Gaétan de Bourbon, Prince des Deux-Siciles est né le 12 Janvier 1846 au Palais royal de Caserte, au nord de Naples, , le même jour que son père le Roi Ferdinand II des Deux-Siciles (né en 1810) dont il était le septième enfant et le cinquième fils. Sa mère était la Reine Marie Thérèse, une Archiduchesse d’Autriche, Princesse de Bohême et de Hongrie (née en 1816).
Le nouveau né fut baptisé le jour même avec pour parrains l’Archiduc Frédéric, Amiral autrichien, son oncle maternel, représenté par le Prince Louis, Comte de l’Aquila, Vice-Amiral sicilien, son oncle paternel. Son père le fit chevalier de l’Ordre de St-Janvier et lui donna le titre de Comte de Girgenti (ou en français d’Agrigente), une création inédite comme il en avait l’habitude, du nom d’une petite ville de Sicile dont il voulait honorer la fidélité des habitants.
Quelques jours plus tard, le Roi fonda un majorat pour son cinquième fils, composé des domaines royaux de Calvi et de Sant’ Andrea del Pizzone, près de Caserte. Pour célébrer l’heureux évènement survenu dans sa famille, Ferdinand II décréta une amnistie générale pour les contraventions, délits et même certains crimes.
Le Prince Gaétan grandit entre les Palais royaux de Naples, de Caserte et de Portici au milieu d’une famille nombreuse qui s’accroissait à un rythme soutenu. La Reine mit au monde douze princes et princesses en dix-neuf ans.
Sur la photo suivante : de gauche à droite, de l’arrière vers l’avant, les Princes des Deux-Siciles : Marie Annonciade (née en 1843 ), Alphonse Comte de Caserte (né en 1841 ), Ferdinand II, François Duc de Calabre (né en 1836 du premier mariage du Roi avec Christine de Savoie, Princesse de Sardaigne), Louis Comte de Trani (né en 1838), Marie Immaculée (née en 1844), Gaétan Comte de Girgenti, Marie des Grâces Pia (née en 1849), Pascal Comte de Bari (né en 1852), la Reine tenant sur ses genoux Marie Immaculée Louise (née en 1855) et enfin une nounou avec Janvier, Comte de Caltagirone (né en 1857). Absents : Albert Comte de Castrogiovanni (né en 1839, mort en 1844 ), Joseph Comte de Lucera, qui avait deux ans de moins que Gaétan, mort en 1851 après une longue maladie et Vincent Comte de Melazzo (mort en 1854).
Ferdinand de Bourbon était un homme d’un tempérament joyeux, bon vivant, qui n’était heureux qu’au milieu de ses enfants comme son aïeul Henri IV.
Concentré sur les grandes affaires du Royaume à cette époque, l’aménagement du réseau de chemin de fer (Il était à l’origine de la première ligne de la péninsule, entre Naples et Portici en 1839), du réseau routier et celui du télégraphe, les progrès de l’agriculture et de la santé avec la bonification des marécages, la modernisation des marines militaire et marchande, le roi était avant tout un militaire. Il tenait à ce que ses fils fassent carrière dans l’armée, même Gaétan, qui souffrait d’épilepsie. Ainsi, comme tous ses frères, celle du Comte de Girgenti fut aussi rapide que précoce. Il fut destiné par son père à servir dans le 3ème Régiment d’Infanterie. Il en devint soldat à l’âge de deux ans, fut promu caporal à sept et, le 10 Mars 1858, le Roi signa le décret lui donnant le grade de Lieutenant. Il avait alors douze ans.
Le Roi des Deux-Siciles était heureux dans son mariage. La Reine était une femme aux goûts simples, souvent habillée modestement, une mère affectueuse, qui préférait aux mondanités de la cour, l’intimité de ses appartements, la couture et s’occuper de ses petits. Les bambins royaux grandissaient dans une atmosphère profondément religieuse, imprégnée de dévotion mariale. Lorsqu’il visitait les provinces de son royaume et allait à la rencontre de ses neuf millions de sujets, le roi préférait loger dans les maisons des Ordres mendiants.
Les ménages des petits frères du Roi, les Comtes de L’Aquila et de Trapani demeuraient également auprès d’eux, avec leurs enfants. La Princesse Amélie de Bourbon, sœur du Roi et son époux l’Infant d’Espagne et de Portugal Sébastien vivaient également à la Cour de Naples et c’était toujours avec joie que le Roi accueillait ses sœurs aînées Caroline, Duchesse de Berry, la Reine-mère d’Espagne Christine ou l’Infante d’Espagne Louise Charlotte lorsqu’elles venaient en vacances.
Dans les années 1840-1850, affluaient dans le doux royaume méridional, de nombreux souverains et princes étrangers incognito. Les Bourbons des Deux-Siciles les accompagnaient souvent dans leurs visites touristiques. Ils leur servaient de guides dans les monuments et musées de Naples et de ses environs, particulièrement à Herculanum et Pompéi, qui étaient l’objet d’une grande fascination, tout comme la Côte amalfitaine et le Vésuve. On peut citer parmi les plus illustres hôtes de la Cour sicilienne : les Archiducs Albert, Charles, Frédéric et Guillaume d’Autriche, frères de la Reine, plusieurs Grands Ducs de Russie, Princes de Prusse, de Wurtemberg, de Mecklenburg, de Bavière, des Pays-Bas, de Belgique, les Infants de Portugal et même des Princes Reuss.
Le tournant des années 1850-1860 fut semés d’épreuves pour les Bourbons. Le Roi Ferdinand II tomba gravement malade et mourut à Caserte le 22 Mai 1859 à l’âge de quarante-neuf ans.
On voit le sur la photo le Roi sur son lit de mort, depuis lequel il avait entendu diriger son royaume jusqu’à son dernier soupir.
Le Duc de Calabre, monta alors sur le trône et prit le nom de Roi François II. Thérèse d’Autriche, sa belle-mère, prit alors l’appellation de Reine douairière pour se distinguer de sa belle-fille la nouvelle Reine Marie, une Duchesse en Bavière sœur cadette de l’Impératrice d’Autriche. François II ne put conserver bien longtemps ses Etats puisque les partisans de l’unité italienne, menés par Garibaldi, s’en emparèrent dès 1861.
Réfugiés à Gaète, la Reine douairière, dut fuir avec ses sept plus jeunes enfants sur un navire espagnol, l’Alava. Ils se réfugièrent à Rome, dans les Etats pontificaux, sous la protection de Pie IX, tandis que ses fils premiers nés tentaient vainement de défendre l’indépendance de leur royaume.
Le Comte de Girgenti, qui avait alors quatorze ans, et tous ses frères et sœurs furent très affectés par cette nouvelle épreuve, car ils perdaient encore un de leurs points de repère. Les Bourbons s’installèrent d’abord au Palais du Quirinal puis déménagèrent pour le Palais Farnèse. Des seigneurs napolitains et siciliens fidèles les accompagnèrent et une petite Cour se reforma.
Photos suivantes : La Reine douairière des Deux-Siciles avec ses trois plus jeunes enfants : le Comte de Bari (à droite), la Princesse Louise (debout à gauche) et le Comte de Caltagirone (sur ses genoux). Ensuite, les princesses Annonciade, Marie Immaculée et Louise.
Ci-dessous, le comte de Girgenti.
La Reine Thérèse (assise) et les cinq princes, ses fils : Gaétan (debout contre la chaise), Alphonse (attablé), Janvier, Louis (debout) et Pascal (assis).
L’avenir de ces Bourbons semblait compromis avec la perte de leur royaume mais c’était sans compter sur le soutien indéfectible du pontife romain et de la Maison de Lorraine. La Reine douairière des Deux-Siciles eut le soulagement de pouvoir marier ses deux filles aînées à des Archiducs en 1861 et 1862. Le Prince Louis, Comte de Trani, eut quant à lui l’honneur de s’allier à la propre sœur de l’Impératrice (et sœur de la Reine des Deux-Siciles).
Le Comte de Girgenti fut nommé Capitaine dans le 1er Régiment d’Infanterie « Empereur François Joseph I. » en 1863 puis intégra le 9ème Régiment d’Uhlans « Comte de Mensdorff ». Avec ses camarades, il participa à la sanglante bataille de Sadowa en 1866, ce qui fut certainement une expérience terrible.
La famille du Prince Gaétan n’en finissait pas avec les malheurs. En 1867, une grave épidémie de choléra se déclara en Italie. Le Comte de Caltagirone, le prince dernier né, adoré de la famille (sur la photo suivante en uniforme des gardes suisses) succomba en quelques jours à cette maladie, dans une villa près d’Albano, où la famille s’était réfugiée pour échapper à la contagion. Sa mère, qui l’avait veillé et soigné jusqu’à la fin, fut atteinte du même mal et en mourut quelques jours plus tard.
Leur tante maternelle l’Archiduchesse Marie (1825-1915) et de son époux l’Archiduc Rainier (1827-1913) furent de grands soutiens dans cette épreuve pour les orphelins siciliens.
Le Comte de Girgenti demeurait souvent dans leur foyer et était devenu particulièrement proche d’eux. La bonté de ce couple, qui n’avait pu hélas avoir d’enfant, faisait l’unanimité dans leur famille. La solidarité entre les Princes de la Maison de Bourbon se manifesta alors dans les mois qui suivirent le décès de la Reine douairière.
Une heureuse nouvelle arriva en effet de Madrid. La Reine et le Roi d’Espagne, qui désiraient marier leur fille aînée l’Infante Isabelle de Bourbon (née en 1851, photo suivante), venaient de jeter leurs yeux pleins de compassion sur la malheureuse famille de leur oncle Ferdinand et élirent dans leurs cœurs leur cousin Gaétan comme leur gendre idéal.
Le Prince, cadet, orphelin, exilé, ne pouvait refuser une alliance et un établissement aussi inespéré. Après des pourparlers, le Roi des Deux-Siciles demanda officiellement la main de l’Infante pour son frère bien aimé, ce qui fut évidemment une formalité.
L’Infante Isabelle avait alors 16 ans. Elle était, semble-t-il, depuis très jeune, consciente au plus haut point de son rang et pénétrée de ses devoirs. L’Infante Eulalie confiera d’ailleurs plus tard dans ses souvenirs au sujet de sa sœur aînée : « Elle [Isabelle] a toujours vécu dans les formes et les traditions de la monarchie, et elle était sincèrement dévouée à les maintenir. »
Le Roi Alphonse XII (1857-1887) aimait résumer ainsi ses quatre sœurs : Pour lui, Isabelle représentait l’honneur, Maria del Pilar la douceur, Maria de la Paz le calme et Eulalie le bonheur.
L’Infante Isabelle avait été somptueusement dotée par ses parents. La Reine Isabelle II, dont la générosité était proverbiale, lui offrit la somme de trente-six millions de réaux (près de dix millions de Francs de l’époque) dont huit pour la construction d’un palais à Madrid. La Reine-mère, marraine, lui offrit 3 millions en diamants. Le Roi-consort François Ier lui donna un million deux cent mille réaux. Une dotation de deux cent mille réaux avait été également ajoutée sur la liste civile pour les jeunes mariés.
Le Comte de Girgenti reçut le 5 Mai 1868 de ses beaux-parents la qualité et les honneurs d’Infant d’Espagne, la Toison d’Or, la Grand’Croix de l’Ordre de Charles III ainsi que le grade de colonel du Régiment des Hussards dont il porte l’uniforme sur la photo suivante.
Le jour du mariage fut choisi en l’honneur de l’anniversaire du Roi-consort, le 13 Mai. Voici le compte rendu rédigé par Louis Ricard dans l’écho de la France : « La Cour d’Espagne présentait hier, 12 Mai [1868, veille du mariage religieux], un beau spectacle (…) Dans la Camara se trouvaient réunis les Grands d’Espagne, les dames et les gentilshommes de la reine, les grands dignitaires de la Cour, les ministres de la couronne, les principales autorités civiles et militaires, ainsi que tous les personnages officiels, ainsi que tous les personnages qui avaient été convoqués pour assister à cette cérémonie et la signature du contrat de mariage. A quatre heures, ont paru Leurs Majestés, Sa Majesté la Reine mère, les fiancés, S.A.R. Le Prince des Asturies, L.L.A.A. Le Duc et la Duchesse de Montpensier [L’infante Louise de Bourbon, sœur de la Reine et son époux l’Infant Antoine d’Orléans], venus exprès de Séville, S.A. l’Infant don Sébastien [oncle et beau-frère du Roi et de la Reine], et les Infantes sœurs du Roi [probablement Louise, Joséphine et Christine]. Alors a commencé la lecture de l’acte, qui a été faite par le marquis de Moncali, ministre de la Justice, en qualité de notaire de la Couronne, agissant au nom de L.L. M.M. catholiques ; tandis que le Roi des Deux-Siciles, comme frère aîné et chef de famille du fiancé, était représenté par l’Infant Sébastien. (…) On lisait sur le visage de la Reine Isabelle et de son auguste époux, le plaisir qu’ils éprouvaient en voyant leur fille bien aimée, s’unir à un prince que leur rendent cher, non seulement les brillantes qualités dont il est doué, mais aussi ses liens de parenté avec leur propre famille. C’est en effet par un sentiment naturel et délicat que ces souverains ont choisi un époux pour leur fille dans la Maison de Bourbon de Naples, dans cette famille si éprouvée et qui supporte si noblement l’infortune. La reine-mère est surtout heureuse de cet évènement, gage de l’affection que portent au roi de Naples, ses parents d’Espagne. »
Le mariage ne reposait pas sur l’amour mais sur la raison d’Etat. Le choix de Gaétan était le signe du maintien de l’orientation sicilienne et bourbonienne de la politique étrangère des souverains espagnols, en vigueur depuis la Restauration. Le gouvernement avait été obligé de reconnaître l’unité italienne mais les souverains souhaitaient montrer qu’ils étaient partisans d’une monarchie indépendante dans le sud.
Ils entendaient afficher la solidarité entre les Bourbons, mais aussi leur dédain vis-à-vis de la Maison de Savoie, en éconduisant Victor Emmanuel II, Roi de l’Italie unifiée, qui avait demandé la main de l’Infante pour son fils le Prince de Piémont (futur roi Humbert Ier).
De plus, dans le cas où le Prince des Asturies mourrait, la couronne d’Espagne demeurerait en possession des Bourbons. La même stratégie fut adoptée à la génération précédente avec le mariage d’Isabelle et de François puis à la génération suivante avec le mariage de la Princesse des Asturies, sœur aînée du Roi Alphonse XIII, avec un autre Prince des Deux-Siciles (le futur Infant Charles).
Le destin du Comte de Girgenti ressemblait à celui de son oncle le Comte de L’Aquila, qui avait épousé l’héritière de l’Empereur Pierre II du Brésil, la Princesse impériale Janvière.
Le Chef de la Maison de Bourbon, Henri V de France de Navarre, Comte de Chambord, avait également trouvé dans la malheureuse fratrie la perle rare qu’il recherchait pour le Duc de Parme, son neveu dont il était le tuteur, en la personne de la Princesse Marie. On peut aisément imaginer que cette union entre son petit-fils et sa nièce devait enchanter la Duchesse de Berry. Ce mariage eut lieu un mois avant celui de Gaétan et d’Isabelle.
Le nouvel Infant d’Espagne apprit donc à mieux connaître ses cousins-beaux parents, et leur famille un peu spéciale mais attachante.
Il fut sans nul doute impressionné par la personnalité unique de sa belle-mère, une femme passionnée, sincère et loyale, qui ressentait une grande dévotion envers ses ancêtres et ses peuples. Elle avait la royauté dans le sang et était douée d’une autorité innée. Extrêmement généreuse envers ceux qu’elle aimait, elle n’en était pas moins naïve par certains aspects, ne connaissant, par exemple, pas la valeur de l’argent, ce qui la mit souvent dans l’embarras.
Le beau-père de Gaétan, quant à lui, était un homme solitaire, taciturne et cultivé, qui aurait préféré vivre loin des intrigues qu’ourdissaient les politiciens et des courtisans.
S’ils devinrent bons amis lorsqu’ils vivaient en France, la Reine pleura même beaucoup le Roi lorsqu’il mourut en 1902, leurs années de vie commune en Espagne furent orageuses. Isabelle et François devaient leur malheur à l’ingérence dans les affaires espagnoles du monarque de Juillet Louis Philippe et de l’Angleterre au cours des années 1840. C’était un mariage forcé, et il semble que la fidélité exigée par leur état, fut un devoir inhumain pour chacun des époux.
Après les noces, l’Infant Gaétan et l’Infante Isabelle partirent en voyage dans les Etats pontificaux. Ils furent accueillis à la gare de Rome par les Princes des Deux-Siciles au grand complet. Le Roi François II donna une grande réception en leur honneur au Palais Farnèse le 24 mai 1868.
M. de Sartiges qui représentait la France écrivit dans une dépêche : « L’infante, pas belle mais gracieuse, affable et assez vive, était habillée en robe montante, le comte de Girgenti, revêtu de l’uniforme espagnol des hussards de Pavie, dont il a été nommé colonel effectif. L’infante a parlé avec bonne grâce et un grand naturel … En me parlant, elle m’a dit qu’elle se faisait une véritable fête d’aller à Paris et d’être présentée à l’empereur et l’impératrice. Le prince n’avait peut-être pas la même aisance que sa jeune femme, surtout en s’exprimant en français, mais j’ai vu à son animation, lorsqu’il parlait au ministre de Prusse ou au chargé d’affaires autrichien qu’il était plus à son aise en parlant allemand … ».
L’Infante Isabelle et l’Infant Gaétan se rendirent ensuite en Autriche où ils furent les hôtes de l’Archiduc et de l’Archiduchesse Rainier. L’Infant put ainsi présenter à sa jeune épouse les membres de sa famille maternelle lors des nombreux bals auxquels ils participèrent.
L’insouciance de Gaétan et d’Isabelle ne dura hélas pas puisque leur famille fut chassée du pouvoir en Espagne quelques mois après leur mariage.
La famille royale trouva naturellement refuge en France, hôte de l’Empereur Napoléon III. La Comtesse de Tolède (la Reine) s’installa avec ses enfants au Palais de Castille à Paris, Avenue Kléber, où elle maintint le cérémonial de la Cour, tandis que le Duc de Cadix (le Roi-consort) emménagea dans un hôtel particulier à Paris, Rue Lesueur puis au château d’Epinay-sur-Seine. Le Prince des Asturies et les plus jeunes Infantes devinrent les amis du Prince impérial lorsque les Empereurs leur rendaient visite.
La Duchesse de Ségovie (titre qu’avait pris l’Infante Isabelle) et son époux firent quant à eux l’acquisition d’une villa construite vers 1850 à Rueil-Malmaison, sur la route reliant Paris à Saint-Germain–en-Laye (aujourd’hui encore appelée « villa de la Duchesse de Ségovie », siège d’IFP, au numéro 228 de l’Avenue Paul-Doumer)
Elle sera transmise à son petit-neveu et filleul le futur Chef de la Maison de Bourbon et Duc d’Anjou, l’Infant Jacques pour lequel avait été recréé le titre de Duc de Ségovie. La villa devint sa résidence durant les années 1950.
L’Infant Gaétan décida cependant de repartir combattre en comme nous le raconte E. de Kératry dans un article de la Revue moderne en 1868 : « Au nombre des officiers supérieurs qui rejoignirent alors l’armée d’Andalousie, se trouvait le Comte de Girgenti, gendre de la Reine. Aussitôt qu’il avait appris le soulèvement de Cadix, le Comte de Girgenti avait quitté Paris et sa jeune femme, pour venir partager les dangers de sa nouvelle famille : lors de son mariage avec l’Infante, il avait été nommé colonel, et il réclama, comme un honneur, le droit d’aller se mettre à la tête de son régiment ; arrivé à Madrid, il se mit à la disposition du Maréchal Concha, et il lui demanda, comme faveur, d’être placé dans les premiers rangs de l’armée d’Andalousie. Le 23, après la revue, il partit avec son régiment, et lorsque les deux armées en vinrent aux mains, il se comporta en prince soucieux de soutenir l’honneur de sa race. Bien que le prince de Girgenti n’ait fait qu’accomplir son devoir de soldat, il est cependant d’autant plus juste de rendre justice à sa conduite, qu’il est le seul homme de la famille royale qui ait fait acte de dignité virile ».
De retour en France, Gaétan et Isabelle furent reçus avec tous les honneurs dus à leur rang à la Cour de Napoléon III et d’Eugénie aux Tuileries et à Fontainebleau. La Reine Isabelle II qui passait aussi l’Eté à Biarritz, retrouva l’Empereur et l’Impératrice dont elle était très proche, leur témoigna sa reconnaissance pour l’accueil qu’ils avaient réservé à sa fille et à son gendre.
En 1870, après la victoire de la Prusse, pour échapper au tumulte de la Commune de Paris, Isabelle et Gaétan partirent se réfugier à Genève en Suisse.
L’Infant Gaétan avait perdu petit à petit tous ses points de repères, son père, leur royaume, son petit frère, sa mère, le royaume de sa belle-famille, et enfin leur pays d’origine. Malgré le réconfort qu’essayer de lui prodiguer sa jeune épouse, fatigué par les crises d’épilepsie, désespéré, Il fit une première tentative de suicide, en se jetant par la fenêtre de son hôtel, mais celle-ci échoua grâce à l’intervention d’un serviteur. Mais la seconde, au pistolet, le 26 Novembre 1871, à l’hôtel du Cygne de Lucerne, lui fut fatale, laissant Isabelle veuve à l’âge de vingt ans.
Au moment de la Seconde Restauration des Bourbons en Espagne en 1874, son frère Alphonse XII monta sur le trône. Isabelle rentra en Espagne et redevint la Princesse des Asturies en tant qu’héritière de la Couronne, puis à nouveau Infante au moment de la naissance de sa nièce en 1880
Elle avait de nombreux admirateurs dans la noblesse et parmi les hommes politiques conservateurs comme le Président du Gouvernement Canovas. Le peuple adulait l’Infante Isabelle car il se reconnaissait dans sa piété et dans son amour des traditions.
La Princesse Isabelle usa de son influence auprès de son frère et ses réseaux familiaux et amicaux en Autriche pour le remarier à l’Archiduchesse Christine d’Autriche (Christa), cousine germaine de son défunt époux. Elle voulait ainsi empêcher un nouveau mariage favorable aux intérêts des Orléans que ses parents et elle désapprouvaient à cause des intrigues Duc de Montpensier pour obtenir la couronne, le soutien financier qu’il apporta à la Révolution de 1868 et le meurtre en duel de l’Infant Henri, Duc de Séville, le propre frère du Roi-consort, en 1870.
En 1931, Lorsque son neveu Alphonse XIII fut chassé du pouvoir, elle reprit une dernière fois le chemin de la France. Cette grande dame mourut à Paris quelques jours après son arrivée, soixante ans après la mort de l’Infant Gaétan. (Un grand merci à Jul pour ses recherches – Copyright photos : DR)
erwan
8 décembre 2011 @ 08:21
Merci Jul pour ce portrait richement illustré. Je connaissais vaguement le charme et l’élégance de l’infante Isabelle reine en société faute d’être souveraine. J’ignorais tout du comte de Girgenti.
Jean I
8 décembre 2011 @ 08:44
Merci à Jul pour cet artricle passionnant et si bien documenté. Je l’ai lu rapidement ce matin mais ne manquerai pas de le relire à l’aise ce soir.
Damien B.
8 décembre 2011 @ 08:46
Bonjour Jul :)
Je me suis régalé de la lecture de votre excellent portrait qui présente un prince on ne peut plus Bourbon !
Curieuse destinée que celle de Gaetan tourmenté au point de mettre fin à ses jours à vingt-cinq ans.
Vous avez exprimé avec tact la perte de ses repères familiaux et personnels, son entrée par le mariage dans la famille de l’infante Isabelle et leur exil français avec une juste mise en perspective du contexte bien particulier de cette époque.
L’iconographie qui accompagne votre reportage est d’une grande richesse et nous invite au coeur d’un dix-neuvième siècle bien plaisant à voir.
Merci Jul de nous avoir fait partager vos connaissances et votre intérêt sincère !
jul
8 décembre 2011 @ 20:52
Merci beaucoup Damien B. !:)
Nemausus
8 décembre 2011 @ 10:14
Bravo Jul et toutes mes félicitations pour une biographie aussi bien documentée et écrite sur ce prince de Bourbon peu connu.
encore bravo.
pierre-yves
8 décembre 2011 @ 10:45
Merci à vousn Jul pour ce superbe article qui représente un gros travail. Je suis particulièrement admiratif de la richesse de l’iconographie qui accompagne votre récit.
Ce que vous racontez de l’enfance du prince en Sicile me rappelle Le Guépard, où l’on voit le prince Salina tourner le dos à l’odre ancien, celui des Bourbon, et se rallier aux Savoie.
Quant à l’infant Gaetan, je suis frappé de voir que sa vie fut aussi dense qu’elle fut courte. Et l’on voit à travers lui que les suicides, que nous continuons à déplorere aujourd’hui sont une pratique ancienne dans les cours, où le bonheur de vivre n’a pas toujours pu être cultivé.
jul
8 décembre 2011 @ 20:44
:)
Comme vous avez raison hélas !
Sophie
8 décembre 2011 @ 11:27
Merci à Jul pour ce portrait qui nous fait voyager ! Quel destin que celui de l’Infant Gaetan ! Je vois sur la dernière photo que le diadème porté est aujourd’hui encore dans la famille royale d’Espagne. Très belle photo aussi du petit comte Comte de Caltagirone
Quelques demandes de compléments d’informations à Jul :
– Lorsque le comte de Girgenti et sa famille s’installent au Palais Farnèse. Qui en est le propriétaire ?
– Où est enterrée la princesse Isabelle décédée à Paris ?
jul
9 décembre 2011 @ 17:04
Merci Sophie :)
Oui il me semble que la Palais Farnèse était propriété des Bourbons de Naples.
Je crois que l’Infante Isabelle est enterrée à L’Escorial.
Si je fais erreur, j’espère que cela sera corrigé très vite.
Cosmo
9 décembre 2011 @ 19:54
Le Palais Farnèse est depuis 1874 la plus belle de nos ambassades, propriété de l’Etat italien louée de manière symbolique à la France, charge à elle d’en assurer restauration et entretien.
Bien à Vous
Cosmo
Palatine
8 décembre 2011 @ 11:58
Merci Jul. Quelle histoire ! Je ne connaissais pas ce prince. Son destin et surtout sa fin me font penser au fils cadet du dernier Shah d’Iran.
Je trouve triste que sa jeune veuve ne se remaria jamais et n’eut donc pas de descendance. Ce politicien Canovas fut-il un « consolateur » ?
jul
8 décembre 2011 @ 20:37
:)
Oui c’est vrai ce que vous dites hélas…
Oui quel dommage ! J’ai lu qu’il avait été question de l’Archiduc Louis fils du Grand-Duc de Toscane Léopold II, qui vivait à Majorque. Mais cela n’a rien donné.
Caroline
8 décembre 2011 @ 12:44
Jul,bravo pour votre talent d’archiviste! Lool,c’est un peu complique de comprendre tous les noms dans cette grande famille!Que c’etait triste avec les mariages de raison! Y-avait-il les celebres marieuses aux cours royales d’Europe?
jul
8 décembre 2011 @ 20:31
:)
J’ai l’impression que toutes les mères dans ce milieu étaient de grandes marieuses mais je me trompe peut etre lol
corentine
8 décembre 2011 @ 13:12
merci Jul, c’est remarquable et très interressant
très touchant aussi cette ambiance famille nombreuse à la cour des Deux Siciles
jul
8 décembre 2011 @ 20:29
Oui j’ai aussi trouvé cela touchant en faisant mes recherches :)
lucile
8 décembre 2011 @ 13:32
Merci Jul, pour ce portrait si bien documenté sur le prince Gaëtan, qui m’était quasiment inconnu…
Mayg
8 décembre 2011 @ 14:17
Un grand merci à Jul pour ce reportage.
Cosmo
8 décembre 2011 @ 15:05
Jul, merci de nous faire découvrir ce prince au destin tragique!
Cependant, je me permettrais de vous faire remarquer que les malheurs, comme vous dites, de la reine Isabelle II et de son époux François, ne sont pas dûs à la « Monarchie de Juillet » ou à l’Angleterre. Les Orléans ne sont quand même pas responsables de tous les malheurs du monde.
Ils sont dûs au choix du père de la reine de changer la loi dynastique en sa faveur et aux guerres carlistes qui en sont suivies. Ils sont dûs à ses propres choix politiques, à un pays au bout de lui-même et à une vie privée désordonnée.
Quant aux malheurs du Prince Gaétan, les erreurs politiques de son père connu sous le sobriquet de « Re Bomba » qui ont mené la famille royale en exil, une union avec une infante, connue pour son orgueil, peut-être au-dessus de ses forces, une santé défaillante en sont sans doute la cause.
La consanguinité ( cousins germains, oncles, nièces) des mariages entre Bourbons d’Espagne et de Naples donne le tournis.
En tous cas merci de nous faire découvrir ces princes inconnus.
Bien à Vous
Cosmo
jul
8 décembre 2011 @ 19:52
Merci Cosmo :)
Oh vous savez, la personne et l’oeuvre du Roi Ferdinand II sont réévalués aujourd’hui. Il faut prendre des précautions avec l’historiographie officielle favorable à l’unité italienne qui avait intérêt à donner une image négative des anciens Etats indépendants.
Le Royaume des Deux-Siciles et son souverain Bourbon étaient loin d’être les « arriérés » que dépeignent les républicains, libéraux et monarchistes pro-Savoie. Sans bien sûr laisser croire qu’il n’y avait pas de problême, loin de là.
Quand on étudie de plus près ce qu’ils ont laissé, on s’aperçoit qu’ils étaient tout aussi soucieux de leurs peuples.
Pour ce qui est de certains Princes d’Orléans de cette époque…on ne peut pas non-plus dire qu’ils aient contribuer à tout le bonheur du monde :)
Cosmo
9 décembre 2011 @ 12:00
Jul,
Vous prêchez à un converti. La monarchie bourbonnienne de Naples et Sicile a été injustement critiquée et l’union de leur pays au royaume d’Italie a été une catastrophe pour eux, mais pas pour le nord qui y a puisé une main d’oeuvre abondante et pas chère.
Le sud n’en serait pas où il est si le Royaume des Deux-Siciles avait survécu. Il serait une véritable puissance du sud de la Méditerranée, comme l’est l’Espagne aujourd’hui.
Le souvenir des Bourbons est très vif à Naples, comme à Palerme et dans toutes les campagnes. Lorsque le duc et la duchesse de Castro vont à Naples – du moins c’était vrai pour le Prince et la Princesse Ferdinand- ils sont reçus avec les honneurs de chef d’état. Les Savoie y sont au mieux ignorés.
La scène dans le Guépard où le garde-chasse, joué par Reggiani, parle de ses souverains Bourbons est remarquable. Ce qu’il dit est si vrai, si plein d’émotion.
La Reine de Naples de Marcel Proust n’est autre que Marie, l’héroïne de Gaète. Quelle aventure extraordinaire de courage et de panache!
Je connais assez bien la situation du sud pour des raisons personnelles.
Quant aux princes d’Orléans, ils ont été , je pense, comme tout le monde, certains bien, d’autres moins, un certain épouvantable. Il en est de même des Bourbons, toutes branches confondues.
L’abrogation de la loi salique en Espagne a créé beaucoup de problèmes mais je n’ai personnellement aucun avis sur son opportunité dynastique ou non. Le problème est réglé aujourd’hui malgré la « tradition carliste » dont se réclame le duc de Parme aujourd’hui, qui est sans fondement.
Pardon de me répéter mais c’est un plaisir de vous lire et de connaître grâce à vous l’histoire de ces princes dont on parle si peu!
Cordialement
Cosmo
jul
9 décembre 2011 @ 16:47
Merci beaucoup Cosmo :) cela fait très plaisir d’avoir des lecteurs comme vous.
Je suis d’accord avec tout votre message !
jul
8 décembre 2011 @ 19:54
Ah et j’oubliai la loi salique.
Et bien je trouve cela plutôt bien que le Roi Ferdinand l’ait abolie. C’est un juste retour des choses dans une tradition espagnole.
Tant pis pour don Carlos lol.
*gustave
8 décembre 2011 @ 23:50
C’est historique; la reine Isabelle II était une gran puta.
Nemausus
9 décembre 2011 @ 00:19
ah parce que l’endogamie des Orléans ne vous donne pas le tournis ?
Cosmo
9 décembre 2011 @ 11:39
Vous êtes incroyable!
L’endogamie des Orléans est, je vous le signale, pour le cas où vous l’auriez oublié, une endogamie Bourbon. Et autant que je me souvienne Louis-Philippe d’Orléans n’a-t-il pas épousé Marie-Amélie de Bourbon-Sicile.
Pauvre de vous!
Nemausus
10 décembre 2011 @ 10:55
c’est vous qui êtes incroyable de faire semblant de ne pas comprendre et de ne parler que de Louis-Philippe mais tout le monde aura compris que l’endogamie chez les Orléans concernait les mariages entre membres de la branche d’Orléans…
Vous semblez expliquer les malheurs des Bourbon-Deux-Siciles à cause de leur endogamie… votre raisonnement s’applique donc aussi à l’endogamie de la branche d’Orléans….
aubert
10 décembre 2011 @ 13:32
Une fois de plus Némausus vous avez raison, nous sommes décidément entourés de gens qui ne comprennent rien.Bzzzzz.
Cosmo
10 décembre 2011 @ 13:42
Vous ne comprenez que ce que vous voulez bien comprendre. L’endogamie était la règle dans toutes les familles royales, Bourbons dans toutes leurs branches, Orléans que vous ne comptez bien evidemment pas comme Bourbons, Habsbourg etc…Cela donne le tournis pour tous.
Comme toujours vous extrapolez, en aucun cas je n’ai laissé entendre que l’endogamie est à l’origine des malheurs des Bourbons-Siciles. Il y a d’autres raisons, comme mon post pour Jul, l’explique.
Vous ne manquez pas une occasion de montrer votre mauvaise foi, à mon encontre en particulier et dans vos analyses en général.
Nemausus
10 décembre 2011 @ 22:02
et vous, vos sous-entendus sur l’endogamie des Bourbons d’Espagne et de Naples, n’étaient en rien innocents. Cette phrase était donc tout à fait superflue sauf à prouver une fois de plus que vous ne ratez jamais une occasion d’utiliser tous les moyens pour dénigrer les Bourbons.
voilà la mauvaise foi et non celle de vous retourner le procédé !
Cosmo
11 décembre 2011 @ 11:50
Paranoïa!
Th
8 décembre 2011 @ 18:05
Jul,
Un grand merci et un grand bravo pour la qualité du texte, des recherches documentaires et des photographies !
marie-françois
8 décembre 2011 @ 19:41
Don jaime avait donc un certain patrimoine puisque l’infante Isabelle lui a transmis sa villa de Rueil ou il est indiqué avoir résidé durant les années 1950…
jul
8 décembre 2011 @ 22:08
Hériter puis vendre une villa à Rueil-Malmaison n’est en rien comparable à hériter puis revendre d’immenses proprités historiques en France et les revendre. Tout ça pour punir ses enfants de ses propres échecs.
jul
8 décembre 2011 @ 20:26
Merci à tous pour vos commentaires :)
ça fait très plaisir !
Mayg
9 décembre 2011 @ 13:11
C’était surtout un plaisir pour nous de vous lire et de voir d’aussi belles photos.
Blouin
8 décembre 2011 @ 21:26
Quelle parenté entre la mère de Gaétan et notre impératrice Marie-Louise ?
jul
8 décembre 2011 @ 22:09
Marie Louise et Marie Thérèse étaient cousines germaines, filles de deux frères : l’Empereur François Ier et l’Archiduc Charles.
COLETTE C.
8 décembre 2011 @ 21:48
Merci, Jul, la lecture était passionnante, et que de photos intéressantes !
Charlanges
8 décembre 2011 @ 23:32
Je m’associe à totes celles et tous ceux qui ont déjà félicité Jul pour la qualité et la finesse du portrait qu’il vient une nouvelle fois de nous offrir. Il a parfaitement su replacer le jeune prince dans le contexte familial et politique de l’époque et les photographies qu’il met à notre disposition sont fort intéressantes et enrichissent superbement le texte.
Nous allons être nombreux à attendre le prochain portrait qu’il plaira à Jul de nous donner.
jul
9 décembre 2011 @ 16:36
Merci beaucoup Charlanges :)
lorraine
9 décembre 2011 @ 00:18
Je pense moi aussi que les Bourbons-Sicile ont été décriés et même ridiculisés. A tort, ils ont en effet été des princes « éclairés » qui ont beaucoup oeuvré pour leur Royaume.
Palatine
9 décembre 2011 @ 10:40
comme je l’ai écrit ailleurs, l’homme de la rue à Naples regrette les Bourbon, et quand on compare ce qu’était Naples aux 18e et 19e S et ce qu’elle est devenue aujourd hui, difficile d’applaudir à la réunification de l’Italie avec les Savoie aux commandes. Elle sonna le déclin du Mezzogiorno.
Cosmo
9 décembre 2011 @ 13:24
Naples était en effet la ville la plus peuplée d’Europe au XVIIIème siècle et une de ses grandes capitales culturelles.
Aujourd’hui, elle est hélas un grand centre de criminalité.
Bonne Journée, Chère Palatine
Cosmo
marie-françois
9 décembre 2011 @ 19:29
Cher Cosmo
Naples la ville la plus d’Europe au XVIII ieme !
J’ai peur que vos sympathies pour le Sud vous égarent.
Il est un peu normal que les Bourbons soient regrettés, comme le fait le garde chasse du prince Salina dans le Guepard.
Naples était capitale de leur temps…C’est une chose qui ne s’oublie pas.
Cosmo
10 décembre 2011 @ 14:48
Cher Marie-François,
Mes sympathies ne m’égarent pas. Naples était au XVIIIème siècle peut-être pas la plus peuplée mais parmi les premières en Europe, sans doute deuxième après Paris. L’art musical européen y fut aussi à son apogée.
Il est évident que l’unification de l’Italie a non seulement fait perdre à Naples son rang de capitale, mais aussi son influence artistique au niveau européen. Mais Naples n’avait pas attendu les Bourbons pour être une ville de premier rang. Les dynasties qui s’y sont succédé ont toutes contribué à sa gloire. Seuls les Savoie l’ont laissé dans l’ombre, comme ils l’ont fait de Palerme ou de Florence.
Bien à Vous
Cosmo
marie-françois
10 décembre 2011 @ 21:07
Cher Cosmo
Je vous suis.
Naples etait une place incontournable à la fin du XVIII ieme comme au début du XIX ieme puisque ls Rothschild s’y sont s installés à l’époque comme ils le faisaient à Londres, Paris Francfort et Vienne.
Par contre, les Savoie ne sont pas désinteressés de Florence qui a été la premiere capitale de l’Italie unifiée.Le palais Pitti en porte de nombreux témoignages.La duchesse d’Aoste, soeur
du Comte de Paris résidait encore au palais Pitti en 1945. Ses beaux parents résidaient à Capodimonte, à Naples;
Le fait que certains membres de la famille de Savoie n’en faisaient pas pour cela, certes, des capitales mais constituait une reconnaissance du pouvoir central pour ces villes.
bien à vous
Cosmo
11 décembre 2011 @ 12:12
Cher Marie-François,
Je connais assez bien le problème de Florence capitale de l’Italie, pour des raisons familiales.
Ce fut un choix de pis-aller, Rome étant l’objectif final.
Il ne pouvait bien sûr n’y avoir qu’une capitale et le choix des Savoie fut juste.
En fait l’unité italienne a « déclassé » sur le plan économique et culturel des villes qui avaient une vie intense et une situation de premier plan jusque là. Trieste en est un autre exemple. Ville et port majeurs de l’Empire Austro-Hongrois, c’est aujorud’hui une belle endormie.
Peut-être la décadence de ces villes était-elle déjà inscrite dans leur histoire. Leurs populations, en tous cas, le vivent assez mal et n’ont pas de mots assez durs contre Rome et souvent contre les Savoie.
Les Lorraine font aujourd’hui l’objet d’un véritable culte-souvenir à Florence. Les noms de Pietro-Leopoldo ( Léopold II), de la Princesse Palatine ( pas Madame Orléans), même de Gian-Gastone semblent évoquer un passé heureux. Comme ceux des Bourbons-Siciles à Naples et Palerme!
Peut-être ne s’agit-il que du souvenir d’un mythique âge d’or?
Le vrai problème est toutefois le sud dont l’administration bourbonienne a été éradiquée et n’a pas été remplacée à temps. Le champs fut alors ouvert à la « justice privée » d’influence qui dériva rapidement en ce que l’on appelle « mafia ».
Il fallut attendre les années Mussolini pour y rémédier puis en 1945, les américains favorisèrent inconsciemment à nouveau cette situation de non-droit.
Les Savoie ne l’ont certes pas voulu de manière consciente. Ils n’ont peut-être pas pris la mesure des problèmes du sud dont l’hémorragie démographique et l’absence de droit se fait encore terriblement sentir aujourd’hui.
Ce qui est difficile à accepter est le mépris général du nord de l’Italie vis-à-vis du sud alors que la responsabilité est partagée.
Les Savoie, grande et ancienne dynastie européenne, auraient pû être de grands souverains de toute l’Italie, peut-être ne leur en a-t-on pas laissé le temps?
Cordialement
Cosmo
Palatine
11 décembre 2011 @ 12:38
Je ne peux qu’abonder dans le sens de Cosmo, Marie-François.
C’est hélas vrai que les Américains réinstallèrent la Mafia en Sicile. Quand ils débarquèrent là-bas, personne ne les comprenait. Personne sauf les Italo-Americains, souvent chassés des USA pour delinquance, qui etaient revenus au pays. Ils parlaient americain et aidèrent les nouveaux occupants de toutes les façons. Avec les Américains, on voit souvent que « l’Enfer est pavé de bonnes intentions ». Grâce à eux, la Mafia décapitée par Mussolini put se réorganiser et investir tous les secteurs de la société sicilienne.
Ne sont-ce pas les Américains qui aidèrent les Afghans et Ben Laden à se « réorganiser » apres les Russes ? Quant à Carter, pétri de religion, il favorisa le retour en Iran d’un saint homme, Khomeiny.
jul
9 décembre 2011 @ 17:07
D’accord avec vous Palatine !
Francky
9 décembre 2011 @ 16:22
Un grand merci, Jul, pour ce portrait d’un prince inconnu. Grâce à vous, il est réhabilité et entre au panthéon de Noblesse et Royauté.
Votre iconographie est très riche et nous replonge dans l’atmosphère du Guépard…
Merci et BRAVO !!!!
Francky
HRC
9 décembre 2011 @ 17:44
j’ai oublié de remercier et féliciter Jul.
et d’avoir dit que c’était une bonne chose que l’abrogation de la loi salique en Espagne. Son maintien aurait fait retourner Isabelle la Catholique dans sa tombe à Grenade, d’ailleurs.
Rose
9 décembre 2011 @ 20:28
Merci Jul pour ce portrait qui nous entraîne dans un autre temps et dans les méandres de la généalogie.
A ce sujet, je voulais rebondir sur le mariage du duc de Parme et de Maria-Pia, la soeur de l’infant Gaetan : Quel malheur ! 8 handicapés sur 12 enfants. Heureusement, l’autre douzaine d’enfants du duc sera plus chanceuse (Zita, Félix, Xavier etc..).
Merci Jul de ces portraits de personnages méconnus.
Palatine
10 décembre 2011 @ 13:57
l’autre douzaine d’enfants du duc, nés de Marie-Antonia de Bragance, fit peut-être moins parler d’elle. Car quand on examine de près cette fratrie, 3 filles furent religieuses à Solesmes, une fille était sourd-muette (Henriette) et une autre resta célibataire.
JAusten
9 décembre 2011 @ 21:46
Très instructif as always
Charlotte2
9 décembre 2011 @ 22:55
Je viens tous les jours sur ce site mais c’est la première fois que je mets un commentaire et je pense que ce merveilleux reportage est parfait pour une première fois.
Merci beaucoup ! J’ai eu beaucoup de plaisir à lire l’histoire de Gaétan de Bourbon ainsi que de sa famille !
jul
14 décembre 2011 @ 10:26
ça me fait très plaisir Charlotte ! merci !
Libellule
9 décembre 2011 @ 23:23
Mille fois merci Jul pour votre incroyable recherche sur ce prince .
J approuve entièrement ce que dit ci dessus
Franky,il résume mes pensées.
J ai visite Caserte près de Naples : à voir et revoir,jardins sont aussi splendides.
Visconti dans son film le Guépard me donne lui le tournis tellement tout est beau et profond dans ce film
Bon W E
JEAN-LUC
10 décembre 2011 @ 01:12
Je vous fait quand même remarquer que lors du référendum italien sur la forme de l’état, en 1946, le sud anciennement royaume bourbonien des Deux-Siciles a voté en faveur du maintien de la monarchie savoisienne.
Il faut tout relativiser…
Cosmo
10 décembre 2011 @ 14:50
On ne leur a pas offert le choix des Bourbons.
Bien à Vous
Cosmo
HRC
11 décembre 2011 @ 16:59
excellent post de Cosmo plus haut sur la réunification de l’Italie.
une remarque : l’unification de l’Allemagne, faite par un empire chapeautant principautés, villes libres et royaumes a mieux permis à chacun d’affirmer son identité, sa culture, ses universités ect, en profitant de la puissance commune.
mais le chemin fut différent, union économique d’abord, politique ensuite. Et on se demande pourquoi il y a un Bismarck Denkmal, ou une place Bismarck dans chaque ville d’Allemagne !!
En Italie, l’idée politique est passée la première, et le reste n’a pas suivi..
Palatine
12 décembre 2011 @ 13:32
Exact !
Rose
11 décembre 2011 @ 22:09
Jul,
Dans l’hypothèse où le prince Charles de Bourbon-Siciles (le mari de Camilla) n’aurait pas de garçon, qui serait l’héritier ? ne serait-ce pas le prince Gaetan ou ses fils, c’est à dire des descendants d’Emmanuel, duc de Vendôme par sa fille Louise ?
Merci de voter éclairage..
Rose
ps : je suis dans l’hypothèse où l’autre prince Carlos (le mari d’Anne de France) ne soit pas l’héritier
jul
12 décembre 2011 @ 14:01
Bonjour Rose, je ne suis pas très doué dans les subtilités théoriques et pratiques de la tradition castriste. Je ne sais pas si le mariage du Prince Gaétan avec une bourgeoise a été accepté. Celui de l’actuel Duc de Castro semble l’avoir été. C’est à géométrie variable. Si on considère les mariages dynastiques, l’héritier en second dans la tradition castriste serait le Prince Antoine, époux d’une soeur de la Duchesse de Montpensier.
Mais j’aimerai mieux qu’un spécialiste vous réponde car je considére l’Infant Charles, Duc de Calabre, comme le potentiel Roi des Deux-Siciles, époux d’Anne d’Orléans.
Charles
12 décembre 2011 @ 17:35
C’est le prince Antoine de Bourbon des Deux Siciles qui est l’heritier du trône des deux Siciles après le duc de Castro, actuel Chef de la Maison Royale.
Rose
12 décembre 2011 @ 23:29
Merci à vous Jul et Charles, mais il est vrai que les règles de reconnaissance de ces mariages semblent fluctuantes…
Amusante la position du duc de Vendôme qui devra choisir entre deux cousins germains (ou le fils de sa tante Anne de France ou le fils de sa tante Elisabeth de Wurtemberg) qui il reconnaîtra comme chef de famille.
marie-françois
13 décembre 2011 @ 10:14
Il a déjà choisi …
jul
13 décembre 2011 @ 14:08
De rien Rose ;)
HRC
12 décembre 2011 @ 11:22
je rajoute Palatine à mes compliments sur le même sujet !