Qui se souvient aujourd’hui de la comtesse Augusta-Louise zu Stolberg-Stolberg ? Et pourtant, elle eut une certaine célébrité en son temps. Fille du comte Christian Günther zu Stolberg-Stolberg (1714-1765), Conseiller Privé, Chambellan de la Cour de Danemark, et de Christiane Charlotte, comtesse de Castell-Remlingen (1722-1773), elle naquit le 7 janvier 1753 à Bransted, une petite ville du Schleswig-Holstein, dans le nord de l’Allemagne.
La maison de Stolberg-Stolberg, comtale et princière du St-Empire Romain Germanique, médiatisée au XVIIIe siècle, remonte au XIème siècle, ayant possédé d’énormes domaines et de nombreux châteaux en Allemagne. Augusta-Louise est née dans une branche cadette de cette illustre maison.
Augusta-Louise zu Stolberg-Stolberg en 1780 par Jens Juel
Ayant perdu son père à l’âge de douze ans et sa mère à l’âge de vingt ans, l’orpheline trouva refuge dans la maison des demoiselles de la noblesse située dans l’ancienne abbaye d’Uetersen, près de Hambourg.
Maison où vécut Augusta-Louise dans sa jeunesse
En 1775, à l’âge de vingt-deux, après avoir lu les “Souffrances du Jeune Werther”, publié en 1774, elle entame une correspondance avec l’auteur, le poète Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832).
Goethe en 1779 par Georg Oswald May
Il ne se sont jamais rencontrés même si les frères d’Augusta-Louise, Frédérich-Léopold (1750-1819) et Christian (1748-1821) comtes de Stolberg-Stolberg, étaient des amis personnels de Goethe, à la gloire montante, avec lequel ils avaient entrepris en 1775 un voyage en Suisse.
Leur correspondance, pleine d’humour, dura deux ans. Elle ne signait jamais de son nom mais “Gutschen”.
Friedrich Leopold comte zu Stolberg–Stolberg en 1785 par Anton Graff
Christian comte zu Stolberg-Stolberg
En 1783, Augusta-Louise devint comtesse Bernstorff (1735-1797) en épousant Andreas Peter, son beau-frère veuf de sa sœur, Frédérique zu Stolberg-Stolberg (1747-1782).
Il avait été ministre des Affaires étrangères du Royaume de Danemark de 1773 à 1780. Au moment du mariage, il est en disgrâce mais il se lie alors avec le prince héritier Frédéric, et prend part à la conspiration et au coup d’État de 1784 qui renverse O. Guldberg (1731-1808) qui assumait la fonction de premier ministre du roi Christian VII (1747-1808) que son état mental empêchait de gouverner, et fait de Frédéric le Prince-régent.
Comte Andreas Peter Bernstorff, en 1790, par Jens Juel
Bernstorff est nommé une seconde fois ministre des Affaires étrangères en mai 1784, date à laquelle il parvient à son apogée politique. Jusqu’à sa mort, il exerce en réalité les fonctions de Premier ministre du Danemark en dirigeant le cabinet du prince-régent.
Augusta-Louise est dès lors une dame importante de la Cour de Danemark. En 1792, elle perd son fils unique Karl Andreas Christian, âgé de quatre ans.
A la mort de son mari, elle quitta le Danemark et entreprit une vie itinérante, visitant famille et amis, pendant quelques années puis se fixa à Bordesholm, puis en 1823 à Kiel, toutes deux dans le Schleswig-Holstein.
Château d’Emkendorf
Au château d’Emkendorf et au manoir de Knoop, eux aussi dans le Schleswig-Holstein, chez des amis, elle fréquenta une société brillante dont Johann Kaspar Lavater (1741-1801) à qui ont doit l’étude sur la physiognomonie, Matthias Claudius (1740-1815) auteur du poème “La jeune fille et la mort”, mis en musique, sous la forme d’un lied, par Schubert, et Friedrich Gottlieb Klopstock (1724-1803) membre éminent du mouvement “Sturm und Drang” ( Tempête et Passion ), antithèse du Mouvement des Lumières, qui prône la liberté dans un environnement naturel et social, une “révolution littéraire” selon Goethe, proche du mouvement romantique en France et en Angleterre.
Manoir de Knoop
En octobre 1822, Augusta-Louise écrivit une lettre à Goethe, après une interruption de quarante ans.
Goethe en 1787 par Johann Heinrich Wilhelm Tischbein
La comtesse Augusta-Louise zu Stolberg-Stolberg mourut le 30 mai 1835, à Kiel, au Seeburg, propriété de la comtesse Charlotte Rantzau, lieu de rencontre des grands esprits de l’Allemagne du Nord au XIXème siècle.
Si elle ne laissa pas d’œuvre écrite, elle n’en fut pas moins une intellectuelle à l’instar de Germaine de Staël ou de Juliette Récamier, sans avoir laissé au monde la même mémoire.
En 1999, la Maison Tantau, spécialisée dans la culture des rosiers, installée à Uetersen, dans le Schleswig-Holstein, pour célébrer le 250 ème anniversaire de la naissance de Goethe, donna le nom d’Augusta-Louise à sa nouvelle création en hommage à cette dame du temps jadis qui habita Uetersen et dont la mémoire n’existe plus qu’à travers celle du poète.
Augusta-Louise dans le Gers
Merci à Patrick Germain pour ce récit.
Régine ⋅ Actualité 2023, Portraits, Stolberg-Stolberg 32 Comments
Pascal Hervé alias Pelikan
4 juillet 2023 @ 05:25
La bouillie bordelaise semble peu efficace contre le marsonia .
Cosmo
5 juillet 2023 @ 05:25
Garder ses plantes en bon état est un travail de tous les jours.
Pascal Hervé alias Pelikan
5 juillet 2023 @ 11:08
A qui le dites vous ! 😉
Pascal Hervé alias Pelikan
5 juillet 2023 @ 11:13
D’ailleurs ce n’était pas une critique, plutôt une interrogation, utilisant de la bouillie bordelaise pour mes plants de tomates cela me simplifierait les choses de l’utiliser aussi dans ce cas , mais j’ai toujours des hésitations à l’utiliser sur le feuillage sans avis autorisé.
Pascal Hervé alias Pelikan
6 juillet 2023 @ 05:53
D’ailleurs le feuillage n’est pas si mal en point que chez certains des miens. Le vôtre repartira avant certains des miens …
Cher Cosmo,
Est-ce l’histoire de la comtesse qui vous a amené au rosier ou l’inverse?
Curieusement en épluchant certains catalogues je me disais qu’il y aurait matière à des articles pour N&R .
Cosmo
6 juillet 2023 @ 11:19
J’ai vu ce rosier pour la première fois à Vienne et je l’ai trouvé très beau. Son nom me semblait évocateur mais de qui…J’ai cherché et je suis arrivé à Augusta-Louise zu Stolberg-Stolberg. J’ai trouvé son histoire assez intéressante pour la raconter.
Le rosier a mis des années avant d’être comme vous le voyez.
Bon weekend, cher Pelikan.
aubert
5 juillet 2023 @ 13:31
Notre cher Cosmo descend des Habsbourg aux Stolberg-Stolberg, Espérons qu’il n’atteindra pas les Dupond-Dupond, déjà pris.
Me pardonnera-t-il cette taquinerie ?
Cosmo
6 juillet 2023 @ 11:16
Oh que oui !
Pascal Hervé alias Pelikan
4 juillet 2023 @ 05:34
Mathias Tantau est le créateur du célèbre rosier ” super star ”qui est lui aussi assez sensible au marsonia mais est à mon avis une de ses meilleures créations
DEB
4 juillet 2023 @ 06:35
Merci.
Intéressant de découvrir des figues inconnues.
DEB
5 juillet 2023 @ 07:02
figures. Sorry.
Eratodeux
4 juillet 2023 @ 07:27
Merci pour ce recit.
Toujours bien écrit et instructif de l’ histoire moins connue d’ une époque.
La rose est très belle.
aubepine
4 juillet 2023 @ 08:05
Merveilleuses roses .
Leclercq
4 juillet 2023 @ 08:42
Quel superbe rosier!
Severina
4 juillet 2023 @ 08:50
Des roses superbes et un magnifique récit: merci beaucoup
Baboula
4 juillet 2023 @ 10:32
Beau rosier et récit intéressant, merci .
Vitabel
4 juillet 2023 @ 15:37
Je partage votre commentaire Severina🥀
Fleur
4 juillet 2023 @ 09:20
En traitant avec la bouillie bordelaise à la chute des feuilles, j’ai tout de même constaté une amélioration notable. Le marsonia enlaidit les rosiers, mais ils survivent généralement.
Pire : Actuellement des feuilles de mes rosiers sont dévorées (poinçonnées) par l’othyorinque, (bonne orthographe ?) c’est moche et plus grave. Le traitement par nématodes il y a env. 8 jours (non dispo en jardinerie !) n’a pas encore montré d’effet positif. Les rosiers attaqués ont été plantés à la place d’un lilas, qui était attaqué, mais sans gravité. Les sales bestioles sont restées dans le sol et s’en prennent maintenant aux rosiers.
Baboula
4 juillet 2023 @ 10:30
Avez-vous essayé la terre de diatomée ,insecticide efficace ?
Fleur
6 juillet 2023 @ 17:03
Merci Baboula. Je vais m’en procurer à l’occasion.
Pascal Hervé alias Pelikan
4 juillet 2023 @ 11:36
C’est bon à savoir ,merci .
J’ai traité avec un produit de synthèse les plus atteints et en effet ils repartent plutôt bien et avec un feuillage sain.
Fleur
6 juillet 2023 @ 17:01
On peut traiter une seconde fois à la bouillie bordelaise, avant le départ des nouveaux bourgeons.
Il existe de la bouillie bordelaise transparente, moins moche que la bleue.
Menthe
4 juillet 2023 @ 10:03
Cosmo, Augusta-Louise est-elle odorante?
Très jolie couleur.
Cosmo
6 juillet 2023 @ 17:25
Oui avec un parfum subtil et délicat.
Ludovina
4 juillet 2023 @ 10:05
Il faut remonter à la 7ème génération pour trouver l’ancêtre commun d’Augusta Louise et de Jost Christian, l’actuel chef de leur lignée, né le 19/07/1940 : il s’agit de Christoph Friedrich zu Stolberg-Stolberg (1672-1738).
Photo de Jost Christian.
https://i0.wp.com/www.grafschaft-stolberg.de/data/_uploaded/image/0000/t000001.jpg
Actarus
4 juillet 2023 @ 12:00
En réponse à la question qui ouvre le sujet, je ne peux m’en souvenir, car je n’étais pas né ! 😉
Kaiserin
4 juillet 2023 @ 12:19
Le rosier que j’offre à mes amis. Après l’avoir découvert en Autriche.
Cosmo
6 juillet 2023 @ 17:25
Découvert à Vienne pour moi !
Robespierre
4 juillet 2023 @ 12:30
Apparemment mon post n’est pas passé. Je disais que c’était bien de donner le nom d’une fleur à une femme cultivée.
Maintenant j’ajouter ceci : Dommage qu’elle ne se soit pas mariée plus jeune, elle aurait pu avoir d’autres enfants. La perte de son fils unique a dû etre une terrible épreuve.
Perlaine
4 juillet 2023 @ 13:15
Mes rosiers souffrent en ce moment , quel dommage , ils étaient si beaux .Heureusement depuis hier il pleut enfin dans le Morbihan .Merci pour ce récit intéressant et les magnifiques roses en couverture .
Aldona
4 juillet 2023 @ 13:17
Merci pour cette biographie, la photo en premier de la rose est magnifique
Danielle
4 juillet 2023 @ 17:41
Merci pour ce cours d’histoire sur une comtesse inconnue.
La couleur des roses est belle.