En Occident, la Russie participe activement aux affaires européennes. Alexandre Ier puis Nicolas Ier (ici par Franz Krüger) soutiennent les forces les plus conservatrices et s’appuient sur l’Autriche et la Prusse.
Portrait équestre
Au sud, les relations sont extrêmement tendues avec l’Empire turc et l’Iran. La Russie ne peut pas faire la paix avec ces territoires à cause des conquêtes qu’elle mène sur les rives de la mer Caspienne et surtout avec l’annexion de la Crimée à l’Empire.
Le principal problème est d’assurer la sécurité des détroits de la mer Noire : le Bosphore et les Dardanelles. La libre circulation des bateaux russes favorise le développement économique et la prospérité des vastes régions méridionales de l’Empire.
La Russie, en liaison avec les autres pays d’Europe occidentale, exerce une forte pression diplomatique sur la Turquie, notamment devant son refus de donner son autonomie aux Grecs.
Amiral Mikhaïl Lazarev – Robert Schwede – Ermitage
Le 20 octobre 1827, une escadre anglo-russe commandée par l’amiral Mikhaïl Lazarev (1788-1851) détruit complètement la flotte turque à la bataille de Navarin.
Les relations russo-turques se détériorent fortement et, en avril 1829, la Russie déclare la guerre à la Turquie
La Bataille de Navarin – Jean-François Garnerey
Dans les Balkans, en 1829, l’armée russe remporte une série de victoires conduisant au traité d’Andrinople qui accorde à la Russie de vastes territoires sur les rives septentrionales de la mer Noire du Caucase, ainsi qu’une partie des régions arméniennes appartenant à la Turquie. Une large autonomie est accordée à la Grèce, qui débouche en 1830 sur la création d’un Etat grec indépendant.
Dans le même temps se déroule une guerre russo-irannienne, 1826-1828, se concluant en février 1828 par le traité de Turmanchai par lequel Erevan et le Karabakh entrent dans l’Empire russe. En 1828 est créée une région arménienne, qui marque le début de l’unité du peuple arménien.
De nombreuses luttes se déroulent également pour la réunion du Caucase-Nord à la Russie.
Le 26 juin 1833 est conclue avec la Turquie la paix d’Unkiar-Skelessi, selon laquelle les Détroits sont fermés pour les bateaux de guerre étrangers, la Russie obtenant un droit de libre passage pour ses propres bateaux de guerre. Mais dans les années 1840 la situation change, et les Détroits passent sous contrôle international et sont fermés pour toutes les flottes militaires.
La Russie veut trouver une solution en consolidant ses positions dans le Proche-Orient et les Balkans tandis que l’Empire ottoman veut récupérer les territoires perdus lors des précédentes guerres russo-turques.
En 1830-1831, le soulèvement de Varsovie s’étend à tout le pays et son frère Constantin est débordé. Craignant que la Pologne ne quitte l’orbite russe, Nicolas envoie Ivan Paskievitch combattre l’armée polonaise ralliée à l’insurrection : cette dernière est réprimée et, en 1832, le Pologne devient une « partie inaliénable » de l’Empire russe.
Ivan Paskievitch – George Dawe – Ermitage
En 1849, Nicolas Ier aide l’empereur d’Autriche en envoyant un corps expéditionnaire commandé par le comte Ivan Paskievitch, prince de Varsovie, pour réprimer le mouvement national hongrois. Cet acte soulève l’hostilité de la France et de l’Angleterre.
Nicolas Ier et son fils Alexandre II – 1854 – Bogdan Villevalde
1853-1856 : Guerre de Crimée.
Elle oppose la Russie à l’alliance de l’Angleterre, la France et l’Italie qui, sous le prétexte d’une aide à la Turquie, débarquent en Crimée. Bien sûr, chaque nation a ses propres intérêts dans ce conflit.
Pour les Russes, c’est évidemment le régime de navigation dans les Détroits.
L’armée russe compte plus d’un million d’hommes, mais elle est mal équipée.
La guerre de Crimée se déroule en deux étapes :
* la guerre russo-turque, avec des succès variables de novembre 1853 à avril 1854 : notamment la bataille de Sinope le 30 novembre 1853. L’amiral P.S. Nakhimov détruit la flotte turque et anéantit les batteries locales. Cette victoire pousse la France et l’Angleterre à déclarer la guerre à la Russie
Bataille de Sinope – Musée central de la Marine de Guerre
* d’avril 1854 à février 1856, la coalition des Etats européens entre en lice. Leur objectif principal est la prise de la Crimée et de Sébastopol, la base militaire de la flotte russe en Mer Noire. Le 2 septembre 1854, les alliés débarquent dans la région d’Eupatoria et, à partir d’octobre 1854, ils assiègent Sébastopol.
Prise de Sébastopol
Malgré une résistance admirable des Russes de Sébastopol, les alliés lancent un ultime assaut en août 1855.
Des négociations s’engagent, qui aboutissent au traité de Paris fin mars 1856. La Russie ne souffre pas d’importantes pertes territoriales, mais il lui est interdit d’avoir en Mer Noire une flotte de guerre, des arsenaux militaires et des forts
La défaite de Crimée a de lourdes conséquences dans le domaine des relations internationales et dans la situation intérieure de l’empire.
La défaite de la Russie dans la guerre de Crimée engendre l’écroulement du système créé par Nicolas Ier. Puis survient sa mort subite.
Selon une version officielle, il serait mort d’une pneumonie, mais il existe une version selon laquelle il se serait suicidé et, une autre, selon laquelle il aurait été empoisonné.
Nicolas Pavlovitch décède le 2 mars 1855 et est inhumé dans la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul.
Son règne est interprété de différentes façons par ses contemporains et ses descendants. (Merci à Pistounette)
🇨🇦 Mer Limpide 🌊
7 septembre 2021 @ 02:35
Pistounette, comme je savoure des petites mignardises.
Je déguste allègrement vos récits très bien construits .
Merci, de me transmettre un peu de votre savoir, qui enrichi le miens. 😉
Bonne journée. ⚘
HRC
7 septembre 2021 @ 12:36
Mignardises…? 🙄
Cosmo
7 septembre 2021 @ 06:23
Merci pour cet article intéressant.
Nicolas Ier fut ce que l’on appellerait aujourd’hui un tyran, à l’époque un autocrate. Malheur à qui s’opposait à lui. Les Polonais, les Baltes et les Hongrois s’en souviennent encore. Et que dire de ses sujets ?
Beque
7 septembre 2021 @ 09:12
Cosmo, je vous avais posé une question après la 3e partie de votre article sur le palais royal de Budapest. Je ne sais pas si vous pouvez me répondre.
Beque
7 septembre 2021 @ 13:43
Merci infiniment, Cosmo. J’ai lu votre réponse et y ai répondu, à mon tour.
Aldona
7 septembre 2021 @ 06:35
Merci Pistounette , très instructif
Ciboulette
7 septembre 2021 @ 18:15
Son règne , entre celui de son frère Alexandre 1er et celui de son fils Alexandre II , laisse plutôt le souvenir d’un tyran antipathique .
Beque
7 septembre 2021 @ 08:55
Très anecdotique, mais sait-on que les cloches de Notre-Dame de Paris, offertes par Napoléon III en 1856, ont été fondues avec le métal des canons de Sébastopol.
Ainsi que la statue de Notre-Dame de France, au Puy, haute de 16 mètres. Le général Pélissier, qui avait une grande dévotion à la Saint Vierge, venait souvent en villégiature dans le Velay. Il conseilla à Mgr de Morlhon, l’évêque du Puy, de réclamer la fonte des canons russes dont il allait s’emparer pour faire ériger la statue de Notre-Dame de France pour laquelle avait été ouverte une souscription. Après la victoire, 213 canons représentant 150.000 kilos de fonte furent mis par l’empereur à la disposition de l’évêque du Puy. C’est la maquette de Jean-Marie Bonnassieux qui fut choisie. En 1859, la statue de Notre-Dame de France était fondue et montée dans les ateliers Prenat à Givors et inaugurée, le 12 septembre 1860, au son des tambours et clairons et des salves d’artillerie, bénie par douze prélats.
Breidenstein
7 septembre 2021 @ 09:42
Ce fut un grand tsar non dénué de cœur. Il a pris a sa charge l’éducation des enfants de Pouchkine, a payé toutes ses dettes.
Il a augmenté le prestige de la Russie.
Les Polonais ayant envahi la Russie et mis leur tsar sur le trône de la Russie au 16 siècle ont reçu la monnaie de leur pièce. Les Baltes grâce à lui ont eu leur identité.
Cosmo
8 septembre 2021 @ 12:38
Votre russophilie vous égare et vous fait écrire n’importe quoi. L’identité des Baltes est bien plus ancienne que l’identité russe. Et des villes comme Tallinn ou Riga étaient bien plus prospères que Moscou. St Petersbourg n’existait même pas. Vous appelez recevoir la monnaie de sa pièce de voir son pays annexé de la façon la plus terrible et les tentatives de libération noyées dans le sang. La loi du Talion pour vous est pour un œil les deux yeux et pour une dent la mâchoire.
Je vous conseille de prendre des cours d’histoire au lieu de répéter les propos de la propagande russe depuis trois siècles.
Guy Coquille
8 septembre 2021 @ 18:16
Entièrement d’accord avec vous, et d’ailleurs l’Autriche le remercia de son intervention en refusant de participer à la guerre de Crimée contre lui. Malheureusement ses descendants se montrèrent moins prudents en déclenchant la guerre en 1914.
HRC
7 septembre 2021 @ 12:36
Merci Pistounette.
j21
7 septembre 2021 @ 13:56
J’ai lu votre récit avec plaisir. Merci.
Guy Coquille
8 septembre 2021 @ 18:09
La flotte qui vainquit les Turcs à Navarin n’était pas anglo-russe mais franco-anglo-russe. Les navires française étaient commandés par l’Amiral de Rigny. Et à ma connaissance la flotte russe était commandée par l’Amiral Login van Geiden.