La princesse Bibesco fait partie de ces personnalités qui firent les beaux jours de la Belle Epoque. La princesse est née Marthe Lahavory en 1886 à Bucarest. Elle est la fille du diplomate Jean Lahovary et de la princesse Emma Mavrocordat. Martha connaît une vie aisée entre la Roumanie et la Riviera française. A sa majorité, un grand bal est donné pour sa présentation en société.
En 1901, elle épouse le prince Georges Bibesco de six ans son aîné. Il fait partie de l’une des familles les plus importantes de Roumanie. Sa belle-mère n’est autre que la princesse Valentine de Caraman-Chimay.
Le couple qui a une fille Valentine en 1903, mène grand train de vie. La princesse s’intéresse de près aux arts et à la culture mais la vie à Bucarest même dans les cercles les plus feutrés, provoque l’ennui de la jeune femme. Tout change lorsque son époux est nommé ambassadeur en Perse. La princesse qui est de plus une assidue cliente de l’Orient express, se découvre alors une passion pour l’écriture.
Elle est notamment l’auteur du livre « Le Perroquet vert » qui connut un grand succès. Elle fut une amie de Marcel Proust.
La princesse Bibesco multiplie les voyages et les rencontres. Elle se lie d’amitié avec le prince héritier de Prusse qui la convie à visiter ses palais en Allemagne.
Son mariage avec le prince Georges Bibesco n’est plus qu’une union de façade. Elle entretiendra durant près de 10 ans une relation amoureuse avec le prince Charles Louis de Beauvau-Craon.
En 1912, son époux lui offre le château de Mogosoea en Roumanie. Pendant la Première Guerre Mondiale, elle se dévoue comme infirmière à Bucarest avant de rejoindre sa fille à Genève.
Elle poursuit sa carrière littéraire et fréquente à Paris où elle s’installe ensuite Rainer Maria Rilke, Jean Cocteeau ou encore Paul Valéry.
En 1925, sa fille la princesse Valentine se marie avec le prince Dimitri Ghikha en présence de la reine Sophie de Grèce, de la princesse Aspasie de Grèce et de la reine Marie de Yougoslavie.
Martha Bibesco continue à mener grand train de vie. On connaît sa célèbre parure d’émeraudes et diamants. Elle se partage entre ses nombreux voyages en Europe puis aux Etats-Unis entre son château roumain restauré et un appartement qu’elle occupe à l’île Saint Louis dans la maison de maître d’un cousin. C’est là qu’elle tient salon.
Elle devient aussi proche de Sir Winston Churchill et du duc de Devonshire qu’elle revoit toujours avec plaisir lors de ses séjours à Londres.
A la veille de la Deuxième Guerre Mondiale, la princesse Bibesco de par son carnet d’adresses, reçoit et rencontre de nombreuses personnalités politiques. Son époux décède en 1941.
La princesse tentera par ses contacts diplomatiques d’obtenir une sortie de la Roumanie de la guerre mais échoue. Elle réussit malgré tout à quitter le pays en catastrophe. Lorsqu’elle revient à Paris, elle est désargentée. Tous ses biens en Roumanie lui ont été confisqués. Sa fille la princesse Valentine et son gendre ne pourront quitter la Roumanie qu’en 1958.
Mais la princesse a cette capacité à rebondir. Elle se relance à fond dans l’écriture et publie avec grand succès « La nymphe Europe ». Vivant de ses succès littéraires, elle a acheté une maison pour sa fille et son gendre en Angleterre. Elle-même a retrouvé son appartement du quai Bourbon.
La princesse Bibesco est décédée le 28 novembre 1973 à Paris. Avec elle se tournait une page de l’histoire mondaine et littéraire. Avec elle, disparut aussi cet art de vivre et de recevoir.
Mayg
28 août 2014 @ 11:41
La princesse née en 1886 s’est donc mariée en 1901 à l’âge de 15 ans ? A quelle période alors le bal pour sa majorité fut il donné ?
Et sa fille unique a t-elle une descendance ?
Gérard
30 août 2014 @ 20:36
Et lors du mariage son mari avait 17 ans. Le premier bal fut donné en 1900 et en présence du prince héritier de Roumanie.
margarete m kedl
28 août 2014 @ 13:54
Intéressant. Vous n’avez pas mentionné qu’elle a aussi écrit le livre Katia. Je l’ai lu et relu. C’est tellement une belle histoire d’amour qui a connu une fin tragique.
limaya
29 août 2014 @ 10:49
Merci à vous margarete m kedl d’avoir rappeler ce détail…………étonnante personne très en avance sur son temps , la parure diamants -émeraudes me laisse sans voix
J-C Dubédat
28 août 2014 @ 14:47
Une biographie très documentée et vivante de la princesse Bibesco a été écrite par Ghislain de Diesbach dans les années 1980, intitulée « la dernière orchidée ».
Jean-Christophe
Francine du Canada
28 août 2014 @ 15:01
Merci pour ce magnifique portrait Régine; voilà une princesse qui a su donner un sens à sa vie en exploitant son talent littéraire. Elle a toute mon admiration. FdC
warwick
28 août 2014 @ 15:07
Mille fois merci pour ce portrait de la princesse Bibesco qui n’est malheureusement pas assez connue. Paris au debut du XXeme siecle etait vraiment le rendez-vous de la jet-set aristocratique internationale avec tous les arts. Je ne savais pas qu’elle etait amie de proust et qu’elle avait elle-meme ecrit. Merci encore a Regine.
Jean Pierre
29 août 2014 @ 10:36
Aujourd’hui cela pose quelqu’un de dire qu’il (elle) fut l’ami de Proust. Alors que de son vivant c’est lui qui se voulait l’ami des princesses.
June
28 août 2014 @ 16:30
Je ne connaissais pas cette princesse qui a eu une vraie vie de roman !
Les émeraudes sont magnifiques.
spotlostie62
28 août 2014 @ 18:49
Une dame à la vie mouvementée et romanesque!! C’est le moins que l’on puisse dire après avoir lu sa biographie ci-dessus. J’adore sa parure d’émeraudes et de diamants et sait-on ce qu’elle est devenue après son décès ? Où est enterrée cette princesse » libérée » comme on dirait maintenant? A t-elle eu la possibilité d’avoir une sépulture en Roumanie , son pays d’origine? J’aimerais en savoir un peu plus , merci de me répondre.
coollavie
29 août 2014 @ 11:08
Bonjour, la princesse Marte Bibesco est enterrée dans le cimetière du Chateau de Ménars en bords de Loire.
http://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article3244
Nonos de Lutetia
28 août 2014 @ 19:23
A lire l’excellente biographie de Ghislain de Diesbach sur cette femme étonnante, cousine par alliance de la poétesse Anna de Noailles.
Gérard
29 août 2014 @ 11:28
Valentine Bibesco ou Bibescu, née en 1903, décédée en 1976 à Bordon (East Hampshire, Grande Bretagne), avait épousé en 1925 le prince Dimitrie (Démètre) Ghika, né en 1904 et décédé à Bordon en 1989.
Ils auraient eu trois enfants, Ion, George et Nicolae ( ?).
Le premier, Ion-Nicolae, devenu John-Nicolas, brigadier dans l’armée britannique c’est-à-dire général de brigade, appartenant aux Irish Guards, CBE, fut naturalisé. Il naquit à Paris en 1928 et mourut à Londres en 2003. Du fait de la guerre et du régime communiste il fut coupé de ses parents de 1939 à 1956. Il épousa à Londres en 1968 Judith Marie Davidson-Smith, née en 1938.
Le général John Ghika fut notamment celui qui commanda l’escorte de cavalerie lors de la visite à Londres en 1978 du président et de Madame Ceausescu (voir Jean-Michel Cantacuzène, Une vie en Roumanie de la Belle Époque à la République populaire (1899-1960), L’Harmattan, Paris 2011, il s’agit de la vie de Georges Mathieu Cantacuzène, architecte).
Il a eu deux enfants Cristopher et Jeanne-Valentine.
Cristopher, lui aussi général de brigade et appartenant aux Irish Guards, est né en 1969 à Wimbledon. Il a notamment combattu en Afghanistan et s’est occupé d’approvisionnement aussi. Il est actuellement affecté au ministère de la défense. Il a épousé en 2003 Clare M. Allanson, dont il a deux enfants, Alexandra Margaret Emma Ghika, née en 2005, et Hugh Christopher John Ghika, né en 2007.
Jeanne-Valentine Ghika est née en 1970.
En 2010 Cristopher et sa sœur Jeanne-Valentine ont revendiqué le palais familial de Mogosoaia, à 14 km de Bucarest, et je ne sais pas si l’affaire est aujourd’hui terminée.
George-Dimitrie Ghika, né à Paris en 1936, avait été adopté par sa grand-mère et il porte le nom de Bibesco ou Bibescu. Il aurait été dans le secteur minier en Australie. Il est peut-être décédé car il n’est pas cité parmi les héritiers de Marthe en 2010.
Marthe est décédée à Paris le 28 novembre 1973 et elle repose dans la partie nord-est du cimetière du Père-Lachaise dans le caveau des Bibesco (numéro 6) ainsi qu’Anna, comtesse de Noailles.
Mayg
29 août 2014 @ 12:20
Merci Gérard pour ces informations.
Gérard
29 août 2014 @ 16:09
Mes renseignements sur le lieu d’inhumation de la princesse devaient être erronés en ce qui concerne le cimetière du Père-Lachaise, où il existe je pense au moins deux sépultures Bibesco dont la chapelle Bibesco-Brancovan (division 28) construite pour son épouse (et pour lui) par le prince Georges-Démètre Bibesco (1804-1873) qui fut hospodar de Valachie de 1843 à 1848 et qui était le grand-père du mari de Marthe, c’est bien là que se trouve le corps d’Anna de Noailles. Mais Marthe effectivement a été inhumée au cimetière de Ménars. Le château de Ménars qui fut celui de Madame de Pompadour avait été acheté par le maréchal Victor, duc de Bellune. Et celui-ci le vendit à Émilie de Pellapra, future princesse de Chimay, et fut donc transmis à sa descendance, toutefois il fut vendu dès 1879. J’imagine que l’on continua à enterrer des membres de la famille dans la chapelle du cimetière et on sait que la belle-mère de Marthe était une Riquet de Caraman-Chimay. Celle-ci et son époux sont inhumés dans le parc du château roumain de Mogosoaia.
aubert
30 août 2014 @ 08:05
elle était membre de l’Académie royale de Belgique où elle avait succédé à sa cousine Noailles.
Gérard
30 août 2014 @ 20:52
En 2013 il y avait en attente devant les tribunaux et cours roumaines quelques 200 000 demandes de restitutions. Les héritiers de Marthe ont aussi demandé des milliers d’hectares de forêts.
En 2013 une nouvelle loi est venue faciliter les demandes de restitutions d’autant que la Roumanie a déjà aussi été souvent condamnée par la justice européenne, et elle demande des délais.
limaya
29 août 2014 @ 16:49
Peut on savoir alors où repose cette dame ? Paris ou comme dit plus haut , en bords de Loire ? ? ? ?
Gérard
30 août 2014 @ 17:38
Devant la chapelle familiale au cimetière de Ménars sous une croix on peut lire : Marthe princesse Bibesco écrivain français épouse de Georges Valentin prince Bibesco est venue attendre à Ménars la résurrection et la vie.
Gérard
30 août 2014 @ 18:30
Sur sa poitrine on avait mis le crucifix de son ami et directeur spirituel l’abbé Mugnier, qui l’amena à la conversion au catholicisme. Vincent Labouret (1922-2009), qui l’aida beaucoup, qui était diplomate, grand érudit et qui fut secrétaire général de Total et qui permit à beaucoup de manuscrits de Marthe d’entrer à la Bibliothèque Nationale, disait à propos de son inhumation dans le caveau des Caraman : « l’éternité lui apportait ainsi l’entrée définitive dans la plus haute aristocratie française » (qu’elle avait tout de même beaucoup fréquentée).
Gabriel Badea-Päun
30 août 2014 @ 10:51
http://archive.today/l1Gid
Voici chère Régine un article sur la chapelle Bibesco-Bracovan du Père Lachaise que j’ai publié il y a quelques années.
Amitiés,
GBP
Gérard
31 août 2014 @ 17:14
Merci pour ce très beau travail.
LaCarmen
1 septembre 2014 @ 19:21
Hi! I am from Romania and I can tell you that I regret I don’t know enough French so I could write this message in your beautiful language. I can tell you that the woman in the second picture is not Marthe Bibesco. That is Elizabeth Bibesco, born Asquith, the daughter of a British Prime Minister, who married Anton Bibescu (or Antoine Bibesco), a Romanian prince and a close friend of Marthe Bibesco. I have seen many times pictures of E.B. which are claimed to be of M.B.
Her palace is called Mogoşoaia (pronounced in English approx. like Mo-go-shoah-ya or moɡoˈʃo̯aja]). Here it is: http://www.b365.ro/media/image/201402/oar_w460/palatele_brancovenesti_de_la_portile_bucurestiului_large_62326400.jpg
http://calatorim.ro/wp-content/uploads/2014/06/Palatul-Moghosoaia-panorama.jpg
If you want to read some of her books, you can try ”Isvor, pays des saules”, ”Catherine-Paris” and ”Au bal avec Marcel Proust”. ;)
Another famous princess Bibesco was Hélène Bibesco (actually Elena Bibescu), a very famous Romanian pianist in her time (but forgotten today), and the mother of the good friends of Proust and Marthe Bibesco, Emanuel and Anton.
Brava for this article!!
chaix-duvernay
25 mai 2015 @ 22:18
June a raison..Proust était un snob « snobbé » en réalité par la plupart des gens du monde Ce n’est qu’après sa notoriété a partir de 1913 qu’on commença a lui preter attention et après sa mort en’23 que tant de gens déclarèrent des contacts avec lui. La cousine de Marthe Bibesco, Anna de Noailles née Brancovan , eut elle,une correspondance assez anodine avec Proust. et les deux cousines se détestaient cordialement.
maillet
26 octobre 2015 @ 23:32
Il est important de savoir que Paul Claudel était un grand ami de Marthe Bibesco.
claude
13 septembre 2016 @ 18:41
Bjr, je souhaiterais connaitre la liste des personnes présentes dans la chapelle bibesco du pere lachaise. Notamment si Helene de brancovan y figure. d’avance merci.
Philippe
10 juin 2019 @ 09:07
Egalement important de savoir qu’elle entretint une longue correspondance suivie avec la poétesse auxerroise Marie Noël (1883-1967). Deux femmes bien éloignées l’une de l’autre de par leurs origines et leurs modes de vie, mais proches par la littérature.
GADISA
1 février 2020 @ 10:56
Je ne comprends pas : on parle de la PRINCESSE ou de la COMTESSE Bibesco qui sont 2 personnes différentes. Quel est leur lien de parenté ?