique tout, et cela nous rend bien tristes. Mourir à 18 ans, quelle horreur !
Teresa2424
23 mars 2020 @ 17:13
Gracias Regine,Gracias Gérard
Zeugma
14 août 2014 @ 09:05
A l’époque, les princesse ne rigolaient pas tout le temps.
J’aime ces généalogies d’une folle complexité dans lesquelles Gérard est comme un poisson dans l’eau.
septentrion
14 août 2014 @ 09:43
Bonjour,
Une agonie horrible, une vie fauchée si jeune,
le destin a contrarié les projets de mariage de son père pour elle de façon tragique.
Apparemment elle s’était mise à fumer pour imiter Sissi, que son père ne supportait pas, et ne soutenait pas.
Elle avait eu la douleur de perdre sa mère à l’âge de quinze ans. Elle avait besoin de se rebeller. Naître archiduchesse d’Autriche avant le XXe siècle, n’était pas tout rose.
Je crois que Marie Valérie s’est mariée selon son coeur et avec l’approbation de ses parents, ce qui n’était pas le cas de Gisèle.
Sa mort s’est inscrite sur la liste des décès tragiques dans la famille impériale.
Elsi
14 août 2014 @ 10:10
Et dire qu’il aurait suffi de naître 150 ans plus tard … quel gâchis … quelle histoire atroce ….
COLETTE C.
14 août 2014 @ 11:15
Ce portrait complète bien l’article récent sur l’Archiduc de son cœur. Merci !
flabemont8
14 août 2014 @ 11:50
Bien triste et douloureuse fin pour cette jeune fille …on a le coeur serré , car à l’époque , on ne savait pas apaiser la douleur de façon efficace .
Mayg
14 août 2014 @ 13:12
Perdre sa vie si jeune a cause d’une betise…
Gérard
14 août 2014 @ 14:50
Oui elle n’avait que 18 ans, c’était une enfant qui avait peur de se faire gronder. On imagine la détresse de son père après cela. On imagine aussi que son père n’aurait pas souhaité le mariage avec son cousin qui s’il était bien aimé de l’impératrice l’était moins de l’empereur qui avait du mal à supporter un prince intellectuel, anticonformiste et toujours absent comme l’impératrice.
Mayg
14 août 2014 @ 21:49
L’empereur ayant pu epouser l’elu de son coeur, il aurait eu un sacre culot d’empecher ces deux la de se marier !
Francine du Canada
14 août 2014 @ 14:30
Merci Régine et surtout merci Gérard pour ce portrait; après m’avoir raconté, vous m’en faite le portrait. Ce qui m’a plu le plus, c’est la réaction de l’archiduc Ludwig Salvator d’Autriche-Toscane… il y avait donc un « attrait réciproque »? Une histoire d’amour tuée dans l’oeuf. Amitiés, FdC
corentine
14 août 2014 @ 16:00
merci Régine et merci Gérard
Triste destin pour l’archiduchesse Mathilde. Elle était très jolie cette jeune fille !
l’archiduc Albert était le petit-fils de l’empereur Léopold II
Damien B.
14 août 2014 @ 16:39
Merci Gérard d’avoir évoqué la courte vie de l’archiduchesse Mathilde.
J’aime beaucoup de manière générale que l’on parle de ces membres du Gotha moins connus du grand public. Beaucoup sont pourtant dignes d’intérêt.
Cette tragédie avait profondément choqué l’ensemble des cours européennes.
L’archiduc Albert ne tolérait pas que ses filles s’adonnent au tabagisme, habitude pourtant répandue dans plusieurs cours allemandes à cette époque.
Gérard
15 août 2014 @ 21:20
Sissi fumait et avait de l’influence sur Mathilde fille de sa cousine germaine et avait 12 ans de plus qu’elle. Sissi avait été très frappée de la mort de sa cousine en 1864, c’était le premier adulte qu’elle voyait mourir, combien sont à envier ceux qui quittent cette terre de misère dans l’inconscience de l’enfance, écrivit-elle à John Collett, son ami anglais paralytique.
Palatine
16 août 2014 @ 08:35
Encore un jugement à l’emporte-pièce de Sissi. Trouver enviable le sort de cette petite ! A-t-elle songé aux pauvres parents ? Je pense pas que leur sort était enviable.
Damien B.
16 août 2014 @ 15:32
Palatine, plus je lis la correspondance privée des familles royales au sujet de l’impératrice d’Autriche, plus je découvre combien elle était superficielle et bizarre.
Et contrairement à ce que l’on peut croire aujourd’hui elle n’était pas considérée comme une icône de beauté par ceux qui la côtoyaient de près. Son affectation gâchait tout. Ses rires, ses silences inappropriés mettaient mal à l’aise.
Les princes préféraient des beautés naturelles comme la princesse Antonia de Portugal, jugée comme la « number one » du Gotha.
S’ il est commun de plaindre Sissi, toute ma compassion va à François-Joseph, Gisèle et Rodolphe.
Gérard
16 août 2014 @ 20:26
Oui Sissi était désarmante et très inattendue.
Gérard
16 août 2014 @ 18:42
Il faut préciser que l’archiduchesse Mathilde n’a pas été brûlée dans le château de l’impératrice à Hetzendorf, près Schönbrunn, mais dans le château de son père, Weilburg, près de Baden en Basse-Autriche, château qui venait de la famille de la mère de l’archiduc Albert, c’est-à-dire des Nassau-Weilburg. Ce vaste château a été occupé par les armées allemandes et sérieusement détruit par un incendie en 1945, peut-être un incendie volontaire, et après déclassement ses ruines furent détruites en 1964. Il ne reste rien du château à l’exception d’une pierre armoriée. C’est après avoir été brûlée que l’archiduchesse fut transportée pour y être soignée au château de l’impératrice où elle mourut 15 jours plus tard.
Il est difficile de dire si les deux jeunes gens avaient fait part de leur projet à la famille impériale et spécialement au père de Mathilde et si ces projets étaient antérieurs ou non aux discussions sur les fiançailles du prince Umberto de Savoie.
Celui-ci était aussi coureur de jupons que son père Victor-Emmanuel II et n’était guère pressé de se marier d’autant qu’il vivait une grande histoire d’amour avec Eugenia Attendolo Bolognini, duchessa Litta Visconti Arese. Néanmoins il eut un choc au moment du décès de cette jeune fille qu’il ne connaissait pas, mais dont le comte Cibrario, qui négociait à Vienne après la fin de la guerre, disait le plus grand bien, écrivant au roi Victor-Emmanuel qu’elle était bonne, affectueuse et saine et qu’elle aurait 25 millions. Il y eu pas mal de candidates ensuite pour épouser le prince de Piémont puis finalement il se maria avec sa cousine Marguerite de Savoie qui devait être si populaire.
Mathilde mourut le 6 juin 1887 et Élisabeth l’apprit à Budapest au moment où elle réparait selon l’usage le manteau de saint Étienne que le roi devait porter le 8 pour son couronnement, mais il n’était plus possible d’interrompre ou de remettre les solennités prévues.
Après le décès de Mathilde donc « l’archiduc savant » laissa libre cours à sa fantaisie et à son désir d’apprendre et renonça définitivement à une carrière civile ou militaire mais ne manqua jamais de faire part de ses observations à l’empereur quand celui-ci les lui demandait.
Quelle fut sa vie sentimentale sur laquelle on a beaucoup glosé ? Si l’on en croit un article publié dans Memòries de la Reial Acadèmia Mallorquina d’Estudis Genealògics, Heràldics i Històrics. 17. Palma 2007, sous le titre Ensayo psicológico sobre el Archiduque Luis Salvador de Austria, par José María Sevilla Marcos, celui-ci se caractérisait par trois aspects essentiels : son amour de Dieu et de la religion, son amour des sciences naturelles et ses amours et amitiés humaines. Les sentiments pour Mathilde sont évoqués par Justin von Prásek, dans un livre que celui-ci a consacré au château de Brandeis à la demande de Louis Salvator.
Ensuite en 1872 alors que l’archiduc a 24 ans il prend à son service le jeune et beau Wratislao V_vorn_, (Vyborni) qui a 19 ans, est originaire de Kuttemberg aujourd’hui Kutná Hora, en Bohême, est fils d’un officier devenu son secrétaire, et le jeune homme va dès lors l’accompagner dans ses voyages comme son secrétaire particulier. Il mourut le 25 juillet 1877 d’une insolation à Majorque en allant voir sa fiancée et la peine de l’archiduc fut profonde, et il la manifesta après les obsèques solennelles par deux monuments qu’il fit édifier, le monument funéraire à Kuttemberg inspiré de celui d’Héloïse et Abélard au cimetière du Père-Lachaise, et un cénotaphe à Miramar dans le marbre de Carrare où le sculpteur milanais Antonio Tantardini nous montre le jeune homme à demi-nu se relevant comme d’un songe et accueilli par un ange.
Par la suite l’archiduc fut très proche de celui qui allait devenir son meilleur ami et son secrétaire jusqu’à la fin Antonio, ou Antoni, Vives qui avait en entrant à son service 24 ans et qui était alors époux de Luisa Venezze y Tale, fille du comte Venezze, une italienne, mais l’auteur pense que contrairement à ce que l’on a pu écrire Antonio Vives n’a jamais été l’amant du prince.
Quand le prince a 35 ans il rencontre un jeune homme de 18 ans, fils d’un gondolier vénitien, Francesco Spongia. L’historien écrit alors une phrase mystérieuse selon laquelle à cette époque comme souvent au cours de sa vie l’archiduc aurait eu besoin d’aide en raison de problèmes génitaux, sans doute liés à une sorte d’acromégalie (il y a en effet des correspondances entre eux avec des dessins, qui paraissent plus médicales que véritablement sentimentales)…
En 1886 l’archiduc fit la connaissance de Catalina Homar, celle qui est considérée parfois comme le grand amour de sa vie et qui mourra donc en 1905, ils partageaient le même goût pour la nature et cette femme était courageuse et travailleuse, elle a mis en valeur les terres qui lui étaient confiées. Le prince l’emmena dans ses voyages fréquemment, notamment jusqu’à Jérusalem mais c’est semble-t-il en Terre Sainte qu’elle contracta la lèpre. Ils rompirent à Venise en 1902 leur relation sentimentale. Elle était aussi amoureuse de Juan Singala, le capitaine du Nixe II, le yacht de l’archiduc. Après sa mort il la fit enterrer au cimetière de Valldemossa et fit édifier un monument sur sa tombe ; il écrivit un livre qui lui est consacré, Catalina Homar, et à partir de ce moment-là il cessa d’habiter S’Estaca et la maladie l’isola de plus en plus.
Quand le péril de guerre fut plus fort l’empereur demanda à son cousin de rentrer dans les États austro-hongrois et de s’établir dans son château de Brandeis où il se rendit avec les Vives.
On a dit que l’archiduc pouvait avoir des eu des liaisons avec certaines des personnes qui se sont occupées des enfants Vives, la vénitienne Antonietta Lanceroto et la majorquine Aina Ripoll, qui devait épouser Antonio Vives après son veuvage. Cependant s’il a peut-être eu une relation avec la première en 1890 elle épousa en 1899 Bartolomé Carafa, un employé du prince.
On a prêté au prince de nombreux enfants illégitimes. Dans l’Intermédiaire des chercheurs et curieux en 1991 sous la signature de G. Traineau était posée une question qui demeura sans réponse : Louis Salvator aurait en 1885 rencontré une jeune fille sur l’île de Stromboli, Marie Gusumano avec laquelle il aurait entretenu une liaison d’où seraient venus trois enfants. De retour en Autriche en 1889 il lui aurait demandé de le rejoindre avec les enfants à Vienne, il n’eut pas de réponse, revint en 1890 à Stromboli et il ne trouva personne ; on lui dit que la jeune femme serait partie pour l’Australie ou l’Amérique et il l’aurait recherchée en vain.
On a surtout dit que les enfants Vives étaient les siens et en particulier les trois du premier mariage. C’est ce qui est rapporté par la plupart des chroniqueurs et des historiens et en particulier par David MacIntosh dans un ouvrage qu’il a consacré aux Habsbourg de Toscane (Die Unbekannten Habsburger, The Unknown Habsburgs, Rosvall Royal Books, Falköping, 2000) et pour lequel il a recueilli des confidences de plusieurs membres de la famille impériale, la famille impériale qui d’ailleurs aurait été évidemment fort mécontente du testament, mais ceci a toujours été démenti par les descendants d’Antonio Vives qui ont toujours tenu à défendre la mémoire de leurs ancêtres et de l’archiduc. Trois enfants sont nés du premier mariage : Gigi c’est-à-dire Luis ou Luigi, né en 1880 en Italie, Gigetta, c’est-à-dire Luisa, née en 1882 (qui épousa le docteur Cilimingras, de Zante, en Grèce), et Gino, c’est-à-dire Luis Antonio né en Italie en 1884. Du second mariage est née Magdalena Lluisa Vives Ripoll en 1899 en Italie, qui est décédée à Majorque le 20 décembre 1976. C’est elle qui a eu donc par testament Miramar (l’archiduc avait en effet testé à Bordighera en 1900 non seulement pour Antonio mais pour ses quatre enfants). Ce sont ses filles Isabel et Silvia Ribas Vives qui ont maintenant recueilli sa succession, la deuxième est mariée depuis le 18 avril 1961 à José María Sevilla Marcos (cité plus haut).
Il faut noter que le testament obligeait les bénéficiaires à conserver tous les salariés des domaines recueillis en fonctions au jour de la mort de l’archiduc et ce jusqu’à la mort de chacun des bénéficiaires.
Les enfants étaient effectivement considérés comme les siens par l’archiduc et alors que tout un chacun appelait celui-ci « altesse », eux l’appelaient « Teoto ».
Élisabeth rendit à Luigi sept visites, à Miramar, entre décembre 1892 et février 1893 ; elle lui porta de son pèlerinage à Marseille une copie de la statue de Notre-Dame de la Garde, qui est toujours dans la chapelle de Miramar avec une Vierge d’argent, cadeau du pape Pie IX à l’archiduc. Sachant que pour ses 55 ans le 24 décembre 1892 et pour la Noël, l’impératrice ne serait pas auprès de lui François Joseph lui télégraphia à Miramar: « j’espère que le gros Luigi assure votre bien-être ».
L’archiduc qui avait acheté et embelli tant de propriétés à Majorque, à Trieste, en Égypte, tout autour de la Méditerranée, a pu être comparé par Miguel de Unamuno à un Diogène de lignage princier, mais le soleil n’inonde pas de sa lumière dorée la colline de sa tombe et il est emmuré dans une niche de la crypte des Capucins à Vienne.
Francine du Canada
17 août 2014 @ 17:12
Merci beaucoup Gérard, votre commentaire est super intéressant. Amitiés, FdC
Gérard
18 août 2014 @ 16:06
C’est gentil Chère Francine.
Gérard
18 août 2014 @ 16:22
C’est gentil Chère Francine.
Conformément à la tradition le cœur de Mathilde repose dans la chapelle Notre-Dame de Lorette de l’église des Augustins à Vienne. On se souvient que c’est toujours là que se trouve aussi le cœur de l’Aiglon tandis que ses entrailles sont dans la crypte ducale de la cathédrale Saint-Étienne et que seul son corps a été ramené aux Invalides.
cosmo
17 août 2014 @ 14:41
Cher Gerard,
Bravo pour cet article sur l’archiduchesse Mathilde et pour votre long commentaire sur l’archiduc Ludwig Salvator. Passionnant !
Amicalment
Cosmo
Gérard
17 août 2014 @ 19:17
Merci Cher Ami.
aggie
18 août 2014 @ 13:27
Décidemment les morts par le feu ont marquées cette famille puisque la duchesse d’Alençon, soeur de Sissi et donc cousine de l’archiduchesse Mathilde, est morte dans l’incendie du bazar de la Charité dix ans plus tard.