S’il existe à Toronto une demeure dont l’allure n’a vraiment rien de remarquable à offrir au regard de quiconque, qu’il soit amateur d’architecture ou simple promeneur, c’est bien le 716 de la Gerrard Street East. Petite bâtisse des plus ordinaires en briques noirâtres de la fin du XIXè siècle, on lui adjoignit après guerre un salon de coiffure au rez-de-chaussée, une de ces boutiques sans âme ni style à stricte vocation fonctionnelle, comme il en s’en voit des milliers de par le monde dans les métropoles trop rapidement urbanisées.
Pourtant, entre les murs de cet édifice si commun, un fait majeur pour qui aime la Russie et son Histoire eut lieu le mardi 24 novembre 1960 car ce jour-là, en cet endroit si impersonnel dont le délabrement s’est inexorablement poursuivi depuis lors, une Grande-Duchesse, sœur du dernier Tsar de toutes les Russies, dont la naissance fut saluée soixante-dix-huit ans plus tôt par cent et une salves d’artillerie tirées depuis la forteresse Saint-Pierre et Paul de Saint-Pétersbourg, rendit paisiblement son âme à Dieu.
Née porfirorodny , (c’est-à-dire « dans la pourpre », lors du règne de son père) le 13 juin 1882 à Peterhof, la Grande-Duchesse Olga Alexandrovna, dernière fille du Tsar Alexandre III et de Maria Feodorovna, cousinait avec la plupart des familles royales européennes. Son prénom rend hommage à l’une de ses marraines : la Reine Olga de Wurtemberg, sa grand-tante.
Dernière d’une fratrie de six enfants (dont cinq survécurent), elle grandit dans l’environnement si particulier de Gatchina que le Tsar avait voulu à la fois humble et grandiose : « Quels amusements nous avons eus là ! La galerie chinoise (de Gatchina) était idéale pour des parties de cache-cache. Nous nous dissimulions derrière un énorme vase … Il y en avait tellement et de tailles parfois deux fois supérieures à la nôtre. Je suppose que leur valeur était immense, mais je ne me rappelle pas que l’un de nous en ait un jour endommagé. »
Les tuteurs des enfants impériaux lui dispensent une éducation soignée et complète : cours de géographie, mathématiques, russe, français, danois, anglais, mais aussi des leçons d’équitation, de danse et de violon.
Ses professeurs lui permettent de tracer, au gré de ses envies, quelques croquis dans les marges de ses cahiers d’écolière car, déjà vraiment douée pour le dessin, elle prétend que ces esquisses l’aident à mémoriser ses leçons . Les arabesques et motifs floraux joliment exécutés par sa main enfantine laissent en effet augurer des plus heureuses dispositions artistiques.
En été, la famille impériale a pour coutume de prolonger les traditionnelles vacances au Danemark par quelques semaines passées tantôt dans le pavillon de chasse du Tsar à Spala en Pologne, tantôt dans le chalet de pêche de Langinkosky, le long des côtes finlandaises. En hiver, les séjours à Livadia en Crimée permettent à Olga d’épanouir son indéniable talent d’artiste qui s’exprimera par le pinceau dans de charmantes toiles pleines de couleurs et de vie.
Les talents de peintre et d’aquarelliste qu’elle manifeste dès l’enfance s’éveilleront au contact de Konstantin Makovsky et Sergei Vinogradov. Son style s’inspirera du mouvement « Peredvizhniki » (ou Itinérants) né dans les années 1870 en réaction aux restrictions académistes. Les paysages d’Olga voisinent avec ceux d’Ivan Shishkin et son imaginaire pictural rappelle celui d’Ilya Repin.
Le Tsar qui partageait avec elle ce profond amour des espaces sauvages, de la vie simple et des choses vraies meurt en 1894. La tristesse d’Olga, alors âgée de douze ans, est immense : « Mon père était tout pour moi. Submergé par le travail comme il était, il a toujours partagé avec moi une demi-heure quotidienne … un jour il m’a montré un album très ancien rempli de dessins à l’encre de Chine représentant une cité imaginaire appelée « Mopsopolis », habitée par les « Mopses ». Il m’a montré cela en cachette et j’ai été si flattée de partager avec lui les secrets de sa propre enfance… Mon père avait une force d’Hercule, mais il s’abstenait de le montrer en présence de tiers. Il nous disait qu’il pouvait aisément plier des fers à cheval et des couverts, mais il ne le faisait jamais car ma mère aurait été furieuse. Un jour tout de même il a plié puis redressé un tisonnier tout en gardant un œil inquiet sur la porte de son bureau au cas où quelqu’un entrerait ! »
A ses côtés, demeurent le Grand-Duc Mikhaïl (son cher Floppy surnom qu’elle lui avait conféré au vu de sa comique propension à s’affaler sur les chaises) et la fidèle Elizabeth Franklin, gouvernante anglaise que Maria Feodorovna s’évertuera à éloigner de sa benjamine, ayant pris ombrage de la grande complicité qui lie Olga à Nana. A son sujet, Olga écrit : « Nana était ma protectrice et conseillère durant toute mon enfance et une fidèle compagne au cours des années suivantes. Je n’ai aucune idée de ce que j’aurais fait sans elle. Elle était capable, courageuse et délicate …son influence s’est même étendue à mes frères et à ma sœur. »
La Tsarine ne voyait en sa fille cadette, pourtant dotée d’un extraordinaire regard, qu’un vilain petit canard égaré au milieu de cygnes altiers. La qualité de leurs relations souvent conflictuelles et froides était de surcroît minorée par l’absence de centres d’intérêts communs car, contrairement à sa mère, Olga ne manifestait aucun goût pour les toilettes, les bijoux et encore moins les mondanités. A cette époque, un de ses proches l’avait décrite comme un « gentil, honnête et triste cheval. »
Prévue au cours de l’été 1899, son entrée dans le monde est différée de quelques mois suite au décès de son frère Georges. Sa première apparition officielle, l’année suivante, lui laisse le plus déplaisant souvenir : « Je me sentais comme un animal en cage, exhibé au public pour la première fois. »
Le 9 août 1901, Olga épouse à Gatchina le Duc Pierre (Piotr Alexandrovitch) d’Oldenbourg (1868-1924), issu d’une branche cadette de sa maison, de quatorze ans son aîné. Ce prince que l’on dit communément joueur et hypocondriaque est probablement doté de beaucoup plus de qualités que d’aucuns l’ont laissé entendre. Fils unique élevé sans compagnons de son âge à Saint-Pétersbourg au sein d’une famille versée dans les oeuvres philanthropiques et les sciences, il a toujours été sérieux, calme et réfléchi. Il a pour habitude d’écrire des vers et des saynètes célébrant la vie paysanne russe. Son éducation très complète sous la supervision de Ganike, son tuteur et gouverneur, n’a rien à envier à celle dispensée à un Grand-Duc. Elève du violoniste virtuose Skomarovsky qui apprécie son intelligence et ses manières empreintes de tact, il est également féru de littérature. Il rendra visite à Léon Tolstoï et fait la meilleure impression sur l’écrivain pourtant peu prodigue de compliments. Les relations avec l’écrivain seront consolidées par la libération de Maxime Gorki emprisonné pour des raisons politiques que Pierre avait réussi à faire libérer. Quant au Prince Roman Petrovitch qui l’avait bien connu, il voyait en lui de grandes qualités de cœur et d’âme et le décrivait volontiers comme un ami aux vues libérales empli de compassion pour ses pairs.
Le Duc d’Oldenbourg est à la fois un arrière-petit-fils du Tsar Nicolas 1er (sa mère, la Princesse Eugénie de Leuchtenberg, grande amie de Maria Feodorovna, étant fille de la Grande-Duchesse Maria Nikolaïevna) et un arrière-arrière-petit-fils du Tsar Paul 1er (son père le Duc Alexandre d’Oldenbourg étant un petit-fils de la Grande-Duchesse Catharina Pavlovna). Luthérien, il devra embrasser la foi orthodoxe afin d’épouser la sœur du Tsar et renoncer ainsi à ses droits éventuels sur le Grand-Duché d’Oldenbourg.
On ne connaît au juste les raisons de la si hâtive conclusion de ce mariage. D’aucuns soutiennent qu’elle fut le fruit de l’œuvre concertée des mères des époux, d’autres qu’Olga conçut un réel coup de foudre pour son mari, d’autres encore que, souhaitant échapper à l’emprise de la tsarine douairière, la Grande-Duchesse avait accepté une union qui ne la satisfaisait pas, mais lui autorisait une certaine indépendance, l’empêchant ainsi de devenir une sorte de Lady in waiting de sa mère, comme l’était sa cousine Victoria de Grande-Bretagne auprès de la Reine Alexandra. Ces diverses hypothèses ne s’excluent d’ailleurs pas l’une l’autre.
Le Duc d’Oldenbourg l’accompagnait fréquemment au théâtre et à l’opéra depuis plusieurs mois déjà, mais Olga – alors à peine âgée de dix-neuf ans – fera part de sa plus totale surprise lorsque ”Petya”, que sa famille et ses amis les plus proches ne croyaient aucunement intéressé par les femmes, demanda sa main : «j’étais tellement abasourdie que je pus juste lui répondre : « merci » … Peut-être duplice, la Tsarine douairière écrit alors à son fils le Tsar Nicolas II : « Je suis sûre que tu ne croiras pas ce qui est arrivé. Olga est fiancée à Petya ! Tous deux sont très heureux. J’ai dû y consentir, mais tout cela s’est passé si vite et de manière si inattendue que j’ai de la peine à y croire … Petya est charmant, je l’aime bien et si Dieu le veut ils seront heureux. Ne parle de cela à personne hormis à Alix bien sûr. Signé : Your agitated Mama. »
Usant des mêmes hyperboles que son agitée ” Mama ”, Nicolas lui répond : « Je ne peux pas croire qu’Olga est réellement fiancée à Petya. Ils étaient probablement pris de boisson … Que pense Micha ?Et comment Nana prend-elle tout cela ? Alix et moi avons tant ri de cette nouvelle que nous n’en sommes pas encore remis. »
Dès leur « nuit de noces » qu’Olga passera seule au palais Oldenbourg car le Prince a quitté la résidence pour se rendre dans un établissement de jeux, elle mesure tout le tragique de sa situation. Ce ne seront pas les somptueuses parures (dont une tiare de rubis que Napoléon offrit à Joséphine) que lui offrira sa belle-mère (elle la surnomme « Princess Gangrene »)qui la consoleront, elle qui n’aime pas les bijoux. Quelques semaines plus tard, alors que le couple séjourne à Biarritz, leur hôtel est détruit par un violent incendie : l’intégralité de la garde-robe du Prince est réduite en cendres, ainsi que ses ordres militaires – dont l’Ordre danois de l’Eléphant spécialement créé par Fabergé.
Après deux années d’une union qui ne fut jamais consommée, au bord de la dépression nerveuse, elle demandera le divorce. Pierre et elle devront cependant vivre officiellement ensemble durant quinze années dans des ailes séparées du palais de la Rue Sergeivskaya à Saint-Pétersbourg, demeure de deux cents pièces offerte par le Tsar à sa sœur. L’année de son mariage signe également la prise de responsabilités nouvelles pour la Grande-Duchesse nommée Colonel en Chef honoraire du prestigieux 12è Régiment des Akhtyrsky Hussards qui vainquirent Napoléon 1er à la bataille de Kulm en 1813 en Bohème et qui ont depuis lors acquis le privilège d’endosser en permanence leur magnifique dolman marron.
A la recherche d’un mode de vie plus simple et plus conforme à ses aspirations personnelles, Olga s’est fait construire, dans l’oblast de Voronej, non loin de la frontière ukrainienne, près de la résidence de Ramon que possédaient ses beaux-parents, une imposante datcha baptisée ” Olgino ”, en référence à la localité la plus proche, où elle peut mener d’efficaces actions caritatives en conformité avec sa foi orthodoxe, rencontrer les paysans et, bien entendu, continuer à peindre. Sincèrement soucieuse du bien être des moujiks, elle promouvra la construction d’une école et d’un hôpital dans le village où elle résidait. Instruite de quelques bases de pharmacologie, elle prodiguait elle-même les remèdes aux malades et avait acquis de grandes compétences en matière de soins infirmiers.
Les séjours à Ramon constituent d’heureuses parenthèses dans l’existence morose d’Olga. La sérénité des lieux influence favorablement l’humeur de son mari qui l’emmène chasser le loup et lui permet de peindre les scènes qu’elle affectionne, tandis que lui se consacre à l’écriture d’un livre d’Histoire russe en images destine aux enfants et aux personnes illettrées et à des recherches archéologiques. Afin d’amuser Olga, Pierre l’emmène fréquemment à la ménagerie que la Duchesse Eugénie a créée sur l’autre rive de la Voronka car il sait que là Olga sourira enfin …
En avril 1903, au cours d’une parade militaire au palais de Pavlovsk, Olga remarque Nikolaï Kulikovsky, cuirassier bleu du régiment de la cavalerie impériale dont le Grand-Duc Mikhaïl est colonel. A la demande de sa sœur, Micha organise une entrevue avec le militaire dont elle s’est immédiatement éprise. Quelques semaines après, Olga demande le divorce à son mari qui refuse cette éventualité et la prie de reconsidérer sa proposition « dans sept (sic) ans » !
Bien des années plus tard, Olga rappellera leur rencontre dans une lettre datée du 8 mai 1915 : « Demain ce sera le jour de notre anniversaire – le jour où nous nous sommes déclaré notre amour avec les yeux pour la première fois – t’en souviens-tu ? Au fameux petit-déjeuner ? »
Issu d’une famille de militaires ukrainiens, Nikolaï Kulikovsky , éduqué au Collège de Gurevich à Saint-Pétersbourg et expert en cavalerie, est nommé aide de camp du Grand-Duc Pierre. Bientôt la Grande-Duchesse et lui prennent l’habitude de se voir régulièrement et de braver l’opinion publique, n’hésitant pas à traverser la ville dans la même calèche découverte.
Ils devront cependant attendre treize ans avant que le premier mariage d’Olga soit officiellement annulé par le Tsar pour convoler à leur tour le 16 novembre 1916 à Kiev où la Grande-Duchesse, alors infirmière de la Croix-Rouge à l’hôpital de Rovno près de la frontière austro-polonaise, avait obtenu le transfert de son nouvel époux près de l’établissement où elle exerçait l’art de soigner dès le début des hostilités. C’est dans cet hôpital qu’il inspectait à l’automne 1916 que le Tsar lui avait remis une lettre manuscrite scellant le divorce qu’elle appelait de ses vœux depuis si longtemps. Ce sera également la dernière fois qu’elle verra son frère. Après l’abdication de Nicolas II et, à la faveur du statut social de Nikolaï considéré comme un simple citoyen russe, ils échappent aux arrestations menées par les bolcheviks que subirent tant d’autres membres de la famille impériale.
Ils se réfugient en Crimée, région encore épargnée par la présence des bolcheviks, où Tikhon, le premier fils de la Grande-Duchesse Olga et du Colonel Kulikovsky, naît à Aï-Todor le 25 août 1917. Olga et son mari refuseront de quitter la Russie à bord du navire mis à leur disposition par la flotte britannique. Ils restent donc dans le village cosaque de Novo-Minsk, sous la protection de Timofei Yatchik, fidèle garde du corps de l’Impératrice douairière, où naît leur second fils Guri le 23 avril 1919.
A Novo-Minsk, Olga organise rapidement un mode de vie familiale simple avec l’aide de Xenia Moshaeva « Ava », la nurse de ses deux fils, et de la servante Emilia Tenso dite « Mimka ». Elle décrit sa nouvelle existence à sa sœur Xenia (26 mars 1919) : « Nous avons planté des légumes et maintenant j’attends avec impatience les signes de leur croissance. J’aime être près de la terre ! ».
Quelques mois plus tard, la menace que fait peser l’Armée Rouge progressant vers leur refuge les incite à demander l’asile au Consul du Danemark qui leur permettra de quitter la Crimée pour naviguer vers un camp de réfugiés, où durant deux semaines ils partageront trois pièces avec onze autres adultes, dans l’île de Buyukada située dans la mer de Marmara près du détroit des Dardanelles, non loin d’Istanbul. De là, les exilés feront étape à Belgrade, où ils rencontrent Alexandre Karageorgevitch qui leur propose de s’établir dans l’un des états de l’ancien Empire austro-hongrois mais sur les conseils avisés de l’Impératrice douairière, ils préfèrent la rejoindre à Copenhague le 2 avril 1920 dans les appartements qu’elle occupe temporairement au palais d’Amalienborg.
Peu après, Olga, son mari, ses fils et sa mère s’installeront à Hvidore dans la spacieuse villa de style Renaissance Italienne que l’Impératrice douairière possédait sur la Côte danoise (en co-propriété avec sa sœur la Reine Alexandra de Grande-Bretagne depuis le décès de leur père le Roi Christian IX en 1906). C’est dans cette résidence d’été que Maria Feodorovna s’éteindra en 1928. Pour Olga, tant éprise de liberté, la présence très dirigiste de sa mère et surtout ses critiques incessantes pèsent parfois sur l’atmosphère du nouveau foyer qu’elle était – après tant d’années d’attente et d’espérances – enfin parvenue à créer. En 1921, Mimka arrive à Hvidore avec un présent de taille : elle a en effet réussi à ramener de Saint-Pétersbourg les bijoux d’Olga qu’elle a cousus dans la doublure de ses vêtements !
En octobre 1925, Olga se rend à Berlin afin de rencontrer une femme qui prétend être la Grande-Duchesse Anastasia Nicolaïevna, la plus jeune de ses nièces – et sa favorite – . Olga ne reconnaîtra pas Anna Anderson – car c’est bien d’elle qu’il s’agit – mais compatira sincèrement à son état de santé déplorable. Bien des années plus tard, la réalisation de tests ADN confirmera définitivement l’opinion d’Olga.
Hvidore est vendue le 9 avril 1929, l’année suivant le décès de la tsarine douairière et, après avoir été reconvertie en hôpital pour patients diabétiques, elle est aujourd’hui devenue un centre de conférences appartenant au groupe pharmaceutique Novo Nordisk. Après avoir logé durant quelques mois à Rygaard, Olga achète en 1930 une ferme entourée de vastes terres à Ballerup, non loin de Copenhague. Sa propriété de Knudsminde devient rapidement le lieu privilégié où se rencontrent les monarchistes russes émigrés au Danemark. Cette période de vie à la campagne correspond à une activité artistique intense et à la rencontre déterminante avec le maître danois Peder Monsted. Elle peint alors avec un plaisir renouvelé que traduit l’intensité accrue de sa palette régénérée et plus chamarrée que jamais.
Elle a souvent offert ses œuvres aussi bien à ses proches qu’aux membres des autres familles royales européennes. Ainsi aujourd’hui encore, lorsqu’elle séjourne à Sandringham, la reine Elizabeth II déjeune sous le regard de neuf peintures d’Olga. D’autres tableaux sont actuellement entre les mains de la Reine Margrethe de Danemark et du Roi Harald de Norvège.
A partir de 1934, le marchand d’art Richard Pederson devient son « agent artistique » et expose des toiles réalisées par Olga dans sa galerie de Copenhague où elles reçoivent un accueil des plus enthousiastes. En 1936, le travail d’Olga est exposé à Londres et des personnalités comme la Reine Mary, la Reine Maud de Norvège, le Baron Rothschild, la famille Churchill ou encore Cecil Beaton acquièrent les cinquante peintures présentées dans la capitale en deux jours à peine.
La famille Kulikovsky s’est très bien intégrée au Danemark : Nikolaï et Olga aident les émigrés russes, tandis que leurs deux fils servent sous les armes danoises en qualité d’officiers et se marient avec des jeunes filles de Copenhague (Tikhon avec Agnete Petersen en 1942 et Guri avec Ruth Schwartz en 1940). Au foyer de Guri, deux enfants viennent au monde à Ballerup durant la guerre : Ksenia en 1941, suivie de Leonid en 1943.
Après la seconde guerre mondiale, la propagande stalinienne fait état d’une conspiration qu’Olga aurait menée avec l’Allemagne contre la Russie. Suite à la défaite allemande, les troupes russes sont désormais plus proches de la frontière danoise et occupent même l’île de Bornholm dans la mer Baltique. D’autre part, le régime soviétique exige le retour en URSS de tous les émigrés russes. La Grande-Duchesse craint alors qu’elle et sa famille soient contraintes de retourner en Russie comme « prisonniers impériaux ». Le Roi Frédéric IX ne garantissant plus sa sécurité, elle décide de quitter l’Europe.
Le 2 juin 1948, grâce aux démarches fructueuses effectuées par le Roi George VI de Grande-Bretagne qui s’est enquis d’un nouvel asile pour sa cousine, Olga , âgée de soixante-six ans, embarque, après un séjour de trois semaines à Hampton Court, à Liverpool à bord du « Empress of Canada » qui la mène avec les siens (son mari, leurs deux fils et belles-filles, ses deux petits-enfants, ainsi que la dévouée Mimka) vers le Canada où elle vivra définitivement.
Arrivés à Montréal le 10 juin 1948, les voyageurs se rendent à Toronto avant de s’établir dans la vaste ferme « Nassaguja » entourée de quatre-vingts hectares de terres qu’ils acquièrent près de Campbellville en Ontario. Dès leur installation, Olga et sa famille deviennent les membres actifs de la paroisse de l’église orthodoxe russe de Toronto et assistent régulièrement aux offices avec une grande ferveur. Grâce à son inoubliable gentillesse et sa grande simplicité, Olga est très rapidement acceptée par ses nouveaux voisins qui lui rendront plus tard hommage en baptisant l’école paroissiale de son nom.
Dans ce nouveau cadre de vie, Olga continue à peindre (on lui doit au total plus de deux mille œuvres) et envoie régulièrement ses toiles à la galerie Pedersen et dans d’autres salles d’exposition européennes. En 1952, après le départ de leurs fils de la maison familiale, Olga et Nikolaï dont la santé décline, vendent leur ferme et se retirent dans une petite maison plus proche de Toronto, au faubourg de Cooksville (actuellement intégré à la ville de Mississauga).
Dans leur villa de briques rouges au 2130 de la Camilla Road, des visiteurs souvent modestes, mais aussi parfois illustres se succèdent afin de saluer la sœur du dernier Tsar de Russie, tels la Princesse Marina de Kent, le Prince Vassili Alexandrovitch ou encore Lord Louis et Lady Edwina Mountbatten.
Le Colonel Nikolaï Kulikovsky décède le 11 août 1958, quatre ans après Mimka qu’Olga a soignée avec beaucoup de dévouement. En juin 1959, la Reine Elizabeth II et le Duc d’Edimbourg, en voyage officiel au Canada, invitent Olga à se joindre à eux pour déjeuner à bord du Yacht Britannia amarré au port de Toronto.
En avril 1960, suite à son hospitalisation au General Hospital de Toronto, Olga, devenue infirme, loge chez les Martemianoff, des amis russes émigrés comme elle, qui habitent une modeste maison de la Gerrard Street. C’est dans leur appartement qu’elle passera ses derniers mois. Le 24 novembre 1960, trois jours après être entrée dans le coma, Olga s’éteint à l’âge de soixante-dix-huit ans. Elle ignorait que sept mois auparavant sa sœur Xenia avait rendu son dernier soupir à Londres et qu’elle était ainsi devenue l’ultime témoin direct des années heureuses et glorieuses de la cour de Russie. Olga Alexandrovna sera inhumée auprès de son mari au York Cemetery à plus de sept mille verstes du Palais de Peterhof. (Merci beaucoup à Damien B. pour ce portrait dédié amicalement de sa part à Charlanges)
Voici les légendes des illustrations :
1. Olga, portrait officiel (vers 1905)
2. Olga à Fredensborg (1885)
3. Olga et sa famille à Livadia (1885)
4. Olga (vers 1887)
5. Michel, Xenia et Olga (vers 1887)
6. Olga et Maria Feodorovna (vers 1890)
7. Michel et Olga (vers 1890)
8. Olga (1892)
9. Michel et Olga (vers 1892)
10. Olga dans la galerie chinoise de Gatchina (vers 1895)
11. Michel, Maria Feodorovna et Olga (1896)
12. Olga et Michel (vers 1898)
13. Olga et Michel (vers 1900)
14. Dessin d’Olga.
15. Olga et son premier mari Pierre d’Oldenbourg (1901)
16. Olga infirmière (1915)
17. Olga et son second mari le colonel Nikolaï Kulikovski (1916)
18. Olga, Nikolaï Kulikoski, et leurs fils (vers 1926)
19. Olga et ses fils (vers 1930)
20. Olga à son chevalet (vers 1930)
21. Tikhon, fils d’Olga peint par sa mère (vers 1940)
22. Peinture d’Olga
23. Olga et ses fils (vers 1945)
24. Olga à son chevalet (vers 1950)
25. Xenia, Maria-Feodorovna et Olga (vers 1925)
26. Olga (vers 1955)
27. Maison où mourut Olga à Toronto
jul
8 septembre 2011 @ 06:32
Je suis émerveillé par votre récit Damien B.
Vous évoquez si bien les épisodes de la vie et la personnalité de cette Grande-Duchesse de Russie. J’ai beaucoup appris de cette lecture.
Je suis frappé par la modestie de cette personne, ses goûts et activités simples.
J’ai bien aimé l’anecdote sur Alexandre III s’occupant une demi-heure par jour de sa fille.
Damien B.
8 septembre 2011 @ 11:07
Merci Jul !
Oui Olga était une personne d’exception : l’une de mes préférées de la famille impériale.
Ce sont ses qualités personnelles et notamment sa riche créativité qui lui ont permis de surmonter avec détermination et confiance les événements tragiques de son existence.
Il émanait d’elle un équilibre naturel et une grande force que l’on qualifierait sans doute aujourd’hui de résilience.
Bien amicalement,
Damien
Mayg
8 septembre 2011 @ 13:44
Merci à Damien B pour ce très beau reprotage.
June
8 septembre 2011 @ 06:52
Passionnant et vraiment complet!
Merci Damien B. pour votre travail.
Viviane
8 septembre 2011 @ 07:12
Bravo pour ce portrait passionnant. La légende des documents est une excellente initiative, je vous en remercie.
erwan
8 septembre 2011 @ 07:38
Merci pour ce portrait clair, remarquable, sensible et magnifiquement illustré, un vrai plaisir de lecture ce matin.
Damien B.
8 septembre 2011 @ 13:57
Merci Erwan.
J’aime aussi lire vos commentaires et pas seulement celui-ci !
Anais
8 septembre 2011 @ 08:03
J’avoue que j’attends avec intérêt le jeudi où des portraits sont souvent mis en ligne sur le site. Damien vous m’avait régalée de grand matin avec ce portrait si bien documenté et expliqué de la grande-duchesse Olga. Est-ce qu’il n’y a pas eu voici quelques années une vente de bijoux ayant appartenu à la grande duchesse ?
JAusten
8 septembre 2011 @ 08:46
Merci Damien B pour ce captivant portrait. Je peux dire que cette princesse a été heureuse finalement.
Son premier mari était-il de la « jacquette » ou tout simplement sur une autre planète où ne règnent que les choses immatérielles ? Mais de là à la faire poireauter toutes ces années avant d’accepter le divorce, c’est de l’égoisme pur et cruel à la fois.
Palatine
8 septembre 2011 @ 08:54
Merci Damien pour cette biographie. Quelle histoire ! Pas besoin de lire des romans quand on lit ce genre de récits. Les photos sont vraiment intéressantes et je vous félicite de les avoir trouvées.
MoniqueDN
8 septembre 2011 @ 09:48
Un très beau portrait magnifiquement documenté. Merci Damien !
Jean I
8 septembre 2011 @ 10:42
Damien, merci beaucoup pour ce portrait que j’ai lu avec grand intérêt. Je suis toujours positivement étonné de voir que des personnes qui ont vécu dans le protocole et le faste puissent ensuite s’adapter à une vie « simple ». La grande duchesse semble avoir eu une deuxième partie de vie fort heureuse auprès de son époux et de leurs enfants. J’aime particulièrement la photo où on lit sa fierté de mère entre ses deux fils. Où sont inhumés les enfants du tsar Alexandre et de la tsarine Maria ?
Damien B.
8 septembre 2011 @ 13:38
La Grande-Duchesse Olga a en effet eu cette capacité de surmonter apparemment avec beaucoup d’aisance les aléas du sort (on dirait aujourd’hui qu’elle fit preuve d’une étonnante résilience).
Vous l’avez très justement remarqué : elle a vraiment commencé à être heureuse lors de son installation au Danemark et peut-être même déjà à Kiev où elle demeurait loin de tout protocole.
Elle était avant tout amie de la simplicité.
Les lieux d’inhumation des enfants d’Alexandre III sont les suivants :
Nicolas II à la cathédrale Pierre et Paul de Saint-Pétersbourg (en 1998), de même que ses frères Alexandre (1870) et Georges (1899).
Xenia repose à Roquebrune-Cap-Martin depuis 1960, tandis qu’Olga a été inhumée au York Cemetery de Toronto.
Les restes de Maria Feodorovna ont été transférés de la cathédrale de Roskilde à la cathédrale Saint Pierre et Paul en 2006.
Quant au Grand-Duc Mikhaïl exécuté à Perm, sa dépouille n’a jamais été retrouvée.
*Gustave
8 septembre 2011 @ 19:34
La femme de Mikhaïl Alexandrovitch, Natalia, et son fils George, sont tous les deux au Cimetière de Passy.
Jef
8 septembre 2011 @ 11:26
Formidable portrait !!!
J’avais découvert récemment le destin exceptionnel d’Olga dans le livre « De sang impérial », et c’est avec un énorme plaisir que j’ai lu avec une grande attention cet article…
Merci Damien !
Damien B.
8 septembre 2011 @ 13:42
Jef, vous parlez certainement de l’ouvrage de Michael Gray : ah je ne l’ai pas lu, mais vous m’en donnez l’idée. Merci !
Jef
9 septembre 2011 @ 01:09
Oui Damien, c’est bien cela.
Vraiment, c’est un livre que je conseille… après, on y croit ou on y croit pas… mais il y a réellement des choses troublantes… et on se dit qu’il ne faut finalement peut être pas croire aveuglément ce qu’on veut nous faire croire…
Palatine
8 septembre 2011 @ 12:16
Je ne comprends pas pourquoi le tsar Nicolas refusa la dissolution d’un mariage non consommé. La peur du scandale sans doute.
Le refus du premier mari, je peux le comprendre. Somerset Maugham aurait aussi voulu rester marié avec son épouse Syrie pour faire taire les mauvaises langues. A cette époque, le mariage etait encore la meilleure des couvertures quand on n’était pas attiré par les femmes.
*Gustave
8 septembre 2011 @ 13:29
Bref, Pierre d’Oldenbourg était gay comme on dit aujourd’hui. Je travaillais à Toronto à la fin des années ’50 je connais très bien cette bicoque où est morte Olga rue Gerrard.
Damien B.
8 septembre 2011 @ 13:47
Palatine,
Nicolas II, souverain déjà très fragilisé en ce début du XXè siècle, voulait certainement éviter de donner prise à des commérages.
De plus, ami personnel du Duc Pierre d’Oldenbourg, il avait probablement à coeur de le ménager dans sa fierté.
Mayg
8 septembre 2011 @ 22:00
Si je comprends bien il a préféré ménager son ami plutôt que sa soeur ?
Gilles B.
8 septembre 2011 @ 14:02
Merci Damien pour cet article passionnant et remarquablement écrit.
Palatine
8 septembre 2011 @ 17:57
C’est tout de meme interessant de voir que la grande-duchesse Olga parvint à vivre de son pinceau après la chute de l’empire russe. Elle devait avoir un réel talent.
Je suis toujours interessée de voir comment se debrouillèrent certains aristocrates en exil. En général, c’est pendant leur enfance qu’ils ont emmagasiné les connaissances ou developpé les dons pour vivre de leur travail. Apres la Révolution française, le futur Louis-Philippe put devenir précepteur grace à l’éducation très poussée et originale de Mme de Genlis. Madame de la Tour du Pin devint fermiere en Amerique du Nord et produisait un excellent beurre. Il y a eu en Angleterre un noble français qui s’enrichit en faisant des salades. Les dames qui devinrent modistes ne s’enrichirent guère. Et la future comtesse de Boigne, Adèle d’Osmond, dont j’aime bien les mémoires, opta pour un mariage avec un homme riche qu’elle n’aimait pas.
On connait les histoires de nobles russes qui devinrent chauffeurs de taxi à Paris.
Voilà un bon sujet de livre, mais personne ne l’a jamais écrit.
Martine
8 septembre 2011 @ 18:25
Un très beau documentaire avec photos de la Grande-duchesse Olga de Russie..
En effet,le 1er mari d’Olga n’était guère porté sur les femmes…mais aimant surtout les jeux…
Nicolas II était contre les div dans sa famille…surtout demandé « côté femme »…et Olga ne semblait avoir personne pour soutenir « son cas » pour obtenir le div + tôt…
Merci Damien B
patricio
8 septembre 2011 @ 18:29
bravo Damien, je me suis régalé
amitiés
patricio
Nana
8 septembre 2011 @ 18:52
Damien, la passionnée d’histoire que je suis vous adresse un grand merci pour ce magnifique récit, si bien illustré. Bravo !
Damien B.
8 septembre 2011 @ 20:53
Eh bien votre pseudonyme aurait beaucoup plu à Olga car il évoque Elizabeth Franklin la gouvernante qu’elle aimait tant.
Clémentine1
8 septembre 2011 @ 19:22
une fois de plus, la réalité dépasse la fiction. Merci Damien.
COLETTE C.
8 septembre 2011 @ 19:35
Merci, Damien, pour ce remarquable portrait comme je les aime tant. Très belles photos d’archives. Quel talent de peintre, cette grande-duchesse ! Elle n’avait pas l’air d’avoir de relations avec sa soeur Xénia ,se sont-elles revues ? Xenia est inhumée dans un cimetière de Roquebrune-Cap-Martin, ainsi que nous l’avait expliqué Jean-Luc lors d’un portrait. Savez-vous pourquoi dans cette ville ? Merci.
Damien B.
9 septembre 2011 @ 11:22
Xenia et Olga ont continué de se voir régulièrement au Danemark ou en Grande-Bretagne tant que vivait Maria Feodorovna.
Par la suite, après le décès de leur mère (1928), elle se virent moins fréquemment et puis plus du tout à partir du moment où Olga s’installa à Toronto (1948).
D’ailleurs lorsqu’elle mourut, Olga ignorait que sa soeur était décédée sept mois auparavant.
Quant à Xenia, elle avait tout simplement choisi d’être inhumée auprès de son mari.
G de G
8 septembre 2011 @ 20:14
Vraiment, Damien vous nous comblez!! Mille mercis.
Anne-Cécile
8 septembre 2011 @ 20:26
Merci Damien. QUel beau travail.
Il faut noter que lorsque l’on ouvrit le testament de la Grande-duchesse Olga sa fortune s’élevait à quelques millions de dolllars.
Ainsi Olga Alexandrovna, comme plusieurs de ses cousines Romanov dans sa génération, avaient choisies volontairement de vivre au milieu des autres émigrés, russes ou d’autres ethnies de l’ex Empire, aristocrates ou pas. Et de se dépenser sans compter pour la communauté exilée mais aussi pour les sociétés qui les accueilliaent. Plusieurs princesses en effet se dédièrent au quotidien dans le travail humanitaire, pas seulement le patronage et la présidence, et même acceptèrent un travail salarié.
Elle était extrêmement appréciée pour sa gentilesse et sa modestie dont chacun pouvait constater que ces qualités n’étaient pas simplement mis en avant qu’en société.
Damien B.
8 septembre 2011 @ 20:50
Merci à tous de ces compliments qui m’encouragent à persévérer.
Jean Pierre
8 septembre 2011 @ 20:52
Merci Damien pour ce travail historique. Je connaissais la vie de cette princesse et je trouve qu’elle est tristounette surtout la fin ça m’a rappelé la vie de sa cousine Nathalie Paley.
val
8 septembre 2011 @ 21:22
DAMIEN,
Nous avons envie d’en savoir plus sur les Romanov merci de prendre de votre temps pour nous ravir .
Jay
8 septembre 2011 @ 21:38
Franchement je susis moins enthousiaste que certains sur la personnalité de cette grande Duchesse.
Personnalité d exception ?? enfin n exagerons pas ! elle fut tres egoiste et surtout extrement gaté dans sa jeunesse!
Beaucoup d autres russes en exil durent travailler reellement et pas peindre des tableaux
De plus sa famille l aida tout de meme.
Alors non je ne reste pas admiratif de son petit bonheur bourgeois !!!
Palatine
8 septembre 2011 @ 23:19
Ah bon, elle n’aurait pas du peindre des tableaux et aurait du aller travailler sans doute comme gouvernante ? Elle avait un vrai talent de peintre, et si elle ne l’avait exploité, elle aurait été une femme stupide. Je pense à la Parabole des Talents. Elle s’applique ici mille fois. Ceux qui n’avaient pas les dons d’Olga se firent chauffeurs de taxi ou dames de compagnie ou rien du tout et vendirent leurs bijoux. Avec ce don ou ce talent, le Destin lui a fait un beau cadeau et vous auriez voulu qu’elle le refuse ?
Jay
9 septembre 2011 @ 10:30
Business is business
Le don et talent tres relatif existe chez plein d artiste inconnu.
Seulement le speculation et le snobisme font monter sa cote en fleche !!!
Damien B.
9 septembre 2011 @ 13:01
Olga n’a jamais demandé à vendre ses toiles, ce sont des galeristes tels Pedersen qui le lui ont suggéré …
Bien sûr on peut toujours nourrir des doutes sur les motivations réelles qui ont dicté ces ventes, mais dans le cas d’Olga son talent était déjà confirmé bien avant ses divers exils.
Konstantin Makovsky et Sergei Vinogradov ont été ses mentors et ses références initiales au mouvement « Peredvizhniki » ont évolué sous l’influence du Danois Monsted.
En outre, Olga aurait pu vivre décemment sans vendre une seule de ses toiles. La somme qu’elle a laissé après son décès en témoigne.
Ne ramenez pas la vie d’Olga à des questions de contingence, elle était bien au-delà de ça.
Damien B.
9 septembre 2011 @ 11:31
Jay, oui on peut sans aucun doute qualifier de personnalité d’exception une femme telle qu’Olga.
Tout est « exceptionnel » chez elle : née dans la pourpre et décédée dans de modestes (au regard de ce qu’elle avait connu) conditions, elle était tout sauf une petite bourgeoise.
Enfin s’il y a une épithète qui ne lui correspond en aucune manière c’est bien celle d’égoïste …
cisca
8 septembre 2011 @ 21:53
Merci, Damien pour ce remarquable portrait. Qu’est devenu le duc d’Oldenbourg après le divorce et la revolution ?
Damien B.
9 septembre 2011 @ 11:53
Cisca, vous me donnez ici l’occasion de retracer brièvement la vie du Duc Pierre d’Oldenbourg après 1916.
En 1917, après son divorce, Pierre démissionne de ses fonctions militaires et s’établit dans sa propriété de Voronej.
Les moujiks de ce village voulaient que le Prince les représente dans l’Assemblée constituante, ce qui témoigne de sa popularité en des temps pourtant si troublés pour la noblesse de l’Empire.
En 1918, après la Terreur Rouge, Pierre parvient à s’échapper de Russie et envisage une carrière littéraire à Paris où il s’est installé. Son essai « Loneliness » publié en 1921 ne connut aucun succès.
Il résida ensuite à Bayonne dans une ferme où il élevait des poulets et des lapins, … tandis que ses propres parents eux aussi exilés demeuraient fastueusement dans une villa à Biarritz.
Déprimé et solitaire, le prince se marie une seconde fois, le 3 mai 1922, avec Olga Vladimirovna Serebriakova (née Ratkova-Rozhnova, (1878-1953)), mais ce mariage est très rapidement brisé.
Très affecté par ce nouvel échec conjugal, Pierre est soigné dans un sanatorium à Paris avant de retourner dans le sud. Il est décédé à Biarritz peu après : le 11 mars 1924.
Le Duc d’Oldenbourg repose en l’église de l’Archange Michel à Cannes.
Son destin est aussi très particulier, ne trouvez-vous pas ?
Mayg
9 septembre 2011 @ 13:44
Merci Damien B pour ces précisions.
Damien B.
12 septembre 2011 @ 21:07
Ah je me dois de corriger ceci : le Prince est décédé à Vallauris (section de Golfe-Juan) et non à Biarritz.
Palatine
13 septembre 2011 @ 11:24
c’est tout de meme curieux ce besoin de se marier une deuxieme fois. Quand on n’est pas « outillé » pour le faire 8-)
shandila
8 septembre 2011 @ 22:54
A mon tour de vous remercier Damien pour ce reportage excellent sur un personnage des plus attachants. Vous lire est toujours un très grand plaisir. Merci pour votre contribution au site de notre reine Régine.
Salvo
8 septembre 2011 @ 23:13
Merci Damien pour le service.
pierre-yves
9 septembre 2011 @ 23:26
Félicitations Damien.
Je découvre tardivement votre portrait de la grande-duchesse Olga qui vient enrichir la galerie de ceux que vous nous avez déjà offert.
Une question personnelle si vous m’y autorisez: Avez-vous des origines russes ?
Damien B.
10 septembre 2011 @ 12:45
Merci Pierre-Yves !
Ah non je n’ai pas d’origines russes :) mais un grand intérêt depuis l’enfance pour tout ce qui évoque la Russie impériale.
Francky
10 septembre 2011 @ 00:57
Ce n’est que ce soir que j’ai eu le temps de me replonger au temps de l’Empire de Russie, et j’ai été comblé !!!
Mille merci, cher Damien, de nous faire partager vos connaissances sur ce sujet dont vous êtes LE spécialiste !
Vos dossiers sont toujours fort bien documentés et un vrai régal à lire. Et comme je suis gourmand, je n’aurai qu’un mot: continuez !!!
Damien B.
10 septembre 2011 @ 12:48
Merci cher Francky !
Je vais persévérer dans la rédaction de portraits, mais le prochain – déjà en cours d’écriture – sera consacré au prince d’une autre cour.
Je n’en dis pas plus :)
Palatine
11 septembre 2011 @ 10:40
j’attends le prochain portrait avec impatience aussi.
Francky
10 septembre 2011 @ 17:24
J’ai déjà hâte d’y être !!! ;)
Noremberg
16 septembre 2011 @ 14:49
Bonjour Damien B,
A peine membre de ce site, c’est votre style et ce portrait très agréable et instructif qui m’ont accrochés. Dès que le temps me sera donné, j’irai lire avec intérêt vos autres publications.
Martial N.
Damien B.
20 septembre 2011 @ 08:14
Merci Martial !
Vous retrouverez aisément les sept portraits que j’ai rédigés dans la rubrique « Russie ».
Je vous recommande également les sujets écrits par Jul, et tout particulièrement ceux relatifs à l’Infant Sébastien d’Espagne et au Roi Gustave VI Adolphe de Suède.
Bien à vous,
Damien B.
t .tchernomoroff
15 septembre 2013 @ 13:10
merci pour ce portrait
cordialement
t.tchernomoroff
Marquette Jacques
21 novembre 2013 @ 18:37
Très ému par cette destinée. Voillà une vie édifiante qui nous donne du courage J/M 3 rue Carnot Noyelles Godault 62950-France-
gabriel
28 novembre 2013 @ 03:02
Merci Damien pour votre récit sur lequel je tombe par hasard…
Petite fille de russes blancs, chauffeur de taxi.
A travers cette histoire, je reconnais l’âme slave de mes grands parents.
Jamais je ne les ai entendus se plaindre de cette épreuve qu’à été la révolution.
Pas un mot,une grande force de caractère, un enthousiasme à toute épreuve, une grande simplicité et une grande dignité.
ils sont passés de tout à rien mais cela n’a pas affecté leur volonté de recommencer courageusement leur vie, avec une grande débrouillardise.
ils disaient qu’ils avaient connu l’aisance et que désormais ils faisaient l’expérience du contraire mais que cela ne changeait rien car au fond d’eux, ils étaient toujours les mêmes.
La vraie richesse de ces gens là, c’est que malgré cette épreuve, ils ont nourri leurs âmes de sentiments simples, positifs et nobles….et qu’à part se faire voler leur âme, pour eux, il n’y avait rien de grave !!!
Ils se sont comportés comme des princes jusqu’au bout et avec quelle élégance.
merci de m’avoir lu et à bientôt pour de merveilleux récits de vie riche et bien remplie
nadine
Villanova André
31 juillet 2015 @ 19:30
Bonjour très interrssé par votre étude sur la soeur du dernier Tsar . Quelle a été sa position sur le cas Anna Anderson ?
Cordialement
ciboulette
19 novembre 2020 @ 16:59
Merci , Damien B . , pour l’histoire de cette vie qui ne manqua certes pas de mouvement ! Merci également pour les photos .
Je trouve que , jeune , la Grande-Duchesse Olga ressemblait beaucoup à sa mère ( je l’appelle toujours Dagmar ).
Elle avait un talent réel , et tout en elle respirait le bonté et la simplicité . Elle a été très courageuse aussi .
Cet article est l’occasion de relire des amis , Gustave , Palatine , Francky, que je serais heureuse de lire plus souvent ( j’étais flabemont8 )
Val
19 novembre 2020 @ 19:26
Nous sommes 2 Val sur ce site ???