Voici le portrait de la reine Min, une héroïne coréenne (1851-1895). A noter que les souverains de Joseon et leurs consorts avaient plusieurs noms tout au long de leur vie.
Comme dans d’autres pays d’Asie, le nom précède le prénom en Corée. Le nom de la dynastie Joseon était Yi (ou Lee). Le roi Gojong a donc été appelé « Yi Myeong-bok » avant d’accéder au trône, puis « Gojong » (nom de règne comme roi), puis « Gwangmu » (nom de règne comme empereur).
La reine Min est plus communément appelée par son nom de règne posthume « Myeongseong ». Son nom de règne était « Moonseong » et son nom personnel, Min Ja-yeong.
Daewongun est un titre réservé aux pères de roi mais qui n’ont jamais été rois eux-mêmes.
Au XIXème siècle, la Corée (que l’on appelle alors Joseon) connaît la situation socio-économique de son voisin chinois : des décennies d’immobilisme social, un pouvoir gangréné par les rivalités de cour et la corruption des élites, une succession de catastrophes naturelles ont ruiné le brillant royaume fondé en 1392 par le général Yi Seong-gye (qui règnera sous le nom de Taejo).
Une puissante famille noble, le clan Kim d’Andong, qui a donné la plupart des reines de la dynastie, tente de contrôler le royaume à travers une série de rois fantoches : en 1849, la nomination de Cheoljong, prince appauvri et à demi-illettré, en est l’exemple.
En effet, dans la Corée confucéenne de l’époque, si le roi meurt sans descendance, c’est la reine douairière, chef de famille, qui choisit son successeur – de préférence favorable aux intérêts de son clan. Plus le roi est jeune et manipulable, mieux ce sera : la reine douairière, devenue régente, contrôlera la cour. En Chine, l’impératrice Ci’xi donnera un exemple éclatant de ce pouvoir des reines.
Et voilà qu’en 1864, le roi Cheoljong (photo) meurt à son tour sans descendance. La reine douairière Cheorin, veuve de Cheoljong et issue du clan Kim, tente de nommer un roi favorable aux intérêts de sa famille.
C’est sans compter sur l’intervention de Sinjeong, grande reine douairière (elle est la mère du prédécesseur de Cheoljong). Sinjeong est issue du clan des Jo de Pungyang, le clan rival des Kim, et étant la reine la plus âgée, elle saute sur l’occasion de favoriser son clan en nommant elle-même le futur roi.
La grande reine douairière Sinjeong
Son choix s’arrête sur Yi Myeong-bok, un prince de douze ans. Le calcul est simple : le garçon ne sera pas en âge de régner avant longtemps, ce qui laissera le champ libre au clan des Jo pour renverser les Kim et prendre le contrôle du pays. Yi Myeong-bok est nommé roi sous le nom de Gojong.
Yi Myeong-bok, le roi Gojong – 1901
Yi Ha-eung, le Daewongun
Sinjeong et son clan commettent toutefois une erreur : celle de sous-estimer le prince Yi Ha-eung, père du garçonnet. Ce dernier a passé toute sa carrière de lettré à occuper des postes sans relief et vit dans une pauvreté toute relative.
En 1864, il saisit sa chance et, contre toute attente, s’empare de la régence : devenu le Daewongun, il s’attache avec énergie à réformer le pays et à mettre fin à la corruption. Sa régence signe la fin du clan des Kim d’Andong. (Merci à Raphaëlle)
Actarus
27 janvier 2022 @ 03:06
Donc, le comte de Barcelone, ce don Juan du XXe siècle, était un Daewongun. ^^
Sigismond
27 janvier 2022 @ 15:45
Juan sin Tierra, ce cadet félon
Raphaëlle
30 janvier 2022 @ 12:01
A ceci près Actarus, que le comte de Barcelone l’a été à son corps défendant. Les règles successorales coréennes (et chinoises me semble-il) défendaient que l’empereur et son successeur soient de la même génération.
Pascal 🍄
27 janvier 2022 @ 06:29
Voilà une histoire passionnante et de moi totalement inconnue,je croyais qu’à cette époque la Corée était une sorte de protectorat de l’empire céleste.
Je vais suivre cela avec intérêt !
miloumilou
27 janvier 2022 @ 06:47
Intéressant!
Divertissant!
Monica
27 janvier 2022 @ 18:36
J ai regardé sur Netflix, toutes les séries des rois de Joseon, du créateur dans les années 1350 à 1890. Avant l annexion par les japonais. Magnifique
Auberi
27 janvier 2022 @ 08:19
j’en salive d’avance… Passionnée des cours impériales chinoise japonaise et coréenne depuis mon adolescence vous me donnez-là un beau cadeau matinal.
A défaut d’y aller j’ai vu sur Netflix lors de leurs sorties toutes les séries historiques, et même si la romance est fortement mise en avant, les tournages se font pour la plupart dans les extérieurs des cités royales comme ceux de Gyeongbokgung construit sous Joseon. Merci d’avance Raphaëlle ! 😊🥳
JAusten
27 janvier 2022 @ 08:47
Merci d’avance pour cette série qui sort des sentiers battus.
L’article commence déjà avec des « shenanigans » coréennes, je pense qu’on ne va pas s’ennuyer.
Mary
27 janvier 2022 @ 09:16
Mais comment ? La reine a attrapé la covid un siècle et demi avant nous ?
On nous aurait donc menti ???😜
Nath et voilà
27 janvier 2022 @ 22:39
Merci pour cet article fort intéressant. Comme plusieurs d’entre nous j’ai découvert ces dynasties Joseon en regardant des séries Coréennes historiques, des sageuk, fort bien faites pour certaines, esthétiques et très divertissantes. Je recommande pour découvrir une culture et une histoire même si c’est romancé
Erato deux
27 janvier 2022 @ 10:07
Merci pour ce recit très riche qui nous éclaire sur des traditions et des royaumes lointains et moins connus.
Passionnant.
CAMOMILLE
27 janvier 2022 @ 10:14
Merci Raphaèlle, je suis intéressée par la culture coréenne que je connais peu. Pendant le confinement j’ ai regardé quelques dramas historiques bien sûr, beaux acteurs , romantisme à souhait , décors magnifiques dans les palais comme dans la campagne , bref j ‘ ai accroché puis décroché. Cependant , votre article certainement plus historique me rappellent des moments agréables. J’ attends la suite.
Beque
27 janvier 2022 @ 10:20
La reine Min a été massacrée dans la nuit du 8 octobre 1895 et le roi Kojong fut exfiltré par les Russes, le 11 février 1896.
Les premiers missionnaires français pénétrèrent en Corée, en 1836, au péril de leur vie. Tout au long du XIXe siècle, les chrétiens de Corée (laïcs et religieux) connaîtront la persécution. La plupart des prêtres faisaient partie de la Congrégation des Missions Etrangères et furent décapités. Yi Ha-Eung, le Daewongun (1820-1898), tenta d’éradiquer le catholicisme, faisant exécuter 10.000 fidèles ainsi que neuf missionnaires français dont Mgr Berneux du diocèse du Mans.
En 1989, était organisé à Seoul le 44e Congrès Eucharistique présidé par le Pape Jean-Paul II. Nous étions 150 Français sur 700.000 pélerins et applaudis partout où nous allions, c’était émouvant. Nous étions invités dans des familles chrétiennes coréennes qui ne dînaient pas avec nous mais nous regardaient dîner (un peu gênant). Cette année-là, la Corée comptait 20% de chrétiens, les conversions se faisant sur le lieu de travail.
Beque
27 janvier 2022 @ 11:35
Dans ma dernière phrase, je parlais de la Corée du Sud, bien sûr.
Beque
27 janvier 2022 @ 12:03
Dans cette marée humaine de 700.000 pélerins du monde entier, ce qui était magnifique c’étaient les hanbok, le vêtement traditionnel des Coréennes composé d’un haut et d’une jupe longue taille haute de couleurs différentes. D’après ce que j’ai compris, la couleur varie selon l’état de la femme coréenne : rose et vert pour les jeunes mariées, jaune et rouge pour les jeunes filles, bleu ciel et bleu foncé ou violet clair pour les femmes âgées, entièrement rouge pour les petites filles, entièrement blanc pour les veuves. Je ne sais pas si je me trompe ?
Pistounette
28 janvier 2022 @ 00:55
Chère Beque, vous savez que je vous apprécie et je gôute généralement vos compléments de commentaires
Mais là je suis du même avis qu’Auberi…
Je sais la somme de travail que représente l’article de Raphaëlle et ce n’est en effet pas très sympa de lui couper les effets de son récit en plusieurs parties. Parfois il faut savoir un peu se freiner !
D’autant qu’il est facile pour les « commentateurs » de recopier Wiki… alors que cela est reproché aux contributeurs… souvenirs, souvenirs !
Pistounette
28 janvier 2022 @ 07:27
Goûte… bien sûr 😀
Beque
28 janvier 2022 @ 22:28
Pistounette, je suis d’accord avec vous, mais je n’ai écrit qu’une seule ligne sur la reine, je ne pense pas avoir commis un crime. La mauvaise éducation me paraît être les insultes envers les inconnus (internautes et royaux), planqué(e) derrière un écran.
Auberi
27 janvier 2022 @ 15:52
SPOILER !! vous m’avez spoilé !!
Beque, vous n’avez pas pu vous empêcher de parler de cette reine Min alors que Raphaëlle va le faire en plusieurs partie, bonjour l’éducation. De nos jours, même l’idiot primaire sait faire une recherche sur google ici en mettant les mots clés -reine- Min-Coree-. J’ai joué le jeu en ne le faisant pas pour respecter le travail de Raphaëlle et je me régalais de la découverte, vous avez tout gâché, pfff…
Baboula
27 janvier 2022 @ 20:36
Faites comme beaucoup ne lisez pas .
Baboula
27 janvier 2022 @ 10:31
Merci Raphaëlle de nous parler de ce pays . Je n’ai même pas souvenir de l’avoir étudié en classe . J’attends la suite jusqu’à cette triste guerre de Corée
Charlotte (de Brie)
27 janvier 2022 @ 11:26
Passionnant Raphaëlle, je n’ai fait que survoler le sujet ce matin et rien que la richesse de l’iconographie m’a séduite, mais je vais prendre le temps dans la journée de le lire attentivement. D’autant qu’il s’agit pour moi d’une vraie découverte. Merci
DEB
27 janvier 2022 @ 12:50
Merci Raphaëlle.
Voici une période et un pays que je connais mal donc j’ai appris pas mal de choses, grâce à vous.
Ciboulette
28 janvier 2022 @ 17:06
Merci , Raphaëlle , grâce à vous , je découvre un royaume inconnu .
JAY
27 janvier 2022 @ 13:25
J ai eu la change de visiter le palais royale moderne à Séoul ainsi que ce qui reste des vieux palais, souvent détruit volontairement par les Japonais.
Les japonais ont forcé les membres de la famille royale coréenne a s unir avec des membre de l aristocratie japonaise et de fait les mettant au rang de vassal .
Teddy
31 janvier 2022 @ 18:28
Yi bangja
Singh
27 janvier 2022 @ 13:36
Merci pour ce reportage, très intéressant, lu avec plaisir même si je connaissais.
Ce qui me rappelle que j’ai récemment revu le film « SADO », film dramatique historique sud-coréen réalisé par Lee Joon-Ik sorti en 2015.
Je pense que vous devriez également en faire un de vos sujets pour un prochain numéro. Il retrace la tragique vie du prince Jangheon (1735-1762) qui a également vécu pendant la période JOSEON. Appelé prince SADO après sa mort.
C’est passionnant, car il y a énigme sur le personnage, les historiens ne sont pas d’accord entre eux, je n’en dirai pas plus.
Charlotte78
27 janvier 2022 @ 14:11
Une femme? Vraiment ?
Jean Pierre
27 janvier 2022 @ 21:19
Malheur à la ville dont le prince est un enfant ! Les pères peuvent être jaloux de la réussite de leurs fils.
Geoffroy
27 janvier 2022 @ 21:39
Il doit y avoir une erreur avec la première illustration, car il s’agit évidemment d’un homme, avec sa barbe.
Benoite
28 janvier 2022 @ 06:13
Une série fort éclatante de découvertes et d’instructions historiques. Une contrée lointaine si loin dans le monde. Je vais suivre les articles avec grand intérêt. Merci de vos recherches, et du beau voyage qui remonte le temps, et des photos postées.
Marie-Saintonge
28 janvier 2022 @ 10:57
Ne connaissant rien à la Corée, j’ai découvert moi aussi les séries historiques sur Netflix, romancées certes mais avec des paysages et des costumes somptueux, et aussi la beauté de la langue coréenne.
Tigrou
29 janvier 2022 @ 11:20
Merci Raphaëlle pour ce somptueux récit sur un pays à l’histoire assez méconnue. Bravo également pour votre style et les illustrations !
Nota: Merci à @Beque aka Monsieur-je-sais-tout de nous spoiler ce bel article etagé & raffiné avec ses primitifs copier-coller Wikipedia 🙄
Baboula
30 janvier 2022 @ 20:21
Les ajouts de Beque peuvent parfois intéresser mais quand un article est annoncé en plusieurs épisodes on attend pour apporter autre chose que Wikipedia.
Beque
31 janvier 2022 @ 14:14
Baboula, pouvez-vous me dire en quoi j’ai copié Wilkipedia ?
Pour faire un simple commentaire, on vérifie les sources, ainsi que les dates, on relit des livres, on consulte des journaux, des mémoires, etc.
Par ailleurs, je n’avais pas remarqué que cet article n’était que la 1re partie : je ne suis pas la seule à, parfois, lire trop vite.
Baboula
31 janvier 2022 @ 15:30
J’ai écrit Wikipedia,pour faire court mais je reconnais que vos apports sont très documentés .